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Egalité Homme-Femme : pourquoi le compte n'y est pas ? 🔑

Débat lors de la convention des EDV Île-de-France au Québec


Le monde n'évolue pas à la même vitesse partout. Nous sommes à l'orée de l'année 2022 et le sujet de l'égalité homme-femme, dans une industrie aussi féminisée que le tourisme, existe encore. Lors de la convention des Entreprises du Voyage Île-de-France au Québec, une table ronde a eu lieu sur cette thématique ô combien importante, alors que les organes de représentation du tourisme sont quasiment tous trustés par des hommes. Retour sur un débat instructif, quelquefois polémique, mais surtout loin d'être anecdotique...


Rédigé par le Vendredi 21 Octobre 2022

Dans le tourisme, les femmes sont salariés et les patrons sont... des hommes. L'égalité des sexes ce n'est pas pour maintenant - Depositphotos
Dans le tourisme, les femmes sont salariés et les patrons sont... des hommes. L'égalité des sexes ce n'est pas pour maintenant - Depositphotos
C'est un sujet qui aurait été légitime dans les années 1980, voire même un siècle plus tôt . Et pourtant, l'égalité homme-femme n'est pas aussi réelle que nous pourrions l'imaginer à notre époque.

Surtout dans une industrie aussi féminisée qu'est le tourisme.

Bien que les troupes soient majoritairement composées de salariéEs, à hauteur de 55% selon l'association Femmes du tourisme, les têtes pensantes et l'encadrement restent, eux presque exclusivement masculins.

Lors de la convention des EDV Île-de-France au Québec, une table ronde a eu lieu sur cette problématique de l'égalité homme-femme et quelques prises de parole, maladroites, ont jeté un froid et interpellé une partie de l'assemblée.

"J'ai entendu des choses qui m'ont fait bondir.

Je pense que ce problème de la différence entre les patrons qui sont des hommes et les femmes salariées vient du fait que les femmes s'engagent moins, elles sont moins prêtes à tout mettre par terre,
" affirme UN participant de la convention, dont nous ne citerons pas le nom.


Un homme peut-il parler d'égalité à la place des femmes ?

D'autant que son voisin de chaise a repris de volée l'argument, pour en remettre une couche.

"Aujourd'hui, je n'entends pas ou peu d'hommes dans cette profession dire qu'ils ne veulent pas faire accéder les femmes à des postes à responsabilité.

J'en ai marre d'entendre dire que cette parité doit être obligatoire dans les sociétés et les conseils d'administration, c'est stupide,
" explique-t-il à l'assemblée.

Ces deux hommes ont secoué l'audience, assommée par le décalage horaire, mais aussi les propos des participants de la table ronde. Après avoir échangé avec l'un d'eux, j'ai pu comprendre que les mots n'ont pas été les bons et les termes pas bien choisis, pour décrire leur ressenti.

Malgré tout, il est important de rappeler une chose : nul ne peut parler à la place d'une autre communauté.

"Je suis interloquée. Les femmes sont engagées !

Aujourd'hui, il n'est pas possible que les hommes prennent la parole à la place des femmes, nous n'avons pas le même vécu, pas les mêmes difficultés ni les mêmes atouts,
" recadre Christine Giraud, la présidente de Femmes du Tourisme.

"Rien qu'à l'échelle de cette convention, regardez le nombre d'hommes chef d'entreprise ou qui ont un poste de dirigeant, comparé à celui des femmes présentes.

Pourquoi une telle différence, selon vous ? Est-ce une question de compétences ou d'engagement ?
" questionne sous tension, Valentine Jean-Richard, la directrice adjointe de Parfums du Monde.

La réponse ne se trouve dans aucune des deux propositions, bien évidemment.

"Le plafond de verre est un peu plus pesant dans le monde du tourisme"

Après, nous ne devons pas jeter le bébé avec l'eau du bain : les améliorations sont palpables dans notre branche, mais ce n'est pas la panacée. Le chemin à parcourir est encore très long.

"J'ai travaillé dans plusieurs autres secteurs d'activité, dans les médias ou l'énergie, je n'ai jamais connu un secteur aussi masculin que le tourisme.

Nous devons être d'accord sur le constat : il y a un problème à régler,
" estime Lionel Rabiet, le président des EDV Île-de-France.

Et celui-ci se matérialise mentalement par un plafond de verre que notre industrie doit briser.

Les deux camps sont d'accord sur le constat. Si les femmes osent moins au moment de postuler pour des postes à responsabilités dans des grands groupes, alors qu'elles sont omniprésentes à la tête des agences de voyages, c'est qu'il y a un frein.

"J’ai travaillé dans une dizaine de marchés différents, et peut être que le plafond de verre est un peu plus pesant dans le monde du tourisme et qu'il y a plus de problèmes d’égalité entre femme et homme.

Il ne faut pas s’arrêter à cette seule problématique et s’ouvrir à la diversité,
" analyse Laurence Gaborieau.

Ce plafond de verre est la résultante de milliers d'années de patriarcat.

Pour ceux qui ne croient pas dans les concepts sociologiques, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Les femmes, bien que majoritaires dans les équipes, ne sont que 20% à être manager et 8% à bénéficier d'un poste à responsabilités.

Durant la crise sanitaire, selon la présidente des Femmes du Tourisme, les responsables de sexe féminin n'ont pas eu les mêmes réponses et aides de la part des banquiers que celles qu'ils apportaient aux hommes. Une inégalité qui n'a pas toujours été existée.

"Je tiens à rappeler que les femmes préhistoriques ne passaient pas tout leur temps à s’occuper de la grotte et attendre que les hommes rentrent de la chasse. Il y avait une parfaite parité homme-femme.

L’histoire nous a un peu invisibilisés,
" analyse Christine Giraud.

Une dynamique reprise dans le monde de l'entreprise.

Le tourisme n'est pas le pire des secteurs, il n'est pas non plus exemplaire. Et dans la société d'aujourd'hui il vaut mieux viser l'exemplarité que le moins-disant, cela permet d'avancer plus vite.

Réduire les inégalités en promouvant des exemples de réussite ?

"A compétences égales, nous nous sentons moins légitimes. Les personnes sont moins indulgentes face aux échecs des femmes d'entreprise. Nous devrions plutôt encourager et valoriser les modèles de réussite féminine," estime Valentine Jean-Richard.

Tout comme les combats de certaines minorités, les exemples sont importants pour montrer qu'il leur est possible de réussir, malgré les embûches imposées par la société.

Il est plus facile d'avoir confiance en soi, quand par le passé, vous avez des héros qui vous ressemblent. Il est temps de réécrire les livres d'histoire et les imaginaires collectifs, afin de construire une société plus inclusive.

"Ce n’est pas un sujet de femme, mais d’homme et de femme, de société. Pour faire avancer les choses, nous devons communiquer et sensibiliser. Sur 5 500 salariés, 60% sont des femmes. Dans les CODIR nous avons 50% de femmes.

Il y a aussi un sujet de diversité : par exemple nous avons 86 nationalités parmi nos 250 salariés,
" dévoile Nicolas Liogier, le directeur général voyage et loisirs de Veepee.

Une thématique de diversité nettement moins abordée dans le voyage.
Pour revenir à la conférence, les EDV ont mis en place un observatoire pour mesurer les écarts entre les hommes et les femmes, aussi bien dans la représentativité au sein de la hiérarchie qu'au niveau des salaires.

"Notre objectif est de réduire les écarts salariaux. Et je peux vous dire que nous faisons des progrès et allons même les gommer complètement.

Nous devons permettre à ce que la représentativité des femmes dans les catégories les plus hautes, soit plus importante,
" fixe comme cap Jean-Pierre Mas, Président du syndicat patronal.

Nous vous laisserons vérifier par vous-même, sur les sites des différents organes de représentation de l'industrie, (EDV, APST, SETO...) le (long) chemin à parcourir.

Egalité Homme-Femme : "les quotas sont un mal nécessaire"

"Nous parlons beaucoup d’expérience client, mais nous devrions créer aussi une expérience salariée. ," indique la dirigeante de Parfums du Monde.

Surtout que la féminisation des organigrammes apporte une plus grande stabilité économique aux sociétés.

En 2008, alors que le monde est plongé en pleine crise financière, le Professeur de gestion des ressources humaines au CERAM- ESC Lille, Michel Ferrary avait publié une étude sur la question.

Il démontrait que les femmes cadres étaient un facteur de résistance face à la crise boursière. Pour ceux qui ne font que des choix par rapport à l'aspect économique, voici un argument qui appuiera les prochaines candidatures des femmes.

Une société plus féminisée est moins belliqueuse et risque moins d'aller à la casse.

"Nous ne sommes pas revanchardes ou des victimes, nous voulons une chose : l’égalité.

Le système des quotas existant aux Etats-Unis est un mal nécessaire pour arriver à ce que dans 15 ou 20 ans, il n'y ait plus besoin de dire qu'il faut la parité dans un board,
" estime Christine Giraud.

Le chemin est encore long, mais la plus grande distance à parcourir pour atteindre la ligne de l'égalité est sans doute derrière nous. Il ne fait plus de doute, que l'inégalité disparaîtra. Ce n'est qu'une question d'années, encore faut-il que les directions laissent la place aux nouvelles générations.

C'est aussi une autre discrimination dans notre chère industrie...

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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