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Le Vercors, un territoire qui impose ses règles

Dans les secrets du Vercors


Les reliefs abrupts du célèbre massif calcaire cachent un territoire encore plus isolé que les autres : le plateau des Coulmes, archipel du néant perché au dessus de la vallée de l’Isère. 700 mètres d’altitude le séparent des villages du piémont et de son emblème, Pont-en-Royans. Une ascension raisonnable mais radicale vers un monde « différent ».


Rédigé par Jean-François RUST le Lundi 27 Mars 2017

Gorges, falaises, grottes, cascades, forets d’altitude, prairies d’alpages, hameaux perdus, routes du vertige façonnent le Vercors - DR : J.-F.R.
Gorges, falaises, grottes, cascades, forets d’altitude, prairies d’alpages, hameaux perdus, routes du vertige façonnent le Vercors - DR : J.-F.R.
Gorges, falaises, grottes, cascades, forets d’altitude, prairies d’alpages, hameaux perdus, routes du vertige… Vous en voulez encore ?

Dressées en barrières infranchissables entre Vinay et Saint-Marcellin, les falaises ouest du Vercors protègent l’accès à un « pays » mystérieux, j’ai nommé le plateau des Coulmes.

Pour s’y rendre depuis la vallée de l’Isère, point d’alternative : il faut pénétrer des gorges obscures par des routes lilliputiennes qui défient la roche autant que l’entendement.

A chacune son vertige. Celle depuis Saint-Gervais, hachurée de points rouges sur la carte Michelin (« parcours difficile ou dangereux ») est hallucinante.

On quitte vite les noyeraies rassurantes du sud Grésivaudan pour s’immiscer dans de sombres forêts humides.

La route étroite, en lacets serrés, trouve péniblement son chemin dans ce décor de canyon. Sous la brume du matin, c’est un régal. A gauche, une cascade rugit, prête à noyer la chaussée.

Après huit kilomètres d’ascension, voici le tunnel des Ecouges : creusé dans le calcaire, non éclairé, il s’y déclenche à notre passage un envol de… chauve-souris. Bonjour l’ambiance ! Derrière, c’est le plateau, désert.

De la neige jusqu’au printemps

Un long filet de cascade se jette dans la Drevenne, le long d’une diaclase calcaire. Nous voilà donc dans le Vercors, à près de 1 000 mètres d’altitude.

Ici, les hêtraies alternent avec l’étage des conifères, sur fond de pâturages et de creux en tourbières.

La route fut percée en 1883, pour acheminer le bois dans la vallée de l’Isère. Aujourd’hui, bûcherons et bergers ont presque tous quitté le plateau, remplacés par les randonneurs et les skieurs de fond, sur les pistes entourant le col de Romeyère.

Les rares villages ont des allures de survivants. Rencurel se cache au cœur d’un vallon, Presles affronte les vents glacés de l’hiver.

Malleval se blottit au rebord d’un versant, hésitant entre la rigueur du Vercors et les lumières rassurantes du Grésivaudan, tout en bas.

Au milieu de ce décor perdu, la forêt des Coulmes s’étale entre hauts versants et cols désolés. La neige joue les prolongations jusque tard au printemps et renforce l’impression d’isolement.

Ici et là, des « cadeaux » géologiques justifient l’ancienne présence humaine. La fontaine de Pétouze apporte une eau bienvenue, dans cette montagne sinon poreuse et percée de réseaux souterrains.

La grotte de Pralétang témoigne d’un abri séculaire, depuis les hommes de la Préhistoire.

Des fermes isolées ponctuent le paysage. Les cheminées y fument même à la belle saison, tant les nuits sont rudes. Les murs solides troués de petites ouvertures, elles empilent au pied de leurs fondements le bois nécessaire à la longue parenthèse hivernale.

Gorges obscures, routes lilliputiennes

La « lumière » jaillit à nouveau au débouché des gorges de la Bourne. C’est une autre route en surplomb, un long corridor d’accès aux stations de Villard-de-Lans, Méaudre et Lans-en Vercors, taillé à la serpe dans la roche.

Au sud, de gigantesques falaises aux tons ocre, beiges, noirs et gris émergent de versants verdoyants et plongent dans le torrent impétueux.

Depuis Choranche et sa grotte, la petite D 292 remonte à l’assaut du plateau, quittant un paysage digne de l’Ouest américain.

A la Croix de Toutes Aures, le décor bascule : à l’ouest, en contrebas, les collines du Royans et ses villages accueillants, Saint-André-en-Royans, Beauvoir-en-Royans… ; au nord, la ruralité pauvre, paradis des buses, chevreuils et renards.

De prairies pour bovins en fermes laitières, l’itinéraire rejoint La Faz, d’où une autre route dévale jusqu’à Saint-Pierre-de-Chérennes.

En haut, le brouillard et la fraîcheur (6°C début mai !). En bas, comme un air du Sud, remontant de Valence…

Mais il y a mieux encore, pour quitter le plateau. Depuis Malleval, une autre départementale en colimaçon plonge vers l’Isère.

Fantastique sillon tracé dans les gorges du Nan, la route accroche la montagne en tunnels et surplombs vertigineux, jusqu’à Cognin-les-Gorges.

Maisons « suspendues » de Pont-en-Royans

Il n’est pas vain de pousser jusqu’à Pont-en-Royans, histoire d’apprécier les contrastes entre l’austérité magnifique du plateau et les atours plus humains des bas reliefs.

Le village joue les sangsues sur les rives de la Bourne, scotchant ses étonnantes maisons « suspendues » aux rives tumultueuses.

Lors de notre passage, la rivière en crue condamnait les accès aux berges (visiter à ce sujet le très beau Musée de l’Eau).

Comme un ultime rappel que, là-haut, le Vercors secret est un territoire qui impose ses règles.

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Tags : rust, vercors
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