TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone


La Case de l'Oncle Dom : Arrivederci, signore d’Apote !

L'édito de Dominique Gobert


Le regard aussi lumineux qu’une œuvre de Canaletto, aussi timide qu’il était grande gueule, Antonio d’Apote s’en est allé rejoindre son épouse la nuit dernière, vers cet au-delà que nous découvrirons tous un jour…


le Jeudi 20 Octobre 2016

Antonio D'Apote, fondateur de Donatello - DR
Antonio D'Apote, fondateur de Donatello - DR
Il n’aurait surement pas aimé apparaître subitement sur le devant de la scène, cet Italien irréductible et passionné, amoureux profond de la France...

Cette France dont il disait qu’elle était sa patrie « des arts et de la culture », ajoutant avec un humour malin que c’était l’Italie qui « lui avait tout appris ».

C’est avec une profonde tristesse, mais en souriant que j’écris ces quelques lignes ce soir (hier soir pour vous, lecteurs du matin).

Parce qu'Antonio et moi avions, au gré des années qui s’écoulent inexorablement, noué des relations profondes, sans pratiquement jamais rien nous dire.

Lors du dernier salon Top Résa, il avait eu l’audace, lui cet homme d’une discrétion absolue, de faire une timide apparition.

Il était encore dans la peine, après le décès de son épouse, mais tenait à « faire bonne figure ».

Nous nous étions simplement embrassés, aussi embarrassés l’un que l’autre, parce que l’amitié n’a pas de mots et que, finalement, un regard suffit.

Dominique Gobert et chien Charly
Dominique Gobert et chien Charly
Antonio, c’était la fougue de l’Italie, cette passion pour l’art sous toutes ses formes.

La subtilité dans les relations humaines, l’envie de tout connaître, la dénonciation de l'imbécillité, le besoin d’aller de l’avant. En prenant des risques.

N’avait-il pas, en 1971, investi une partie de son (petit) salaire afin de monter en France Euroservices, pour accueillir ses compatriotes italiens en France ?

Et dix ans plus tard, afin de rendre la pareille à ses compatriotes français, il montait Donatello, donnant ainsi le coup d’envoi à ces entreprises du voyage, pour qui un séjour passait forcément par le meilleur, élégant et « sur-mesure ».

A la mesure justement du personnage, agrémenté de cette vision d’artiste.

Il gueulait souvent, Antonio, mais rarement en public. Parce qu’il ne comprenait pas forcément que le monde puisse évoluer d’une manière si « bizarre », que l’on oublie souvent la beauté de ses civilisations au profit d’une agglomération de produits de masse…

Mais, comme il était d’une discrétion élégante, d’une timidité calculée mais irréversible, il ne faisait jamais de vagues, se contentant de mener sa barque comme il l’entendait.

Et bon nombre de ses collaborateurs s’en souviennent encore. Ils ne l’ont d’ailleurs jamais renié, malgré les vicissitudes de l’économie actuelle.

C’est d’ailleurs ce qui aura fait, jusqu’au bout, la force de Donatello… et sa faiblesse aussi.

Antonio d’Apote, malgré sa gentillesse, indéniable, son élégance naturelle a toujours eu une foi profonde en l’amitié.

Malheureusement, entre affaires et amitié, il y a parfois quelques différences. Inutile d’épiloguer. Seuls quelques-uns connaissent véritablement les réponses.

J’avais non seulement un profond respect pour Antonio d’Apote, mais aussi une admiration pour son sens de l’art et d’un savoir-vivre hélas de plus en plus en voie de disparition.

Bien que mécréant total, je suis sûr qu’en lisant ces lignes, il va sourire de ses yeux malicieux et clairs comme de l’eau de roche, esquisser une petite moue malicieuse et rejoindre son épouse qui lui manquait profondément depuis ces dernières semaines.

Avec une grande pensée pour ses filles, prunelles de ses yeux.

Arrivederci, signore, c’était un grand honneur de vous avoir rencontré…

Lu 3579 fois

Notez

Commentaires

1.Posté par LE SCOUEZEC Alain le 21/10/2016 09:19 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Merci Dominique pour ce bel hommage. Tu as tout dit, sens profond de l'amitié, amoureux du beau et de l'élégance, fidèle à ses convictions et vrai créateur de valeurs.
J'ai eu la chance de "grandir", comme beaucoup d'autres, grâce à lui et à Donatello qui était sa fierté, son "oeuvre" et qu'il a porté jusqu'au bout.
Il restera mon patron de cœur.
Comme tu l'as si bien dit "arrivederci Maestro !

2.Posté par FRANCESCHINI Jean Louis le 21/10/2016 11:06 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Un très bel hommage, auquel nous nous associons complètement.

3.Posté par Fabio Casilli le 21/10/2016 12:23 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
En lisant ces lignes on perçois bien l'homme Antonio D'Apote.
Nous nous sommes croisés seulement deux ou trois fois, mais j'ai toujours eu un respect infini pour le "compatriote" et pour son œuvre, son travail.
Nous avions quelques affinités, quelques points en commun, et aussi des différends...
En faisant le même métier, nos chemins se sont parfois croisés et j'ai beaucoup appris grâce à lui parce qu'Il me donnait l'envie de le dépasser, d'aller au-delà, c'était une incitation à toujours mieux faire.
Souvent je n'y arrivais pas, parfois j'ai réussi.
Une fois il a essayé de dissuader un fournisseur commun très important de travailler avec moi: ce fut pour moi une belle récompense et une attestation d'estime.
Je regrette ne pas avoir eu l'occasion de mieux le connaître.
J'en garde en tout cas un beau souvenir et espère qu'il sera bien maintenant là où il est parti pour son dernier voyage...

Arrivederci Antonio

4.Posté par ANSOURIAN - POULLAIN le 21/10/2016 16:20 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Merci pour cet hommage.
J'ai très bien connu Antonio qui était la personne avec laquelle je négociais le contrat TO lorsque j'étais chez HAVAS VOYAGES. Il avait un côté séducteur par atavisme certainement mais aussi un caractère très charismatique. Il m'adorait et je garde un très bon souvenir des déjeuners passés ensemble. Nous avions même discuté que je reprenne sa boite, il avait confiance en moi et je connais l'Italie par coeur ainsi que l'Afrique. Ca ne s'est pas fait, nos chemins se sont séparés...
Il est parti rejoindre sa femme. Ciao l'artiste.
Muriel

5.Posté par Hervé Moine le 23/10/2016 16:42 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
Merci pour ce bel hommage que vous lui rendez ici, il retrace bien tout ce que cet homme a pu nous apporter, c'était un homme que j'ai toujours profondément respecté et je suis fier d'avoir pu étre un de ses collaborateurs.

6.Posté par Françoise arras le 11/11/2016 11:01 | Alerter
Utilisez le formulaire ci-dessous pour envoyer une alerte au responsable du site concernant ce commentaire :
Annuler
J'ai eu la chance de le connaître. C'était un homme remarquable, digne et raffiné, très gentil et toujours attentionné. Un très beau souvenir de jeunesse.
Maintenant qu'il est parti, il a pu constater, en arrivant de l'autre côté du chemin, que Dieu est là, qu'il est grand et bienveillant et qu'il nous aime et nous protège.
Je prie pour lui, et aussi en action de grâce pour l'avoir connu, quelle chance j'ai eu ainsi!!
Arrivederci, carissimo Antonio, nous nous retrouverons certainement un jour, et cette pensée me réconforte. En t'attendant, je voudrais te dire que tu as illuminé ma jeunesse. et je t'en remercie
Francesca.
Francesca

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus

Dans la même rubrique :
< >

Vendredi 22 Décembre 2023 - 08:29 TourMaG.com : 25 ans et après ?




































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias