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TMR et les tours du monde : les 1001 vies de Jean-Maurice Ravon [ABO]

Le 50e tour du monde aérien de TMR est programmé du 8 au 28 février 2026


Créée en 1989 par Jean-Maurice Ravon, la société TMR France s'est forgée une solide réputation en matière de voyages d'exception en réalisant déjà pas moins de quarante-huit tours du monde en avion dont neuf à bord du Concorde. Retour sur une vie d'aventures, ponctuée d'audace, de coups de poker, de tracas et de procès, mais aussi de succès.


Rédigé par le Jeudi 24 Juillet 2025

A 77 ans, Jean-Maurice Ravon dirige toujours l'agence de voyages marseillaise TMR, créée en 1989 et spécialisée dans les croisières aériennes autour du monde - Photo : TMR
A 77 ans, Jean-Maurice Ravon dirige toujours l'agence de voyages marseillaise TMR, créée en 1989 et spécialisée dans les croisières aériennes autour du monde - Photo : TMR
Si toutes les vies ne sont pas un roman, certaines semblent tout de même relever quelque peu de ce genre littéraire. Par exemple, celle de Jean-Maurice Ravon.

On peut apprécier - ou pas - le personnage et son parcours. Quoiqu'il en soit, le sien est un concentré d'aventures, d'audace, de coups de poker, de chance et sans doute aussi d'une capacité de résilience hors du commun.

A 77 ans, Jean-Maurice Ravon dirige toujours l'agence de voyages marseillaise TMR, créée en 1989 et spécialisée entre autres dans les croisières aériennes autour du monde qu'il a inventées et réalisées au rythme de deux (parfois trois) par an.

A ce jour, il en a réalisé quarante-huit, faisant ainsi voyager 6 500 privilégiés. La 49e partira en novembre prochain. "L'avion est déjà plein", assure-t-il. La suivante, la cinquantième donc, aura lieu en février 2026 et, promet-il, "l'avion est déjà à moitié plein".

Ne laissant rien au hasard pour remplir cet aéronef - un Boeing 777 tout de même -, Jean-Maurice Ravon s'est offert huit alléchantes pages de publi-rédactionnel, richement illustrées, dans Le Figaro Magazine début juin. Et autant, à la fin mai, dans Paris Match.

On n'ose pas imaginer ce que cela a pu coûter, mais ces titres à fort tirage sont lus par une clientèle à fort pouvoir d'achat. Très exactement celle que veut séduire l'entrepreneur marseillais.

"Ce sont les seniors qui voyagent, ce sont eux qui ont le temps et le pouvoir d'achat, pas les jeunes, même si on met ces derniers dans les pubs", observe, fataliste, Jean-Maurice Ravon. De fait, ce sont surtout des chef d'entreprise à la retraite et des commerçants aisés qui s'offrent ces "voyages d'une vie". "Le marketing, c'est l'essence même du métier. Avant de faire un produit, il faut savoir à qui le vendre", professe le dirigeant.

Sa cible, ce sont ceux qu'il est désormais coutume d'appeler les "boomers". Le patron de TMR doit savoir de ce dont il parle, puisque, né en 1947, il en est un lui-même.


Tours du monde : une aventure de 21 jours

Un 50e Tour du monde qui se veut de légende (© TMR)
Un 50e Tour du monde qui se veut de légende (© TMR)
Pour les deux prochaines croisières aériennes, le parcours, identique, s’effectuera d’ouest en est, ponctué d’étapes dans des lieux emblématiques que beaucoup rêvent de voir au moins une fois dans leur vie.

Pour commencer, Rio de Janeiro, ville du Brésil réputée pour son carnaval coloré, ses plages et son Christ du Corcovado. Ensuite, l'Argentine et les splendides chutes d'Iguaçu. L'étape suivante n'est rien moins que l’Île de Pâques aux 900 moaï (statues monumentales) toujours nimbés de mystères.

Les voyageurs feront ensuite escale à Tahiti, puis ils iront, en Australie, admirer la Baie de Sydney et son opéra iconique, avant de filer au Cambodge visiter les temples d'Angkor, puis au Vietnam, pour profiter d'Hanoï et de la Baie d’Halong.

Le périple se terminera par Samarcande (Ouzbékistan), ville légendaire de la "Route de la Soie" où les croisiéristes auront droit, en privé, à un spectacle son et lumières sur l'extraordinaire place du Régistan.

Cette aventure de 21 jours à bord d'un Boeing 777 spécialement affrété, est ouverte à 200 personnes. Elle se décline selon trois tarifs : 21 900€ par personne en classe Evasion (une classe économique améliorée); 38 900€ par personne en classe Premium ; et enfin, 69 000€ par personne en Première classe, où il n'y a que 28 places mais des flatbeds.

"Il faut faire face à toutes sortes de problèmes"

"Tout le monde bénéficie des mêmes plateaux repas. En Première classe, à bord, il y a bien sûr un peu plus de champagne et le personnel est plus nombreux.

Et, lors des escales, les voyageurs de Première classe se voient attribuer des suites dans les hôtels. Cependant, les différences ne sont pas énormes avec les voyageurs des autres classes
, précise Jean-Maurice Ravon. Il ne faut pas faire trop de différences entre les groupes pour ne pas attiser les jalousies", insiste-t-il.

Si l'organisation de tels périples se doit d'être sans faille - choix des destinations et des escales, repérage précis des lieux, sélection des hôtels, des restaurants et des excursions, temps de repos, prise en charge et suivi des bagages -, l'intendance ne peut pas l'être moins, souligne Jean-Maurice Ravon qui a accompagné bon nombre de ses croisières.

Il a confié les autres à un directeur de croisière très expérimenté. Car, insiste-t-il, "il faut être capable de faire face à toutes sortes de problèmes". Et des problèmes, en 38 ans, il y en a eu. Des pannes d'avion par exemple. Et aussi un ouragan phénoménal à Cairns, en Australie.

Mais le pire "cauchemar" a été l'escale (c'était la première du périple) au sultanat d'Oman en pleine intervention américaine en Irak début 1991. "Les clients ne voulaient plus partir", se souvient Jean-Maurice Ravon. "Déjà, à cause de la guerre, beaucoup de passagers avaient annulé. Nous sommes partis avec seulement 160 passagers. J'ai dû emprunter pour payer l'avion", se souvient-il.

S'étonne-t-on de cette difficulté, Jean-Maurice Ravon réplique qu'il en était à ses débuts. "A l'époque, je n'avais pas encore gagné beaucoup d'argent. Et puis, pendant la guerre en Irak, on ne vendait rien (en termes de voyages, ndlr)", s'excuse-t-il.

"Ce qui fait l'homme, c'est l'horizon"

Comme il ne manquait pas d'audace, Jean-Maurice Ravon a réussi, en 1987, à affréter un Concorde pour un premier tour du monde aérien - Photo : TMR
Comme il ne manquait pas d'audace, Jean-Maurice Ravon a réussi, en 1987, à affréter un Concorde pour un premier tour du monde aérien - Photo : TMR
Le patron de TMR n'en était pourtant plus à son coup d'essai. Marié à 19 ans - dans la foulée, son épouse et lui ont eu quatre enfants -, il avait dû interrompre ses études de droit pour "gagner sa vie".

Il s'était donc lancé dans le business du voyage avec une première agence avec laquelle, se souvient-il, "je vendais surtout des billets de train et je tirais le diable par la queue".

Ce fils d'instituteur, natif de Maison de Saint-Vincent-sur-Jard, en Vendée (commune où se trouve la maison de Georges Clemenceau), n'était pas homme à se contenter de si peu.

Aujourd'hui encore, il reste persuadé que "ce qui fait l'homme, c'est l'horizon", comme l'a écrit il y a bien longtemps Jean Favier dans un ouvrage intitulé "De l'or et des épices". Au reste, Jean-Maurice Ravon n'aime rien tant que contempler la mer, du côté de Saint-Malo où il possède une maison.

Comme il ne manquait pas d'audace, il a réussi, en 1987, à affréter - non sans difficulté - un Concorde pour un premier tour du monde aérien. "Chez Air France, on ne m'a d'abord pas pris au sérieux. J'étais jeune, j'étais de province, je n'avais pas de crédibilité. A l'époque, tout le monde disait que j'étais cinglé !", se souvient-il. Et pourtant, ce premier tour du monde aérien a fait le plein des 100 places du Concorde !

Une fois à la tête de TMR, sa deuxième agence, il ne cessera plus de concevoir les plus beaux voyages aux quatre coins de la planète grâce à des moyens de transport "hors du commun".

Son audace le poussera, entre autres, à ressusciter une légende en faisant revenir l’ex-paquebot France en Méditerranée pour un ultime voyage.

Son audace l'a surtout poussé à miser à fond sur le Concorde. Malgré les bâtons dans les roues mis très vite par un concurrent, il réussira à réaliser 9 croisières aériennes en Concorde, prenant même - autre coup de maître - comme conférencier, Alain Turcat qui fut le premier pilote d’essai du célèbre supersonique. "Il habitait à Aix-en-Provence, je suis allé le voir", glisse Jean-Maurice Ravon, comme si la chose allait de soi.

En 1999, pour les trente ans du supersonique de légende, il a proposé à ses clients des vols en boucle - deux par jour ! - à bord du Concorde. "C'était toujours plein !", s'exclame-t-il.

Pour clore cette année anniversaire, il a monté un week-end à New-York avec une nuit dans le mythique hôtel Wardorf Astoria. Puis, pour le Nouvel An 2000, il a organisé le réveillon à bord d'un Concorde. "Il y avait une ambiance formidable !", se souvient-il, encore ému.

Et d'ajouter : "A l'époque, à moi seul, je faisais 50% de tous les affrètements de Concorde dans le monde. J'ai fait de sacrées marges !"

Une bagarre avec le fisc conclu par "l'arrêt" de la CEDH

Le terrible crash (113 morts) d'un Concorde, juste après son décollage de l'aéroport de Roissy le 25 juillet 2000, a signé la fin de cette épopée, les Concorde étant désormais interdits de voler. "J'ai perdu beaucoup d'argent, car j'avais payé d'avance les hôtels pour les week-ends que j'organisais à New-York, avec vols en Concorde", se souvient-il.

D'autres ne s'en seraient pas remis, Jean-Maurice Ravon, lui, "s'est relevé". Par chance, son agence travaillait aussi beaucoup sur la France. En outre, il a continué ses tours du monde aériens autrement, en affrétant, non sans quelques péripéties, les avions d'autres compagnies (portugaise, américaine, etc.).

Si l'aventure de TMR s'est poursuivie, la vie de Jean-Maurice Ravon n'a jamais été un long fleuve tranquille. "On m'avait prévenu, assure-t-il. On m'avait dit : méfiez-vous, dans la vie, les ratés ne vous ratent jamais".

Des "bagarres" avec des concurrents, avec des compagnies aériennes, avec des brokers aériens mais aussi avec le fisc, il en a eu de toutes sortes, des procès aussi. "J'ai eu des contrôles fiscaux à répétition. J'avais un ennemi qui m'a dénoncé à l'administration pour achats illicites", avance cet homme qui ne se laisse pas facilement démonter.

"J'ai aussi été perquisitionné par le fisc de manière illégale. Le fisc n'a rien trouvé", assure-t-il.

Pour finir, c'est lui qui a fait condamner la France par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour "violation du droit à un procès équitable". Cet épisode est désormais connu de tous les juristes sous le nom de "arrêt Ravon".

Dans la foulée, le droit applicable en matière de perquisitions fiscales a été modifié par le législateur français dans un sens plus protecteur du contribuable par la loi de modernisation de l'économie votée le 4 août 2008.

Un bilan carbone "pas catastrophique"

"J'ai eu une vie très mouvementée, mais j'ai toujours continué à travailler", s'enorgueillit Jean-Maurice Ravon.

Ces croisières aériennes dont il est si fier ne sont-elles cependant pas anachroniques à l'heure où l'usage de l'avion est de plus en plus décrié par les défenseurs de l'environnement qui lui reprochent de contribuer largement aux émissions de gaz à effet de serre responsable des bouleversements climatiques ?

A en croire Jean-Maurice Ravon, le bilan carbone de ces tours du monde aérien n'est pas catastrophique, contrairement à ce qui peut se dire. "Lors de mes tours du monde, l'avion vole seulement 62 heures en trois semaines. En temps normal, un avion vole 14 heures par jour. Faites le compte !", s'exclame-t-il en ajoutant un peu fanfaron : "les écologistes disent ce qu'ils veulent. Les clients, eux, sont contents. D'ailleurs, ils viennent et reviennent".

Le flygskam ou l'avion-bashing ne semblent pas le tracasser outre mesure. "On attaque sans cesse l'avion, mais il y a tant d'autres choses, bien plus graves, qu'il faut taire, notamment à propos des Gafam. Ce qui pollue le plus aujourd'hui, c'est le numérique ! Chaque fois que l'on envoie un mail, chaque fois que l'on fait livrer un colis par Amazon, on pollue !", souligne-t-il.

Cinquante tours du monde, et après ?

A 77 ans, après une vie aussi bien remplie, n'a-t-il pas envie de raccrocher les gants ? Manifestement, Jean-Maurice Ravon voulait d'abord arriver au chiffre symbolique de "cinquante" tours du monde aériens. Ce sera chose faite à la fin février 2026.

Et après ?

Déjà, pendant le Covid, TMR a dû réduire la voilure. Lorsque la pandémie s'est éloignée, Jean-Maurice Ravon n'a pas repris l'organisation de croisières maritimes. "Chez TMR, nous étions 17 avant le Covid. Désormais, nous ne sommes plus que 10", dit-il.

Pour reprendre les croisières, il aurait fallu réembaucher. "Mais, après le Covid, partout dans le monde, les mentalités ont changé, sauf en Asie. Comme beaucoup, je n'ai pas trouvé le personnel qualifié dont j'aurais eu besoin.

Or, le luxe, comme vous le savez, est synonyme de service. Il faut donc le personnel vraiment adéquat"
, explique-t-il. Une difficulté largement partagée par le monde de l'hôtellerie-restauration et même du tourisme.

Aujourd'hui, la "hantise" de cet homme pourtant apparemment en bonne santé, c'est d'abord de tomber malade.

Ses enfants ne semblent pas intéressés par la reprise de son agence, ses petits-enfants, il ne sait pas encore. "Reprendre TMR, cela suppose de prendre un peu de risque et pas mal de décisions", insiste-t-il, avant d'ajouter, soudain un peu triste : "Je n'exclus plus de vendre TMR".

Encore lui faudrait-il trouver un acquéreur. Pas si simple, peut-être.

Autre hypothèse : organiser la reprise de son agence par ses collaborateurs. Mais sont-ils prêts à se lancer, se sentent-ils les épaules assez larges pour cette aventure ? Jean-Maurice Ravon marque une pause puis botte en touche : "Mes employés s'interrogent. Il faut que j'en discute avec eux".

En attendant d'être fixé, Jean-Maurice Ravon continue à faire parler de TMR. Poursuivie en justice par des clients, l'agence - qui s'est pourvue en Casssation - a permis à la distribution de remporter une victoire importante.

La Cour de cassation a, en effet, estimé que l’agence est en droit de se retourner contre l’organisateur du voyage, sans même avoir à justifier d'une quelconque faute du TO.

Un nouveau coup de maître pour Jean-Maurice Ravon !

PAULA BOYER Publié par Paula Boyer Responsable rubrique LuxuryTravelMaG - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Baladi le 24/07/2025 10:43 | Alerter
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Il ne change pas physiquement: Toujours serein et marmoréen ! Toujours maître de lui ! Il fronce un peu les sourcils préoccupé. Toujours poli même énervé. En tous cas des nerfs solides. Toute la “Nomenklatura” qu’il méprisait un peu, annonçait son dépôt prochain et l’arrêt de ses campagnes de Pub “fake news” . C’est un grand professionnel qui n’a presque jamais dépassé ses risques . Bravo ! L’artiste !
baladi

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