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La Guadeloupe, à la recherche de son identité touristique 🔑

la chronique de Christian Orofino


La Guadeloupe ne manque d'atouts ! L'archipel des Antilles françaises fait partie des destinations qui comptent. Christian Orofino, Président de TOURCONSEIL revient sur les possibilités de développement touristique de ce territoire.


Rédigé par le Vendredi 2 Février 2024

Tourisme Guadeloupe : Ce sont aux Guadeloupéens eux-mêmes, aux acteurs professionnels et institutionnels locaux, à ses habitants de définir la ou les formules d’accueil la mieux adaptée pour un territoire qu’ils connaissent bien - Depositphotos.com Auteur fyletto
Tourisme Guadeloupe : Ce sont aux Guadeloupéens eux-mêmes, aux acteurs professionnels et institutionnels locaux, à ses habitants de définir la ou les formules d’accueil la mieux adaptée pour un territoire qu’ils connaissent bien - Depositphotos.com Auteur fyletto
Le voyage dans l’imaginaire populaire est synonyme de paradis, de soleil, de joie de vivre, de paysages époustouflants, de rivages enchanteurs etc…etc… La Guadeloupe et ses quatre îles : c’est exactement cela et plus encore.

Le « plus encore » c’est, malgré ces clichés touristiques, la préservation d’une identité qui ne se dilue pas dans un tourisme clientéliste.

La Guadeloupe comme la Corse défend farouchement son patrimoine écologique et culturel.


Guadeloupe : quelle stratégie touristique ?

Cependant cette volonté de conserver ses valeurs locales tout en accueillant tous les visiteurs sans exception qui viennent séjourner sur ce magnifique archipel a pour conséquence d’hésiter sur une stratégie touristique claire et bien définie.

Est-ce le modèle de la République Dominicaine qui correspond le mieux avec ses « ressorts all inclusive » privilégiant un tourisme sédentaire desservi par une multitude d’activités qui incitent les visiteurs à profiter des services sans avoir besoin de sortir des limites des hôtels ?

La Guadeloupe possède tout le foncier nécessaire et les sites littoraux pour créer les infrastructures hôtelières et développer cette formule du « tout compris et tout consommer sur place et sans bouger ».

Est-ce le modèle du Costa Rica que la Guadeloupe doit adopter, destination de référence de l’éco tourisme privilégiant avant tout la découverte de son patrimoine écologique incitant ainsi les visiteurs à des séjours actifs ?

La Guadeloupe possède tous les atouts pour miser aussi sur ce tourisme durable tendance avec ses sites naturels, notamment sur Basse terre qui offre des paysages grandioses à couper le souffle.

Bien entendu, ce ne sont pas des observateurs extérieurs ou des consultants qui peuvent se permettre de donner des leçons en matière de stratégie touristique.

Ce sont aux Guadeloupéens eux-mêmes, aux acteurs professionnels et institutionnels locaux, à ses habitants de définir la ou les formules d’accueil la mieux adaptée pour un territoire qu’ils connaissent bien.

Cependant pour un visiteur fidèle depuis des décennies, le témoignage d’un vécu de séjours prolongés peut apporter une pierre différente à la réflexion.

Une fréquentation touristique très franco-française

La Guadeloupe a enregistré en 2023 environ 1million de passagers aéroport (pour référence, la République Dominicaine 7,8 millions en 2022 et le Costa Rica 2 ,1 millions)

A ajouter à ce million de visiteurs 310.000 croisiéristes en escale à Pointe à Pitre (chiffre à peu près identique aux croisiéristes en escale en République Dominicaine).

Ce million de passagers se compose de (1)
- 640 000 (64%) visiteurs provenant de l’hexagone dont 148.000 affinitaires provenant des différentes diasporas Guadeloupéennes vivant à l’étranger et surtout dans l’hexagone

Dans ces 640 000 passagers 60.000 (dont 35 000 clients Exotismes) soit moins de 10% ont réservé un forfait et 52 000 des vols secs auprès des TO et des agences (2)

- 51 000 visiteurs (18%) provenant de Martinique

- 51 000 visiteurs étrangers (18%) dont 2% d’Américains,4% de Canadiens,11% des pays de la Caraïbe et 1% de pays européens

La première évidence est que la Guadeloupe n’est pas une destination internationale, sa fréquentation majoritairement française en fait une offre de séjour pour le marché intérieur au même titre que la Bretagne ou la Vendée.

Bien entendu les réservations dans les départements ultramarins sont handicapées par le coût du transport aérien qui augmente de plus en plus et pour lequel la réduction de l’offre ne facilite pas la concurrence (il y a encore peu de temps, six compagnies desservaient la Guadeloupe aujourd’hui elles ne sont que trois).

Quid de la clientèle internationale ?

La clientèle internationale n’est pas au rendez-vous à cause de l’absence de formule hôtelière adaptée au marché nord-américain qui trouve son compte sur les iles voisines anglophones des Caraïbes possédant des infrastructures hôtelières performantes.

Pour Yves Brossard Président de l’UMIH Guadeloupe syndicat des hôteliers « Il existe du foncier disponible dans des emplacements balnéaires, ce foncier est détenu par les collectivités locales qui pourraient le céder en location à des investisseurs. »

« Ainsi, ajoute t il, on pourrait construire un important ressort sur un de ces terrains du littoral ce qui permettrait d’une part la réponse à une clientèle internationale , d’autre part créer une activité de congrès pour laquelle aucune structure en Guadeloupe n’existe pour l'accueil des séminaires et enfin créer un besoin de formation » .. et conclut-il « cette première infrastructure hôtelière pourrait être pilote pour la création de plusieurs autres ».

Il est vrai qu’il y a quelques décennies maintenant plusieurs hôtels internationaux existaient en Guadeloupe représentés par Accor ou les Méridiens mais les mouvements sociaux à répétition ont condamné l’exploitation de ces structures.

Ce n’est pas la seule cause, le rapport des personnels hôteliers n’était pas très chaleureux, cette situation étant due au comportement d’une clientèle habituée au service haut de gamme et à une réticence de la population locale à servir des concitoyens touristes.

A noter dans ce chapitre ACCOR revient avec la création d’un hôtel Pullman d’une centaine de lits au Moule.

La disparition progressive du parc hôtelier a favorisé l’émergence d’un tourisme direct avec un package comprenant le vol, une location d’appartement ou de villa et une location de voiture

Guadeloupe : une capacité d’hébergement (presque) mono formule (1)

Les capacités d’hébergement illustrent cette tendance. Au dernier recensement, la Guadeloupe compte 12 371 lits marchands de l’hôtellerie classique et 77 843 Lits comptabilisés sur les différents plateforme locatives (RBNB, Abritel etc…) sur les 90.000 lits au total plus de 80% appartiennent à des particuliers non professionnels.

Il sera difficile d’inverser la tendance pour Madame. Sheila RAMPATH Présidente de la commission tourisme du conseil régional de Guadeloupe « le touriste en Guadeloupe bénéficie d’une totale immersion dans la vie locale » . « Cette immersion » ajoute-t-elle « est notamment favorisée par des hébergements en meublés de tourisme tenus par des particuliers, mode d’hébergement particulièrement prisé par les visiteurs ».

Il est vrai que pour un visiteur fidèle et attentif le rapport au tourisme des Guadeloupéens en 20 ans a beaucoup évolué et la cohabitation entre population et touristes ne souffrent aujourd’hui, d’aucun affrontement : l’accueil est devenu chaleureux et bienveillant.

Cette évolution est due à l’implication économique et sociale des habitants car les touristes en formule locative, beaucoup plus qu’en formule hôtelière, ont besoin des services de proximité, commerces, location de voiture, excursion et cela participe à un dialogue.

Pour Madame RAMPATH : « Le Guadeloupéen est fier de son patrimoine naturel, culturel et gastronomique, il est toujours enclin à le partager avec les visiteurs quelle que soit leur origine »

Mais une destination est elle condamnée à une mono formule même si une tendance plus qu’une autre se dégage.

Une stratégie mixte reposant sur le tourisme durable

Pour Aurélien Anzala directeur du comité du tourisme des îles de Guadeloupe, « la formule doit être mixte : nous devons favoriser une hôtellerie de moyenne capacité mais en développant des activités qui sont les atouts majeurs de la Guadeloupe comme la randonnée avec ses 400 kilomètres de sentiers dans toute l’archipel, le surf avec ses nombreux spots réputés, la plongée avec des fonds sous-marins uniques au monde, la culture et l’histoire de notre île ».

« Ces activités organisées, structurées et médiatisées, précise Aurélien Anzala, sont la valeur ajoutée de notre tourisme, elles mettront en lumière aussi bien les séjours hôteliers que les séjours locatifs dans les meublés des particuliers que nous devons former pour devenir des prestataires professionnels et des agents de promotion touristique de l’archipel et des ces activités ».

Ces différentes formules parmi laquelle se trouve le cadre de l’avenir touristique de l’archipel de la Guadeloupe, une semblent se dessiner celle d’un tourisme durable assumé.

« Le schéma directeur des loisirs et du tourisme 2024, annonce Madame Sheila. RAMPATH Présidente de la commission tourisme, voté en décembre 2023, est une nouvelle feuille de route et se décline comme un outil de ce que veulent les Guadeloupéens. Les réflexions sur ce secteur se concentrent plus largement sur l’augmentation du chiffre d’affaires lié au tourisme mais également sur une meilleur gestion des flux dans une perspective de tourisme durable ».

Et conclut-elle « Le tourisme durable et la maximalisation des recettes touristiques sont les leviers de dynamisation de l’activité économique et de la création d’emplois. Il permet en effet d’envisager une croissance économique pérenne tout en préservant le territoire en rendant l’accueil plus qualitatif et plus expérientiel ».

Ce ne sont pas des mots en l’air car quand on regarde les programmes scolaires dès les plus petites classes, cette stratégie est en marche, la pratique de l’environnement est parfois plus importante que les matières classiques avec la surveillance de la ponte des tortues, le suivi des baleines, la replantation d’espèces végétales qui rendent responsables les enfants.

La nature de la formation scolaire de la jeune génération détermine l’avenir d’un pays, en l’occurrence d’une région et nul doute que les futurs citoyens guadeloupéens auront à cœur de promouvoir auprès des touristes ce formidable patrimoine écologique et d’en faire la reine des batailles touristiques en Guadeloupe.

(1) chiffres du Conseil General (2) chiffres du SETO

Christian OROFINO
Président de TOURCONSEIL
Co-président d'OBGET
Ex PDG et DG du TO VISIT FRANCE
Ex-Président de la commission Tourisme responsable du SNAV

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Commentaires

1.Posté par Yves Brossard le 02/02/2024 14:41 | Alerter
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Fidèle et fin connaisseur de la Guadeloupe, pour la fréquenter régulièrement depuis plus de 20 ans, Christian OROFINO prend acte que l’accueil des Guadeloupéens est devenu chaleureux et bienveillant.. Peut-être devrais-je ajouter qu’il l’a toujours été, mais que la déconcentration géographique des industries touristiques, et le fait que le client-touriste d’autrefois se soit transformé en véritable visiteur des îles de Guadeloupe aujourd’hui, a favorisé un échange culturel propice à cette bienveillance et au partage.

Nul doute que les investissements publics qui seront réalisés en matière d’équipements durables, et plus particulièrement en matière de pistes cyclables et d’espaces piétonniers dans les centres des villages, associés à des parkings en périphérie, contribueront très largement aux objectifs ambitieux de Madame Sheila RAMPATH et de Monsieur Aurélien ANZALA, tout en aménageant et préservant les espaces naturels dont les Guadeloupéens ont raison d’être fiers.



Nul doute que la Présidente, nouvellement élue à la tête du CTIG (Comité régional des Îles de Guadeloupe), Madame Valérie SAMUEL-CESARUS, saura mettre en oeuvre la politique élaborée par le Conseil Régional présidé par Monsieur Ary CHALUS, 1er Vice-Président du CTIG.


Une première étape vers ce tourisme vert, et le développement des mobilités douces en Guadeloupe a été franchie par le succès de la candidature de Marie-Galante ; je cite le communiqué :
« L’appel à territoires cyclables, annoncé lors du comité interministériel vélo et marche en mai 2023, vise à accompagner des territoires ambitieux dans la mise en oeuvre de leur programme complet d’itinéraires cyclables et à soutenir des projets cyclables hors des très grandes villes.
La communauté de communes de Marie-Galante est lauréate pour la 1ère édition pour son projet intitulé AVMAG – À Vélo Marie-Galante.
Seul territoire ultra marin retenu parmi les 27 lauréats au niveau national, la communauté de communes de Marie-Galante bénéficiera, pour les 6 années à venir, d’un accompagnement financier de l’État de 6,5 M€ pour déployer son programme d’aménagements cyclables. »
https://www.guadeloupe.developpement-durable.gouv.fr/appel-a-programme-territoires-cyclables-la-a4405.html

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