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Reprise de FRAM : PromoVacances, Docte Gestio, NG Travel... qui remportera la mise ?

le tribunal de commerce de Toulouse rend sa décision ce mercredi


A quelque heures de la décision du tribunal de commerce de Toulouse dans le dossier de la reprise de FRAM, en redressement judiciaire, TourMaG.com revient sur les trois offres déposées : LBO France/Karavel-PromoVacances, DocteGestio et NG Travel.


Rédigé par Pierre Coronas le Mardi 24 Novembre 2015

De gauche à droite : Bernard Bensaïd (DocteGestio), Olivier Kervella (NG Travel) et Alain de Mendonça (PromoVacances), les trois candidats à la reprise de FRAM - DR
De gauche à droite : Bernard Bensaïd (DocteGestio), Olivier Kervella (NG Travel) et Alain de Mendonça (PromoVacances), les trois candidats à la reprise de FRAM - DR
C'est aujourd'hui, mercredi 25 novembre, que le tribunal de commerce de Toulouse, en Haute-Garonne (31), doit rendre sa décision dans le dossier de la reprise de FRAM. Le groupe est placé en redressement judiciaire depuis le 30 octobre 2015.

L'administration judiciaire du groupe est assurée par Me Christian Caviogli dans le cadre de cette procédure collective.

Il a recueilli les offres de reprise formulées par trois candidats : LBO France/Karavel-PromoVacances, NG Travel/JPF Travel et DocteGestio. Chacun a présenté son plan devant le tribunal de commerce et le ministère public mercredi 18 novembre 2015.

Dans les jours précédents, chaque repreneur potentiel du tour-opérateur toulousain avait été auditionné par le comité d'entreprise (CE) du groupe FRAM.

"Le CE a un avis consultatif à donner. Mais, de toute façon, c'est le tribunal de commerce qui aura le dernier mot", explique Thouraya Ferchichi, élue CFDT au CE de FRAM. (Lire aussi : Reprise de FRAM : "C'est le tribunal et le ministère public qui auront le dernier mot")

LBO France/Karavel-Promovacances, le choix de la raison ?

Selon nos informations, la préférence du CE de FRAM va vers la proposition formulée par LBO France/Karavel-PromoVacances.

La force du financement du groupe, appuyé par un fonds d'investissement qui gère 6 milliards d'euros et son investissement de 100 millions d'euros pour la technologie et le canal Internet sont les deux points principaux qui convainquent les représentants du personnel du voyagiste.

Avec néanmoins une nuance : le faible abondement au plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) pour les salariés qui seront licenciés dans le cadre du rachat de FRAM. Après avoir, un temps, annoncé la reprise de 77 % du personnel, LBO France/Karavel-PromoVacances a réévalué son offre sociale à la hausse en passant à 85 %.

Un pourcentage qui ne prend cependant pas en compte les 650 salariés des filiales de FRAM à l'étranger : en Espagne, en Grèce, au Sénégal, au Maroc et en Tunisie.

Le Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de FRAM se prononce, lui aussi, en faveur de l'offre de LBO France/Karavel-PromoVacances lors d'une réunion extraordinaire le 16 novembre 2015.

Sur ses 4 membres, 2 ont émis un avis favorable et 2 se sont abstenus. L'offre de NG Travel recueille, elle, un avis défavorable et 3 absentions et le projet de Docte Gestio 2 avis défavorables et 2 abstentions.

Malgré tout, une partie des salariés de FRAM s'inquiète d'une éventuelle reprise du groupe par Karavel-PromoVacances, une société à la culture bien différente de la leur et où les avantages sont bien moins nombreux.

Pour autant, l'offre de LBO France/Karavel-PromoVacances paraît, pour l'heure, être celle qui a le plus de chances de rafler la mise.

Les casseroles de DocteGestio

Mais elle a un sérieux challenger avec le plan de reprise présenté par Bernard Bensaïd, président du groupe DocteGestio qui mène des activités dans les secteurs de l'immobilier, de l'hôtellerie et des maisons de retraite.

Invité de dernière minute, il a rebattu les cartes avec une offre qui propose, entre autres, la reprise de l'ensemble des emplois en CDI et des contrats CDD de FRAM. C'est ce qui a notamment incité LBO France/Karavel-PromoVacances a revoir son plan à la hausse sur le plan social.

En revanche, la stratégie de Bernard Bensaïd de "ré-équilibrer l'offre de FRAM sur la France" pour capter le marché des touristes français qui privilégient des séjours dans l'Hexagone ne fait pas l'unanimité.

La réputation de l'entrepreneur ne plaide pas non plus en sa faveur. Son groupe a fait ou fait encore l'objet de projet procès pour des litiges commerciaux ou sociaux dans divers secteurs d'activité.

Il est notamment en conflit avec Miguel Espada, dirigeant de HPA Holding à qui le groupe DocteGestio a repris la gestion de plusieurs établissements hôteliers via les sociétés DG Residences et DG Holidays.

C'est le cas, entre autres, du Domaine de Sainte-Croix à Salon-de-Provence, dans les Bouches-du-Rhône (13). Dans un arrêt du 18 septembre 2014, la Cour d'appel d'Aix-en-Provence ordonne l'expulsion de DG Résidences et de tous les occupants de son chef du domaine en raison de loyers impayés.

La société du groupe DocteGestio y est également condamnée à payer 71 760 € TTC au titre de la dette locative et une indemnité mensuelle d'occupation de 35 880 € TTC.

"Ce sont des décisions de justice qu'il ne respecte malheureusement pas, déplore Miguel Espeda. Le groupe DocteGestio nous doit, à ce jour, plus de 1,4 million d'euros. Nous allons donc l'assigner prochainement en redressement judiciaire."

Les filiales étrangères de FRAM choisissent DocteGestio

La gestion sociale des employés des sociétés du groupe inquiète, elle aussi, les représentants du personnel du groupe FRAM.

Dans un communiqué diffusé lundi 23 novembre 2015, des salariés de Plein Vent, filiale de FRAM, annoncent qu'ils ne veulent pas du projet de DocteGestio. Ils ne croient pas aux promesses de Bernard Bensaïd de conserver l'ensemble du personnel du groupe.

Sans avancer de preuves concrètes, le communiqué explique que le dirigeant mise sur des "départs naturels" et qu'il faudrait, en réalité, déduire un tiers aux 3 800 salariés qu'il revendique pour ses sociétés.

Il l'accuse également de "bafouer les règles du droit du travail" en éliminant systématiquement les institutions représentatives du personnel.

Une pratique dénoncé par la CGT dans un message interne adressé à la section du syndicat chez FRAM. Un syndicaliste d'AMAPA Moselle, société reprise par DocteGestio, y estime que Bernard Bensaïd "annonce qu'il reprend tous les salariés mais il [les] dégoutte tellement qu'ils partent d'eux-mêmes".

Malgré cela, l'offre de DocteGestio pour la reprise de FRAM est soutenue par d'autres acteurs C'est le cas des dirigeants des filiales étrangères de FRAM qui lui accordent le mérite d'être la seule à prendre en compte leurs employés dans son plan.

Par ailleurs, une source proche du dossier nous confie qu'il s'agit de "la meilleure offre pour les distributeurs français. Comme DocteGestio n'est pas un spécialiste du tourisme, il aura intérêt à s'appuyer sur les agences de voyages pour s'y intégrer efficacement".

Bernard Bensaïd assure aussi avoir le soutien de Selectour Afat, comme l'écrit La Dépêche du Midi. Il a également déposé un plan de continuation mardi 24 novembre 2015. Une possibilité permise par la Loi Macron.

Dans ce cadre, le Procureur peut demande de procéder à une cession forcée des titres auprès des actionnaires.

"J'ai procédé à douze plans de cession qui ont tous été honorés. Qu'on me prouve que ce n'est pas le cas", se défend Bernard Bensaïd.

Si des salariés de FRAM n'ont pas confiance ou se sentent fatigués, je trouverai des solutions et serai prêt à aller jusqu'à des ruptures conventionnelles avantageuses."

L'offre de NG Travel "semble la plus humaine"

Dans ce contexte, c'est l'offre présentée par Olivier Kervella, président-directeur général (PDG) du NG Travel qui semble, pour l'heure, avoir le moins de chances d'être choisie par le tribunal de commerce de Toulouse.

Dans un entretien accordé à TourMaG.com au moment de la présentent de son plan de reprise, il affirmait être "mieux disant sur le plan social" que LBO France/Karavel-PromoVacances. Mais la révision à la hausse de l'offre de ce dernier a changé la donne depuis.

NG Travel est, pour l'occasion, associé à JPF Travel, agence de voyages détenue à 50% par Jean-Pierre Mas, président du Syndicat national des agences de voyages (SNAV) et administrateur de Selectour Afat.

Celui-ci s'intéresse aux activités de voyages d'affaires du groupe FRAM. Pour cela, il propose la reprise de 58 salariés pour un investissement d'un million d'euros. Le secteur représente un chiffre d'affaires annuel de 75 millions, soit 20 % du total de FRAM.

NG Travel dispose d'un avantage intéressant pour le secteur du tourisme : il collabore avec les réseaux de distribution et les agences de voyages françaises pour la commercialisation de la production du tour-opérateur Boomerang et des Kappa Clubs.

De plus, "l'offre de NG Travel présentée par Olivier Kervella semble la plus humaine. Mais c'est aussi celle qui a le moins de chance d'aboutir car elle est plus faible d'un point de vue financier", analyse une source proche du dossier.

A la vue de l'ensemble de ces éléments et compte tenu des intérêts de tous les acteurs impliqués qui ne sont pas toujours en accord et, parfois même, s'opposent, la tâche du tribunal de commerce de Toulouse s'annonce périlleuse.

Une chose est certaine : quoiqu'il arrive, sa décision fera des déçus.

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Commentaires

1.Posté par Petitponey le 25/11/2015 12:11 | Alerter
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" Mr Bensaid, sali, diffamé, mais Monsieur Bensaid courageux".

Son plan de continuation a été expliqué
http://www.lechotouristique.com/article/fram-doctegestio-rencherit-dans-l-espoir-de-battre-lbo-promovacances,78536#xtor=EPR-2

L'incompétence des CE et Syndicats est peut-être la cause de son rejet mais pas seulement...
Pourquoi Plein Vent se prononce aujourd'hui ? lisez... d'où ce déchaînement du CE qui cherche des éléments sur internet ou auprès de la CGT...(grande fiabilité ) sic-
Pourquoi le CE de Fram soutient à grands cris un repreneur qui licencie ? neutralité vous dites...

Affirmer qu'avec Doctegestio, il y a aura des licenciements après.. Avec Karavel, soutenu mordicus, c'est TOUT DE SUITE pour 730 personnes (une paille !) et APRES !
Que reste-t-il des salariés des sociétés toutes achetées au tribunal par karavel/LBO !

La seule réponse que nous ayons aujourd'hui : Mme Chaubet préfère sacrifier l'entreprise de son père pour tuer son frère sans se soucier des collaborateurs,qui seront virés alors qu'elle pourrait les sauver... belle considération

OUI la proposition de Doctegestio est la meilleure sur le volet social et c'est sur ce plan que le Tribunal devrait juger... Nous, nous jugerons bien assez tôt.

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