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Arabie Saoudite : toujours du pétrole mais aussi des idées pour le tourisme de loisirs

Le « Red Sea Project » devrait sortir de terre en 2030


L’Arabie Saoudite n’est ouverte qu'au tourisme d’affaires ou au tourisme religieux. Mais la manne pétrolière tendant à se raréfier, elle mise sur le tourisme de loisirs pour diversifier ses sources de revenu.


Rédigé par le Mercredi 13 Septembre 2017

le projet touristique de l'Arabie Saoudite compte 50 îles encore protégées - photo Red Sea Project
le projet touristique de l'Arabie Saoudite compte 50 îles encore protégées - photo Red Sea Project
Chaque année, l’Arabie Saoudite, considérée comme une terre sacrée pour les musulmans, accueille environ 18 millions de touristes religieux.

Entre le 30 août 2017 et le 10 septembre 2017, plus de 2 millions de musulmans venus de 168 pays se sont déplacé à la Mecque pour faire le Hajj, le plus important rendez-vous pour les pèlerins. Un véritable business, qui en laisse parfois certains sur le carreau.

Avec le tourisme religieux, le pétrole est la première source de revenu du royaume. Las ! L'or noir se raréfie et ses revenus n’arrêtent pas de chuter depuis 2014.

En vue de l’après-pétrole, l’Arabie Saoudite cherche dans le tourisme un nouveau débouché. En présentant son plan « Vision saoudienne à l'horizon 2030 », le prince Mohammed ben Salmane al Saoud cherche à attirer un tourisme de loisirs.

Le luxe, déjà très présent via le tourisme d’affaires reste la cible privilégiée, mais cette fois, le pays vise un tourisme balneaire et du bien-être.

Ouverture à l’horizon 2030

Hôtels de luxe, création de transports pour faciliter la circulation des pèlerins et des touristes, ouverture de 450 structures de loisirs, parcs d’attractions et activités culturelles… Le plan « Vision saoudienne à l'horizon 2030 » est ambitieux à tel point que même le très occidental uber s’intéresse au marché.

Le point d’orgue touristique de ces modernisations s’appelle « Red Sea Project » et il est décrit sur son compte twitter officiel comme une « expérience inoubliable ».



200 km de côte au nord-ouest de l'Arabie Saoudite, entre les villes d'Al Wajh et Umluj
200 km de côte au nord-ouest de l'Arabie Saoudite, entre les villes d'Al Wajh et Umluj
Situé entre les villes d’al Wajh et Umluj sur les côtes nord-ouest du pays, le projet vise à installer une zone « semie-autonome » prête à accueillir des touristes occidentaux sur une cinquantaine d’îles éparses réparties sur un territoire de 34 000km2.

Les travaux, prévus pour 2019 devraient s’achever en 2030. Financés par le fonds d'investissement public saoudien, il devrait attirer un bon nombre d’investisseurs étrangers, à la fois dans le tourisme haut-de-gamme, dans le transport et dans le BTP.

L’ambition pour cette destination est d’«approcher la prochaine génération de voyageurs de luxe pour mettre l’Arabie Saoudite au cœur du tourisme mondial», décrit le document officiel du projet.

Et pour cela, le royaume ne lésine pas sur les moyens : les 150 km de côtes de sable blanc sont protégées et l’écologie est mise en avant : respect du territoire y compris par les transporteurs aériens qui devront réduire leurs émissions carbones et respecter des règles de nuisances sonores, respect des côtes, protection des écosystèmes et notamment de récifs de coraux… Volcans endormis, vie sauvage avec des animaux eux aussi protégés, mais aussi culture, ruines historiques de Mada’n Saleh classées patrimoine mondial de l’Unesco, structures dédiées au bien-être… De quoi faire rêver les riches touristes du monde entier.

Une offre touristique qui se veut proche de celles des voisins comme Dubaï, et pour laquelle le royaume a prévu une zone « semie-autonome » dans laquelle « la plupart » des nationalités seraient acceptées sans avoir à passer par les restrictions draconiennes demandées par l’Arabie Saoudite. Une zone qui se veut « proche des standards occidentaux ».

L’autorisation des autorités religieuse

Beaucoup de guillemets pour peu de certitudes quant aux droits et aux lois qui y seront appliqués. « Ils veulent sans doute faire une zone franche comme à Tanger indique Louis Caprioli, conseiller spécial du groupe GEOS mais tout ça va dépendre des accords avec les grands Oulémas. »
Car si le prince peut lancer son projet de modernisation, ça n’est pas sans l’accord des religieux.

« Les religieux sont farouchement contre la modernisation du royaume, souligne Louis Caprioli, mais l’Etat donne beaucoup d’argent pour la construction de mosquées ou d’Universités religieuses, ou faciliter le transport des pèlerins… Les religieux auraient pu lancer une fatwa contre la famille royale, ça n’a pas été fait. Je ne connais pas leur position, mais il y a eu un feu vert ».

Quel degré d'ouverture aux occidentaux a été accepté par le pouvoir religieux wahhabite ? Quid de la consommation d’alcool ou de la place de la femme ? Un centre de bien-être, mais qu’en est-il du port du maillot ? Et quelles entreprises étrangères investissent dans le projet ? L’office du tourisme saoudien, si prompt à décrire le projet, n’a pas souhaité répondre aux questions de TourMaG.com

Autre problème de taille, la sécurité. L’Arabie Saoudite porte une symbolique forte dans le monde musulman. C’est une terre sainte et y installer une zone franche pourrait être considéré comme une profanation par les organisations salafistes. Selon Louis Caprioli, Al Qaeda et Daesh sont déjà bien remontées contre la famille royale qui chercherait trop à séduire les « croisés ». La présence étrangère constitue un vrai problème pour la sécurité de cet énorme centre touristique, et pourrait freiner les investissements, les transporteurs, les tours-opérateurs et les touristes. Un défi de taille qui risque de faire à lui seul la réussite ou la fin du Red Sea Project.

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Commentaires

1.Posté par jmfoucault le 14/09/2017 12:41 | Alerter
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Si les grands Oulémas tiennent comptent des pratiques populaires, il se pourrait que ce projet avance. L'incoming de loisir est une chose, mais il faut également tenir compte du développement de l'outgoing depuis l'Arabie Saoudite. Ce qui se passe actuellement en Turquie est révélateur d'un désir de voyage et de sortie du territoire de la part des saoudiens moyens. Actuellement, comme ce fut le cas avec les russes dans les années 90, c'est le tourisme du Moyen Orient et d'Arabie Saoudite qui sauve le tourisme turc. L'afflux des familles saoudiennes à Istanbul, mais aussi dans les zones balnéaires, Marmaris, Bodrum, Antalya est incroyable. Ces touristes-là, des milieux populaires et pas riches, femmes voilées jusqu'aux yeux et maris en short n'en reviennent pas de ce qu'ils vivent ici. Ils arrivent avec toute la famille, cousins, cousines, enfants, bébés et poussettes, remplissent les hôtels et les restaurants, dévalisent les magasins de cosmétiques et de lingerie, et vont même en couple parfois s'installer dans une taverne où la bière et le raki coule à flots à côté d'eux…

2.Posté par Faouzou Déme le 15/09/2017 03:46 | Alerter
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Le tourisme est la seule ressource qui ne tarie jamais avec une forte capacité de résilience. Il est la première industrie au monde qui dans son domaine d’exécution est au carrefour de plusieurs activités interconnectées.En plus de ses effets sur l’économie et la croissance, le tourisme est un puissant intégrateur social, d’épanouissement des classes moyennes par le tourisme local intérieur qui est un indicateur trés important du baromètre du tourisme international. Donc ce n'est pas simplement un problème de rareté du pétrole mais une réalité économique et financière qui place cette activité au cœur du développement du monde et des continents. Ce projet a terme pourrait placer l'Arabie Saoudite dans les économies les plus dynamiques et les plus riches. D'autres parts des pays comme le senegal en particulier délaisse son potentiel touristique au profit du pétrole dont les résultats attendus ne sont nullement comparables à ceux du tourisme. L'Afrique est et restera la plus grande réserve touristique de par sa culture ses us et coutumes, sa positions géographique, son climat, sa sécurité et sa stabilité.

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