Grève : on est pour... la retraite à 55 ans des hôtesses de l'air !

On le sait - et l’actualité économique est là qui nous le rappelle - dès que la bourse se met à tanguer, rouler et faire le yoyo, traditionnellement les investisseurs se tournent vers les valeurs sûres – les valeurs refuges disent les experts – que sont l’or et la pierre.

Et bien, il en va pour le chroniqueur comme pour le financier international : quand l’actualité patine et la grève déboule, il se tourne ses valeurs refuges : Air France et la SNCF (et accessoirement les low cost).

Ah, ils aiment ça nos chers lecteurs quand on tape sur nos têtes de turcs favorites. Un petit coup de griffe à la compagnie nationale par ci, une petite vanne sur les retards du TGV par là et hop, ce sont quelques centaines de clics supplémentaires…

« Et avec ça Madame, vous reprendrez bien une petite grève ? Ca plait bien et ça vous booste les commentaires. »

Alors avec la grève des pilotes Air France et celle des cheminots, inutile de vous dire que la semaine s’annonçait des plus prometteuses et on en salivait d’avance.

« Légère et court vêtue, elle allait à grands pas… et patatras, voilà t’y pas que du coté de la SNCF, syndicats et direction se sont assis à la table des négociations, repoussant sine die la grève promise et nous privant de notre pain hebdomadaire : adieu veau, vache, cochon, couvée… »

Vite, un coup d’œil du coté d’Air France : ouf ! Tout va bien la pression monte et on ne devrait pas tarder à lâcher les noms d’oiseaux…bon le gouvernement a bien tenté de torpiller la grève promise en assouplissant son amendement (1), mais dieu merci, il reste dans ce pays des gens qui ont des principes…

Non parce que là c’est pas n’importe quelle grève. C’est une grève de pilotes, et chez ces gens là Monsieur, chez ces gens là on ne plaisante pas avec les traditions… ni les privilèges, bien sûr.

Bref, l’affaire se présentait sous les meilleurs auspices et on allait se régaler… Hélas, trois fois hélas, tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. Mis à part les sempiternels « c’est une honte », « nantis » et autres « grèves de riches », le moins qu’on puisse dire c’est que coté quolibets cette grève nous a laissés sur notre faim…

La routine sans doute… Oh, on a bien eu un ou deux « corporatistes » mais sans grande conviction. On sait bien que ce qu’on appelle « corporatisme » chez l’autre est plus connu chez nous sous l’appellation « sauvegarde du métier d’agent de voyages ». Alors on en devient indulgent...

Et puis la cause est noble, pour une fois il n’est pas question de gros sous, non c’est d’acquis sociaux qu’il s’agit, l’âge de la retraite, ça nous concerne tous. Et puis franchement comme on prend l’avion de temps à autres, on est bien obligé d’admettre que la retraite à 55 ans pour les hôtesses, on est pour…

Mais au fond, si la vraie raison de ce relatif désintérêt tenait en une phrase : « vos problèmes de riches on s’en fout, on a assez des nôtres ! »

« D’ailleurs, arrêtes-moi si j’me trompe Maurice, ce sont bien ces mêmes pilotes de lignes français qui en juillet 2007 ont déposé plainte devant la commission européenne contre l’état français pour avoir le droit de travailler jusqu’à 65 ans (VOIR) ? Même qu’ils étaient soutenus par Guy Roux et le Professeur Cabrol »

Comment ça, ils étaient minoritaires ? Et alors, je suis bien de mauvaise foi, moi…

(1) Amendement : substance (2) incorporée (3) au sol en vue d’en améliorer les propriétés physiques.
(2) L’agriculture bio utilise traditionnellement le fumier en guise d’amendement
(3) On emploie parfois – surtout en politique – le terme « déposé » : « le gouvernement a déposé un amendement…et ben mon vieux, on n’est pas dans la m….»