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Fin aptitude professionnelle : les pros craignent pour l'image de l'agent de voyages

Plus d'inquiétudes que de réelles conséquences


Alors que la réforme du métier de guide professionnel soulève l'indignation de toute une profession depuis un an, la suppression du critère d'aptitude professionnelle, jusque là nécessaire à l'exercice d'opérateur de voyages et de séjours, n'a fait que très peu de bruit. Si les distributeurs les plus libéraux y voient enfin une avancée pour l'entrepreneuriat français, d'autres s'inquiètent des conséquences de cette simplification au niveau de l'image de la profession. TourMaG.com a enquêté.


Rédigé par le Dimanche 10 Janvier 2016

Le critère d'aptitude professionnelle, exigé pour exercer l'activité d'opérateur de voyages et de séjours a été supprimé - DR : Fotolia, milanmarkovic78
Le critère d'aptitude professionnelle, exigé pour exercer l'activité d'opérateur de voyages et de séjours a été supprimé - DR : Fotolia, milanmarkovic78
Le critère d'aptitude professionnelle, exigé pour exercer l'activité d'opérateur de voyages et de séjours a été supprimé par ordonnance du secrétariat d'Etat à la réforme de l'Etat, depuis le 1er janvier 2016.

Désormais, pour créer son agence de voyages, il suffit de disposer d'une couverture en assurance responsabilité professionnelle (RCP) et d'une garantie financière.

« La barrière des compétences s'est transformée en une barrière d'argent, commente Didier Munin, PDG du groupe Boiloris. Il s'agit d'une décision plus libérale et surtout plus injuste, et qui plus est, émane d'un gouvernement socialiste ».

Pour autant, le chef d'entreprise reste objectif : « avant cette réforme, celui qui voulait créer une agence pouvait se confronter à des problèmes de délais, notamment financiers, mais ce n'était pas le critère d'aptitude qui l'empêchait d'arriver à ses fins » , poursuit-il.

Didier Munin reste seulement perplexe devant cette importante simplification, lui qui a passé les 25 dernières années à batailler pour développer ses activités...

Réformer plutôt l'apprentissage

Pour François Piot, non plus, cette ordonnance « ne change pas fondamentalement les choses.

Aujourd'hui, le vrai frein à la création d'une agence de voyages reste l'obtention de la garantie financière », pointe le président du Groupe Prêt-à-Partir et du GIE Papmut.

Et pour pallier le peu d'ouvertures d'agences par les temps qui courent, François Piot encourage davantage le gouvernement à se pencher sur la question de l'apprentissage, notamment en alternance.

« Aujourd'hui, un étudiant en BTS Tourisme qui opte pour l'alternance coûte plus cher à un employeur qu'un jeune diplômé, car le patron doit débourser, dans le premier cas grosso modo 60% d'un SMIC pour une personne présente à l'agence 50% du temps, alors que dans le 2ème cas, il embauche une personne au SMIC ».

Et François Piot de souligner une double peine : « hormis l'aspect de la rémunération, il y a aussi le problème du faible nombre d'organismes qui proposent de l'alternance dans le domaine touristique, tout simplement car les subventions que ces organismes touchent pour une formation tourisme sont moins rentables que pour d'autres formations ».

Une simplification de l'image de la profession ?

Pour Jean Dionnet, PDG d'Univairmer, la question de l'aptitude professionnelle dépend avant tout « de l’implication des personnes et surtout de la formation mise en place en amont de la création de l’entreprise. »

Pour lui, « la formation inculquée et les diplômes professionnels remis à nos "jeunes pousses" ne sont pas à la hauteur des attentes.

En conséquence, si un entrepreneur souhaite créer son agence il lui faudra dans tous les cas passer par une case "Formation".
 »

Les organismes de formation, quant à eux, restent attentifs.

« Cette simplification est passée en douce et ne se justifie pas, s'étonne Anne Poirotte, responsable de formation chez Axess Developpement TourismEurop.

Depuis 2009 déjà, il n'y a plus de critère de professionnalisation et les agences doivent faire face chaque jour à une concurrence accrue des nouveaux acteurs sur Internet.

Aujourd'hui, on simplifie davantage l'image de la profession, on la dénigre en balayant les compétences de l'agent de voyages et ses conséquences !
 ».

Un risque de dégradation de l'image de la profession...

Catherine Le Bris, responsable des formations métiers à Cap Vers, pèse le pour et le contre.

« Le point positif de cette réforme est qu'elle va permettre de dynamiser l'entrepreneuriat, » explique-t-elle.

Elle émet cependant une réserve quant au risque « d'une dégradation du conseil » et de l'impact vis-à-vis de l'image de la profession.

« J'espère que les personnes qui se lanceront auront conscience de la nécessité de suivre une formation, même courte, car dans ce métier, nous utilisons des logiciels bien spécifiques. Sans parler des responsabilités qu'il implique ».

Une vision partagée par Emmanuelle Roisin Rogie, directrice du développement et du marketing à l'INFA.

« Même si, depuis 2009, les critères d'aptitude professionnelle avaient été assouplis, le stage d'aptitude professionnelle rendu obligatoire pour les nouveaux entrants dans la profession, permettait d'intégrer les connaissances de base en incluant, entre autres, un module vente, administration commerciale et cadre juridique. »

Les stagiaires étaient également initiés aux principes de vente de voyages ainsi qu'au respect des contraintes légales de commercialisation des produits touristiques.

« Nos stagiaires appréciaient cette partie qui n'était pas abordée lors d'un stage classique de "création d'entreprise".

De plus, grâce à ce stage, ils rencontraient des professionnels du tourisme qui contribuaient à leur premier réseau dans le secteur
. »

… ou une réponse au besoin d'évolution du métier ?

L'avenir permettra de constater, si oui ou non, cette réforme est bénéfique pour la profession... et pour les établissements de formation.

Pour Emmanuelle Roisin Rogie, les formations tourisme n'en seront pas décrédibilisées.

« Nos étudiants en BTS tourisme ou stagiaires en formation professionnelle sur les titres professionnels, sont très peu, dans un premier temps, dans une démarche de création d'entreprise. Ils recherchent la compétence tourisme pour exercer dans le secteur. »

Pas d'inquiétude non plus pour Axess Developpement, qui propose uniquement des formations professionnalisantes.

Au contraire, la fin du critère d'aptitude encouragera peut-être davantage la diversité des parcours professionnels au sein d'une même agence, avec des conseillers issus de filières tourisme, commerce ou encore des nouvelles technologies.

Il suffit de regarder le profil des nouveaux acteurs de la distribution, tels Marco Vasco ou Evaneos, et surtout celui de leurs fondateurs, pour se faire une petite idée.

Car, comme le souligne Jean Dionnet, « cette simplification de la législation va créer une concurrence et obligera certains acteurs à une remise en question. La concurrence est une chance. »

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Commentaires

1.Posté par IMMAT le 11/01/2016 10:09 | Alerter
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avant cette "simplification" , un bac +3 quel qu'il soit suffisait ; donc pour beaucoup de créateurs ça ne change pas grand chose .... (voir cv marco vasco par ex ....)
en revanche, la nouvelle loi liée à la garantie totale conduit à ce que plus personne hormis l'APST n'accepte de fournir cette garantie ( voir autre article tourmag ...) ;
donc au final ce n'est sans doute pas l'effet souhaité qui va être obtenu ...
mais au bout du bout, le problème n'est-il pas l'incapacité du milieu à définir et promouvoir la vraie valeur ajoutée d'une AGV ? ( "savoir se servir d'un logiciel" , c'est comme mettre excel sur un cv ; et juste "vendre" à son client sa sécurité via la garantie financière et une assurance spécifique , c'est un peu léger voir has been coté marketing ....)

2.Posté par papagolf le 11/01/2016 10:17 | Alerter
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Je reste persuadé que le même type de décision pour les pilotes de ligne et les médecins doit absolument être envisagé, ne serait-ce que pour développer la concurrence...
...Je suis confiant.

3.Posté par mille sabords le 11/01/2016 10:26 | Alerter
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Il y a lieu de s'inquiéter...
Il est curieux que peu s 'inquiètent dans la profession , (c'est comme pour la garantie financière réveil tardif ) .Il suffit cependant de mettre les patrons des agences de voyages face à leurs responsabilités indiquées dans le code du tourisme . On devrait relire davantage les articles du code du tourisme soulignant la pleine responsabilité des agences de voyages dans ses actes vis à vis du client.... Wait and see..

4.Posté par Nathalie le 11/01/2016 10:41 | Alerter
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C'est assez drôle de voir les patrons se réveiller subitement et parler de formation... Ces mêmes patrons qui ne parlent habituellement que de produits à vendre et de marge à en tirer... ceux qui investissent si peu sur l'humain et estiment les eductours sont des vacances et non de la formation !
Tiens... subitement les agents de voyages ont une valeur ;-)

5.Posté par Cinglant le 11/01/2016 10:59 | Alerter
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au vu des garanties finanicères demandées, la supprésion du facteur aptitude/compétence ne changer absolument rien. Qui peut obtenir 200k de garantie financière de nos jours ??!!

6.Posté par Olivier le 11/01/2016 11:40 | Alerter
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Compétence ou pas pour ouvrir une agence ? Là n'est pas la raison qui plombe notre activité depuis des années. Quand on voit le faible niveau de compétence d'une grande partie des agents de comptoir aujourd'hui, cela ne va pas changer grand chose. Cette décision n'est ni bonne, ni mauvaise, elle ne changera rien. Le mal est plus profond : les clients venaient chercher une vraie valeur ajoutée en entrant dans une agence. Cela fait des années qu'ils ne trouvent pas ce qu'ils viennent chercher. C'est là-dessus qu'il aurait fallu mettre l'accent depuis des années : retrouver des agents de voyage passionnés et compétents et leur donner envie de s'investir. Comment ? On les envoyant sur le terrain, non pas uniquement sur des éductours TO, dont on sait que les retours sont limités, mais en se débrouillant seul et en leur faisant travailler leur esprit d'initiative.

7.Posté par Andréa le 12/01/2016 10:18 | Alerter
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Après 12 ans de travail passionné dans le Tourisme "pur" j'ai dévié dans une autre branche du voyage.
On a travaillé 3 ans et investi dans la création d'un TO et j'allai tout reprendre à mon compte .
Ce projet et stoppé effectivement par le doublement de la garantie financière !
Aujourd'hui n'importe qui peut se lancer dans le Tourisme ( en espérant que cela motivera des passionnés mais la garantie financière ??? je suis d'accord c'est là que le probleme se pose.
Vous m'avez fait sourire papagolf

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