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Pavillon français : les compagnies aériennes condamnées à s’entendre ou bien à disparaître ?

La chronique de Christophe Hardin (Terciqual)


Cet été encore, les compagnies aériennes du pavillon français vont reprendre un peu de couleurs et de forces grâce à une activité soutenue durant cette période traditionnellement faste, qui va du mois de juin au mois de septembre. Ce tableau estival, avec des programmes de vols et des avions bien remplis ne doit cependant pas faire oublier les difficultés des compagnies aériennes françaises et, pratiquement pour chacune d’entre elles, l’impérieuse nécessité de changements et de transformations afin de se maintenir et, pourquoi pas, reconquérir des marchés.


Rédigé par Christophe HARDIN le Lundi 27 Juillet 2015

Si le dialogue social entre direction et syndicats ne marche pas, le plan B, comme il est désigné désormais, ne conduirait pas à la fin d’Air France.   Une disparition non, un déclassement oui, certainement après une restructuration massive "à la mode" British Airways - DR : Air France
Si le dialogue social entre direction et syndicats ne marche pas, le plan B, comme il est désigné désormais, ne conduirait pas à la fin d’Air France. Une disparition non, un déclassement oui, certainement après une restructuration massive "à la mode" British Airways - DR : Air France
Dans ce paysage aérien français, le groupe Air France, qui de par sa taille et son actionnariat, doit être considéré a part, reste dans une situation difficile accusant le coup d’une baisse importante de sa recette unitaire.

Après la parution des chiffres semestriels mitigés, et à la veille d’une longue et importante période de négociations qui s’ouvre cet été, il y a cependant quelques bonnes nouvelles en provenance du front social.

Des accords de productivité signés chez KLM et aussi concernant les bases provinces en France et qui pourraient insuffler une dynamique positive dans le dialogue social.

A ce propos, la sommation faite par le conseil du SNPL à son bureau pour solder au plus vite avec la Direction les mesures du plan Transform 2015 est un signal très positif.

Franchement, et après l’épisode du référé, on pouvait être inquiet quant à un retour de la tension du côté des pilotes.

La raison et la volonté de sortir de ce climat malsain semblent l’emporter chez une majorité de pilotes syndiqués.

Cerise sur le gâteau, un article du Monde daté du 24 juillet fait part de la position du Président du SNPL AF, qui indique désormais ne pas être opposé au développement de Transavia Europe…

Le groupe Air France passe à la vitesse supérieure

La conduite d’un changement impératif pour le groupe Air France dont nous voyons actuellement les signes concrets, passe donc à la vitesse supérieure : négociations, fermeture de lignes, développement de Transavia, fusion des compagnies régionales.

Objectif : le retour à la profitabilité structurelle tout en maintenant AF dans la cour des grandes compagnies.

Mais si les négos n’aboutissent pas, Air France n’aura pas d’autre choix que d’abandonner ses ambitions de développement et réduira massivement la voilure…

Dans leur communiqué commun, diffusé la semaine dernière, les syndicats de la compagnie brandissent la menace d’une disparition à court terme si celle-ci s’engage dans l’attrition.

Non. Si le dialogue social ne marche pas, le plan B, comme il est désigné désormais, ne conduirait pas à la fin d’Air France.

Une disparition non, un déclassement oui, certainement après une restructuration massive "à la mode" British Airways, lorsqu’en 2009, la compagnie britannique avait enregistré une perte record de 730 millions d’euros…

Grève très dure de plus de 20 jours, suppressions d’emplois (1700 chez les PNC), suppressions de lignes… mais au final, un redressement spectaculaire et aujourd’hui un résultat opérationnel largement positif.

C’est dans les mois qui viennent que s’écrira ou non un tel scénario pour AF.

D'importants bouleversements dans les mois à venir

Et c’est aussi dans les mois qui viennent que pourraient bien intervenir d’importants bouleversements au sein de l’autre composante du pavillon français : les compagnies en dehors du groupe AF.

L’aérien français, c’est ce tableau assez atypique : un géant et des "petites compagnies de niche" n’alignant chacune pas plus d’une dizaine d’avions, sous capitalisées et sans actionnaires puissants.

Nulle part ailleurs en Europe et dans des pays comparables, il n’existe une telle situation.

En Allemagne comme en Angleterre, Lufthansa et British Airways cohabitent avec des notables de l’aérien comme Air Berlin, Condor, easyjet ou Monarch.

Certes, les petites compagnies françaises passent plutôt un bon été et il y a même de bonne nouvelles concernant les difficultés dans lesquelles certaines se débattent.

Air Méditerranée, placée en redressement judiciaire, a pu convaincre le tribunal de commerce de prolonger de 6 mois la période d’observation afin de lui permettre de trouver un repreneur et Aigle azur devrait recevoir, enfin, une partie des 30 millions d’euros de recettes confisquées en Algérie (on parle d’une somme de huit millions d'euros).

Mais survivre ne peut pas être un plan de vol durable ou un projet d’entreprise.

La France doit redevenir un grand pays d’aéronautique

"L’union fait la force". Ce proverbe pourrait bien devenir la devise de ces compagnies aériennes françaises.

Voyez ce qui s’est passé aux Etats-Unis ces trente dernières années :

- Saison 1 : une déréglementation générant la naissance de centaines de compagnies aériennes,

- Saison 2 : la guerre des prix,

- Saison 3 : une crise économique, des faillites et le cimetière pour plusieurs dizaines d’opérateurs,

- Saison 4 : des survivants qui décident de s’unir pour aujourd’hui être largement bénéficiaires.

Ce n’est pas la même échelle, mais c’est à peu près le scénario qui se déroule sous nos yeux dans l’Hexagone et qui commença après l’abandon du monopole d’Air France.

Comme pour les séries américaines, nous sommes, ici en France, en décalage d’une saison mais on y arrive…

Et espérons que le prochain épisode sera effectivement une consolidation au sein du pavillon français.

Ce phénomène devrait s’imposer, tôt ou tard aux compagnies françaises, condamnées à s’entendre ou bien à disparaître.

L’Etat devra également jouer tout son rôle au service du pavillon français.

Depuis le Rapport du député Bruno Leroux, on sait dans quel domaine la puissance publique peut aider : meilleures répartition des taxes, lutte contre le dumping, mais aussi simplification des règles et application des normes européennes de travail pour encourager les projets de création de compagnies et gagner en compétitivité.

La France est un grand pays d’aéronautique et doit le redevenir pour le transport aérien. Des tentatives de rapprochements ont commencé. Elles doivent continuer et aller au bout.

Moins de compagnies et plus d’avions. Ce n’est pas qu’un slogan, c’est aussi une nécessité pour la sauvegarde du pavillon français et de ses emplois.

Bon été à tous !

Pavillon français : les compagnies aériennes condamnées à s’entendre ou bien à disparaître ?
Christophe Hardin a à son actif plus de vingt années au service de plusieurs compagnies aériennes.

Il est le créateur du site www.terciqual.fr partenaire des transporteurs pour l'évaluation de la qualité, le respect des standards de service et le professionnalisme des équipes au contact du passager.

Il dispense également des conseils aux postulants à la fonction de PNC pour optimiser leur candidature et une préparation adaptée et efficace.

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Tags : hardin
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