"Tourisme responsable" : concept marginal ou évolution irréversible ?

La responsabilité environnementale, le commerce éthique et la durabilité de nos activités économiques sont au cœur d’un vaste débat animé par des personnalités de la société civile, des médias et de la classe politique.

Jamais ces concepts de « responsabilité », « d’éthique » et de « durabilité » portés par Al Gore, Nicolas Hulot, Yann Artus-Bertrand et tant d’autres, n’ont autant suscité d’intérêt.

Et le tourisme dans tout ça ?

Ses professionnels et ses clients prennent-ils en compte ces notions dans leurs comportements, leurs aspirations et dans leur choix de destinations et de séjours ?

Si la prise de conscience semble bien réelle, son effectivité reste pour le moins aléatoire, voire même marginale.

La soirée « Tourisme responsable » organisée par le TO Ushuaïa by Ethnika Voyages, jeudi 22 octobre à Paris, répondait parfaitement à ce constat.

Rarement lancement d’une nouvelle brochure (1) n’a suscité une telle mobilisation. 150 agents de voyages, représentants d’OT, ambassadeurs et personnalités se sont réunis pour l’occasion, confirmant cette sensibilisation grandissante.

Mais dans les faits, comment cela se traduit-il ? Le tourisme durable et le voyage responsable ont-ils le vent en poupe ?

Rien ne l’indique, à part quelques écriteaux dans les salles de bains des hôtels, qui appellent à une consommation raisonnable d’eau (notamment par le non renouvellement des serviettes de toilette). Bien maigre résultat !

Un peu partout dans le monde, les critères de consommation touristique prônent toujours l’arrosage massif des pelouses (même en plein désert), l’air conditionné (souvent à outrance), les débarquements de milliers de croisiéristes sur des sites parfois fragiles… et tous ces excès auxquels nous nous adonnons sans culpabiliser outre mesure.

Dans ce contexte, l’activité des TO estampillés « tourisme responsable » reste très marginale même si elle se situe à l’avant-garde de ce que pourrait être le tourisme de demain.

En 2009, Ushuaïa by Ethnika Voyages n’aura fait voyager dans le monde « que » 2.500 personnes, quand un « petit TO » comme Soleil Plus en comptabilise 4.000 sur la seule Tunisie. Cette comparaison situe bien le décalage abyssal…

Seraient-ce alors les prix du « tourisme éthique et responsable » qui freineraient la demande ?

En consultant la nouvelle brochure Ushuaïa, les conditions tarifaires ne semblent pas présenter d’handicap majeur.

Au contraire, quelques arguments s’inscrivent dans l’air du temps : Groupes limités (de 6 à 15 participants), hébergements en éco-lodges, lodges et hôtels de charme, transport aérien sur compagnies régulières (exceptés sur certains axes), « compensation CO2 » proposée aux clients, dons de 10 à 25 euros inclus dans chaque voyage en vue de soutenir des associations locales, et même des séjours thématiques (sur la botanique, l’ethnologie, la faune, la géologie…) animés par des universitaires et chercheurs de renom.

Si le « tourisme responsable » concerne aujourd’hui une frange marginale de clients, il s’imposera certainement, comme s’imposent chaque année un peu plus les produits Bio dans les rayons de nos supermarchés.

Laissons le temps à cette prise de conscience de s’enraciner dans nos comportements de production, de distribution et de consommation…

(1) La brochure Ushuaïa by Ethnika Voyages est diffusée à 60.000 exemplaires dans des agences Afat, Carlson Wagonlit/Havas, Selectour et Your Travel en Belgique.

Et visionnez quelques extraits des interventions d’Olivier Théry (Ushuaïa by Ethnika Voyages), de Christian Orofino (Président de la commission tourisme durable du SNAV) et d’Alain Bougrain-Dubourg (un commentaire assez inattendu quand il évoque les croisières vers l’Antarctique), dans le VidéoPlus TourMaG (6 minutes 30).