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Rachat Transat France : les salariés dénoncent "l'hypocrisie" de TUI

ils s'élèvent contre le mystère qui entoure cette vente


En rachetant Transat France, le groupe TUI AG voudrait éviter les vagues. C'est sans compter sur la pugnacité des salariés, qui s'élèvent contre le mystère qui entoure cette vente.


le Vendredi 28 Octobre 2016

Le comité d'entreprise de Transat France a déposé un référé au TGI de Créteil. DR CC BY 2.5 Wikipédia
Le comité d'entreprise de Transat France a déposé un référé au TGI de Créteil. DR CC BY 2.5 Wikipédia
Pourquoi entourer d'un tel mystère dans le rachat du groupe Transat France par l'allemand TUI ?

C'est la question que se posent les salariés de Transat devant la salle du tribunal de grande instance de Créteil, jeudi 27 octobre 2016.

Les représentants du comité d'entreprise de Transat ont décidé de déposer un référé contre le groupe TUI pour "fondement de troubles manifestement illicites constitué par un refus de donner des documents".

En clair, ils veulent comprendre pourquoi TUI refuse de fournir certains documents sur la vente. Mais surtout, ils espèrent comprendre ce qui les attend suite au rachat de leur entreprise.

Une requête bien légitime, mais surtout une obligation légale, comme nous l'expliquions dans TourMaG.com, mercredi 26 octobre.

En effet, la loi autorise le comité d'entreprise à mandater un cabinet d'expert indépendant pour rédiger un rapport sur les conséquences économiques et sociales du rachat.

Le cabinet désigné, Raisonnances, estime qu'il n'a pas reçu les éléments nécessaires pour travailler correctement.

TUI fait de la rétention d'informations sensibles

L'avocate du CE, Marie-Laure Dufresne-Castets demande à TUI que lui soit communiqué plusieurs choses : les résultats analytiques de 2014 à 2016 par segments et par produits, les comptes sociaux 2014-2015, les organigrammes détaillés de TUI France, la cartographie des agences et la composition des effectifs, les accords en vigueur dans l'entreprise, le bilan social 2015, ainsi que le fichier du personnel.

"Les salariés ne veulent pas être des moutons menés à l'abattoir, sans savoir où ils vont", estime maître Marie-Laure Dufresne-Castets.

Pour TUI, ces demandes vont au-delà des prérogatives du cabinet d'expertise. Bien entendu, il ne souhaite pas communiquer des informations aussi sensibles.

Selon la plaidoirie de l'avocate de TUI, maître Devos, le rôle de l'expert se limite à vulgariser auprès des élus les détails de la procédure de la Commission européenne, qui a validé le rachat le 21 octobre 2016.

Elle assure que le document de 1 000 pages remis à la Commission européenne est consultable par le cabinet Raisonnances au sein des locaux de TUI. Mais de nombreuses données ont été noircies et ne sont d'aucune utilité pour travailler.

Maître Devos estime également que son client n'est pas en mesure de fournir de business plan attaché au rachat de Transat, pour la simple raison qu'il n'existe pas encore.

On tente ainsi de faire croire aux salariés que le plus grand voyagiste du monde, qui a enregistré 20 milliards d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier, n'a encore aucune stratégie de planifiée pour sa nouvelle acquisition, Transat France, qui pèse 441 millions d'euros.

Un peu gros comme ficelle ?

TUI n'aurait officiellement aucun business plan pour Transat

De quoi TUI a-t-il peur ?

Qu'il soit révélé l'ampleur du déficit de sa filiale française - secret de polichinelle dans la profession - qui sans le soutien de sa maison mère, aurait certainement fermé ses portes depuis bien longtemps ?

Rappelons au passage que TUI France n'a pas publié ses comptes 2015.

"C'est tout simplement un rapport de pouvoir, TUI veut montrer que c'est lui le chef", estime Stéphanie Dayan, déléguée CFDT chez Transat France.

Les salariés ont aussi déposé le référé contre leur direction, vraisemblablement à contre cœur. Foulques de Rostolan, l'avocat de Transat, assure avoir fourni au cabinet Raisonnances tout ce que Transat était en mesure de transmettre.

Pour faire pression sur TUI, les salariés avaient évoqué un appel à la grève. Mais rien n'a encore été décidé et rien ne sera entrepris contre la direction actuelle.

Ils estiment d'ailleurs que si leur PDG actuel, Patrice Caradec, garde le silence, c'est parce qu'il n'est pas mécontent de voir ses employés se battre pour obtenir plus d'informations sur cette vente. Et certainement aussi parce qu'il négocie sa sortie.

"TUI nous assure qu'ils n'ont pas de mauvaises intentions. Je ne demande qu'à les croire, mais il faut aujourd'hui nous le prouver !", s'exclame Stéphanie Dayan.

En filigrane, les salariés s'inquiètent des conséquences sociales de cette fusion. Il serait naïf de croire que les effectifs des deux entreprises ne subiront aucun ajustement.

Rappelons que TUI a procédé à un plan de départs volontaires de 300 personnes en 2014.

Le tribunal rendra sa décision le 10 novembre, mais le référé n'est pas suspensif de la procédure.

Toutefois, le cabinet Raisonnances a décidé d'attendre cette date avant de rendre son rapport. Les salariés attendent également le jugement avant de poursuivre leur combat pour plus de transparence sur leur avenir.

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