Les guides Fodor's ont publié leur "no list" 2023, des lieux qu'il faut éviter de visiter - Capture écran
Ce sont les guides amĂ©ricains Fodorâs (crĂ©Ă©s il y a 80 ans) qui ont diffusĂ© la nouvelle via un communiquĂ© de presse. Leur nouvelle liste intitulĂ©e « Fodorâs No List 2023 » vient de paraĂźtre. De quoi sâagit-il ?
DĂšs 2016, les gĂ©ants du guide de voyages, sensibles aux problĂ©matiques de surtourisme publiaient une liste de destinations touristiques Ă Ă©viter. RassemblĂ©es sur le site de lâĂ©diteur, ces destinations Ă©taient alors relativement peu nombreuses.
On y trouvait la Grande barriÚre de corail, Miami Beach, New Delhi, Times square ou Dubaï considéré comme encore en construction donc ne valant pas le voyage ! ParallÚlement, des alternatives à ces destinations étaient proposées en proximité.
Deux ans, plus tard, en 2020, la « No list » reprenait du service et proposait cette fois dâĂ©viter Barcelone, Big Sur en Californie, le site dâAngkor, Bali, la montagne du Matterhorn dans lâHimalaya, les route des Keys en Floride... Et tant dâautres. Mais, cette annĂ©e, aprĂšs deux ans de Covid et de dĂ©cĂ©lĂ©ration du voyage international, les menaces se rapprochent et de nouvelles destinations augmentent la « No list 2023 ».
Il sâagit de destinations extrĂȘmement populaires comme Ătretat et les calanques de Cassis en France. Mais, il sâagit aussi de Lake Tahoe dans lâouest amĂ©ricain, Venise, Amsterdam, la cĂŽte amalfitaine, la Cornouailles, certains coins de ThaĂŻlande et dâHawaĂŻ, notamment de petites Ăźles menacĂ©es par la dĂ©gradation de la biodiversitĂ© et les pĂ©nuries dâeau dont les insulaires sont victimes au profit des touristes.
DĂšs 2016, les gĂ©ants du guide de voyages, sensibles aux problĂ©matiques de surtourisme publiaient une liste de destinations touristiques Ă Ă©viter. RassemblĂ©es sur le site de lâĂ©diteur, ces destinations Ă©taient alors relativement peu nombreuses.
On y trouvait la Grande barriÚre de corail, Miami Beach, New Delhi, Times square ou Dubaï considéré comme encore en construction donc ne valant pas le voyage ! ParallÚlement, des alternatives à ces destinations étaient proposées en proximité.
Deux ans, plus tard, en 2020, la « No list » reprenait du service et proposait cette fois dâĂ©viter Barcelone, Big Sur en Californie, le site dâAngkor, Bali, la montagne du Matterhorn dans lâHimalaya, les route des Keys en Floride... Et tant dâautres. Mais, cette annĂ©e, aprĂšs deux ans de Covid et de dĂ©cĂ©lĂ©ration du voyage international, les menaces se rapprochent et de nouvelles destinations augmentent la « No list 2023 ».
Il sâagit de destinations extrĂȘmement populaires comme Ătretat et les calanques de Cassis en France. Mais, il sâagit aussi de Lake Tahoe dans lâouest amĂ©ricain, Venise, Amsterdam, la cĂŽte amalfitaine, la Cornouailles, certains coins de ThaĂŻlande et dâHawaĂŻ, notamment de petites Ăźles menacĂ©es par la dĂ©gradation de la biodiversitĂ© et les pĂ©nuries dâeau dont les insulaires sont victimes au profit des touristes.
Une « No list » engagée, intelligente donc efficace
Car, et lĂ encore, la mutation est de taille, les auteurs de la « No List » ne se contentent pas de dĂ©noncer les risques courus par une destination. Ils expliquent avec force dĂ©tails, les raisons pour lesquelles certains sites doivent ĂȘtre Ă©vitĂ©s. Ainsi, si les phĂ©nomĂšnes de saturation sont effectivement dĂ©noncĂ©s, les menaces Ă©cologiques qui leur sont liĂ©es sont dĂ©taillĂ©es. Et mĂ©ritent de lâĂȘtre.
Car, tous les voyageurs ne sont pas forcĂ©ment au courant et conscients des dĂ©gĂąts quâils font subir au patrimoine naturel, Ă la biodiversitĂ© et aux populations locales. Ainsi, en Cornouailles par exemple, un auteur de la « No list » dĂ©nonce lâĂ©troitesse des routes, les nuisances subies par les habitations qui les bordent, la hausse de lâimmobilier nĂ©e des locations privĂ©esâŠ
En Antarctique, est soulignĂ© le problĂšme de la fonte accĂ©lĂ©rĂ©e de la glace Ă cause des bateaux, aussi peu nombreux soient-ils, qui Ă©mettent des charges Ă©normes de CO2 dĂ©truisant la flore et la faune maritime, tout en transportant des virus inconnus. MĂȘme souci Ă Lake Tahoe oĂč les particules fines Ă©mises par le trafic aĂ©rien et routier transforment les eaux du cĂ©lĂšbre lac.
Pour en revenir aux pĂ©nuries dâeau qui frappent aussi le Nevada et lâArizona, la baisse drastique des rĂ©serves est amplement Ă©voquĂ©e et expliquĂ©e⊠Ainsi que les effets en chaĂźne qui en dĂ©coulent : les coupures dâĂ©lectricitĂ© faute dâĂ©nergie pour faire tourner les centrales !
Sans compter que lâon dissuade aussi les touristes dâembarquer sur des croisiĂšres sur le Rhin et le Danube dont les niveaux ont dĂ©jĂ fortement baissĂ©âŠ
Car, tous les voyageurs ne sont pas forcĂ©ment au courant et conscients des dĂ©gĂąts quâils font subir au patrimoine naturel, Ă la biodiversitĂ© et aux populations locales. Ainsi, en Cornouailles par exemple, un auteur de la « No list » dĂ©nonce lâĂ©troitesse des routes, les nuisances subies par les habitations qui les bordent, la hausse de lâimmobilier nĂ©e des locations privĂ©esâŠ
En Antarctique, est soulignĂ© le problĂšme de la fonte accĂ©lĂ©rĂ©e de la glace Ă cause des bateaux, aussi peu nombreux soient-ils, qui Ă©mettent des charges Ă©normes de CO2 dĂ©truisant la flore et la faune maritime, tout en transportant des virus inconnus. MĂȘme souci Ă Lake Tahoe oĂč les particules fines Ă©mises par le trafic aĂ©rien et routier transforment les eaux du cĂ©lĂšbre lac.
Pour en revenir aux pĂ©nuries dâeau qui frappent aussi le Nevada et lâArizona, la baisse drastique des rĂ©serves est amplement Ă©voquĂ©e et expliquĂ©e⊠Ainsi que les effets en chaĂźne qui en dĂ©coulent : les coupures dâĂ©lectricitĂ© faute dâĂ©nergie pour faire tourner les centrales !
Sans compter que lâon dissuade aussi les touristes dâembarquer sur des croisiĂšres sur le Rhin et le Danube dont les niveaux ont dĂ©jĂ fortement baissĂ©âŠ
La vocation des guides réinventée par les "No lists"
Certes, les guides Fodor's ne sont pas les seuls Ă Ćuvrer dans le sens dâun contingentement de lâactivitĂ© touristique. Mais, force est de remarquer que le revirement dans le domaine est de taille. Il nây a pas si longtemps, la vocation de lâinformation touristique Ă©tait de mettre en valeur des sites et destinations jugĂ©es comme indispensables Ă la culture des voyageurs, tant pour leur esthĂ©tique que pour leur valeur historique et iconique.
Les plumes des auteurs de guides se confondaient en louanges et descriptions mirifiques capables dâattirer le public vers des essentiels du patrimoine mondial.
Les premiers guides Baedeker en Allemagne, Murray outre-Manche, les Guides Johanne en France (ancĂȘtres des Guides Bleu) remplissaient cette vocation, assortis de renseignements pratiques indispensables. Puis, ce fut le cas de Michelin et des guides du Touring club de France pour les automobilistes et les cyclotouristes et aprĂšs-guerre de tant dâautres prĂ©cieux ouvrages signĂ©s par les grands de lâĂ©dition.
DĂšs les premiers pas du tourisme, les voyageurs publiaient aussi des rĂ©cits dĂ©taillant leurs dĂ©placements, sâextasiant sur la beautĂ© ou la laideur du monde (voir dossier : les Ă©crivains voyageurs) tout en ne mĂ©nageant pas leurs critiques sur certains sites et les conditions pratiques dĂ©plorables dans lesquelles on voyageait.
Les plumes des auteurs de guides se confondaient en louanges et descriptions mirifiques capables dâattirer le public vers des essentiels du patrimoine mondial.
Les premiers guides Baedeker en Allemagne, Murray outre-Manche, les Guides Johanne en France (ancĂȘtres des Guides Bleu) remplissaient cette vocation, assortis de renseignements pratiques indispensables. Puis, ce fut le cas de Michelin et des guides du Touring club de France pour les automobilistes et les cyclotouristes et aprĂšs-guerre de tant dâautres prĂ©cieux ouvrages signĂ©s par les grands de lâĂ©dition.
DĂšs les premiers pas du tourisme, les voyageurs publiaient aussi des rĂ©cits dĂ©taillant leurs dĂ©placements, sâextasiant sur la beautĂ© ou la laideur du monde (voir dossier : les Ă©crivains voyageurs) tout en ne mĂ©nageant pas leurs critiques sur certains sites et les conditions pratiques dĂ©plorables dans lesquelles on voyageait.
« Comment ĂȘtre un meilleur voyageur dans les annĂ©es Ă venir ? »
En fait, le constat et la rĂ©flexion engagĂ©e par les Guides Fodorâs est simple : lâindustrie touristique ne peut poursuivre son essor au mĂȘme rythme de croissance et continuer dâenvoyer et accueillir des millions de touristes sur des zones fragiles ou en voie de fragilisation.
La rĂ©ponse des Ă©diteurs est donc tout aussi simple : conseillons aux voyageurs dâĂ©viter un certain nombre de destinations en pĂ©ril. Mais surtout Ă©duquons les. Quand on intitule un paragraphe de la « No list » : « Comment ĂȘtre un meilleur voyageur » et plus loin, un autre paragraphe : « How can travelers help » ! Il est clair que lâon a fait du chemin entre la premiĂšre « No List » et celle de cette annĂ©e.
Non seulement, il sâagit aujourdâhui de dissuader, mais on incite les touristes Ă diffuser lâinformation, Ă convaincre dâautres touristes du bien fondĂ© de la dĂ©marche et in fine, on les invite aussi Ă rĂ©parer les dĂ©gĂąts quâils font Ă travers des gestes utiles comme le ramassage des dĂ©chets, la plantation dâarbres, le nettoyage des plages et pistes de skiâŠ
Dâailleurs, Randy Durband, le CEO of the Global Sustainable Tourism Council (GSTC), prĂ©cise quâil nâa jamais voulu empĂȘcher les touristes de visiter certaines destinations. « On veut seulement les responsabiliser et les sensibiliser aux problĂ©matiques environnementales et humaines » affirme-t-il.
La rĂ©ponse des Ă©diteurs est donc tout aussi simple : conseillons aux voyageurs dâĂ©viter un certain nombre de destinations en pĂ©ril. Mais surtout Ă©duquons les. Quand on intitule un paragraphe de la « No list » : « Comment ĂȘtre un meilleur voyageur » et plus loin, un autre paragraphe : « How can travelers help » ! Il est clair que lâon a fait du chemin entre la premiĂšre « No List » et celle de cette annĂ©e.
Non seulement, il sâagit aujourdâhui de dissuader, mais on incite les touristes Ă diffuser lâinformation, Ă convaincre dâautres touristes du bien fondĂ© de la dĂ©marche et in fine, on les invite aussi Ă rĂ©parer les dĂ©gĂąts quâils font Ă travers des gestes utiles comme le ramassage des dĂ©chets, la plantation dâarbres, le nettoyage des plages et pistes de skiâŠ
Dâailleurs, Randy Durband, le CEO of the Global Sustainable Tourism Council (GSTC), prĂ©cise quâil nâa jamais voulu empĂȘcher les touristes de visiter certaines destinations. « On veut seulement les responsabiliser et les sensibiliser aux problĂ©matiques environnementales et humaines » affirme-t-il.
Mais, en mĂȘme temps, les « Go List » poursuivent le chemin inverse
Enfin, parallĂšlement Ă ce travail dont on ne peut que souhaiter quâil se dĂ©veloppe (et il devrait le faire) portĂ© aussi par tous les sites en ligne des ONG et associations diverses se battant pour la cause Ă©cologique, force est de constater que tous les sites de voyages ne sont pas sur la mĂȘme longueur dâondes.
Quand on ouvre le site des Guides Lonely Planet (les plus lus dans le monde), oĂč incite tâon le voyageur Ă poser ses valises ? A Petra en Jordanie ! Aux Ăźles GalĂĄpagos ! Dans des rĂ©serves africaines, au volant de vĂ©hicules hyper polluants et nocifs pour les animaux sauvages ! Dans le parc de Yellowstone pour observer « les grizzlis et les geysers » ou Ă Angkor et aux chutes dâIguaçu !
Et pourquoi pas un thĂ© dans un troquet au pied de lâAnnapurna alors que lâon connait les dĂ©gĂąts faits par les trekkeurs (les dĂ©chets notamment) ?
Sur le site des guides du Routard, pour 2023, ce nâest pas mieux. Sont recommandĂ©s : Lisbonne (la ville la plus saturĂ©e dâEurope), les aurores borĂ©ales en Scandinavie et Islande mais aussi les Ăźles des Canaries les plus prĂ©servĂ©es : La Gomera et El Hierro ou LanzaroteâŠ
Des Ăźles qui avaient une petite chance dâĂ©chapper Ă lâinvasion touristique et qui sont en train de la perdre. Non seulement, Lanzarote par exemple, a vu le nombre de vols directs augmenter, notamment depuis la France mais le JT de France 2 ne sâest pas privĂ© de dĂ©rouler un reportage sur ses atouts naturels sur les Ă©crans du 20 H !
Les paradoxes restent donc de mise et le combat des partisans dâun tourisme modĂ©rĂ© et sobre Ă©galement. Comme le combat entre « No list » et « Go list ». Mais espĂ©rons que les « No lists » lâemporteront.
Quand on ouvre le site des Guides Lonely Planet (les plus lus dans le monde), oĂč incite tâon le voyageur Ă poser ses valises ? A Petra en Jordanie ! Aux Ăźles GalĂĄpagos ! Dans des rĂ©serves africaines, au volant de vĂ©hicules hyper polluants et nocifs pour les animaux sauvages ! Dans le parc de Yellowstone pour observer « les grizzlis et les geysers » ou Ă Angkor et aux chutes dâIguaçu !
Et pourquoi pas un thĂ© dans un troquet au pied de lâAnnapurna alors que lâon connait les dĂ©gĂąts faits par les trekkeurs (les dĂ©chets notamment) ?
Sur le site des guides du Routard, pour 2023, ce nâest pas mieux. Sont recommandĂ©s : Lisbonne (la ville la plus saturĂ©e dâEurope), les aurores borĂ©ales en Scandinavie et Islande mais aussi les Ăźles des Canaries les plus prĂ©servĂ©es : La Gomera et El Hierro ou LanzaroteâŠ
Des Ăźles qui avaient une petite chance dâĂ©chapper Ă lâinvasion touristique et qui sont en train de la perdre. Non seulement, Lanzarote par exemple, a vu le nombre de vols directs augmenter, notamment depuis la France mais le JT de France 2 ne sâest pas privĂ© de dĂ©rouler un reportage sur ses atouts naturels sur les Ă©crans du 20 H !
Les paradoxes restent donc de mise et le combat des partisans dâun tourisme modĂ©rĂ© et sobre Ă©galement. Comme le combat entre « No list » et « Go list ». Mais espĂ©rons que les « No lists » lâemporteront.
Journaliste, consultante, confĂ©renciĂšre, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin dâen analyser les consĂ©quences sur le secteur du tourisme.
AprĂšs avoir dĂ©veloppĂ© pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de lâactualitĂ© oĂč elle dĂ©code le prĂ©sent pour prĂ©voir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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