Joint venture Delta-Virgin : comment Delta fait un enfant dans le dos à Air France KLM

La compagnie américaine Delta va donc créer une seconde alliance.

La première passée avec Air France/KLM et Alitalia incluait pourtant l'ensemble des vols opérés entre l'Europe et l'Amérique du nord.

Elle avait aussi tenté, sans succès, de développer une présence à Londres Heathrow, la toute puissante plate-forme alimentée par un trafic Premium inégalé.

Les alliés n'avaient pas réussi à s'imposer face à la puissance de British Airways associée à American Airlines, d'où la solution trouvée par Delta d'investir 360 millions de dollars pour racheter, en juin dernier, les 49% des parts détenues par SIA dans Virgin Atlantic et créer, de facto, une part de marché substantielle avec 9 vols quotidiens entre Heathrow et JFK.

Si les autorités de la concurrence des deux côtés de l'Atlantique ont autorisé la nouvelle co-entreprise de Delta avec Virgin Atlantic c'est que BA/AA contrôlent 55% des vols entre Londres-Heathrow et New York JFK pour seulement 32% attribuée à la future alliance de Delta et Virgin.

La nouvelle co-entreprise se mettra en place en début d'année prochaine non seulement sur l'axe Londres-New York mais également avec des "beyonds".

Virgin apposera son code sur 91 lignes domestiques du réseau Delta et cette dernière fera de même sur 17 vols opérés par Virgin depuis Londres, et notamment sur les vols domestiques de la nouvelle filiale de Virgin.

Il n'empêche que faire sortir l'axe le plus porteur d'Europe de l'alliance passée avec ses alliés historiques Air France/KLM, démontre une fois de plus la faiblesse du groupe franco-néerlandais.

Et même si Air France/KLM parvient un jour à retrouver une santé financière (ce qu'on lui souhaite !), il est difficile d'imaginer que Delta/VIrgin acceptent de partager avec lui les bénéfices tirés de leur petite union.

Et si la filiale pour l'instant domestique de Virgin avait des velléités, dans un second temps, de drainer plus avant vers Heathrow la clientèle du continent, cela viderait d'autant plus le potentiel de l'autre alliance de Delta.

Il fallait d'ailleurs voir Richard Branson, le sémillant président du groupe Virgin, détacher la cravate de Richard Anderson, le CEO de Delta, devant le maire de New York, Michael Bloomberg, les représentants d'Air France un peu sidérés et un parterre de journalistes, lors de l'inauguration du terminal de JFK qui abrite d'ailleurs fort judicieusement les deux compagnies nouvellement alliées, pour se rendre compte qu'il y avait là plus que le potentiel d'un amour naissant...

Les dirigeants de Delta s'emploient à rassurer sur l'avenir de leur co-entreprise avec Air France/KLM, mais on peut s'interroger.

D'autant qu'ii n'y a aucun projet, pour l'instant, sur l'adhésion éventuelle de Virgin au cercle Skyteam...