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Tour de France, nature, nostalgie : le bel avenir de la vélo-mania [ABO]

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


A l’heure où l’on ne voit l’avenir qu’à l’aune des développements de l’Intelligence Artificielle, il est un futur bien moins spectaculaire mais bien plus probable, c’est celui qui concerne les pratiques sportives et touristiques. Alors que la 112e édition du Tour de France commence à dévaler les routes de France, où en est la passion des Français et de tant d’autres nationalités pour la « petite reine » et ses nouvelles déclinaisons ? Et où en est le cyclotourisme ? Décryptage.


Rédigé par le Mercredi 9 Juillet 2025

Tour de France, nature, nostalgie : le bel avenir de la vélo-mania - Depositphotos.com Auteur rokas91
Tour de France, nature, nostalgie : le bel avenir de la vélo-mania - Depositphotos.com Auteur rokas91
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Plus d’un million de spectateurs, malgré la pluie, se sont pressés à Lille au départ et le long de la première étape du Tour de France. Une fois de plus, les Hauts-de-France ont démontré leur passion pour un événement sportif indétrônable qui, depuis 1903 (hormis les périodes de guerre) enchante les routes de l’Hexagone.

Tout aussi révélateur de l’engouement de nos compatriotes pour le cyclisme : le nombre de téléspectateurs qui cette année a dépassé les 3 millions alors qu’au niveau mondial, on estime que le Tour enregistre (selon les organisateurs) près de 3.5 milliards de téléspectateurs issus de 190 pays.

Moins que le football mais particulièrement populaire parmi toutes les générations et nationalités, l’événement, comme l’explique le sociologue Jean Viard « est à la fois gratuit, simple et surtout particulièrement festif ». Selon lui, « nombreux sont les vacanciers qui choisissent de se déplacer parallèlement à l’itinéraire du Tour, déploient leur camping-car dans des « spots » repérés à l’avance et se massent le long des routes pour applaudir leurs champions ».

Un constat particulièrement pertinent qui se vérifie d’une année sur l’autre et se justifie par l’excellente organisation de l’événement qui, rappelons-le, mobilise 4 à 5000 personnes par jour pendant trois semaines, accueille au total environ 10 à 12 millions de « fans » dans une grande traversée de la France ( avec quelques incursions européennes), et génère :

-150 millions d’euros de retombées économiques
- 90 M€ de droits de retransmission
- 37,5M€ des revenus commerciaux sponsoring et marketing
- 22,5 M€ de revenus réglés par les villes-étapes.

A la fois sport, spectacle et fête, le cyclisme est, il est vrai, particulièrement cher à de nombreuses populations mais aussi à de nombreux élus locaux qui jouent des coudes pour constituer une ville étape ou au moins recevoir le passage du Tour.

Ainsi, le maire d’Orléans particulièrement enthousiaste, a fait son possible pour épingler sa ville sur la carte de l’événement et peu importe le prix. Pour lui et ses confrères : « la dépense ( de l’ordre de 90 000 à 130 000 euros) est faible par rapport aux retombées économiques générées tant par les sportifs et les organisateurs que par le public qui en profite souvent pour découvrir les richesses touristiques de la région traversée par les cyclistes ».

Souvent évoquée la dimension touristique de l’événement est bien réelle. Oui, le Tour attire sur le court terme mais également sur le long terme. Quand on suit les étapes de montagne pyrénéennes sur son petit écran, cela ne donne-t-il pas envie de les découvrir ?


Jean Viard sur France info, à propos du Tour de France

« Des téléspectateurs du monde entier voient la France, ses châteaux, ses montagnes, ses rivières. C'est une France magnifiée parce qu'on enlève ce qui n'est pas joli. Cela renforce l'image nationale du territoire et le valorise par ce qu'il a de plus beau… »

Éthique et écologique

La petite reine s’est diversifiée. A la fois électrique, randonnée, trekkeuse, elle arbore des habits variés la rendant accessible à tous les profils d’utilisateurs et à toutes les bourses, bien que les ventes de vélos neufs baissent.  - Depositphotos.com Auteur gbh007
La petite reine s’est diversifiée. A la fois électrique, randonnée, trekkeuse, elle arbore des habits variés la rendant accessible à tous les profils d’utilisateurs et à toutes les bourses, bien que les ventes de vélos neufs baissent. - Depositphotos.com Auteur gbh007
Autres données : selon une étude de la DGE ( publiée en 2024), près de 22 millions de Français déclarent faire du vélo durant leurs vacances.
Mieux ! La France se positionne aujourd’hui comme la seconde destination mondiale de tourisme à vélo après l’Allemagne, avec plus de 9 millions de séjours cyclistes dont 20 % sont étrangers.

Pourquoi un tel succès ? la réponse ne réside pas que dans ces grands événements qui en font la réputation, elle réside aussi d’une part dans la pandémie qui a dynamisé les pratiques de mobilité douce tant en milieu urbain que sur les autres territoires.

A des fins écologiques non dénuées d’une dimension éthique : moins de bruit, moins de pollution, moins d’émissions de CO2 et moins de circulation !

Enfin, la petite reine s’est diversifiée. A la fois électrique, randonnée, trekkeuse, elle arbore des habits variés la rendant accessible à tous les profils d’utilisateurs et à toutes les bourses, bien que les ventes de vélos neufs baissent.

En 2024, 1 956 700 ventes de vélos neufs soit 12% de moins que l’année précédente ont été enregistrées. Mais, occasion et réparation se portent plutôt bien et compensent les pertes du neuf.

Les efforts de la collectivité dynamisent la pratique

Mais, ce sont surtout les efforts de l’État, des collectivités locales et les acteurs institutionnels du tourisme qui sont à l’origine des progrès spectaculaires de ce véhicule qui avait eu tendance à devenir au fil de l’après-guerre un véhicule de prolétaire.

A l’heure du « faire et défaire » et à l’heure où l’automobile connaît une disgrâce, bon nombre d’entre eux se sont mobilisés pour structurer la filière du tourisme à vélo qui dispose désormais d’un Schéma national des véloroutes et voies vertes de 26 100 km, dont 70 % sont utilisées à des fins de loisirs et dont 46% sont dépourvus de circulation automobile.

Notons aussi que 1 290 nouveaux km d’itinéraires cyclables ont été ouverts en 2023, dont 780 km sont inscrits dans le schéma national.

Quant au Schéma EuroVelo, il est ouvert à 92,5 % en France. Et, certains circuits comme la Vélodyssée (littoral Atlantique), La Loire à Vélo (Val-de-Loire) ou la Via Rhona ont acquis une réputation internationale.

En matière de dépenses enfin, le vélo est rentable. L’investissement cumulé des collectivités locales (départements et régions) dans les infrastructures avoisine aujourd’hui 1,5 milliard d’euros, auquel s’ajoutent les actions en matière de structuration touristique et d’offres de services menées avec leurs opérateurs en charge du tourisme (BIT, OT, CDT, CRT).

Plus de 8 000 prestataires sont ainsi labellisés Accueil Vélo© et proposent des prestations adaptées à l’accueil des cyclistes.

Les retombées économiques directes du tourisme à vélo

Les retombées économiques directes du tourisme à vélo sont estimées à 4,6 milliards d'euros soit + 46% en 10 ans.

La filière génèrerait par ailleurs 33 800 emplois, dont la moitié dans l’hébergement et la restauration, mais aussi dans les commerces locaux, dans les professions du cycle et chez les opérateurs de tourisme.

En intégrant les impacts indirects, les retombées économiques seraient de 11,4 milliards d'euros pour 76 200 emplois. La dépense moyenne d’un cyclotouriste estimé à 68 €/jour, dont 70 % sont consacrés à l’hébergement et à la restauration.

Celle des touristes sportifs sur les cols de montagne est de 80 euros, toujours en lien avec l’hébergement (principalement en hôtels ou gîtes).

Les touristes étrangers dépensent plus que les Français. Il en est de même des utilisateurs de vélo à assistance électrique, en moyenne plus âgés, qui privilégient l’hébergement hôtelier.

Sources DGE. 2024

Le bien-être et la santé à vélo

Pour conclure, rappelons enfin que le vélo n’est pas qu’un mode de déplacement utilitaire. Comme l’expliquent les nombreux passionnés de bicyclette, dont Éric Fottorino, l’auteur du « Dictionnaire amoureux du vélo », la pratique de ce deux roues donne une sensation de liberté qui, malgré les efforts à fournir, parvient à griser le cycliste. Il semble également que pédaler augmente les capacités physiques des utilisateurs et leur bien-être mental.

En fait, selon l’auteur : « Le vélo est un art de vivre qui fédère de très nombreux amoureux tant à la ville qu'à la campagne ! Nostalgie de l'enfance, Tour de France, Panthéon des grands cyclistes : le vélo permet un voyage amoureux, intime, poétique et généreux. Le vélo est une machine à remonter le temps qui nous ramène vers les berges de l'enfance sitôt enfourché ».

Pour ces multiples raisons, confirmées par une enquête d’OpinionWay pour la Fédération française des Usagers de la Bicyclette réalisée en 2022, le vélo est le véhicule d’avenir tant sur un mode de loisir-santé, que sportif, qu’utilitaire, que festif.

Et les professionnels du tourisme l’ont bien compris qui proposent des séjours variés et de plus en plus haut de gamme à de jeunes générations en quête de découverte, d’un brin d’aventure, de divertissement mais aussi de confort…

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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