A. Wagner, DRH Kuoni France : "le DRH est garant du collectif" 🔑

Amandine Wagner rejoint Kuoni France au poste de DRH - Photo Kunoi France

TourMaG.com – Pouvez-vous vous présenter ?

Amandine Wagner : J’ai un parcours de près de 20 ans dans les ressources humaines. J’ai commencé par faire une école de commerce, avant de suivre une spécialisation dans les RH.

J’ai débuté ma carrière dans un grand groupe familial, Bergerat Monnoyeur, dans sa la filiale location d’engins de chantiers Caterpillar. Cinq années formatrices, pendant lesquelles j’ai vu toutes les facettes des RH.

J’ai ensuite rejoint Paris City Vision en 2011, sur des missions de développement RH : recrutement, formation, développement de compétences et notamment la formalisation du process de recrutement. J’ai également travaillé sur l’onboarding et la fidélisation dans une entreprise qui compte un gros volet de saisonniers.

C’était ma première expérience dans le tourisme, sous l’angle réceptif. J’y ai passé 10 ans.

Entre les attentats, les crues, les grèves, les gilets jaunes… Nous avons connu beaucoup de crises. Le réceptif est une activité qui devait sans cesse se réadapter. Et puis, nous avons eu beaucoup de changements de gouvernance.

Au fur et à mesure, j’ai fait mon trou et devais incarner un peu de stabilité, je suis passée du développement RH, à responsable RH, puis DRH. D’abord sur le périmètre excursion, puis tout le périmètre déjeuner et croisière sur la seine.

Le covid ne nous a pas épargnés. J’ai fait un gros PSE, nous avons également revu le business model de l’entreprise. Quand ma directrice générale a été remerciée par l’actionnaire, j’ai souhaité quitter le groupe.

Je suis partie et j’ai repris mes études. J’ai suivi un Master RH à Science Po en part-time.

"L’envie de retrouver le secteur du tourisme a été très forte"

TourMaG.com – Pour quelles raisons avez-vous fait le choix de reprendre des études ?

Amandine Wagner : Au bout de 10 ans dans la même structure, j’avais l’impression d’être en vase clos, j’avais besoin de me rouvrir, de redécouvrir les sujets, les influenceurs RH, les thèmes RH et de mieux coller aux enjeux sociétaux. Sciences Po m’a vraiment permis ça. C’est une super expérience.

A la suite, pendant deux ans, j’ai rejoint Kanvaa, cabinet spécialisé en RH. J’intervenais sur tous types de missions de court terme.

Puis, j’ai eu l’opportunité pour le poste de DRH chez Kuoni France, l’envie de retrouver le secteur du tourisme a été très forte. J’avais envie de nouer des relations de plus long terme avec les collaborateurs.

Par le passé, j’avais côtoyé l’ancien DRH de Kuoni, Charles de Vivie, qui présidait la Commission des affaires sociales aux Entreprises du Voyages.

TourMaG.com – En intégrant Kuoni , vous faîtes votre retour dans le tourisme, mais dans une entreprise très différente de Paris City Vision .

Amandine Wagner : Ce ne sont pas les mêmes métiers. Mais ce que l’on retrouve dans les deux et que j’adore dans le monde du tourisme c’est vraiment l’ouverture aux autres.

Chez Paris City Vision, on accueillait des clients du monde entier, nous avions une grande diversité au sein des équipes.

Chez Kuoni, c’est l’inverse, on fait partir les Français dans le monde entier. Ce n’est pas la même diversité, mais on garde cette ouverture d’esprit inhérente au monde du tourisme.

Les typologies de postes ne sont pas les mêmes. La saisonnalité n’existe pas chez Kuoni. Il y a une certaine linéarité dans le travail.

Le groupe, à travers ses marques Celtictours, Scanditours, Donatello, Les Ateliers du Voyages, Emotion, Vacances Fabuleuses, compte environ 180 collaborateurs.

"Ce qui est nouveau pour moi est de faire partie d’un groupe international"

TourMaG.com – Quelles sont vos missions au sein de Kuoni France ?

Amandine Wagner : C’est un poste de DRH assez classique avec toutes les missions liées à la RH c’est-à-dire les relations individuelles et collectives de travail, la partie développement RH avec le recrutement, la formation, la gestion et le développement des compétences.

La partie plus administrative de gestion du personnel et de la paye, ainsi que l’animation des instances représentatives du personnel. Il y a un gros volet sur la communication interne à redynamiser.

Ce qui est nouveau pour moi est de faire partie d’un groupe international DerTour, au sein du groupe Rewe, avec lequel nous travaillons en collaboration. Par exemple, ce matin, la DRH du UK nous expliquait comment elle recrutait, ses KPI, etc… Je trouve hyper intéressant ce partage de bonnes pratiques.

Il y a également un programme de Talents au niveau de Rewe. Il s’agit de la promotion interne au niveau du groupe.

Malgré tout nous sommes très indépendants, libres de mettre en place nos process et nos recrutements.

Je suis tout à fait autonome. Aujourd’hui, un poste de responsable RH est ouvert pour gérer la partie recrutement, formation, gestion des compétences.

Nous sommes 4 au sein du pôle RH.

"Le DRH est garant du collectif"

TourMaG.com - Comment a évolué le monde du travail ?

Amandine Wagner : Dans certaines structures, mais ce n’est pas forcément vrai chez Kuoni, il y a une montée de l’individualisme, par rapport au collectif.

Pour certaines personnes, leurs besoins et leurs envies passent avant le collectif, alors que le DRH est garant du collectif. C’est parfois difficile à gérer.

Post covid, le secteur du tourisme a connu la désertion de certains candidats et une moindre appétence pour ce secteur d’activité.

TourMaG.com – Rencontrez-vous des difficultés de recrutement chez Kuoni ?

Amandine Wagner : Actuellement, deux ou trois postes sont ouverts.

Aujourd’hui, quand je recrute, je n’ai pas ce sentiment. Kuoni est une marque connue et reconnue dans le secteur, qui attire les candidats de par son côté premium, et la qualité des voyages et du travail des collaborateurs. Les collaborateurs se responsabilisent beaucoup sur leurs missions. Ils ont à cœur de faire leur métier avec excellence. C’est vraiment notable.

"Tous les métiers vont être impactés par l’IA"

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TourMaG.com – Quels sont les enjeux RH dans votre nouveau poste ?

Amandine Wagner : Remettre en place certains process qui se sont délités entre le départ du précédent DRH et mon arrivée. Il y a de gros enjeux là-dessus.

Par exemple sur l’intégration des candidats, il y avait un process en place, qui ne l’est plus aujourd’hui. Idem sur de la communication interne : tout ce qui fait que l’on fidélise les collaborateurs et leur apporte de la reconnaissance par le biais de l’animation du collectif. Ça manque aujourd’hui. Il faut recréer du liant.

Ça passe par des newsletters interne, des afterwork, des petits événements autour des JO. Nous travaillons également notre volet RSE.

Nous allons réactiver des partenariats avec des écoles, communiquer sur ce que l’on fait, nos réussites, les partager en interne et avec notre écosystème via les réseaux.

TourMaG.com - La RSE est un facteur d’attractivité pour les candidats ?

Amandine Wagner : Oui, les collaborateurs y sont sensibles. La RSE participe à l’attractivité de la marque pour les futurs collaborateurs.

TourMaG.com – Comment évoluera le monde de l’entreprise ?

Amandine Wagner : Il faut être attentif, avoir un œil sur ce qui se profile avec l’intelligence artificielle (IA). Tous les métiers vont être impactés par l’IA.

Nous devons l’intégrer à l’entreprise. Pour autant, je ne pense pas qu’elle puisse répondre aux difficultés de recrutement que connaît l’industrie du tourisme.

A l’époque, certains pensaient que l’informatique allait faire disparaître de nombreux métiers, à l’inverse ça en a créé beaucoup. Cela a transformé nos façons de travailler, mais n’a pas supprimé de collaborateurs.

Il faut rester vigilant et proactif par rapport à la façon, dont l’IA va transformer le monde de l’entreprise, pour ne pas subir de conséquences négatives.