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Pont-Aven et le pays Bélon, le royaume de la campagne à la mer

Un pays d’eau et de granit


L’armada de peintres installée à Pont-Aven à la fin du 19e s. a rendu célèbre ce fond de ria, formidablement interprété sur les toiles de Paul Gauguin, inventeur ici du synthétisme. Si les groupes se pressent à raison dans cette belle cité, ils sont moins nombreux à investiguer les replis de la côte, sertie de manoirs, de ports, de plages et de moulins cachés. Un véritable bonheur de Bretagne maritime, préservée et familiale.


Rédigé par Jean-François RUST le Mercredi 23 Août 2017

Comment un territoire aussi connu peut-il être encore aussi secret ? C’est le paradoxe qu’on peut soulever après avoir parcouru le pays d’Aven et du Bélon - DR : J.-F.R.
Comment un territoire aussi connu peut-il être encore aussi secret ? C’est le paradoxe qu’on peut soulever après avoir parcouru le pays d’Aven et du Bélon - DR : J.-F.R.
Comment un territoire aussi connu peut-il être encore aussi secret ? C’est le paradoxe qu’on peut soulever après avoir parcouru le pays d’Aven et du Bélon.

Certes, il y a Pont-Aven, le village mythique, terre de peintres tellement notoire qu’elle attire dans ce coin de Bretagne des groupes de touristes japonais.

Une fois échappé du village, les bords de rias et de mer se transforment pourtant vite en lieux et recoins intimistes, fréquentés par une clientèle régionale ou parfois « ouest parisienne », mais jamais par la foule.

Le temps semble ici suspendu. Il a dessiné un paysage à mailles serrées, des bras de rias ramifiés, avec des moulins de fond de vallons, des chapelles perdues dans une végétation touffue et des hameaux à chaumières et à pierres levées comme il n’en existe pas ailleurs…

C’est le royaume de la campagne à la mer, des champs cultivés à jet de pierre du sable blond, des cabines de plage façon années 1920. Un morceau de Bretagne d’aujourd’hui… avec des airs d’autrefois.

Chapelle de Trémalo, le « Christ jaune »

Pont-Aven, un jour de juillet. La foule est dense, comme si chacun tenait absolument à tout voir et tout photographier dans ce bourg rendu célèbre par ses peintres.

Le village vaut pour son site, splendide fond de ria au bord de laquelle s’alignent d’anciens moulins et de vénérables maisons de granit.

On rappelle l’histoire : en 1865, un peintre américain, Robert Wylie, découvre le coin et entraîne à sa suite plusieurs coreligionnaires. Tous sont séduits par le charme du lieu.

Pont-Aven est un port, les bateaux remontent depuis l’océan mais comme il faut attendre les marées pour repartir, des pensions hébergent les marins.

Les soirées sont colorées. Qui plus est, les habitants parlent français et les prix sont raisonnables. Que demander de plus ?

C’est dans ce contexte qu’une centaine de peintres se retrouve à Pont-Aven, peignant sur le motif des scènes villageoises ou naturelles, des portraits.

Les tenants d’un style académique, ou réaliste, dits les « Américains », dorment à l’hôtel Julia. Les impressionnistes, fauchés, séjournent à la pension puis à l’hôtel Gloanec.

C’est là que descendra à plusieurs reprises Paul Gauguin, entre 1886 et 1890. Il s’y lie avec Emile Bernard et Paul Sérusier et crée un nouveau courant, le synthétisme.

Cette aventure d’une trentaine d’années transpire au fil des ruelles très commerçantes de Pont-Aven, le long du fleuve et de ses rochers, face aux motifs peints par Gauguin (comme le célèbre moulin David), à la Maison de la Presse (l’ex-pension Gloanec), dans le Bois d’Amour où les artistes aimaient se retrouver, à la chapelle de Trémalo.

Ce splendide édifice au grand toit d’ardoises effleurant presque le sol est devenu culte après que Gauguin y a peint « Le Christ jaune », interprétation de la crucifixion en bois du 17e, accrochée dans la nef. L’aventure picturale est également rappelée dans la toute récente version du Musée des Beaux Arts, rouvert après plusieurs années de rénovation.

Moulin mer du Hénan

Moulin Edouard, sur les rives du Dourdu, un affluent du Bélon. Le contraste avec Pont-Aven est saisissant.

Un site de vallon apaisé, au bord d’une anse de la rivière et d’un petit barrage ; un ancien moulin de granit joliment transformé en maison avec jardin : silence et isolement, sur fond de rives entièrement boisées.

La tranquillité est appréciée des marcheurs du GR34 qui suivent la dentelle de la côte, rares passants à fréquenter ces lieux.

C’est comme ça au bord de la « fourchette » formée par les rias de l’Aven et du Bélon : la nature a façonné des recoins pour ceux qui veulent dépasser la superficialité des choses.

Les exemples d’authenticité abondent : le « Moulin mer » du Hénan (16e s.), rive droite de l’Aven, vestige d’une ancienne activité marémotrice, avec sa vieille roue en bois ; la vue rare et silencieuse sur l’embouchure de l’Aven et le manoir de Poulgin, depuis la terrasse ostréicole de Laurent Publier ; la chapelle Notre-Dame de Trémor (16e s.), en beau granit, isolée sous les arbres en aval de Pont-Aven, ancien lieu de dévotion des marins ; la quiétude des ports jumeaux de Bélon en début de soirée, voiliers à l’ancre et maisons face à face, de part et d’autre du chenal.

Pierres levées de granit

Si encore les surprises se résumaient à cela ! Mais la commune de Névez en livre d’autres.

La Bretagne n’est pas défigurée ici par ces cortèges de maisons bretonnantes qui ailleurs polluent le paysage.

Encore rurale, Névez préserve un habitat traditionnel admirable à découvrir à Kerascouët et à Kercanic, deux hameaux aux véritables chaumières, anciennes maisons de pêcheurs et de tisserands fleuries d’hortensias violines.

Ici et là, on trouve encore des pierres levées de granit en bordures de champs et même une trentaine d’anciennes maisons construites ainsi.

Arrachés aux champs afin de pouvoir les cultiver, ces « menhirs » ont été utilisés sur place comme maçonnerie pour éviter de les transporter. Remarquables de rusticité, l’une de ces maisons est visible à Port Manech, venelle de Ben Aven.

Cabines old fashion de Port Névez

« Calanque » de Rospico, plages de Raguénez et de Tahiti : familiaux et intimes, ces bouts de côte attirent une clientèle discrète, fuyant les villégiatures bling-bling.

Une image nous restera en mémoire, qui en dit long sur cette « Bretagne d’aujourd’hui avec des airs d’autrefois ».

Il y en effet de « l’entre deux-guerres » dans la vue qui, depuis Port Manech et la rue de l’Aven, bordée d’anciennes pensions pour peintres, embrase la plage, ses cabines old fashion en planches immaculées et le manoir Dalmore, en pur granit.

Allez fureter dans ces lieux depuis Pont-Aven mais chut !, ne le dites à personne.

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