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British Airways : le piège espagnol se referme sur la perfide Albion

La chronique de Jean-Louis Baroux


Alors que les salariés d'Iberia ont entamé leur deuxième grève de 5 jours depuis le début de l'année, protestant contre le plan de restructuration qui prévoit la suppression de 3800 emplois, Jean-Louis Baroux revient dans sa chronique sur la fusion entre Britisih Airways et Ibeira. Un mariage (contre nature ?) qui s'avère plus compliqué que prévu...


Rédigé par Jean-Louis BAROUX le Lundi 4 Mars 2013

Fusion Bristish Airways, Iberia : tout allait bien, mais, patatras, les résultats de 2012 sont tombés et la réalité vient de rattraper le rêve. La perte est de 997 millions d’€ avant impôts et de 923 millions d’€ après impôts. - DR Iberia
Fusion Bristish Airways, Iberia : tout allait bien, mais, patatras, les résultats de 2012 sont tombés et la réalité vient de rattraper le rêve. La perte est de 997 millions d’€ avant impôts et de 923 millions d’€ après impôts. - DR Iberia
J’en connais qui ne doivent pas être très contents du rapprochement entre British Airways et Iberia qui a donné naissance au groupe IAG (International Airlines Group), lequel est devenu opérationnel le 1er janvier 2011, il y a un peu plus de 2 ans.

Lorsque la fusion a été négociée, British Airways se portait plutôt bien alors qu’Iberia faisait face à d’insolubles difficultés.

Sur le papier l’affaire semblait évidente. British Airways contrôle l’Atlantique Nord et Iberia l’Atlantique Sud.

Mises ensemble, les deux compagnies ont une position tout à fait dominante sur ce qui est, et de loin, le premier marché mondial.

Cela devrait donner des résultats formidables, et c’est bien ce qui est arrivé lors du premier exercice qui s’est terminé par un profit de 503 millions d’€.

Les synergies étaient formidables, dues pour l’essentiel à l’harmonisation des exploitations ce qui permet, avec la même flotte, de traiter beaucoup plus de passagers en évitant les doublons.

C'est la douche froide

Bref, tout allait bien, mais, patatras, les résultats de 2012 sont tombés et la réalité vient de rattraper le rêve.

La perte est de 997 millions d’€ avant impôts et de 923 millions d’€ après impôts. C’est la douche froide.

Et les explications sont simples à lire : la restructuration d’Iberia coûte une fortune. Il a fallu, en effet passer 343 millions d’€ pour les réajustements d’actif et 202 millions d’€ pour provisionner l’inévitable plan social.

De plus, British Airways a fait un profit d’exploitation de 347 millions d’€ alors qu’Iberia faisait, elle, une perte de 351 millions d’€.

Ce qui est gagné par l’un des partenaires est perdu par l’autre. Bien entendu cela s’est traduit par une perte de cash de 826 millions d’€ soit tout de même 2,26 millions d’€ par jour ou encore 1,569 € par minute.

J’aime bien faire les divisions, on y voit plus clair.

La survie d’Iberia passe par une très forte restructuration

Du coup, les actionnaires du groupe IAG ne recevront pas de dividende cette année.

Ils doivent l’avoir un peu mauvaise. D’autant plus que les perspectives ne sont pas roses, du côté espagnol pour l’essentiel.

Willie Walsh ne l’a d’ailleurs pas caché dans sa présentation des résultats. Il s’attend encore à une nouvelle année déficitaire, peut-être même pire que l’exercice 2012.

La survie d’Iberia passe par une très forte restructuration qui doit porter sur 3800 salariés soit plus de 15% des effectifs.

Imaginez l’ambiance dans une compagnie qui, comme d’ailleurs ses homologues européens, a toujours pensé que son gouvernement ne pouvait pas faire autrement que de venir à son secours.

Les Italiens et les Hongrois ont fait la dure expérience des règles européennes qui interdisent tout simplement aux Etats de venir au secours des entreprises privées. Alors il faudra faire des sacrifices, de très gros sacrifices.

Et les salariés d’Iberia n’y sont absolument pas prêts. Ils vont donc utiliser ce qui leur paraît l’arme fatale : la grève. Et ils n’y vont pas de main morte.

Depuis le début de l’année la compagnie a connu 2 arrêts de travail, et le plus dur reste à venir. Début mars la compagnie devra annuler 1370 vols entre le 5 et le 8 mars, et un nouvel arrêt est prévu fin mars.

Abîme culturel entre les deux principales compagnies de IAG

Seulement cela ne résout rien. Certes le climat social et économique de l’Espagne est très préoccupant, mais les fortes perturbations de l’exploitation n’auront pour seul effet que d’affaiblir encore la compagnie.

En fait de synergies, Willie Walsh doit se demander où elles sont maintenant. L’affaire est d’autant plus délicate qu’il y a un abîme culturel entre les deux principales composantes du groupe IAG. Cela va, à l’évidence, entrainer d’énormes frustrations de part et d’autre.

Les Anglais vont se demander pourquoi ils devraient payer pour les Espagnols et ces derniers n’ont aucune envie de se faire imposer quoi que ce soit par des Britanniques. Et pourtant il faudra bien trouver une sortie à cette délicate situation.

Notons, par parenthèses, que l’énergie déployée par les salariés et le management de British Airways serait employée de manière plus profitable si elle ne s’exerçait que sur la seule compagnie britannique.

Fusions : un mariage compliqué

Willis Walsh est droit dans ses bottes.

Il prévoit une nouvelle année difficile, puis une embellie qui devrait le payer de tous ses efforts.

Souhaitons-le lui, mais les expériences passées montrent la difficulté de l’exercice.

Hormis la prise de contrôle de Swiss par Lufthansa qui a donné d’excellents résultats, ne serait-ce que parce que les cultures des uns et des autres sont très proches et parce que Lufthansa a laissé une grande liberté à Swiss, tous les autres rapprochements se débattent dans de grandes difficultés et pas seulement qu’en Europe.

Je ne suis pas certain que la fusion entre Lan Chile et TAM se passe aussi bien que cela. Devenir gros, c’est bien, mais cela ne peut pas être une finalité. Napoléon a perdu son Empire en Espagne, il a beaucoup regretté de s’être fourvoyé dans un pays qui ne le voulait pas.

British Airways : le piège espagnol se referme sur la perfide Albion
Jean-Louis Baroux, est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.

Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.

Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse :
www.editionsarchipel.com

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Tags : baroux
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Commentaires

1.Posté par TILLEMENT STEPAHNE le 05/03/2013 09:01 | Alerter
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très bonne analyse S Tillement Mauriac Voyages / Wine Tour In France et ex BA

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