De l’Amérique rurale à son orphelinat à Bogota, les voyages fondateurs d’Alexandre Alary

Dès que l’on évoque le tourisme durable, tous les regards se tournent vers Jean-Pierre Nadir, Jean-François Rial ou Guillaume Jouffre.

Et pourtant, après une carrière passée derrière le comptoir, Alexandre Alary décide de changer de vie et de transformer aussi celle de la profession. En 2021, il lance un collectif d’indépendants pour insuffler une vraie dose de durabilité dans le digital et la communication des entreprises du secteur.

Constatant que ces changements ne suffisent pas et que le secteur accuse un certain retard, il multiplie les initiatives avec l’envie de faire bouger les lignes.

Avant d’être entrepreneur dans le tourisme, le cofondateur de Desti'Durable a aussi été un jeune voyageur.

"Un de mes premiers voyages fut lié à l’apprentissage de l’anglais, et aussi à l’expérience de partir seul, sans ma famille, dans un pays que je ne connaissais pas.

Une immersion dans une famille américaine en Californie, non loin de Fresno : une famille d’agriculteurs. La mère écoutait du gospel et de la country, le père partait travailler très tôt le matin et rentrait tard le soir.

Les jours de repos, on faisait des cookies, le fils aîné passait de temps en temps avec sa Cadillac, et le petit dernier, fan de basket, partageait sa chambre avec moi.

J’aidais aussi à la ferme sur des tâches simples, mais qui étaient à mille lieues de ce que je faisais chez moi avec ma famille.

Une vraie famille américaine, avec leur maison au cœur de leur culture agricole, loin des grandes villes," nous partage-t-il.

Un voyage qui restera marquant pour le jeune homme.

Non seulement il se retrouve seul à des milliers de kilomètres de sa famille, mais en plus, il est immergé dans une culture totalement différente et une manière de vivre à l’opposé de son quotidien.

"Cela a été un vrai tournant, car j’ai pu grandir et passer de l’adolescence à l’âge adulte.

Parler une autre langue, que je ne maîtrisais pas complètement au départ, et revenir avec une vision élargie. Un véritable apprentissage en immersion, dans une famille différente.

On n’a pas besoin d’aller dans une communauté isolée en Amazonie pour découvrir des modes de vie très différents du sien.

Je me souviens des discussions au coucher du soleil, à parler de leur quotidien, de ce qui les avait poussés à devenir agriculteurs, de leur vision de l’Amérique et surtout du monde.

Ils étaient curieux de ma vie en France. Ils n’avaient jamais voyagé, mais en accueillant des jeunes venus pour perfectionner leur anglais, ils voyageaient à leur manière.

Cela m’a permis de réaliser que voyager, que ce soit loin ou à côté de chez soi, offre mille façons de s’enrichir des autres.

J’ai aussi compris l’importance de la terre que l’on visite, quel que soit le pays, et la nécessité de comprendre leur vision, leurs actions, ce qu’ils font pour avancer," poursuit Alexandre Alary.

C’est aussi, quelque part, lors de ce voyage qu’il a pris goût à l’entrepreneuriat.

En observant cette famille d’accueil travailler, il découvrait des journées pleines de sens. Ils lui ont aussi fait comprendre, d’une certaine manière, qu’il était indispensable de prendre soin de la terre, celle sur laquelle nous marchons, et plus largement de notre planète.

"Cette famille produisait également ses propres légumes, ses fruits.

Elle avait une vision en avance sur son temps. Prendre soin de la terre, des visiteurs et de la famille faisait partie de leur ADN. Ce fut une expérience essentielle pour moi. Cela m’a réellement fait grandir.

Mon engagement a commencé à cette période de l’adolescence, une période de construction et d’apprentissage qui façonne le reste de la vie.

La suite s’est faite de voyages personnels, toujours guidés par la même boussole : comprendre et rencontrer les habitants, quel que soit le pays. Quand on prend vraiment le temps de s’intéresser à eux…

En Crète, lors d’un voyage en solo, j’ai découvert une autre famille, profondément attachée à sa terre et animée par un désir puissant : protéger.

Une famille qui veillait sur ses enfants, ses animaux aussi, avec un refuge bricolé, mais rempli de cœur, pour offrir une seconde chance à des chats et chiens abandonnés.

Voir cette agilité dans l’adversité, cette capacité d’adaptation au climat, cette volonté de toujours avancer et transmettre malgré les difficultés m’a profondément marqué," se souvient-il.

Nous sommes alors dans les années 90. Si la pensée écologique commence à émerger, elle est loin d’être aussi présente qu’aujourd’hui.

Mais à travers ses voyages, le jeune Alexandre Alary se forge des convictions, une vision, et se dessine peu à peu les combats qu’il souhaite mener.

L’un des derniers voyages du fondateur de la DGT Academy s’est fait, cette fois-ci, en famille.

Un séjour pour se reconnecter à ses racines, à des milliers de kilomètres, un moment chargé de sens.

"C’était en Colombie, ce qui pour moi a été une évidence, en raison de mon passé d’enfant adopté tout petit à Bogota.

Revenir avec ma famille, voir mon orphelinat, retrouver une infirmière qui m’avait connu bébé, fouler la terre qui m’a vu naître, dans un monastère où ma mère m’a donné une chance en me confiant à cet orphelinat… cela a été une émotion immense.

Tout ce voyage a été ponctué de rencontres avec des personnes ayant une vraie flamme dans les yeux et dans le cœur, un accueil sincère et tellement ouvert pour partager leur vie.

Cela m’a confirmé, encore une fois et de façon profonde, que voyager est essentiel - mais voyager avec du sens, pour du sens, et revenir avec quelque chose en plus : s’enrichir, comprendre les difficultés, mais aussi les joies simples.

J’ai vu, une fois encore, cet attachement à la terre, à la planète, au vivant, qui fait partie intégrante de leur famille," nous partage non sans émotion, Alexandre Alary.

Et comme source d’inspiration, au-delà de ses voyages dans des familles très ancrées à leur territoire, l’entrepreneur aime suivre les aventuriers.

Une manière aussi de se reconnecter à des voyages simples.

"Mike Horn, qui se confronte à la nature rude de notre planète, mais qui, avec peu, accomplit beaucoup et pousse à se dépasser tout en comprenant la biodiversité et l’intelligence du vivant.

J’admire aussi Antoine de Maximy, pour ses voyages profondément humains. Il s’immerge sans se poser de questions, et il a une capacité de connexion avec les gens que je trouve remarquable.

Au final, en tant que père de deux enfants - enfin, deux adolescents -, j’espère pouvoir leur transmettre le goût de la rencontre, la curiosité, la compréhension de la différence.

Mais aussi qu’ils puissent s’enrichir des personnes croisées sur leur route, voir cette planète autrement, prendre conscience des défis auxquels nous faisons face, et découvrir les solutions que chacun met en œuvre pour avancer et préserver le vivant comme la planète," conclut Alexandre Alary.

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