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Les politiques de visas ont-elles un impact sur la fréquentation touristique ?

Quand les formalités deviennent un casse-tête pour les professionnels


La complexité d’obtention d’un visa touristique ou son coût plus ou moins élevé peuvent-ils constituer un frein au voyage ? Qu’en pensent les professionnels du tourisme ? Nous leur avons posé la question en nous appuyant sur les exemples de l’Iran, de la Russie, du Vietnam et de l’Inde.


Rédigé par le Jeudi 28 Septembre 2017

Les professionnels du tourisme donnent leur point de vue sur l'impact des procédures d'obtention des visas sur le secteur - Photo : shahfarshid Fotolia
Les professionnels du tourisme donnent leur point de vue sur l'impact des procédures d'obtention des visas sur le secteur - Photo : shahfarshid Fotolia
Le visa n’est pas le premier critère de sélection d’un voyage... et pourtant il peut influer sur la décision finale.

Parmi les visas les plus difficiles à obtenir, celui pour la Russie revient régulièrement dans le discours des professionnels du tourisme.

« Nous démarrons les demandes de dossiers clients entre 40 et 45 jours avant le départ, explique Géraldine Chachourine, directrice commerciale de Step Travel.

En raison du nombre de documents exigés par les autorités : original de l’assurance assistance rapatriement, photo de moins de 6 mois... nous sommes souvent obligés de revenir sur les dossiers en raison du manque des pièces. »

Autant dire que la Russie n’est pas une destination que l’on peut vendre en dernière minute...

Néanmoins, depuis 2015 et l’apaisement des tensions après le conflit ukrainien, les réservations vers la Russie repartent chez les voyagistes.

Quand le visa se transforme en casse-tête...

En avril 2017 pourtant, alors que la haute saison estivale démarrait, les professionnels du tourisme ont été confrontés à un autre problème : le consulat russe a décidé de changer de partenaire et de nommer un nouveau centre de visas (il en existe 3 en France : Paris, Marseille et Strasbourg).

« Les clients n’ont rien remarqué, mais pour nous, la transition a été très difficile, car tout le mode de fonctionnement ainsi que le personnel ont changé », se remémore Géraldine Chachourine.

Si Step Travel ou encore Amslav - qui emploie une personne dédiée aux visas - ont réussi à se sortir de cette situation sans trop d’impact sur leurs ventes, les voyageurs qui se rendaient par les propres moyens dans les centres de visas se sont arrachés les cheveux...

Mais le visa russe, ce casse-tête pour les TO et les agences, leur permet aussi de conserver leurs clients. « Cela évite qu’ils passent en direct », précise Tatiana Maltseva, responsable production chez Amslav.

Pour autant, il ne semble pas que les conditions d’obtention du visa russe se simplifient prochainement.

« On entend parler de l’e-visa depuis plusieurs années, mais on ne voit pas l’ombre d’une amélioration en ce qui concerne la situation, commente Géraldine Chachourine. Hormis quelques accalmies ponctuelles, pour les Jeux olympiques de Sotchi ou pour la Coupe du monde 2018 de football. »

« Il ne faut pas oublier que ces formalités dépendent avant tout des relations bilatérales entre la Russie et la France, ajoute Tatiana Maltseva. L’un doit faire un pas vers l’autre pour améliorer les procédures. »

Le visa peut donner une image de pays fermé

« Une procédure d’obtention fastidieuse peut limiter l’attrait touristique d’un pays. Cela peut aussi renforcer une réputation de pays fermé, même si c’est souvent infondé ! », observe, quant à lui, Alexandre Demaille, dirigeant associé de RapideVisa.

On le constate avec l’Iran. Alors que les procédures d’entrée dans ce pays n’ont pas foncièrement évolué depuis plusieurs années, aujourd’hui la destination séduit les Français et le discours sur la complexité d’obtention du visa devient récurrent.

« C’est un visa qui n’est pas simple à obtenir, commente Jane Jaffart, directrice de la production d’Intermèdes.

Dans la plupart des cas, nos clients l’obtiennent à l’arrivée à l’aéroport, mais au préalable nous devons envoyer un tableau d’informations sur les voyageurs, élaboré par les autorités iraniennes.

Nous passons pour cela par notre réceptif, mais il nous faut être vigilants et un minimum organisés pour pouvoir obtenir un numéro d’homologation
tamponné et certifié pour nos clients.
»

Une fois à l’aéroport (et tous les aéroports iraniens ne délivrent pas de visas d’entrée), l’attente peut parfois durer plusieurs heures, suivant le nombre de passagers qui débarquent.

« Depuis 3 ou 4 ans, les autorités sont plus habituées à la présence de touristes, mieux rodées et nous n’enregistrons plus de remontées négatives de la part de nos clients », relativise Jane Jaffart.

Dans tous les cas, « les clients qui veulent partir en Iran sont des personnes très motivées », souligne Maryline Goustiaux, la directrice Zone Afrique Asie de Comptoir des Voyages.

Le voyagiste, qui propose une production sur-mesure depuis septembre 2016, démarre les procédures pour les visas à l’arrivée un mois avant le départ et deux mois avant pour les demandes de visas avant départ (ceux-ci nécessitent une prise d’empreintes digitales au consulat).

Une question de réputation

Les agences de voyages informent leurs clients sur les formalités de délivrance des visas dans leurs différentes destinations - Photo : Fotolia.com
Les agences de voyages informent leurs clients sur les formalités de délivrance des visas dans leurs différentes destinations - Photo : Fotolia.com
Mais il y a un autre hic : un visa iranien dans un passeport français complique les formalités d’entrée aux États-Unis. « Les clients qui se sont rendus en Iran ne peuvent pas, par la suite, remplir un formulaire ESTA, précise Maryline Goustiaux.

Ils doivent demander un visa tourisme américain, valable 10 ans et qui leur coûtera 150€. Ils devront aussi se rendre obligatoirement à l’ambassade des USA pour passer un entretien.

Nous informons donc nos clients de ces mesures dès le premier rendez-vous. Certains ne préfèrent pas prendre le risque de se rendre en Iran.
»

Ces difficultés administratives peuvent avoir plusieurs conséquences négatives pour les destinations en question : « les voyagistes vont moins les mettre en avant parce qu’elles nécessitent davantage de travail, ajoute Alexandre Demaille.

Et puis, c’est une question de réputation : si les voyageurs commencent à savoir que le visa est une vraie galère à obtenir, une partie d’entre eux va privilégier une autre destination. Je pense notamment aux personnes âgées. »

Pour aller plus loin : Iran : bientôt la fin de la "galère" pour obtenir le visa ?

L’assouplissement, un signal d’ouverture pour les touristes

À l’inverse, lorsqu’une destination assouplit ses formalités d’entrée, elle envoie un signal d’ouverture aux touristes. « C’est un aboutissement, plutôt
qu’un bouleversement : généralement, quand un pays supprime une obligation de visa, c’est que le visa n’était déjà plus qu’une simple formalité
», explique Alexandre Demaille.

C’est le cas du Vietnam, qui propose diverses formules pour entrer sur son territoire : visa à l’arrivée, e-visa, visa de 3 mois et exemption de visa (pour des séjours jusqu’à 14 nuits et valable jusqu’au 30 juin 2018).

Au cours de la première année de l’entrée en vigueur de l’exemption de visa (2015/2016), le nombre de touristes en provenance des pays européens bénéficiant de la mesure (France, Royaume-Uni, Italie, Espagne et Allemagne) a progressé de 15,4% (5 721 000 visiteurs uniques), selon les chiffres de l’Office général des statistiques vietnamien.

En 2017, la croissance se situe entre 11% et 14% pour les Français au premier semestre 2017 (136 146 pax selon les chiffres du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme).

Face à cet engouement et pour éviter de perdre des clients qui seraient tentés de passer en direct, Action-Visas a mis en place un système simplifié d’aide aux voyageurs car « si l’on fait une erreur de frappe en remplissant le formulaire d’e-visa, on peut être refusé à la frontière, perdre l’argent du visa qui sera conservé par le gouvernement vietnamien et devoir refaire toutes les démarches », souligne Nicolas Le Page, responsable web, marketing et traitement des dossiers au sein d’Action-Visas.

La sécurité, facteur d’influence

L’e-visa, s’il simplifie le voyage pour les clients comme pour les professionnels du tourisme, permet aussi aux destinations de maintenir un système de
contrôle des frontières et donc de sécurité.

« Fin 2014, l’Inde voulait rendre obligatoire la prise des empreintes pour obtenir le visa indien, officiellement en raison du risque terroriste, rappelle Alexandre Demaille de RapideVisa.

Pour obtenir un visa avant de partir, il aurait fallu que chaque voyageur se déplace en personne dans un centre agréé, en semaine, sans intermédiaire possible.

S’en étaient suivies de nombreuses annulations de voyages auprès des tour-opérateurs. Les appareils biométriques étaient installés, la règle devait s’appliquer le mois suivant, mais la mesure a finalement été annulée.

Depuis, un visa électronique a été mis en place, en parallèle de la solution du visa dans le passeport sans prise d’empreintes.
»

On le voit, si le visa n’est pas un frein à proprement parler au voyage, dans certains cas, il peut conditionner son bon déroulement.

Pour les agences de voyages, comme pour les tour-opérateurs, il est important de conseiller et d’assister les voyageurs dans leurs formalités, pour éviter à la fois tout désagrément au moment du départ, mais aussi pour leur apporter un véritable service à valeur ajoutée.

Retrouvez cet article et l'ensemble de notre magazine 2017, intitulé "Nouvelles frontières, nouveaux défis", en ligne en cliquant sur ce lien.

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