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Terrorisme : les Anglais sont-ils moins peureux que les Français ?

Tunisie : le MAE moins sévère que les Britanniques


Nos voisins britanniques semblent beaucoup moins frileux à voyager dans certaines destinations aujourd'hui boudées par les Français. Mais leur comportement d'achat réputé rationnel peut s'inverser en cas d'évènement exceptionnel, comme l'attentat en Tunisie.


le Mercredi 4 Novembre 2015

Les deux cartes des ministères des affaires étrangères : à gauche les Anglais, à droite les Français. DR
Les deux cartes des ministères des affaires étrangères : à gauche les Anglais, à droite les Français. DR
Est-ce le célèbre flegmatisme britannique ?

Ou alors une dose de pragmatisme qui fait défaut aux Français ?

Dans tous les cas les professionnels du tourisme s'accordent sur une chose : les clients britanniques sont moins frileux que leurs homologues français.

Souvent derniers à quitter une destination, ils sont les premiers à revenir après un attentat, une révolution ou tout évènement tragique qui fait bien trop souvent la une des journaux ces derniers temps.

"Nous suivons à la lettre les conseils de notre Ministère des affaires étrangères", assure Sean Tipton, le responsable communication de l'ABTA, l'équivalent du SNAV britannique.

Il estime que son gouvernement est plus précis dans ses recommandations prenant pour exemple l'Egypte, où toute la région du Nil ainsi que la Mer Rouge s'affiche en vert.

Sur le site français du Ministère des affaires étrangères, seule une mince bande entre Louxor et Abou Simbel est teintée d'un timide jaune, ainsi que le Caire et le littoral.

Est-il plus dangereux de descendre le Nil en bateau pour un Français que pour un Anglais ?

Pour Simon Wood, le directeur du département de crise au ministère des affaires étrangères britannique, chaque pays fait ses choix en fonction de critères qui lui sont propres.

"Bien sûr, nous travaillons en étroite collaboration avec le gouvernement français. Mais au final nous sommes seuls responsables de nos décisions".

L'attentat tunisien qui a renversé les tendances

A gauche, la carte du conseil aux voyageurs britanniques après l'attentat de Sousse. A droite, celle du ministère des affaires étrangères français. DR
A gauche, la carte du conseil aux voyageurs britanniques après l'attentat de Sousse. A droite, celle du ministère des affaires étrangères français. DR
Examinons la situation de la Tunisie.

Si l'attaque au musée du Bardo en mars 2015 n'avait pas modifié la carte Anglaise, l'attentat de la plage de Sousse en juin 2015, qui a fait 30 victimes britanniques, a coloré le pays en orange.

La France au contraire est moins sévère, avec une classification "jaune" pour une vigilance renforcée.

"Nous avons pris une décision difficile et nous avons conscience de son impact économique.

Nous sommes en relation quotidienne avec les autorités locales pour voir de quelle manière nous pouvons faire évoluer les choses",
assure Simon Wood.

Cette classification a porté un coup d'arrêt aux ventes et désole les professionnels du tourisme tunisiens, présents au salon WTM de Londres.

Leur stand est deux fois plus petit que l'an passé et assez excentré. "Nous sommes juste à coté de la porte, nous approchons de la sortie, c'est mauvais signe", déplore Mohamed-Ali Dakhli, le chef de produit de l'agence Best Time Travel.

"C'est au moment où nous avons le plus besoin de communiquer pour rassurer que les budgets se réduisent", regrette Anis Suissi, le directeur des ventes de l'hôtel Le Royal à Hammamet.

L'Egypte veut faire revenir ses touristes sur le Nil

Le nouveau stand de l'Egypte veut redonner sa place au Nil. DR - LAC
Le nouveau stand de l'Egypte veut redonner sa place au Nil. DR - LAC
Un peu plus loin, l'Egypte au contraire n'a pas lésiné sur les moyens en changeant entièrement l'architecture de son très grand stand.

D'élégantes felouques en bois ont remplacé les imposantes pyramides. L'office du tourisme prévoit de consacrer 25% de son budget de promotion au Nil, qui souffre de la désaffection des touristes.

Car les Anglais ont toujours été plus attirés par les rivages de la Mer Rouge
que par les splendeurs des berges du fleuve. Et malgré une chute de 25% des réservations cette année, ils ont continué à se rendre à Hurghada et Sharm el Sheikh.

Ce type de vacances tout inclus plaît particulièrement Outre-Manche et représente 47% des séjours vendus. Une habitude d'achat qui pourrait expliquer leur comportement.

Bien à l'abri derrière les murs de leurs resorts balnéaires, les Anglais se sentent moins exposés que ceux qui partent en circuit culturel. Des produits justement plébiscités par les Français.

Au final, les Egyptiens tentent de garder le moral, malgré la disparition de l'Airbus A321 au dessus du Sinaï le 1 novembre. "Nous n'avons pas de commentaire à faire à ce sujet pour le moment. Il faut attendre que les autorités décriptent les boites noires", explique Elhamy Elzayat, le directeur de la fédération égyptienne du tourisme.

Mais ils pourraient bien être concurrencés par l'émergence de l'Iran, dont l'histoire et la culture n'ont rien à envier aux célèbres pharaons.

L'Iran une destination en devenir ?

A gauche, la carte de conseils aux voyageurs britanniques. A droite, celle des Français. DR
A gauche, la carte de conseils aux voyageurs britanniques. A droite, celle des Français. DR
Malgré son identité de pays musulman et ses frontières communes avec l'Afghanistan et l'Irak, l'ancien royaume perse devrait être la destination tendance de l'année 2016, selon l'étude d'Euromonitor.

Un vacancier sur six a exprimé son intérêt pour visiter le pays. La signature des accords sur le nucléaire en juillet dernier, a donné le feu à une industrie touristique à la recherche de nouveautés.

La chaîne Accor est l'une des premières à revenir avec la gestion de deux hôtels situés à l’aéroport de Téhéran

La compagnie Eurowings, branche low-cost de Lufthansa devrait s'y poser en mars prochain tandis qu'Air France préparerait son retour.

Cet engouement réjouit les professionnels iraniens présents au salon WTM. Pour la première année, plusieurs opérateurs du secteur privé se sont réunis sur un stand commun, sans l'aide du gouvernement.

"Il faudrait que les autorités soient plus conscientes du potentiel touristique de notre pays et se lancent dans la construction d'infrastructures pour accueillir les voyageurs", explique Saeed Azam, le directeur du réceptif Iran Doostan Tour.

Car avec une croissance des arrivées à deux chiffres, le pays peine à fournir les hébergements nécessaires et les prix ont augmenté d'environ 35% cette année.

Quant aux conseils diplomatiques, ici encore la carte des deux ministères des affaires étrangères diffère. Chez les Anglais, le pays est totalement vert, sauf les frontières. Sur le site français, le territoire reste en jaune et les zones frontalières déconseillées sont largement plus étendues.

Ces recommandations plus alarmistes auront-elles un impact sur le choix des Français ?

L'Iran pourrait-il atténuer la frilosité de nos compatriotes envers les destinations du Moyen-Orient ?

La psychologie du voyageur est parfois bien difficile à décrypter.

L'agent de voyage : une garantie contre le sentiment d'insécurité ?

Si les Anglais sont plus nombreux à partir dans les contrées boudées par les Français, c'est peut-être aussi parce qu'il sont plus enclins à réserver dans une agence de voyages, apte à lui délivrer le bon conseil.

Selon l'étude annuelle de l'association ABTA, 17% des clients qui partent à l'étranger ont réservé dans une boutique physique, 32% via une agence en ligne et 21% directement auprès d'un tour-opérateur.

"Les jeunes et les clients qui achètent des prestations de luxe sont désormais de retour dans les agences physiques",
assure Sean Tipton, de l'ABTA.

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