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II. Dubaï : les dromadaires, passion émiratie

Visite de la clinique à faucons de Dubaï


Al Lisaili, au cœur du désert dubaïote, est la capitale des compétitions de dromadaires. Autour du terrain de courses d’Al Marmoom, les élevages sont légion. L’un d’eux nous a ouvert ses portes.


Rédigé par Jean-François RUST le Vendredi 15 Août 2014

Organisées d’octobre à mars dans les Emirats mais aussi au Koweït, en Arabie Saoudite, au Qatar et à Oman, les courses de dromadaires suscitent une véritable passion - DR
Organisées d’octobre à mars dans les Emirats mais aussi au Koweït, en Arabie Saoudite, au Qatar et à Oman, les courses de dromadaires suscitent une véritable passion - DR
Al Lisaili, un jour de printemps. Nous sommes sous la chaleur sèche du désert, à 65 km de Dubaï City.

Voici « La Mecque » dubaïote de l’élevage et des courses de dromadaires.

A première vue, rien de particulier. Des constructions sommaires et basses, une mosquée d’allure récente... Le tout bâti le long de la route à quatre voies qui mène à Al Ain, ville frontière de l’Emirat avec l’Etat d’Oman.

Pourtant, de grands enclos de terre nue, vides et fermés de hauts grillages, intriguent.

On pourrait croire un marché aux bestiaux, un jour de relâche. Vides ? Non. L’un d’eux héberge des dromadaires, ce sont ceux de Rashid Al Mansoori.

« Come on, you are welcome ! », nous signifie l’homme, alors que nous scrutons son cheptel à travers la clôture.

Nous serrons la main de celui qui porte beau, avec sa gandoura grise et son tissu blanc, noué autour de la tête.

Dans un sous-enclos tendu de toiles, cinq jeunes dromadaires d’aspect véloce ont le museau aux aguets, nerveux.

Ils portent sur le dos une jolie couverture damassée à motifs bleus. « Ceux-là ont trois et quatre ans. La saison de courses est finie car la chaleur arrive. Mais nous prenons soin d’eux et continuons à les entraîner », explique le propriétaire.

Un vrai hobby

Le training concerne les moins âgés. Les « vieux » dromadaires en sont dispensés.

Les jeunes poursuivent leur apprentissage en trottant derrière des bêtes plus mâtures sur le Camel Race Track, véritable hippodrome à dromadaires.

Rashid Al Mansoori nous y emmène dans son 4x4 rutilant. « Mon grand-père, mon père élevaient des dromadaires de course. J’ai pris la suite, c’est un vrai hobby », explique celui qui, dans le privé, se présente comme businessman.

Chaque animal court dans sa catégorie. Plus ils sont âgés, plus les distances s’allongent. Le maximum couvert sur l’anneau circulaire de terre et de sable est de 8 km.

Avec une vitesse de pointe de 55 km/h, les meilleurs parcourent la distance en quelques minutes.

Les bons dromadaires sont détectés tôt et rapidement aiguillés vers la course. Les autres sont vendus sur les marchés.

Paris interdits

Organisées d’octobre à mars dans les Emirats mais aussi au Koweït, en Arabie Saoudite, au Qatar et à Oman, les courses suscitent une véritable passion.

Le Camel Race Track d’Al Marmoom - un complexe voulu par l’émir -, ainsi que l’Al-Wathba Race Track d’Abu Dhabi, proposent les épreuves les plus richement dotées.

Mais attention ! A Dubaï et dans le monde arabe, les paris sont interdits, islam oblige.

« Quand on gagne des courses, des sponsors offrent des lots, comme des voitures de luxe Mercedes ou Range Rover », sourit l’éleveur.

Sans compter que les dromadaires champions atteignent des sommes folles à la vente, « parfois jusqu’à 4 à 5 millions de dirhams [autour d’1 million d’euros] », indique Rashid Al Mansoori.

De quoi transformer un hobby en commerce… Pour compléter son écurie, le propriétaire possède trois étalons, histoire de soigner la reproduction.

Robots jockeys

A proximité du champ de courses et d’une seconde piste, dotée d’une ligne de départ comme à Vincennes ou Auteuil, Rashid Al Mansoori nous conduit vers un autre enclos, où grandissent les bébés dromadaires âgés d’un à trois mois. De farouches mais adorables quadrupèdes.

Parmi eux, de futurs cracks, que notre homme cajole et embrasse comme des bébés. En tout, il est propriétaire de 50 dromadaires, « assez pour un seul homme », dit-il.

Ce sport a défrayé la chronique, il y a quelques années. C’était quand les Occidentaux ont dénoncé les conditions de courses, durant lesquelles les dromadaires étaient montés par des enfants poids plume.

« Vous, les journalistes, avaient fait des reportages qui ont ému l’opinion. C’est vrai, il y a eu des accidents.

Au début, des enfants émiratis étaient jockeys, mon propre fils a d’ailleurs monté lors de certaines courses.

Après, d’autres enfants sont venus du Pakistan et du Bengladesh. S’ils étaient bons, ils restaient. Sinon, ils repartaient
», avoue sans ambages Rashid Al Mansoori.

Depuis, Dubaï a trouvé la parade, histoire de ne plus prêter le flan à l’accusation d’exploitation d’enfants.

L’émirat et ses voisins ont imaginé des robots ultra lights pour les remplacer. Ils sont attachés sur les dromadaires et pilotés depuis le bord de piste par des spécialistes du « joy stick », agissant aux ordres des propriétaires placés en tribune.

Les robots sont capables de stimuler l’animal comme un vrai jockey, en lui intimant d’aller plus vite, à droite, à gauche…

Comme partout à Dubaï, le high tech s’est greffé sur la tradition. Pour le plaisir et la mauvaise conscience apaisée du public et d’éleveurs « accros » aux courses de dromadaires depuis la nuit des temps, tel Rashid Al Mansoori.

Dubaï, dans la clinique à faucons

La fauconnerie fait partie de la culture dubaïote. Près de la tour Burj Khalifa, le Dubaï Falcon Hospital guérit les affections et soigne la forme des rapaces - DR
La fauconnerie fait partie de la culture dubaïote. Près de la tour Burj Khalifa, le Dubaï Falcon Hospital guérit les affections et soigne la forme des rapaces - DR
Dans le quartier aux rues semi-résidentielles bordant Business Bay, près du Financial District, nous débusquons avec peine le Dubai Falcon Hospital, un bâtiment blanc et bas à arcades, anonyme.

La salle d’attente n’est occupée que par un jeune émirati, en dishdasha. Elle ressemblerait à n’importe quelle autre salle d’attente médicale au monde si ce n’était la présence, sur le rebord d’un meuble… d’un faucon, fil à la patte et bonnet en cuir sur les yeux.

Un portillon plus loin, le docteur Antonio Di Somma nous reçoit. « Vous êtes ici dans la première clinique vétérinaire de Dubaï exclusivement consacrée aux faucons.

Il y en a sept à huit désormais mais celle-ci a été ouverte en 1983 par le cheikh Hamdan bin Rashid al Maktoum. Les soins sont gratuits. J’en dirige l’activité médicale depuis douze ans
», annonce le fringant « véto », cheveux blancs coupés courts, un italien.

Prises de sang et endoscopies…

La saison de chasse étant terminée, il n’y a pas foule. La fauconnerie se pratique chaque année de fin août à début mars, période durant laquelle les propriétaires emmènent leurs faucons traquer en plein vol l’outarde houbara, dans le désert. Ou bien le gibier.

Dans ce labo froid aux sols et murs blancs, il y a tout de même un faucon pèlerin au gabarit impressionnant, doté d’un splendide plumage gris clair.

« Il est en observation, il a un problème de foie », éclaire le vétérinaire. Un autre s’apprête à passer sur le billard, pour une endoscopie.

Un troisième attend une prise de sang. Et un tout jeune rapace, en « couveuse », est hébergé le temps de grossir un peu, avant de devenir peut-être un champion, « après une période de dressage de trois semaines à trois mois ».

1 700 rapaces soignés chaque année

Au Dubai Falcon Hospital, tout a été prévu pour bichonner les oiseaux. La clinique dispose d’une salle d’opération, d’un cabinet de radiologie, d’un labo d’analyses, d’une salle de traitement orthopédique…

Il faut dire que les cracks peuvent valoir jusqu’à 50 000 €. Et le moindre bobo risque d’affaiblir leurs performances.

Deux maladies sont particulièrement redoutées, l’aspergillose et le bumblefoot. La première est une infection parasitaire due à des germes. La seconde est une inflammation des pattes au niveau des bourrelets ou des ergots.

Treize personnes, vétérinaires, assistants, travaillent ici à plein temps, au service des 1 700 rapaces qui passent chaque année entre leurs mains.

La plupart viennent de l’étranger. « On ne peut plus capturer de faucons sauvages aux Emirats. Ils sont protégés. Les oiseaux sont nés en captivité et importés depuis les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne, l’Espagne… », indique le responsable.

Faucons en pension

Dans des box individuels soigneusement fermés, d’autres rapaces, posés sur de petits tabourets, sont en pension.

Le faucon aux problèmes gastriques est désormais endormi sur la table d’opération, prêt à subir l’examen.

Il n’attend plus que de retrouver la forme pour la saison suivante, histoire d’entretenir cette partie importante de l’héritage et de la sociabilité émiratie.



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Tags : dubaï
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