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Biarritz, la mer à dos

Un mélange surprenant de culture basque et d’importation


Son littoral capte l’attention mais la station balnéaire ne se résume pas à l’océan, aux plages et au casino. L’identité affleure aussi dans les quartiers « natifs » ou de villégiature, Saint-Martin, Saint-Charles, « Impérial », Parc d’Hiver, La Négresse, Bibibeaurivage… ainsi qu’autour des lacs Mouriscot et Marion, méconnus des estivants. Depuis les Halles, adoptées de longue date par les touristes, découverte d’un Biarritz caché, mélange surprenant de culture basque et d’importation.


Rédigé par Jean-François RUST le Lundi 7 Août 2017

Biarritz ne se résume pas à l’océan, aux plages et au casino - DR : JDL
Biarritz ne se résume pas à l’océan, aux plages et au casino - DR : JDL
S’il y a bien un lieu que les visiteurs fréquentent au centre-ville de Biarritz, ce sont les Halles. On les comprend.

Sous le bâtiment 19e s rénové, ils trouvent ce qu’ils recherchent : des purs produits basques et la saine convivialité du sud-ouest, teintés d’une pincée de parisianisme.

Les restaurants-concepts des rues du Centre ou Gambetta en témoignent, cocktail de bars à tapas chics et de caves à vins branchées, B2, Hey Jo, Baleak, Puig et Daro…

En saison, à l’heure de l’apéritif, les vendeurs des Halles côtoient les touristes aux terrasses des cafés, dans une alliance éphémère de camaraderie estivale et de mercantilisme convenu. Il y a du plaisir à s’étourdir ainsi.

La parole est aisée, le verre de blanc facile - n’est-ce pas les frères Nopal, jeunes et dynamiques écaillers ? Eric en conviendra aussi, lui qui fédère au comptoir de son Amuse-Gueule, marchands, chalands, Biarrots et rugbymen, souvent rassemblés autour de la volubile fromagère Olga.

La paillardise contraste avec l’austérité de l’église Saint-Joseph voisine, où des curés parfois ensoutanés psalmodient, le matin, de sombres chants grégoriens.

Pôle culturel de la Gare du Midi

Quelques pas plus loin, la belle architecture symétrique de la Gare du Midi en impose.

Son histoire ferroviaire fut somme toute assez brève. Parce que l’Impératrice Eugénie ne voulait pas de bruit lors de ses séjours biarrots, elle manœuvra pour que la première gare soit construite à La Négresse.

Puis la Compagnie du Midi décida de remettre le train au centre-ville et fit édifier la Gare du Midi, deux ans avant la Grande Guerre.

Nos anciens lecteurs s’en souviennent : jusqu’en 1980, le trafic voyageurs était assuré dans cette gare, avant que la SNCF ne choisisse le retour définitif à La Négresse.

Débarrassée de sa verrière mais toujours avec ses deux tours et son hall Art Déco, elle est devenue un pôle culturel majeur, avec une salle de spectacles - construite à l’emplacement des quais ferroviaires - et le respecté Malandain Ballet Biarritz.

Tout près se cache un autre foyer biarrot, sportif celui-là : le trinquet Plaza Berri, avec ses galeries comme dans une église. Derrière la bâtisse à fenêtres en ogive, la « mains nues » et la pala célèbrent la communion de la pelote.

Villas à jardins

Après un détour par la Médiathèque (2005), dressant ses lignes épurées vers le ciel près de l’avenue de Verdun, voici Saint-Martin.

C’est un quartier historique, loin de la mer et des touristes. A côté de l’église et son beau portail, masqué par une façade banale, le vieux cimetière abrite les tombes d’anciens maires de Biarritz.

Autour, le tissu urbain dévoile de grandes villas à jardin, témoins d’anciennes villégiatures. Les châteaux d’Arcadie et de Grammont (1866), les villas Natacha (1905), Sion et des Trois Fontaines racontent comment l’aristocratie européenne suivit, du 18e s jusqu’à la première guerre mondiale, l’exemple de Napoléon III et de l’impératrice, ambassadeurs de Biarritz en leur villa Eugénie.

On pourrait écrire un livre sur ces villas - cela a d’ailleurs été fait. Elles sont si nombreuses. La noblesse tsariste (ah ! la fameuse « saison russe »de Biarritz), anglaise, prussienne, espagnole… afflue sur la côte, édifiant des logis imposants.

On les découvre aussi dans un périmètre rapproché autour de la Chapelle Impériale, avenues de la Marne, de l’Impératrice, de Verdun, Sarasate, Edouard VII, La Rochefoucauld… rues Gardères, Moussempès, Louison-Bobet… Les villas des Acanthes (1892), Océana (1903), Quo Vadis et Maitia (1904), Miraflores, Bellocq, Ventura, Larralde, le chalet des Rochers, la maison La Providence… sont les symboles de l’élite triomphante d’hier.

La tradition se perpétue aujourd’hui avec les maisons très cossues du quartier du Parc d’Hiver.

Lac Mouriscot, parcelle de virginité

D’autres demeures historiques restent cachées - la richesse exige parfois de la retenue...

La Villa Sanchis (1904) abrita le comte Nostitz, chef d’état major de la garde impériale du tsar Nicolas II.

La Villa Lou Pradot (1924), dont la façade tourne le dos à la rue, hébergea après 1945 le prince russe Youssoupoff.

Le Domaine de Françon (1882), très old english et propriété d’un négociant britannique, abrita des fêtes somptueuses où l’on vit Sissi impératrice d’Autriche, Nathalie de Serbie, le prince de Galles…

La Villa Mouriscot (1870) accueillit la princesse de Hanovre et les fiançailles du roi Alphonse XIII avec la princesse de Battenberg, en 1906.

Mouriscot, parlons-en. Ce lac et cet espace naturel boisé de 110 hectares, au sud de la ville, est le poumon vert de Biarritz.

Inconnu des touristes occasionnels et miraculeusement épargné par l’urbanisation - une partie est désormais classée zone Natura 2000 -, il affiche de rares maisons basques à pelouses pieds dans l’eau et l’incroyable quiétude d’une campagne urbaine préservée.

Prisé des joggeurs (un parcours rejoint la plage d’Ilbarritz), le lac est alimenté par un ruisseau et bordé d’une tourbière, où volettent des aigrettes.

Exploité comme pêcherie au 19e s., il accueillit une base d’hydravions puis, en 1956, un club de ski nautique. Réchappé de projets immobiliers et d’un port de plaisance, il trône comme une parcelle de virginité insolite à deux pas de l’affluence balnéaire.

Populaire La Négresse

Non loin de là, le lac Marion soutient la comparaison.

Aménagé en 1998 et fréquenté par les sportifs et les familles à landaus, le plan d’eau est entouré d’un parc vallonné de dix hectares qui se distingue par son boisement de chênes, de pins et de saules. Une quarantaine d’autres espèces pousse sur le site, cyprès, bouleaux, hêtres… Idéal quand il fait très chaud et que les plages sont bondées.

Entre les deux lacs se tient le quartier de La Négresse.

Pas franchement terrible au premier coup d’œil, avec la RN10 qui le survole en viaduc, il dévoile un sympathique caractère populaire en cette entrée de ville. Au début du siècle précédent, il a vu passer quantité de malles-postes et de charrettes paysannes.

Le café-trinquet de la Négresse symbolise à merveille l’esprit de ce quartier : il faut y venir le dimanche matin, quand de solides sexagénaires font chauffer la balle de pala sur le mur du fronton couvert. Yo !

Bibibeaurivage, un passé faubourien

Reste à revenir vers le centre-ville pour décortiquer deux quartiers phares du « Biarritz caché ».

Bibibeaurivage en fait partie. Vrai village urbain, ses maisons accolées tissent leur toile autour des commerces de la place Pradier.

Ici ont trouvé abri les réfugiés espagnols, les immigrants portugais et maghrébins, le petit peuple du sud-ouest, venus chercher la bonne fortune.

Artisans, employés, commerçants ont façonné l’image faubourienne de Bibibeaurivage. En dépit de l’embourgeoisement, ce cliché est encore visible, rue des Chalets et venelle Mazon, le long du terrain de pelote.

Pour rejoindre Saint-Charles, au nord de la ville, il faut sacrifier au Biarritz balnéaire. Entre les « lieux de mer » dont tous les guides vous parlent, se trouve l’église orthodoxe russe Saint-Alexandre Nevsky. Construite pour la communauté entre 1890 et 1892, sa messe en slavon accueille jusqu’à 200 fidèles, descendants de nobles familles devenus Biarrots et touristes russes mélangés.

Un effort encore et voici donc Saint-Charles. Encore un « vrai » quartier de Biarritz. L’atmosphère boutiquière et conviviale de la rue de la Bergerie convaincra définitivement les septiques que la station balnéaire ne se résume pas à son front de mer, aussi prestigieux et attrayant soit-il.

Pour aller plus loin : www.tourisme64.com/

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