I. Les agents de voyages dans le nuage : « C’est pire que le 11 septembre ! »

Dans les bureaux de l’agence Voyages Barbes, rue de Charonne à Paris. Le téléphone ne cesse de sonner.

Au bout du fil, des clients coincés aux quatre coins du monde, que Marie-Hélène Vultat s’efforce de rapatrier.

L’un d’entre eux devait rentrer de Tel Aviv mais est resté coincé à Madrid.

«Je lui ai trouvé des billets de train mais le système espagnol étant différent du notre, il n’arrive pas à les retirer à la gare ».

Elle jongle ensuite entre Air Seychelles et son client qui devait partir avec Kuoni.

Quand on lui demande combien de personnes sont touchées par ces évènements, elle lève les yeux au ciel. Impossible pour l’instant de chiffrer les dégâts, mais ils seront considérables.

Une mauvaise nouvelle pour une profession déjà sinistrée.

Pourtant, les agents de voyages pourraient retourner la situation en leur faveur.

Face à cette crise, ils apparaissent comme des interlocuteurs privilégiés, capables de contacter les TO et compagnies aériennes et d’aider leurs clients à rentrer.

Une superbe occasion de faire valoir la qualité de leur service, en opposition aux séjours vendus sur internet.

« Encore faudrait-il avoir une bonne communication» s’énerve Marie-Hélène Vultat, très en rage contre le silence radio du SNAV. Quant aux compagnies aériennes, « [leur communication est en dessous de zéro ]i» estime-t-elle.

Un avis modéré par Stéphane de Noga Voyages, boulevard Voltaire dans le 11e. « Cet évènement est arrivé à la dernière minute, on ne peut pas mettre tout sur le dos des compagnies ! » explique-t-il.

« Il est très difficile de les avoir mais cela peut se comprendre : ils sont totalement saturés. Je suis passé ce matin devant une boutique d’Air France, il y avait la queue jusque sur le trottoir .»

Une situation galère pour ceux qui sont partis, comme pour les futurs vacanciers qui attendent leur départ. Un couple présent dans l’agence Voyages Barbes doit s’envoler mercredi pour l’Egypte.

Mais ils n’ont toujours pas de confirmation ou d’annulation de leur voyage. L’homme est particulièrement agacé par cette incertitude.

«Cela ne nous donne pas envie de partir » s’exclame-t-il. Il aimerait avoir plus de visibilité sur son séjour, afin de s’organiser.

Le programme qui l’attend en Egypte va-t-il être adapté ? Les vols de retours seront-ils assurés ? Autant de questions auxquelles l’agent n’a pas de réponse.

D’autant que les conditions de remboursement sont livrées au compte goutte et les dossiers seront réglés au cas par cas.

Mais elle tente avec une sagesse toute confucianiste de les apaiser : « prenez votre mal en patience ». Un conseil qui semble en effet être la seule solution devant un évènement d’une telle ampleur.

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