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Taxes, concurrence déloyale : Air France demeure la compagnie la moins rentable d’Europe

Retour sur l'audition de Jean-Marc Janaillac par le Sénat


Jean-Marc Janaillac, le PDG d’Air France-KLM, a été auditionné par le Sénat pour présenter les atouts et les faiblesses de la compagnie. L'occasion de dénoncer une fois de plus les nombreuses taxes qui pèsent sur le dos du transporteur.


le Mercredi 30 Novembre 2016

Le poids des taxes et la concurrence déloyale restent les deux principaux sujets d’inquiétude de Jean-Marc Janaillac, le PDG d’Air France-KLM - DR : Air France
Le poids des taxes et la concurrence déloyale restent les deux principaux sujets d’inquiétude de Jean-Marc Janaillac, le PDG d’Air France-KLM - DR : Air France
« Est-ce que nous allons vers la mort du pavillon français ? »

Voici la question posée par le sénateur Louis Nègre à Jean-Marc Janaillac, le PDG d’Air France-KLM lors de son audition devant la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, mercredi 30 novembre 2016 (à revoir sur le site du Sénat).

Cette phrase démontre l’inquiétude des élus face à la situation délicate de la compagnie.

Nicole Bonnefoy, l’une des sénatrices rappelle d’ailleurs : « nous sommes tous très attachés à Air France, notre grande compagnie nationale (sic) ».

Pendant son audition, Jean-Marc Janaillac s’est plié au même exercice que son prédécesseur, Alexandre de Juniac, qui avait déjà détaillé à plusieurs reprises le poids des taxes qui alourdissent les comptes du transporteur et qui freinent son redressement.

Le PDG a fait la liste des atouts (force du réseau long-courrier, des deux hubs, puissance de la marque, qualité des produits, alliance avec Delta, engagement des salariés) avant d’insister sur les points faibles du groupe, principalement financiers.

Une concurrence inéquitable des compagnies du Golfe

Car malgré un retour aux résultats positifs, Air France demeure la compagnie aérienne la moins rentable d’Europe.

Son résultat opérationnel est inférieur de moitié à celui de Lufthansa, ne représente qu’un tiers de celui de British Airways et seulement un quart de Delta. Sa valorisation boursière, de 1,6 milliard d’euros, est à peine équivalente au prix de 10 avions long-courrier.

« L’état de cette structure financière nous fragilise et nous empêche de nous développer », estime Jean-Marc Janaillac.

Il craint également le retournement de conjoncture, car l’amélioration de ses résultats tient pour une grande partie aux bas coûts du pétrole, qui lui a permis d’économiser 1,5 milliard d'euros entre 2015 et 2016 sur la facture carburant.

Jean-Marc Janaillac explique ces faiblesses par un renforcement de la concurrence, mais surtout par un niveau de taxes et de redevances plus élevé que les transporteurs étrangers.

« Nous sommes une entreprise qui exporte plus de 50% de son chiffre d’affaires avec une seule usine à Paris, 97% de ses salariés sous contrat français, avec un des aéroports les plus chers d’Europe après celui de Londres ».

Il rappelle également l’insolente croissance des compagnies du Golfe, ses plus grands compétiteurs.

« Il y a 4 ans, Emirates avait le même nombre d’avions long-courrier que nous et Qatar en possédait moitié moins. Dans 4 ans, Emirates aura doublé sa flotte et Qatar atteindra notre niveau ».

Cette croissance exponentielle est favorisée par un environnement fiscal et économique particulièrement généreux. Le coût du toucher pour un Boeing 777 est de 14 600 euros à Paris Charles de Gaulle contre 3 500 euros à Dubaï.

Une inaction de l'Etat ?

En résumé, le poids des taxes et la concurrence déloyale restent les deux principaux sujets d’inquiétude de Jean-Marc Janaillac, comme son prédécesseur.

Les sénateurs en sont bien conscients et rajoutent même des détails.

« La taxe Chirac n’est payée que par neuf pays dans le monde », s’exclame le sénateur Louis Nègre.

« Air France paie un tiers du revenu mondial de cette taxe. Cela nous coûte 60 millions d’euros par an, soit 45 euros par passager affaires sur le long-courrier et 1,20 euro pour un vol intérieur », renchérit Jean-Marc Janaillac.

Louis Nègre regrette aussi que la lutte contre le terrorisme, une activité régalienne, ne soit supportée que par les taxes passagers, soit 11,20 euros par personne, alors que l’état n’y contribue qu’à hauteur de 0,93 euros.

Il explique enfin que si on appliquait le taux de redevance pratiqué aux Pays-Bas, les dépenses d’Air France seraient allégées de 350 millions d’euros, dont 150 millions au titre de la redevance aéroportuaire et 48 millions rien que sur la taxe sûreté.

Bref, un constat partagé par tous, mais une inaction latente de la part de l’Etat.

Pourquoi un tel immobilisme ?

Certes, Nicole Bonnefoy a signalé un amendement sur la redevance pour services terminaux de la circulation aérienne (RSTCA), permettant un tarif différencié pour les aéroports de Paris Charles de Gaulle et Orly, d'un montant de 26 millions d’euros.

Mais avant d’être appliqué, il devra passer devant l’Assemblée nationale et serait porté par Bruno Le Roux.

Ce même député qui a rédigé un rapport unanimement salué par toute la profession fin 2014, mais qui n'a pas eu de grandes répercussions.

D’autres sénateurs avaient eux aussi rédigé un rapport, qui semble tombé dans les oubliettes.

Pourquoi un tel immobilisme ? Parce que l’Etat n’arrive pas à choisir entre un soutien aux compagnies aériennes françaises et les devises rapportées par les taxes.

Toutes ces auditions servent-elles vraiment à quelque chose ?

Dans son discours de clôture, un des sénateurs donne une partie de la réponse : « face à la concurrence que vous subissez, il faudrait que les pouvoirs publics agissent au niveau européen, car toutes les compagnies aériennes européennes sont menacées ».

En somme, s'en remettre à l'Europe plutôt qu'au gouvernement français.

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