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Grippe aviaire, attentats : les peurs contemporaines affectent-elles le voyageur ?

La chronique de Josette Sicsic (Touriscopie)


Le dernier attentat de Boston ou la flambée de grippe aviaire en Chine relanceront-ils la peur de voyager ? Ce mois-ci, Josette Sicsic aborde les différentes manifestations de la peur et autres angoisses que peuvent rencontrer les voyageurs, avant et pendant leurs vacances.


Rédigé par Josette Sicsic le Jeudi 18 Avril 2013

L’air que l’on respire, l’eau dans laquelle nous nous baignons, l’assiette que l’on nous sert, sont perçues comme autant de sources de danger par le touriste. Et le tourisme de proximité, comme les autres, présente aujourd’hui ce type de danger aux yeux du voyageur - DR : Fotolia
L’air que l’on respire, l’eau dans laquelle nous nous baignons, l’assiette que l’on nous sert, sont perçues comme autant de sources de danger par le touriste. Et le tourisme de proximité, comme les autres, présente aujourd’hui ce type de danger aux yeux du voyageur - DR : Fotolia
A ce jour, bien que les pistes soient brouillées, il va de soi que la pose de bombes sur un marathon accueillant des participants du monde entier, constitue bel et bien le type d’actes terroristes aveugles de nature à dissuader les plus fragiles d’entre nous de s’aventurer à l’étranger.

Le discours médiatique allant de pair avec ce type d’événements, en particulier l’intervention des experts dévoilant sur tous les plateaux de télévision ce que nous avions tendance à oublier : à savoir que nous sommes en alerte rouge depuis une bonne dizaine d’années, est aussi de nature à effrayer.

Pourtant, il semblerait bien que la peur aujourd’hui ne se niche pas forcément dans ces risques d’attentats auxquels nous nous sommes finalement accoutumés.

A la façon des Israéliens ou des Irakiens dramatiquement habitués à vivre dans la crainte d’une attaque, une partie des voyageurs ont relativement gommé cette frayeur du registre de leurs grandes émotions, affichant un fatalisme plus ou moins forcé face à l’adversité.

De plus, comme nous l’avions démontré en 2005, après les attentats de Londres, la population touristique se divise en deux :

- d’un côté, on trouve ceux qui ont les moyens d’avoir peur, donc de renoncer à un voyage risqué, parce qu’ils peuvent assumer le coût matériel et économique d’un report.

- de l’autre, il y a ceux qui ne peuvent pas se permettre d’avoir des frayeurs, parce qu’ils ne peuvent pas changer leurs plans de vacances et affronter des frais supplémentaires.

Il est donc difficile de mesurer l’impact du terrorisme sur les comportements touristiques d’autant qu’une nouvelle en chassant une autre, l’actualité fait rapidement long feu dans les mémoires !

Quelles sont les vraies peurs ?

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Restent les peurs d’une autre nature liées à une actualité éphémère.

Celles liées aux situations politiques durables et instables comme en affichent le Proche Orient, le Liban, la Syrie, une partie de l’Afrique sont vraisemblablement plus dissuasives que les précédentes.

A en croire les faibles performances sur la scène touristique de la Tunisie et de l’Egypte ou du Mali.

A en croire également les flambées de fréquentation du site du Quai d’Orsay !

Mais, le risque dans ce cas réside parfois plus dans le fait que les mémoires ne sont pas mises à jour que dans le danger réel. Beaucoup d’entre nous ont en tête des images périmées, craignant par exemple la violence des narco trafiquants en Colombie alors que celle-ci s’est plutôt déplacée au Mexique !

En matière de départ, il convient cependant de noter que bien d’autres craintes freinent voire empêchent certains d’entre nous de boucler leurs valises.

Comme l’explique Isabelle Rivola du laboratoire d’ethnologie et sociologie comparative du CNRS, « trois grandes sources d’anxiété nouvelle émergent, convergeant toutes sur une même menace, celle que subit au quotidien notre santé physique et mentale.

Ce sont toutes les peurs liées de façon plus ou moins directe à l’accélération du temps dans nos vies quotidiennes et celles nées de la menace de la globalisation ou encore celles liées à l’environnement
».

Le marketing de la peur

Ce qui signifie pour faire court que, l’air que l’on respire, l’eau dans laquelle nous nous baignons, l’assiette que l’on nous sert, sont perçues comme autant de sources de danger par le touriste qui sera de plus en plus exigeant sur la qualité des ces trois éléments.

Certes, cela n’a rien de très nouveau, mais la nouveauté réside dans le fait que le tourisme de proximité comme les autres présente aujourd’hui ce type de danger aux yeux du voyageur.

S’y ajoutent les risques de catastrophes climatiques bien présents aussi dans les esprits et ceux de catastrophes naturelles comme les tsunamis et autres tremblements de terre ou avalanches...

Sans parler des épidémies. Ajoutons aussi la peur des accidents de la route ou celle de l’avion dont souffre environ 5% des passagers et la liste interminable des dangers occasionnant de petits bobos… du type piqûres d’insectes ou de serpents.

Cataloguées comme des peurs plutôt féminines, on peut y ajouter pour ces dames la peur des mauvaises rencontres ou du harcèlement masculin dans certains pays et pour nous tous l’inéluctable peur du vol !

Une peur que la crise économique ne fait rien pour apaiser dans la mesure où une partie de la population, terrifiée à l’idée de ne pas retrouver son boulot en rentrant, préfère l’épargne aux vacances coûteuses.

A moins encore de se montrer terrorisé par les fameuses arnaques dont la presse se repaît, pratiquant un marketing de la terreur dont inconsciemment nous sommes tous victimes ! Ainsi en va-t-il du tourisme spectacle !

La peur du départ : une pathologie

Enfin, n’oublions pas le stress inévitable lié au départ, ressenti par la quasi totalité des voyageurs, excepté ceux qui ne font que déplacer leurs habitudes dans un contexte connu comme la résidence secondaire.

Ce type de stress parfois très invasif est lié aux mécanismes de changement inhérents au fait de quitter son domicile.

Mais, il peut atteindre des proportions totalement paralysantes dans le cas d’individus ayant été contraints dans leur vie à un exil forcé : guerre, déplacements professionnels mais aussi divorces… Ceux-là restent attachés à leurs sièges d’avion. A l’aller mais parfois aussi au retour !

… Identifié par les médecins comme une véritable pathologie, ce dernier exemple illustre l’infini variété du registre des peurs qui sont à la fois collectives et individuelles, anciennes et récentes.

Mais, pour être exhaustif, il faudrait aussi distinguer peur, inquiétude et angoisse…

Ce que nous ne pouvons faire dans le cadre étroit d’une chronique mais, pour lequel une seule réponse s’impose : comprendre et rassurer au lieu de semer la panique et le doute, le touriste s’en portera mieux !

Lire aussi : Les nouvelles peurs. Marc Augé.

Pour en savoir plus, abonnez-vous à Touriscopie - version papier et www.touriscopie.biz

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Tags : sicsic
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