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Limitation des acomptes : vers une augmentation des risques financiers ? 🔑

Premier sommet européen sur les paiements organisé par l'ECTAA à Bruxelles


Le mois dernier à Bruxelles, l’association des agences de voyages et tour-opérateurs européens (ECTAA) organisait un premier sommet pour faire se rencontrer l’ensemble des parties prenantes dans l'univers compliqué du paiement des voyages : agences, voyagistes, réseaux bancaires, assureurs et les législateurs. Objectif : mieux se comprendre et évoluer dans le labyrinthe complexe des pratiques de paiement des voyages.


Rédigé par le Mardi 12 Mars 2024

Frank Oostdam, président de l’ECTAA (à droite) en compagnie d'Eric Drésin, Secrétaire général de l'ECTAA,  le 21 février à Bruxelles -Photo : C.Hardin
Frank Oostdam, président de l’ECTAA (à droite) en compagnie d'Eric Drésin, Secrétaire général de l'ECTAA, le 21 février à Bruxelles -Photo : C.Hardin
Depuis de nombreuses années, l'ECTAA se consacre à la surveillance des problèmes liés au paiement dans les voyages : une étape centrale au sein des entreprises et de l'ensemble de l'industrie du voyage.

La Commission européenne a présenté, le 28 juin 2023, une série de propositions législatives visant à accélérer la modernisation des paiements en Europe pour renforcer la protection des consommateurs et la concurrence dans le domaine du paiement électronique.

Le contexte était donc opportun pour l'ECTAA pour réunir à Bruxelles, le 21 février dernier, des experts en matière de voyages et de paiements aux côtés des décideurs politiques de l'UE et des parties prenantes avec des objectifs multiformes :

- Comprendre les complexités du paiement des voyages ;

- Comprendre le large Ă©ventail de points de vue des parties prenantes ;

- Explorer de nouvelles approches et permettre un environnement collaboratif favorisant les discussions au-delà des dialogues cloisonnés.

Étaient présents entres autres des fournisseurs, des représentants des agences, tour-opérateurs, opérateurs financiers, assureurs, institutions telles que Visa, Mastercard, Trust My Group, TUI, Hilton, le Fonds de Garantie Voyages belge (GFG), IATA, ainsi que des membres de la Commission et du Parlement européen.


Nouvelle directive : des articles contestés

Il s’agissait donc pour ce premier sommet, qui devrait désormais se répéter, de dresser un premier état des lieux et de créer un préalable intéressant et même indispensable à toute ébauche de solution.

Des débats et une discussion directe pour que chacun puisse attirer l'attention des parties prenantes pour que, dans sa résolution finale, la directive prenne en compte les remarques de l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur du voyage.

Le ton a été donné dès l’ouverture du sommet avec Frank Oostdam, le Président de l’ECTAA, qui a voulu rappeler "la forte opposition de son association à certains articles du projet de révision de la directive européenne des voyages à forfait".

Dans son viseur notamment : la limitation des acomptes pour le consommateur de voyage.

Clairement, et pour les professionnels de toute la chaîne du voyage, la crainte, avec ces nouvelles mesures règlementaires est de continuer à voir augmenter "le fardeau des risques financiers", principalement sur les agences de voyages.

Ralf Pastleitner, directeur des politiques publiques internationales et des affaires européennes du groupe TUI a expliqué, avec un schéma de flux financiers simple, quand et comment circulent les paiements dans la réalisation d’une offre de voyage.

Il a détaillé à l’assemblée un exemple de chronologie. En novembre, TUI réserve des capacités d’hébergements et de vols auprès de ses partenaires :

- en février de l’année suivante, le client paie une avance de 20 à 30% ;

- en mars TUI transmet les prépaiements à ses partenaires ;

- en juin, quelques semaines avant le départ, le client paie le solde du voyage ;

- en juillet TUI paie le solde Ă  ses partenaires.

"Tout le monde bénéficie du flux des paiements", a voulu démontrer Ralph Pastleitner. "Il n’est pas nécessaire de les limiter, les paiements anticipés sont essentiels", a-t-il poursuivi, suggérant qu’ajouter une nouvelle contrainte entraînerait des coûts supplémentaires. "Modifier un système qui n’a posé aucun problème n’a pas vraiment de sens".

Et de conclure : "La concurrence dans le secteur a limité les prépaiements de 20 à 40% du prix d'un forfait. Pourquoi devrions-nous y ajouter une réglementation ?"

La crainte d’un régulateur trop zélé qui, de par une certaine méconnaissance de la réalité de l’industrie, pourrait créer de la redondance inutile, s’est également exprimée lors du sommet.

Le danger d’une distorsion de concurrence si on limite les prépaiements pour les voyages à forfait a, par exemple, été pointé du doigt par Sami Doyle, le PDG de l’assureur TMU Management. "La création d’un régime réglementaire unique dans l’UE avec des prépaiements restreints et d’un autre au Royaume-Uni sans cela créerait un fossé commercial dans lequel un marché aurait un avantage sur l’autre.

Au lieu de cela, nous devrions éliminer les doubles emplois grâce à l’utilisation de la technologie afin de savoir où se trouvent l’argent et les risques.
"

Sommet européen sur les paiements : de nouveaux entrants

Les deux géants Visa et Mastercard restent les poids lourds du paiement. Cependant le comportement des consommateurs et l’essor de la fintech amènent de nouveaux entrants et viennent encore densifier les réseaux du paiement des voyages.

De nouveaux fournisseurs liés aux technologies numériques ont intégré le marché, en particulier en lien avec les services open banking. Des concurrents issus de la fintech et à même de proposer des taux de transaction moins élevés que les acteurs financiers historiques...

Une transformation digitale porteuse d’opportunités, mais aussi de risques pour les consommateurs ainsi que les fournisseurs de services.

Inflexible IATA

Pointée également du doigt dans les interventions en séance, mais aussi durant les pauses café, cette distorsion persistante entre les voyagistes et les compagnies aériennes qui ne sont vraiment pas logées à la même enseigne concernant les garanties à fournir en cas de défaillance.

Le temps passe, mais la puissante association de compagnies aériennes n’a toujours pas accepté le principe d’une caisse de garantie, tout en encaissant elle, 100% du prix du billet à la réservation.

Beaucoup d’agences sont déjà sorties de IATA pour se constituer en pool indépendant.

Que donnera, à la longue, le rejet par IATA de créer un fonds de garantie aérien ?

L’envie d’inventer peut-être, chez les voyagistes, un système de substitution à la contraignante accréditation IATA et au BSP ?

Créer son propre dispositif d’accréditation et de règles pour remettre un peu d’égalité entre fournisseurs et distributeurs ?


En attendant, à Bruxelles le mois dernier, les fournisseurs de voyages ont pu adresser directement leurs messages aux représentants de l’association des compagnies aériennes : "IATA doit mieux comprendre nos fonctionnements et notre exposition aux risques ", leur a dit Frank Oostdam.

Ce sommet à Bruxelles dans sa première édition, aura eu deux vertus incontestables. La première : amener de la pédagogie pour mieux comprendre un système compliqué, mais avec des enjeux majeurs, notamment en termes de compétitivité des fournisseurs de voyage.

La deuxième : entamer un dialogue direct entre toutes les parties prenantes.

Rendez-vous est pris pour continuer Ă  se parler en face.


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Tags : ECTAA, IATA
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