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La suppression de jours fériés inquiète le secteur du tourisme

François Bayrou a évoqué la suppression du lundi de Pâques et du 8 mai


L’éventuelle suppression du 8 mai et du lundi de Pâques, évoquée par le Premier ministre pour 2026, suscite des inquiétudes voire une franche opposition dans le secteur du tourisme. Tour d'horizon.


Rédigé par le Mercredi 16 Juillet 2025

La suppression de jours fériés inquiète le secteur du tourisme - Depositphotos.com Auteur belchonock
La suppression de jours fériés inquiète le secteur du tourisme - Depositphotos.com Auteur belchonock
Le Premier ministre, François Bayrou a évoqué, dans le cadre des orientations budgétaires pour 2026, la possibilité de supprimer deux jours fériés : le lundi de Pâques et le 8 mai. Cette annonce, encore à l’état de projet, a suscité une vive réaction de la part des acteurs du tourisme.

À la fois inquiets pour la lisibilité de leur programmation et préoccupés par les conséquences économiques et sociales d’une telle mesure, plusieurs responsables d’organisations professionnelles et élus régionaux appellent à la concertation.

Valérie Boned, Présidente des Entreprises du Voyage, s'inquiète du manque de visibilité qui pourrait entourer cette annonce : "Nous comprenons qu'il faut contribuer à l'effort, cependant tout cela reste sujet à discussion. Nous ne savons pas ce qui sera retenu.

Quid, dans ce contexte, de 2026 alors que la loi de finances ne sera pas votée avant la fin de l'année ? Il faut que les professionnels du tourisme puissent ajuster leurs offres. J'imagine que c'est aussi le cas pour la SNCF et l’aérien."

Le week-end de Pâques et les ponts de mai donnent "le tempo de la saison"

La suppression de ces jours fériés pourrait avoir un impact direct sur la fréquentation touristique estime de son côté, Stéphane Villain, Président national d’ADN Tourisme, qui alerte dans Sud-Ouest sur le manque de concertation. "Personne ne nous en a parlé avant ! Aucune concertation."

Il rappelle l’importance économique du secteur : "Ce serait clairement un mauvais coup porté au tourisme qui est la première économie du pays ! Ces jours fériés créent de l’activité supplémentaire, du chiffre d’affaires, et les gens en ont besoin comme de véritables soupapes dans le climat anxiogène qu’on connaît."

C'est surtout, comme le souligne à son tour, Jean-Virgile Crance, le Président de la CAT (Confédération des acteurs du tourisme), une période qui donne le coup d'envoi de la saison touristique. "En tant que Président de la CAT, je suis opposé à la suppression de jours fériés.

Le premier Ministre a cité deux jours qui sont emblématiques du début de saison. Cette période donne le tempo."


Il précise : "70% de l'activité touristique en France est générée par la clientèle française qui profite de ces week-ends prolongés pour s'évader."

Mais c'est une période qui devient aussi stratégique pour les opérateurs de l'outgoing : "nous constatons qu'une nouvelle période - que nous pourrions appeler de "grandes vacances" - se décale sur le printemps, notamment avec les ponts de mai.

Pour les opérateurs de voyages, c'est une nouvelle période qui remplit les carnets de commandes,"
ajoute Valérie Boned.

Suppression jours fériés : une décision qui va à l'encontre du surtourisme et du tourisme pour tous

Jean-Virgile Crance alerte également sur les conséquences potentielles : "Si la suppression de ces deux jours fériés venait à être actée, cela se traduirait par une baisse d'activité de notre industrie.

Je rappelle que nous sommes le 4e employeur de France
et que nous sommes un contributeur important pour l’État à travers la taxe de séjour mais aussi nos apports fiscaux."


Une opposition soutenue aussi par François de Canson, Président du Comité Régional du Tourisme de la région Sud. Au-delà des enjeux économiques, il dénonce une atteinte au patrimoine mémoriel et déplore le calendrier de cette annonce. "Faire cette annonce au lendemain du 14 juillet, en l’année des 80 ans de la capitulation du IIIe Reich, c’est non seulement une erreur politique, mais surtout une faute contre la mémoire."

Il insiste : "Le 8 mai n’est pas un jour ordinaire : c’est celui de la victoire de la liberté sur la barbarie nazie. Le supprimer, c’est effacer une page fondamentale de notre Histoire nationale et européenne."

Concernant le lundi de Pâques, il le décrit comme un temps "de respiration partagée, de traditions, de rassemblements familiaux, de spiritualité pour certains - et de reprise de souffle pour tous".

Pour François de Canson, le tourisme représente un facteur de stabilité. "À l’heure où notre pays traverse des temps troublés, le tourisme est l’un des rares secteurs qui tient bon, qui crée de l’emploi, qui rayonne à l’international et qui donne du bonheur aux Français."

Il rappelle enfin que "ce sont ces fameux "ponts" qui permettent à des millions de familles de partir, de s’évader, de consommer, de vivre ensemble. Faire porter l’effort sur l’économie du tourisme, l’économie du bonheur, de l’apaisement, de la cohésion, est un contresens total."

"En baissant le nombre de jours de congés, nous allons nous concentrer sur une plus petite période. Le jeu de l'offre et de la demande va aller à l'encontre d'un tourisme pour tous," ajoute Jean-Virgile Crance.

Une analyse partagée par Didier Arino, directeur général de Protourisme. "Cette décision ne pourrait que renforcer les week-ends et ponts qui resteront. Cela va accentuer les pics de fréquentation, aller à l'encontre du tourisme social et favoriser le surtourisme".

Il ne faut pas tuer la poule aux œufs d'or

"C'est une décision qui va pénaliser ceux qui travaillent. En France, nous avons une culture "du pont", et je ne pense pas que cette décision soit soutenue, et encore moins par les jeunes générations.

Enfin, il ne faut pas oublier tous les secteurs parallèles : agriculture, ostréiculture, artisanat, pêche, production locale, qui vivent en partie du tourisme, des secteurs qu'il faut renforcer",
poursuit Didier Arino.

Jean-Virgile Crance conclut en appelant à une concertation : "Nous sommes conscients de la situation financière du pays, et notre filière est à la disposition du gouvernement pour se concerter afin de s'orienter vers le choix le moins pire pour nous.

Il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or, en venant casser la dynamique d’une filière.
"

Céline Eymery Publié par Céline Eymery Rédactrice en Chef - TourMaG.com
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