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TSBA : "Cette hausse n'est pas provisoire, mais pérenne" [ABO]

Interview de Pascal de Izaguirre, le président de la FNAM


L’aérien est aujourd’hui à la croisée des chemins. Après un Projet de Loi de Finances 2025 défavorable au secteur, en raison de la forte augmentation de la Taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA), la filière reste sur le qui-vive, alors que s’annonce déjà le PLF 2026. Cette fois-ci, le gouvernement semble vouloir jouer l’apaisement. Mais dans une période de crise aiguë de la dette, nul ne sait véritablement de quoi l’avenir sera fait. Pascal de Izaguirre, président de la FNAM, fait le point sur la situation.


Rédigé par le Vendredi 25 Juillet 2025

"Le transport aérien doit tout faire pour respecter ses objectifs de décarbonation" - Depositphotos @gunnar3000
"Le transport aérien doit tout faire pour respecter ses objectifs de décarbonation" - Depositphotos @gunnar3000
TourMaG - Après une première partie d’interview consacrée à Corsair, parlons de votre autre casquette : celle de président de la FNAM. Contrairement à Michel Barnier, François Bayrou n’a pas mentionné l’aérien lors de la présentation du Projet de Loi de Finances 2026. Faut-il s’attendre à un rattrapage ou à des contributions particulières pour le secteur ?

Pascal de Izaguirre :
Dernièrement, Matignon s’est prononcé en affirmant qu’il ne fallait pas alourdir la fiscalité du secteur.

Notre ministre de tutelle, M. Tabarot, nous soutient sur ce sujet. À cela s’ajoute la déclaration du chef de l’État lors du Salon du Bourget, qui a demandé au ministre des Transports de veiller à ce que le gouvernement rétablisse la lisibilité et la compétitivité des pavillons français.

Le fait que l’aérien n’ait pas été explicitement mentionné par François Bayrou dans son discours est un premier signal positif. Vous n’êtes pas sans savoir que les discussions budgétaires sont longues et souvent jalonnées de rebondissements.

La copie du gouvernement n’est peut-être pas définitive. Puis il y aura les discussions au Parlement. Nous restons combatifs et vigilants non pas pour échapper à toute fiscalité, mais pour éviter une surcharge, car le secteur a déjà beaucoup à faire en matière de décarbonation.

Nous considérons que la coupe est pleine.


Aérien : "Un transport de riches pour des vieux Franciliens"

TourMaG - Vous vous plaignez aussi d’un problème de perception…

Pascal de Izaguirre :
L'aérien est encore vu comme un transport de riches, pour de vieux Franciliens voyageant pour des motifs futiles.

C’est ce que m’avait dit un précédent ministre, qui n’est pas resté longtemps en poste. En revanche, l’actuel ministre des Transports, je le répète, nous soutient, et je tiens à le souligner. C’est un fervent défenseur du transport aérien.

Nous avons récemment publié une enquête sociologique sur la typologie des passagers et les motifs de déplacement en avion, qui dynamite complètement ce cliché. Mais les stéréotypes ont la vie dure.

Le transport aérien, aujourd’hui, s’est démocratisé, s’est banalisé, il rajeunit et devient de plus en plus socialement mixte.

L’étude le démontre. Mais malheureusement, nous avons encore le sentiment que, finalement, quand on taxe l’aérien, on pense faire payer les riches. Et comme ils voyagent pour leur plaisir, cela semble normal qu’ils soient taxés.

Nous avons encore beaucoup de travail à faire. Nous sommes très actifs et restons extrêmement vigilants.

Nous menons de nombreux entretiens au sein des sphères ministérielles, justement pour faire passer notre message. La FNAM ne parle pas seule : l’union fait la force.

Nous nous sommes beaucoup rapprochés, par exemple, de l’Union des aéroports français, des Entreprises du Voyage, présidées par Valérie Boned, du SETO avec René-Marc Chikli et désormais Patrice Caradec, mais aussi de la CAT, la Confédération des Acteurs du Tourisme, présidée par Jean-Virgile Crance.

Le transport aérien, c’est aussi un levier de connectivité et un atout majeur pour l’attractivité touristique du pays.

J’ai rencontré Nathalie Delattre (ministre déléguée en charge du Tourisme, ndlr) lors d’un séminaire de la CAT. Quand vous travaillez au développement de l’attractivité touristique du pays, cela ne peut pas se faire sans un transport aérien fort.

TSBA : "Cette hausse n'est pas provisoire, elle est pérenne"

TourMaG - La Taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) est-elle liée au PLF 25 ou est-elle définitive ?

Pascal de Izaguirre :
Elle n’est pas limitée à l’année 2025, c’est une augmentation entrée en vigueur le 1er mars.

Cette hausse n’est pas provisoire, elle n’est pas vouée à disparaître : elle est pérenne.

Cela signifie qu’elle sera reconduite en 2026. Selon nous, une nouvelle augmentation de taxe, ou tout simplement l’introduction d’un nouvel impôt, serait de trop pour le secteur.

Je rappelle qu’en 2025, la hausse des taxes que nous avons subie représente 1,35 milliard d’euros supplémentaires, portant la contribution globale du transport aérien à 4 milliards d’euros.

Nous demandons de la stabilité, d’où notre appel à un moratoire fiscal.


TourMaG - À plus long terme, êtes-vous inquiet de la situation économique de la France ? Craignez-vous que l’État français emporte avec lui l’industrie ?

Pascal de Izaguirre :
Dans la version actuelle du texte, le gouvernement n’a pas mis l’accent sur une revalorisation de la fiscalité des entreprises.

Sur ce sujet, nous sommes attentifs, mais nous n’avons pas de source majeure d’inquiétude.

En revanche, ce qui peut nous inquiéter, c’est l’instabilité politique. Elle a des conséquences sur le comportement des consommateurs, et plus globalement, sur le moral des Français.

Les citoyens comme les chefs d’entreprise détestent l’incertitude.

L’absence de visibilité sur l’avenir du pays a une incidence négative sur les ménages et les entreprises. Ces dernières vont retarder leurs décisions, différer leurs investissements, et les citoyens vont restreindre leurs dépenses, par crainte d’une hausse future des impôts.

Cette ambiance peut peser sur le secteur du tourisme, même si nous constatons que les voyages ont regagné une place importante dans la hiérarchie des priorités de consommation des Français. Malgré tout, les aéroports et les avions sont pleins.

"Cette hétérogénéité sur les bagages n’est pas optimale pour les consommateurs"

TourMaG - Il y a une certaine résilience de l’envie de partir, mais va-t-elle résister aux idées du gouvernement de supprimer deux jours fériés et la cinquième semaine de congés payés ? Que pensez-vous de ces dispositions ?

Pascal de Izaguirre :
Le mauvais signal serait d’ajouter une nouvelle hausse de la fiscalité sur le transport aérien.

Cela étant dit, nous avons conscience de la situation : il est indispensable de faire des économies, nous les premiers. On ne peut pas reprocher à l’État de trop dépenser sans nous remettre en question et sans participer à l’effort de réduction de la dette.


TourMaG - Dernièrement, le Parlement européen a validé l’instauration de dimensions standard pour les bagages cabine, ainsi que leur gratuité. Est-ce une bonne chose pour les compagnies traditionnelles face à la montée en puissance des low cost ?

Pascal de Izaguirre :
Je ne vise aucune compagnie en particulier, mais il faut reconnaître qu’il n’est pas simple pour les passagers de s’y retrouver dans le maquis des règles propres à chaque transporteur.

Cette hétérogénéité sur les bagages n’est pas optimale pour les consommateurs.

L’harmonisation me paraît bénéfique pour les voyageurs. D’ailleurs, c’est aussi positif pour les compagnies, qui pourront mieux s’organiser quant à la gestion des bagages en soute ou en cabine..

"Le transport aérien doit tout faire pour respecter ses objectifs de décarbonation"

TourMaG - Dernièrement, le patron de l’IATA a exigé que l’Union européenne réévalue ses objectifs de décarbonation imposés à l’aérien. N’est-ce pas prendre le sujet à l’envers ?

Pascal de Izaguirre :
À la FNAM, nous ne demandons absolument pas une remise en cause des objectifs de décarbonation, ni un retour en arrière.

Il est prévu que dès cette année, les compagnies utilisent 2 % de carburant durable dans leur mélange. Nous devrions atteindre 6 % en 2030, avant de viser 70 % d’ici à 2050.

Nous avons l’intention de les atteindre et de respecter la feuille de route que nous avons présentée.

Cela passera par la mise à disposition du fameux SAF, le carburant durable, qui devrait représenter 60 % de l’effort global de décarbonation. C’est sur ce point que nous sollicitons un coup de pouce de l’État : qu’il favorise l’émergence d’une filière de production nationale, qu’il joue un rôle de catalyseur.

L’étape la plus difficile ne sera pas 2030, mais 2035, où nous devrons atteindre 20 % de carburant durable.

Je pense que le transport aérien doit tout mettre en œuvre pour atteindre ses objectifs de décarbonation, car s’il veut continuer à être légitime et crédible, il doit être capable de se transformer.

Nous ne pouvons pas dire que nous n’y arriverons pas, ce serait envoyer un signal extrêmement négatif. Nous devons impérativement respecter ces engagements..


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