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Futuroscopie - Les jardins, toujours une valeur sûre pour le tourisme 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


La vingt et unième édition de l’événement « Rendez-vous au jardin » qui se prépare pour le 31 mai prochain démontrera-t-elle une nouvelle fois le succès grandissant de ces parcelles de terre fleuries ? Sans doute.


Rédigé par le Jeudi 16 Mai 2024

Allée des Fleurs dans le Jardin de Monet à Giverny - Depositphotos.com Auteur massimosanti
Allée des Fleurs dans le Jardin de Monet à Giverny - Depositphotos.com Auteur massimosanti
Le jardin est d’autant plus apprécié par toutes les nationalités et générations qu’il embellit les paysages, se prête à tous les usages et compte parmi les territoires les plus familiers à l’esprit humain.

Formidablement malléable, capable d’adopter toutes les modes et d’intégrer toutes les fonctions, il constitue également un excellent poste d’observation des évolutions sociétales et touristiques en cours. Et il y en a beaucoup !

Depuis le jardin de Majorelle à Marrakech à ceux de la Villa d’Este en Italie en passant par ceux de l’Alhambra à Grenade ou les Heritage Gardens de Singapour, le jardin est une valeur sûre du tourisme qui, depuis les premières heures du tourisme a gagné ses galons sous le regard averti de l’aristocratie anglaise et bien avant sous celui d’un touriste comme Michel de Montaigne !

Objet de tous les soins, largement implanté dans le paysage rural et de plus en plus dans le paysage urbain où l’on végétalise à tour de bras, sa notoriété est d’autant plus grande que la multiplication événementielle dont il fait l’objet s’étoffe régulièrement de nouvelles manifestations attirant un public d’amateurs passionnés, touristes ou résidents. Dont les « Rendez-vous au jardin »


Du sacré à l’intime : un imaginaire spirituel

Notons encore qu’indissociable de la création du monde et de sa mythologie, il est à la fois le Jardin d’Eden et le paradis d’Allah et de la Kabbale, ou encore le symbole de l’ordre cosmique, pour les extrêmes Orientaux...

Il est donc un espace reconnu par tous les humains pour sa dimension sacrée. De plus, le jardin, à travers des expressions comme « le jardin secret », symbolise un espace intérieur privé, propre à chaque individu, reflétant son moi le plus intime.

Il est donc à la fois ouverture et fermeture, privé et public, universel et singulier.

Une fonction esthétique et décorative

On pourra encore moins nier l’impact de son esthétique due à ses composantes florales, ses arbres, ses bassins, ses tonnelles, son organisation. Peu de fleurs et d’arbres sont jugés disgracieux.

Leur esthétique naturelle en a d’ailleurs fait l’élément décoratif le plus populaire dans toutes les civilisations. Y compris occidentale où, après des siècles de peinture religieuse, le jardin est entré par la grande porte dans la peinture académique puis contemporaine qui en a fait l’un de ses sujets de prédilection et a contribué à démultiplier son impact.

Régulièrement récupéré par le design, la vaisselle, la décoration, le vêtement, le jardin et sa flore ont désormais une influence aussi importante pour les hommes que pour les femmes. Car, après des siècles de domination féminine, le goût des fleurs est enfin entré dans le domaine masculin.

Les jardins potagers reviennent en force, santé oblige !

Autre point majeur : le jardin bénéficie d’une aura parce qu’il est capable de produire des plantes nourricières, et de leur épargner les pesticides.

Illustré entre autres par le Concours national des Potagers, ce retour à la vocation première du jardin devient de plus en plus populaire parmi les jardiniers amateurs et le public touristique qui, sur des territoires touristiques comme les villages de vacances, campings, gîtes... cherchent à mettre la main à la pâte afin de consommer les produits issus de petits potagers.

La vogue de la permaculture, un système de culture inspiré par le fonctionnement de la nature, a également permis à certaines fermes de s’inscrire dans le paysage touristique.

C’est le cas de la ferme du Bec Hellouin en Normandie, dont les jardins biologiques font l’objet de visites, certes limitées à quelques dates, afin de ne pas dénaturer la fonction d’un lieu exceptionnel tenté par un nouveau type d’aventure agricole. C’est aussi le cas du camping des Sablons.

La fonction écologique et réparatrice

Tout le monde l’aura compris, l’urbanisation galopante de la planète et le désir éperdu de vert ressenti par une humanité acculée à vivre en ville, constitue l’autre principal moteur de ce succès.

En tant qu’espace boisé et fleuri, le jardin s’est très vite ouvert à un public en quête de détente, d’ombrages, d’oxygène parmi lequel les enfants ont toujours occupé une place importante. Plus le monde devient agressif, plus le jardin se pose en refuge.

« Mais ce qui est nouveau, c’est la prise de conscience que le végétal nous équilibre, décrypte le vice-président de l’Unep. Qu’il participe directement à notre bien-être. Prenez un arbre : on sait qu’il est un piège à carbone, on connaît sa capacité à capter la poussière, à protéger contre le soleil mais on découvre également aujourd’hui à quel point il peut nous faire du bien ».

Ce n’est donc pas un hasard si l’on voit des jardins thérapeutiques pousser dans les hôpitaux, notamment pour les malades d’Alzheimer.

Les jardins médicinaux et cosmétiques

L’obsession santé de la plupart des Occidentaux est également satisfaite par les jardins offrant plantes bio et arômes aux vertus thérapeutiques.

De plus en plus populaires, ils sont environ une trentaine sur le territoire français, de l’Ain au Vaucluse, invitant les visiteurs à découvrir les plantes et leur utilisation.

Ainsi, dans les Alpes de Haute-Provence, tout autour du Prieuré de Salagon, à Mane, plusieurs jardins ethnobotaniques ont été aménagés, dont un jardin médiéval exposant les plantes de l’époque et notamment, bien-sûr, les plantes médicinales majeures des anciennes pharmacopées.

De la fleur au parfum

Autre point encore. Nous raffolons des parfums, toujours changeants, toujours nouveaux. Dans une ville comme Grasse dans les Alpes-Maritimes qui vit, on le sait, de la formidable exploitation de ses fleurs et de leur transformation en parfums, les jardins du Musée de la parfumerie constituent l’excellente démonstration de la popularité́ que de tels espaces peuvent avoir sur le public.

Dans un cadre de 2 ha, ces jardins attirent 26 000 touristes en 2016, soit une progression de 5000 entrées en un an !

Sur le plan industriel, notons encore que 70 entreprises de transformation et plus de 100 entreprises de composition (mélange en laboratoire) emploient 3700 personnes en emploi direct et 10 000 personnes en emploi indirect. De quoi développer aussi un tourisme d’affaires important.

Les jardins actifs : sports et exercices physiques

Jardin d’acclimatation destiné à offrir une ambiance respirable et favorable à la santé, le jardin s’est vite mué en espace sportif offrant aux jeunes et moins jeunes toutes sortes de possibilités.

On vient y courir, y pédaler, y effectuer seuls ou en groupes quelques exercices physiques.

De plus en plus de parcs et jardins se transforment également en salles à ciel ouvert de Qi Qong ou de yoga tandis que les joueurs de pétanque conservent leur pré carré.

Les jardins spectacles : des théâtres de verdure

Décor parfait, aménageable à souhait, le jardin est capable d’accueillir toutes sortes de spectacles, notamment des concerts. Une vocation historique très ancrée dans les loisirs de notre siècle.

Avec, au programme, tous les genres musicaux : musique classique et musique de variétés, rock et musique techno ou jazz. Cela donne des évènements comme « Jazz sous les palmiers » ou « Jazz sous les pommiers » ...

Tandis que, sur les traces de Guignol et autres spectacles marionnettes, des spectacles de théâtre contribuent tout autant à̀ l’animation de ces espaces.

Les jardins animaliers : une tradition

Autre activité́ traditionnelle : les animaux dont la présence rappelle leur lien étroit avec la nature. Offrant le spectacle idéal d’un monde originel, les animaux mis en cage ne profitent malheureusement pas toujours de la liberté́ que devrait leur offrir ce décor. Mais, les choses évoluent.

Les jardins pédagogiques

Le jardin permet de développer de nombreux potentiels éducatifs. On y propose toutes sortes d’ateliers en rapport avec la nature : le jardinage pour enfants et adultes, la connaissance des essences, des fleurs, des arômes, des ateliers d’ikebana, de fabrication de cosmétiques, des formations d’apiculteurs... etc.

Les jardins partagés : un nouvel espace de sociabilité́

Dès la fin des années quatre-vingt-dix, les jardins partagés commencent à s’intégrer dans le paysage urbain et à mettre en relation les habitants d’un quartier désireux de faire pousser fleurs, légumes, herbes diverses, arbres fruitiers.

Nouvel espace de sociabilité́ et de « co working », ces jardins partagés sont à Paris par exemple, environ une centaine !

New-York, on en compte plus de 600 et des milliers dans toute l’Amérique du nord. Ils ne sont pas sans rappeler la tradition toujours bien vivante des jardins ouvriers.

Une animation touristique permanente

Enfin et surtout, le jardin a su se mettre à l’heure du tourisme de masse. Outre les visites guidées, nombreux sont ceux qui proposent des expositions temporaires et des conférences ainsi que des ateliers.

On est cependant loin de la vitalité des Britanniques, les maîtres du monde dans ce domaine dont le remarquable réseau de jardins attire des millions de visiteurs et organise bon nombre de circuits.

Les jardins remarquables : un label de qualité

Pour mieux rencontrer le public touristique, le label "Jardin remarquable" est arrivé à point nommé.

Créé en 2004, distinguant des jardins et des parcs, anciens et contemporains, particulièrement bien entretenus et ouverts à la visite, il est attribué́ par le ministère de la Culture et de la Communication. À ce jour, 420 jardins constituent ce réseau, dont 45 sur la Côte-d’Azur qui arrive en tête des régions les mieux dotées

Les réseaux de jardins

Enfin, on ne peut faire l’impasse non plus sur les réseaux de jardins comme celui des « Jardins solidaires méditerranéens » ou celui des « Jardins sans limites » qui s’étend en Moselle, en Sarre et au Luxembourg et compte 23 jardins thématiques, créations ou recréations, à visiter. Un projet cofinancé par l’Union Européenne…

… Ah, j’oubliais ! En France, 7 habitants sur 10 ont leur propre jardin !

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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