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De la côte Vermeille à la Costa Brava, itinéraire sur un littoral gâté

Reportage de Collioure à Cadaqués


Sous ses deux appellations, française et espagnole, le littoral méditerranéen de Collioure à Cadaqués ondule en caps et en anses et rassemble la trilogie parfaite du voyageur curieux : le patrimoine, les paysages grandioses et les références artistiques. Du château Royal de Collioure au monastère Sant Pere de Rodes, de Port-Vendres à El Port de la Selva, balade sur les traces d’un territoire exalté par Matisse et Dalí.


Rédigé par Jean-François RUST le Mardi 22 Août 2017

Le littoral méditerranéen de Collioure à Cadaqués ondule en caps et en anses et rassemble la trilogie parfaite du voyageur curieux : le patrimoine, les paysages grandioses et les références artistiques - DR : J.-F.R.
Le littoral méditerranéen de Collioure à Cadaqués ondule en caps et en anses et rassemble la trilogie parfaite du voyageur curieux : le patrimoine, les paysages grandioses et les références artistiques - DR : J.-F.R.
Dès Collioure, la côte méditerranéenne rompt brutalement avec l’atonie rectiligne du Languedoc.

Voilà soudain qu’elle se tortille en anses, pointes, villages et ports, livrant au pied du schiste pyrénéen l’éventail des prétentions humaines.

Un parcours de rêve d’à peine 60 kilomètres, jusqu’à Cadaqués.

Autour du Château Royal de Collioure, successivement dans le giron des rois d’Aragon, de Majorque, des Habsbourg puis des Bourbon, le village affiche une harmonie rare.

La petite baie, soulignée par le château et l’ancien phare fortifié, devenu clocher, ne se contente pas d’abriter quelques barques catalanes et des plages bondées l’été.

Elle protège aussi un noyau villageois aux maisons pastel, des rues hautes et basses à balcons fleuris, battues par la tramontane et la marinade, témoins d’une activité jadis florissante : la pêche aux anchois.

L’intimité méditerranéenne du village ne pouvait pas échapper aux artistes. Dans le sillage de Paul Signac, Matisse, Derain, Max Jacob, Dufy et tant d’autres débarquent à Collioure dès le début du 20e s.

Ils sont subjugués par la couleur, au point que Matisse et Derain y inventeront, l’été 1905, le fauvisme, art pictural défini par sa « violence » chromatique. Une épopée dont on s’imprègne au musée d’art moderne de Collioure, joliment installé dans la villa-jardin d’un ancien sénateur.

Dernier chalutier de Port-Vendres

A peine quatre kilomètres au sud, Port-Vendres roule des mécaniques plus populaires.

Une « gueule d’atmosphère », dirions-nous, entretenue par une activité maritime portée par un dernier chalutier, les pêcheurs à lamparos et les navires fruitiers venus d’Afrique.

Comme dans tous les ports du monde, il faut roder près des quais et humer ce parfum d’iode et de poissons mêlés, sur fond d’aventure embarquée.

L’arôme remonte jusqu’aux rue Pasteur et place Bélieu, accessibles par des volets d’escaliers, ici nommées rampes Madeloc, Massane, de la Tramontane… Il suinte aussi rue Arago, surnommée rue du Soleil.

Bordée de maisons colorées, près de l’église Notre-Dame-de-la-Bonne-Nouvelle, leurs façades jouent des coudes pour mieux profiter de la lumière du port.

Vignes et ancienne usine à poudre

La pêche, certes, mais aussi la vigne ! De Vermeille à vermillon, il n’y a que trois lettres et un saut de puce, celui qui expédie le visiteur des rivages méditerranéens vers les cépages de versants, dont on fait d’excellents vins rouges, secs ou doux, de Collioure et de Banyuls.

Flirtant avec la tour de guet Madeloc (13e s.), l’étroite route s’élève dans les collines désertes, au-dessus de Port-Vendres.

Elle explore de près le carroyage des parcelles en terrasses, ouvrant des panoramas sublimes sur Collioure, Port-Vendres, le cap Béar et la mer. A droite du cap, une anse abrite le site des Paulilles.

Depuis 2008, l’ancienne dynamiterie Nobel, créée en 1870 par Gambetta et aménagée par le célèbre ingénieur, est accessible au public. On s’y promène entre pelouses et vieux bâtiments industriels, interloqué d’apprendre que dans les années 1960, jusqu’à 400 personnes vivaient là, entre usine à poudre et maisons ouvrières.

Boum boum, c’est ce que fait le cœur des amateurs de vin doux naturel de passage à Banyuls-sur-Mer !

Le village n’a pas le charme de Collioure et Port-Vendres, alors autant prendre la mer pour découvrir son rivage et ses vignes.

En kayak, on aperçoit vite les parcelles gagnées au plus près de la mer, celles qui font dire que les barques catalanes servaient naguère aux vendanges autant qu’à la pêche…

La côte est ici déchiquetée, falaises bosselées, éboulis de schistes. Survolée par les sternes et les goélands, des figuiers de barbarie s’y accrochent entre deux criquettes de gravier, du côté du cap Oullestreil.

Rails franco-espagnols

Il est temps de filer vers Cerbère. La route, sauvage, tortueuse, bordée de vignobles, est jalonnée de caps échancrés (Rederis, Peyrefite, Canadell).

A la frontière, Cerbère rappelle le temps des contrôles douaniers, quand il fallait ouvrir le coffre de sa Peugeot pour prouver qu’on ne ramenait pas d’Espagne trente kilos de jambon ou vingt litres de sangria…

Le Rayon Vert, hôtel-squelette abandonné au-dessus des rails, témoigne des haltes de voyageurs sur le chemin de Barcelone et de l’Andalousie.

Passé le cap Cerbère et l’espace mémoire du col des Balitres, voici Port-Bou, autre verrou ferroviaire.

Avec son immense verrière métallique, ses entrepôts anciens et son faisceau de rails, la gare parait démesurée. Elle témoigne d’une activité encore vive, puisqu’ici rails français et espagnols, écartements différents, obligent toujours au transbordement.

Cap de Creus, le bout des Pyrénées

Col de Frare, Colera, Llança… La route glisse au sud, alternant points de vue sur le cap de Creus et outrances immobilières.

Le paysage retrouve un profil naturel à El Port de la Selva. A la fois port de pêche et de plaisance, le village est presque aussi blanc que Cadaqués. Il est tapi le long d’une baie, sur fond de collines pelées.

Le site, remarquable, est dominé au loin par l’ancien monastère Sant Pere de Rodes. L’ensemble roman (10-12e s.) en pierre brune, allure de forteresse avec son clocher et ses tours carrées, domine la mer de plus de 500 mètres. Il témoigne du prestige de l’ordre bénédictin, à son apogée ici entre les 12e et 13e s.

Il reste à rejoindre Cadaqués, par le célèbre cap de Creus. Une péninsule sèche de schistes luisants et acérés, entaillé de calas (calanques), un phare blanc étendard et du vent, une mer écumeuse : voilà comment se présente le cap, point le plus oriental d’Espagne, ultime tombant des Pyrénées dans la Méditerranée.

Cadaqués, l’ombre de Dalí

Cadaqués, enfin. Heureux village côtier qui malgré la notoriété a su préserver son harmonie.

Les maisons chaulées de blanc aux volets bleus se jouent des ondulations de terrains en un lacis de carrer (ruelles) et d’escaliers, laissant voir les dalles de schistes.

Des bougainvillées et lauriers roses débordent des balcons. Entre deux arêtes de maisons, le bleu roi de la Méditerranée jaillit.

On comprend que Dalí, artiste « ultra localiste universel », comme il se définissait, ait adopté ce village, tant il incarne la cohérence entre l’humain et la nature, si près de Figueras, sa ville natale.

Jeune homme, il y passait des vacances et c’est tout naturellement qu’en 1930, séduit par le paysage et la lumière, il s’installe dans une petite maison de pêcheur, à Portlligat, à deux brassées du village.

Il en fera un refuge, partageant son temps entre le travail, les sorties en mer et son amour pour Gala. L’ombre de Dalí plane toujours sur Cadaqués.

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