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Switch : chronique d'une banqueroute annoncée...

Combien d'emplois coûtera le naufrage ?


A défaut de faire couler beaucoup d'encre, le naufrage de "Switch" risque d'entraîner par le fond nombre de petits et de gros fournisseurs crédules qui faisaient confiance à Jean-Pascal Siméon. Mais saura-t-on un jour où sont donc passés les 23 Mie de passif ? Chronique d'une banqueroute annoncée.


Rédigé par Jean DA LUZ le Mardi 14 Octobre 2008

Switch : chronique d'une banqueroute annoncée...
Switch, créée en 1997, s'intéresse d'abord au minitel, puis bascule tout naturellement vers internet.

Ironie du destin, Jean-Pascal Siméon serait même à l'origine du site Promovacanes (qui vient de reprendre le relais), et dont il revend les parts à l'époque.

En 2004, Switch est au sommet de sa gloire. Son chiffre d'affaires est exponentiel. Nicolas Sarkozy lui remet le Trophée de la PME Performante.
Une récompense qu'il décrochera à deux reprises ! Chapeau bas. Même les détracteurs de Jean-Pascal Siméon doivent faire amende honorable.

L'entreprise affiche une santé insolente. L'homme, de formation scientifique et juridique, arrogant et donneur de leçons, se désigne lui même comme le "plombier-zingueur" du voyage dans une interview au "Figaro".

Les tuyaux du ''plombier-zingueur'' du voyage sont crevés

Mais à l'époque, les tuyaux de Switch sont déjà crevés. On ne les voit pas encore, ils sont minuscules ces orifices et pourtant, ils portent déjà les stigmates de l'échec à venir de l'entreprise. Car celle-ci va s'engager dans une sorte de fuite en avant, dont la vitesse ira en s'accélérant jusqu'au "mur" final...

Premier TO low cost sur Internet, Switch fait son beurre avec la République dominicaine. Et ça marche. Très fort. Les stocks garantis et les affrètements lui permettent littéralement de "casser" les prix et de brader la destination du "all inclusive". Parallèlement, il mise sur la croisière à la cabine et l'armement dans les Caraïbes ou aux Seychelles

Avec 250 salariés en France et 100 à l'étranger en 2004, son CA qui représentait 52 Mie avec 2,2 Mie de résultat avant impôt en 2002, double quasiment l'année suivante (95 M€ de CA) pour atteindre un résultat avant impôt de... 3,9 Mie !

Quand on lui demande à quoi est due cette réussite éclatante, il explique à TourMaG.com (LIRE) qu'elle réside dans la "gestion rigoureuse (sic), des produits de qualité, des prix serrés, une gamme de produits volontairement étroite (5 en moyenne) par pays avec une vingtaine de destinations et une commercialisation en direct."

Oui mais à l'époque, il triche déjà. Les prix sont affichés hors taxe en ligne, question de les rendre plus attrayants encore...La vente en direct est l'un des piliers de l'entreprise. Mais Switch fait de la vente par correspondance. Ses sites web servent uniquement à rabattre la clientèle vers le call center.

Entre 200 et 300 personnes y travaillent d'arrache-pied. Le turn over est infernal, l'ambiance parfois "glauque" et la vente peut être "forcée". Mais les meilleurs commerciaux gagnent entre 5 et 6000 euros par mois.

Il fait chou blanc à convaincre les Québécois

Jean-Pascal Siméon et Charlie Capelle, signent en 2006 un partenariat pour la Route du Rhum sous les couleurs de SWITCH. Mais le navire va chavirer rapidement alors qu'il se trouve à environ 200 miles du Cap du Finistère
Jean-Pascal Siméon et Charlie Capelle, signent en 2006 un partenariat pour la Route du Rhum sous les couleurs de SWITCH. Mais le navire va chavirer rapidement alors qu'il se trouve à environ 200 miles du Cap du Finistère
En 2005, il diversifie ses activités, prend une participation chez Empreinte (ce dernier a repris ses billes en 2006) pour varier les destinations proposées et poursuit dans sa logique d’intégration. Mais l'année 2005 marque un tournant.
Les prix du brut grimpent et malgré un CA de 130 M€, l'entreprise ne dégage "que" 1 M€ de marge.

2006. Les nuages s'amoncellent et les turbulences se pointent. D'abord, l'introduction ratée en Bourse au début de l'année qui visait la vente de 20% du capital.

Un échec justifié par le choix de la date d’introduction. Une tentative qui n'aura pas de suite. Pendant ce temps, Switch tente de négocier son rachat auprès du Groupe Transat. Mais, là encore, il fait chou blanc à convaincre les Québécois.

La République Dominicaine qui a fait sa fortune n'est plus ce qu'elle était. Il est temps de revoir les fondamentaux.

Après avoir superbement ignoré sinon méprisé les agences traditionnelles, J.P. Siméon leur fait les yeux doux. Pourquoi se passer d'un réseau de distribution supplémentaire ? Il veut 80 points de vente Partirpascher en Ile-de-France à l’horizon 2010.

Parallèlement, il met en place un système de commission variable pour les agences indépendantes. Mais la baraka de Jean-Pascal Siméon l'a quitté. Il rate piteusement la Route du Rhum où sa folie des grandeurs l'avait poussé à engager un de ses bateaux. Le bateau chavire dès le départ de la course. Prémonitoire ?

Ses affaires partent, elles aussi, à la dérive... La commission variable fait long feu, car le réseau accueille fraîchement ces produits aux SAV de plus en plus fréquents. Le mécontentement des clients va croissant.

A tel point qu'en juin 2007, suite à l’instruction d’une soixantaine de plaintes par la DDCCRF, le procureur du tribunal de Créteil requiert une peine de 10 mois de prison avec sursis et 30 000 euros d’amende contre le TO.

En septembre 2007, le tribunal de Créteil condamne le patron de Switch à 6 mois de prison avec sursis pour publicité mensongère. Entretemps, l'entreprise a repositionné ses produits et diversifié ses produits passant du long au moyen courrier.

6 mois de prison avec sursis pour publicité mensongère

Jean-Pascal Siméon écume alors la Méditerranée, semant tel un petit poucet, des "drapeaux" un peu partout. A tel point que les fournisseurs non payés, exigent d'être préalablement réglés pour accueillir ses clients.

Les dettes de l'entreprise s'accumulent et les créanciers se résignent, espérant toujours un règlement. Il fuit les plus audacieux, qui viennent le relancer à Paris, pretextant des rendez-vous imaginaires.

Son dernier espoir : une cession à Karavel-Promovac. Les négociations vont bon train depuis plusieurs mois mais les deux parties ne sont toujours pas arrivées à un accord. Il faut dire que le PDG de Switch, malgré son passif béant, souhaite encore récupérer le département croisières...

Puis une tuile vient ruiner définitivement ses rêves. Gamma Travel, lassé d'être abusé, refuse un beau dimanche d'octobre d'embarquer les clients de PartirpasCher. On connaît la suite...

Aujourd'hui Karavel-Promovac joue les pompiers sous l'égide de l'APS qui y laissera quelques plumes. Dommage que l'Association se soit réveillée si tard... car on est passé à deux doigts de la catastrophe.

Sans la réaction éclair (même si elle n'est pas désintéressée) du voyagiste en ligne, c'était un nouveau grand scandale qui éclaboussait la profession. Heureusement, les clients sont aujourd'hui pris en charge et partent ou sont remboursés...

Il faut juste espérer qu'une enquête fera la lumière sur les affaires pas très nettes du sieur Jean-Pascal Siméon. Voilà une brebis galeuse (c'est un doux euphémisme) dont la profession se serait bien passée en ces temps de crise de confiance.

Bref : il est temps de "switcher" et de tourner la page !

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