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François Piot (Prêt-à-Partir) : "Start-up, économie collaborative... Il faut dédramatiser !"

Article extrait de l'édition spéciale "papier" IFTM Top Resa


Start-up, économie collaborative... Les professionnels de l'économie dite "classique" n'ont plus à hésiter : il faut se lancer et explorer ! Pour François Piot, patron de Prêt-à-Partir, il faut dédramatiser et surtout il n'y a plus le choix : il est obligatoire de se former et de s’informer. Interview


Rédigé par Céline Eymery le Mardi 4 Octobre 2016

François Piot a créé avec Linh Raoul et Stéphane Thioly de Pole Capital 3 pépinières - Photo F. Piot
François Piot a créé avec Linh Raoul et Stéphane Thioly de Pole Capital 3 pépinières - Photo F. Piot
TourMaG.com - Avec l’aide d’André Linh Raoul et Stéphane Thioly (Pole Capital) vous avez créé 3 pépinières. Pour quelles raisons ?

François Piot :
Effectivement nous avons créé 3 pépinières d’entreprises qui nous permettent d’accompagner une trentaine de start-up, dans lesquelles nous sommes actionnaires minoritaires.

L’intérêt est de réaliser une veille technologique. Les créateurs et les collaborateurs de ces jeunes pousses nous permettent d’accéder aux nouvelles technologies.

L’autre grand intérêt est de discuter, d’échanger pour drainer des idées. Nous les faisons également travailler ensemble, pour faire émerger de nouvelles solutions.

Leur vision de nos métiers est parfois tellement décalée de la nôtre, que cela nous force à réfléchir, à repenser nos pratiques. Le contact avec les start-up permet d’être à l’écoute de leur façon de penser le monde. Elles bousculent d’ailleurs de nombreuses idées reçues.

Évidemment pour que nos pépinières fonctionnent sur le long terme, il faut quelques pépites sur lesquelles nous allons pouvoir réaliser une plus-value et qui permettra de ré-alimenter l’investissement. Il faut être aussi dans l’économie réelle.

TourMaG.com - Quel est votre constat sur l’innovation dans le tourisme ?

FP :
Pour résumer et c’est valable pour tous les secteurs, ce n’est jamais le fabricant de bougie qui crée l’électricité. Dans mon secteur je vais prendre l’exemple de Flixbus. Cette start-up réalise à peu près 15 fois plus de chiffre d’affaires que mon groupe dans le transport, alors qu’elle n’est propriétaire d’aucun autocar, et que j’en possède 500…

C’est incroyable de constater que ces boîtes ne sont pas créées par des personnes du métier. La voiture autonome : ce ne sera pas les taxis, ou les constructeurs qui vont la lancer, c’est Google. Ce sont toujours ceux qui ne sont pas du métier qui innovent et qui débarquent avec de nouveaux modèles économiques.

Et puis il y a une question de taille. La taille de l’entreprise devient un frein à l’innovation. D’ailleurs nous pouvons le constater avec des grandes entreprises comme Google qui rachète aujourd’hui les entreprises qui innovent. Le modèle start-up, la petite boîte qui n’a rien à perdre et qui a juste du temps et du talent, elle peut se permettre d’innover.

Après il faut trouver celui qui a l’idée, celui qui a la capacité de la mettre en oeuvre, et celui qui a les moyens financiers.

TourMaG.com - Comment expliquez-vous que les entrepreneurs qui viennent de secteurs plus traditionnels ont des réticences vis-à-vis des nouvelles technologies ?

FP :
La technologie, Internet, les start-up… apparaissent comme un univers toujours trop compliqué. Il y a un effort d’adaptation à faire. Et pourtant il faut être conscient que ce sont les nouvelles technologies qui nous permettrons de garder la parole, dans nos relations avec nos clients.

Aucun des porteurs de projets que nous accompagnons n’est passé par une agence de voyages. Ils n’ont jamais mis les pieds dans une agence. Il faut le prendre en compte et trouver le moyen de faire partie du circuit.

TourMaG.com - L’agence de voyages a-telle encore un avenir ...

FP :
J’y crois ! C’est d’ailleurs pour cela que je continue de racheter des points de ventes. La boutique traditionnelle qui saura mettre les nouvelles technologies dans sa relation avec son client a tout son mot à dire et sa place à garder. Aussi bien, sur le voyage d’affaires que sur le loisir, c’est indispensable.

Aujourd’hui nous ne pouvons pas faire sans. Et la question n’est pas de savoir s’il faut le faire, les autres le font déjà. Il ne faut même pas se poser la question. Il faut être capable de proposer un Self Booking Tool à ses clients entreprises. Et en loisir c’est pareil. Il faut au minimum un site web.

Cela nécessite néanmoins que le patron de la boutique fasse l’effort de savoir ce qui existe en terme de nouvelles technologies pour qu’elles lui permettent d’enrichir et d’améliorer sa relation commerciale. L’objectif reste de mettre en avant son savoir-faire : le service.

Nous ne vendons pas du voyage mais du temps. Les clients pourraient tout acheter en direct, simplement nous allons mettre moins de temps qu’eux, et notre temps est moins cher que le leur.

Il y a encore probablement trop d’agences de voyages. Les concentrations vont se poursuivre, mais je reste persuadé que l’indépendant qui se bat pour son client et qui sait le faire savoir aura toute sa place. Et encore plus facilement en province qu’à Paris.

TourMaG.com - Il faut aussi faire évoluer l’offre. Des liens se tissent avec l’économie collaborative, un secteur qui est venu bousculer l’offre traditionnelle.

FP :
L’offre est effectivement un aspect important. Les clients de demain ne voudront sans doute pas l’hôtel-club de leurs parents. Et les tendances évoluent. Easyjet à son lancement, ne voulait pas entendre parler des agences de voyages, et aujourd’hui, nous travaillons ensemble.

Les compagnies aériennes ont besoin de nous pour vendre des classes Business et Première. Le début se créé sans les agences de voyages mais l’histoire fera qu’un jour les deux univers collaboreront. Et ce sera aussi vrai avec l’économie collaborative.

L’intérêt pour eux est de faire grossir le panier. L’intermédiation “upgrade” automatiquement le revenu.

TourMaG.com - Et pourtant l’économie collaborative apparaît encore parfois comme un ennemi

FP :
ll faut dédramatiser ! Internet aussi est apparu comme un ennemi. Il faut arrêter d’opposer ces univers. Il n’y a pas d’un côté les capitalistes traditionnels et l’économie collaborative basée sur un modèle “greenpeace” pour rendre les gens heureux...

Ce ne sont pas des philanthropes.

TourMaG.com - Si vous aviez un conseil à donner à de plus petites structures ou à vos confrères ?

FP :
Tout d’abord je tenais à dire que les portes de mes pépinières leur sont grandes ouvertes. Si demain un confrère et quelle que soit la taille de son entreprise souhaite rencontrer les start-up que j’accompagne, ce sera avec grand plaisir. Il sera le bienvenu.

Il faut que les professionnels côtoient des start-up, et voient comment tout cela fonctionne pour qu’ils puissent désacraliser voire dédiaboliser ce monde-là.

Il faut absolument sortir de son trou. Les professionnels doivent profiter des conférences qui existent sur la nouvelle économie, et dans le voyage… Cela vaut le coup, il ne faut pas rester tout seul. Même si c’est du temps, c’est indispensable !

Il est impossible de rester dans sa bulle. C’est primordial, c’est une obligation de se former et de s’informer.

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Tags : start-up
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