
Salaires, démographie, situation géopolitique... les vacances des Européens sont-elles en danger ? - DepositPhotos.com, AntonMatyukha
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Premier constat illustrant clairement notre propos : une destination comme la Grèce s’enorgueillit des quelque 40 millions d’arrivées touristiques enregistrées en 2024.
Soit un bond gigantesque de 25 millions de touristes depuis 2010. Et cela par rapport à une dizaine de millions d’habitants. Une situation que nous avons jugée préoccupante dans un article précédent.
Mais, en matière de vacances, il est tout aussi préoccupant de constater qu’un Grec sur deux n’envisage pas de partir en vacances cette année. Ils sont 46% (âgés de plus de 16 ans) à ne pas pouvoir s’offrir une seule semaine hors de leur domicile, selon les données d’Eurostat.
Alors que le taux moyen européen de non partants s’élève à 27% dans l’Union Européenne, la Grèce arrive donc en deuxième position des pays frappés par ce que l’on commence à nommer : la « Holiday poverty ».
Pire ! Une autre étude estime à 56% le taux de non départs. Et juste derrière la Grèce qui trouvons-nous ? La Bulgarie (41%), tandis que la Roumanie, avec un taux de 58,6% de non départs, est maillot jaune.
Des chiffres d’autant plus inquiétants qu’ils indiquent une augmentation de 1,5% par rapport à l’année précédente, mais surtout de plus de 10% par rapport à 2014 !
Les clivages nord/sud se perpétuent

Quant aux Français, il semble, selon la comptabilité d’Eurostat (qui n’est pas la même que celle de l’Insee), qu’ils sont moins de 25% dans ce cas, alors que les Portugais sont plus de 35% dans cette situation.
Des salaires minimum faibles
Bien évidemment, la première cause de ce délitement est d’ordre économique.
Elle se reflète donc dans l’échelle des salaires recensés par Eurostat qui, bien évidemment ne tiennent pas compte de l’économie informelle qui, dans de nombreux pays de l’UE fait encore florès.
Elle se reflète donc dans l’échelle des salaires recensés par Eurostat qui, bien évidemment ne tiennent pas compte de l’économie informelle qui, dans de nombreux pays de l’UE fait encore florès.
Les salaires moyens hors économie informelle
Entre le 1er janvier 2015 et le 1er janvier 2025, les salaires minimum ont presque triplé en Roumanie par exemple, et plus que doublé en Lituanie, Bulgarie, Croatie et Pologne. Les plus faibles augmentations sont à noter en France et à Malte.
Les salaires minimum les plus élevés se trouvent quant à eux en Allemagne, au Luxembourg, mais aussi en Irlande.
Au Luxembourg, le salaire minimum atteignait 2 000 euros l’an dernier mais est passé à 2 650 euros cette année, contre 1 000 euros en Hongrie, 1 750 euros en France et 2 250 euros en Irlande.
Quant aux Grecs, ils touchent un salaire minimum de moins de 1 000 euros !
Les Albanais, eux, sont à moins de 500 euros. Les Bulgares ont environ 550 euros. Les Espagnols pour leur part, touchent environ 1 350 euros par mois.
Et puis, il y a aussi tous ceux qui touchent moins que le salaire minimum !
* Ces montants sont des montants bruts, avant déductions. Mais certains pays comme le Danemark, la Finlande, l’Italie n'ont pas de salaires minimum !
Les salaires minimum les plus élevés se trouvent quant à eux en Allemagne, au Luxembourg, mais aussi en Irlande.
Au Luxembourg, le salaire minimum atteignait 2 000 euros l’an dernier mais est passé à 2 650 euros cette année, contre 1 000 euros en Hongrie, 1 750 euros en France et 2 250 euros en Irlande.
Quant aux Grecs, ils touchent un salaire minimum de moins de 1 000 euros !
Les Albanais, eux, sont à moins de 500 euros. Les Bulgares ont environ 550 euros. Les Espagnols pour leur part, touchent environ 1 350 euros par mois.
Et puis, il y a aussi tous ceux qui touchent moins que le salaire minimum !
* Ces montants sont des montants bruts, avant déductions. Mais certains pays comme le Danemark, la Finlande, l’Italie n'ont pas de salaires minimum !
Des restrictions en vue
De telles préoccupations indiquent forcément que les dépenses des vacanciers de 2025 ne seront pas à la hausse, mais plutôt à la baisse.
On se limitera sur tout, notamment sur le restaurant en prévoyant des repas à domicile et on réduira la part des dépenses de loisirs payants : musées, parcs à thèmes, stages sportifs, etc.
Est-ce également pour cette raison que beaucoup font le choix de partir à l’étranger, malgré une appétence pour la destination France ? Probablement.
Une étude réalisée il y a 5 ans par Atout France le démontrait. Passer des vacances marchandes en France a un coût nettement plus élevé que dans des destinations comme l’Espagne, la Grèce, la Tunisie, etc.
De plus, le billet d’avion, qu’on le veuille ou non, est moins élevé que le billet de train qui, durant les vacances scolaires s’envole et, pire, affiche d’ores et déjà complet !
On se limitera sur tout, notamment sur le restaurant en prévoyant des repas à domicile et on réduira la part des dépenses de loisirs payants : musées, parcs à thèmes, stages sportifs, etc.
Est-ce également pour cette raison que beaucoup font le choix de partir à l’étranger, malgré une appétence pour la destination France ? Probablement.
Une étude réalisée il y a 5 ans par Atout France le démontrait. Passer des vacances marchandes en France a un coût nettement plus élevé que dans des destinations comme l’Espagne, la Grèce, la Tunisie, etc.
De plus, le billet d’avion, qu’on le veuille ou non, est moins élevé que le billet de train qui, durant les vacances scolaires s’envole et, pire, affiche d’ores et déjà complet !
- Selon le baromètre d’Europ Assistance, dont c’est la 24e édition en 2025, près de la moitié des Français qui ne partiront pas cet été (47%, -8 pts vs 2023) citent le budget comme barrière principale ;
- Le budget moyen consacré aux vacances des Français s’élève à 1 774€ cette année, en légère baisse depuis 2023 (-35€, soit une baisse de 2%) et nettement inférieur à la moyenne des vacanciers européens se situant à 2 080€ ;
- Les cadres sont les plus dépensiers : 2 334 € contre 967 euros pour les étudiants ;
- Selon les chiffres d’Alliance France Tourisme, il serait de 1 820 euros ;
Lire aussi : Budget vacances d'été : voici pourquoi 26 % des Français ne partiront pas…
- Le budget moyen consacré aux vacances des Français s’élève à 1 774€ cette année, en légère baisse depuis 2023 (-35€, soit une baisse de 2%) et nettement inférieur à la moyenne des vacanciers européens se situant à 2 080€ ;
- Les cadres sont les plus dépensiers : 2 334 € contre 967 euros pour les étudiants ;
- Selon les chiffres d’Alliance France Tourisme, il serait de 1 820 euros ;
Lire aussi : Budget vacances d'été : voici pourquoi 26 % des Français ne partiront pas…
Il n’y a pas que l’économie !
Même si les salaires sont à la base d’une chute des départs, d’autres causes sont à distinguer et à imputer à la démographie.
D’une part, la population européenne baisse globalement (environ 7%). D’autre part, nos pays européens vieillissent.
D’ici à 2030, la proportion de personnes âgées de plus de 65 ans bondirait à 32%, contre seulement 21,6% actuellement. Une situation qui conduirait à une série de défis économiques majeurs, comme la hausse des dépenses de protection sociale ou des pénuries de main-d’œuvre.
Mais, elle conduit d’ores et déjà à freiner les départs des plus âgés des seniors, soit ceux du quatrième âge. Lesquels freinent également les départs de quelques-uns de leurs proches.
Compte tenu de la rareté des structures d’accueil pour le grand âge, n’oublions pas que ce sont les aidants qui compensent la pénurie de personnel. Ce qui les prive souvent de vacances.
D’une part, la population européenne baisse globalement (environ 7%). D’autre part, nos pays européens vieillissent.
D’ici à 2030, la proportion de personnes âgées de plus de 65 ans bondirait à 32%, contre seulement 21,6% actuellement. Une situation qui conduirait à une série de défis économiques majeurs, comme la hausse des dépenses de protection sociale ou des pénuries de main-d’œuvre.
Mais, elle conduit d’ores et déjà à freiner les départs des plus âgés des seniors, soit ceux du quatrième âge. Lesquels freinent également les départs de quelques-uns de leurs proches.
Compte tenu de la rareté des structures d’accueil pour le grand âge, n’oublions pas que ce sont les aidants qui compensent la pénurie de personnel. Ce qui les prive souvent de vacances.
Quand la démographie jouera contre le tourisme
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Autres phénomènes : la situation géopolitique qui en inquiète plus d’un, ainsi que les crises climatiques pouvant provoquer de façon récurrente et accélérée incendies, canicules, inondations…
N’oublions pas non plus que certains doivent travailler durant la période estivale et n’ont plus la possibilité de partir à la rentrée.
N’oublions pas enfin, la masse de ceux qui se trouvent bien chez eux et n’ont aucune envie de se déplacer pour affronter les foules. Surtout quand ils ont un jardin, une piscine et vivent dans des régions au climat clément.
Mais enfin, ne négligeons pas le fait que nous n’en sommes qu’au début d’un processus démographique tendant à réduire considérablement la population européenne.
En 2100, selon un scénario pessimiste, les Vingt-Sept ne compteraient plus que 295 millions d'habitants et aucun pays ne serait épargné par cette baisse. C'est en Italie et en Espagne surtout que le constat est le plus saisissant.
Les deux pays verraient tout simplement leur population divisée par deux, accusant respectivement des baisses de 30 et 24 millions d'habitants. Autre diminution spectaculaire en Allemagne avec 31 millions d'habitants en moins, soit 37% de la population !
Et même si la France ne perd que 13% de sa population, de telles réductions ne peuvent occulter la nécessité de prévoir d’ores et déjà de limiter les nouveaux aménagements et structures touristiques, notamment les hébergements… à moins d’engager des stratégies de conquête de nouvelles clientèles plus nombreuses, capables de remplacer les clientèles européennes et nationales.
Voila un sujet de prospective qu’il faudra d’autant plus aborder que les Européens sont les premières clientèles touristiques de l’Europe !
N’oublions pas non plus que certains doivent travailler durant la période estivale et n’ont plus la possibilité de partir à la rentrée.
N’oublions pas enfin, la masse de ceux qui se trouvent bien chez eux et n’ont aucune envie de se déplacer pour affronter les foules. Surtout quand ils ont un jardin, une piscine et vivent dans des régions au climat clément.
Mais enfin, ne négligeons pas le fait que nous n’en sommes qu’au début d’un processus démographique tendant à réduire considérablement la population européenne.
En 2100, selon un scénario pessimiste, les Vingt-Sept ne compteraient plus que 295 millions d'habitants et aucun pays ne serait épargné par cette baisse. C'est en Italie et en Espagne surtout que le constat est le plus saisissant.
Les deux pays verraient tout simplement leur population divisée par deux, accusant respectivement des baisses de 30 et 24 millions d'habitants. Autre diminution spectaculaire en Allemagne avec 31 millions d'habitants en moins, soit 37% de la population !
Et même si la France ne perd que 13% de sa population, de telles réductions ne peuvent occulter la nécessité de prévoir d’ores et déjà de limiter les nouveaux aménagements et structures touristiques, notamment les hébergements… à moins d’engager des stratégies de conquête de nouvelles clientèles plus nombreuses, capables de remplacer les clientèles européennes et nationales.
Voila un sujet de prospective qu’il faudra d’autant plus aborder que les Européens sont les premières clientèles touristiques de l’Europe !
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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