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Futuroscopie - Gay pride : les marches des fiertĂ©s reprennent leur envol 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


En quelques dĂ©cennies, les « gay prides » intitulĂ©es aujourd’hui « Marches des libertĂ©s lesbiennes, gay, bisexuelles, transgenres, queers, intersexes » sont devenues les symboles de l’émancipation de la communautĂ© homosexuelle et une occasion inespĂ©rĂ©e de faire la fĂȘte. ConcentrĂ©es sur le mois de juin, de San Francisco Ă  Tel Aviv, elles constituent de grands Ă©vĂ©nements attirant des centaines de milliers de participants dont quelques opĂ©rateurs touristiques ont fait leurs clients. A raison. Car, il n’est pas toujours Ă©vident ici et maintenant d’afficher ses diffĂ©rences sans risquer les discours et les actes haineux qui continuent de se propager partout dans le monde.


Rédigé par le Jeudi 6 Juin 2024

Gay pride : En France, il faudra attendre le 4 avril 1981 pour voir s’envoler le premier cortĂšge de marcheurs et marcheuses gay auquel ont participĂ© 10.000 personnes - Depositphotos.com, Auteur marcbruxelle
Gay pride : En France, il faudra attendre le 4 avril 1981 pour voir s’envoler le premier cortĂšge de marcheurs et marcheuses gay auquel ont participĂ© 10.000 personnes - Depositphotos.com, Auteur marcbruxelle
En marketing, on appelle ce groupe : un marchĂ© ou une cible. En sociologie, il s’agit tout simplement d’un groupe humain qui, Ă  travers les Ăąges, a eu du mal Ă  faire prendre en compte sa singularitĂ©.

MalgrĂ© l’avĂšnement de l’ùre des « coming out » dans le monde occidental, on estime encore Ă  environ 60 sur 193*, le nombre de pays pĂ©nalisant la population gay !

A l’inverse, une centaine de destinations tolĂšrent la communautĂ© LGBTQ+ et au contraire l’encouragent Ă  venir la visiter. Des villes comme Nice ou Paris en France mais Ă©galement Marseille, Montpellier, Lyon, Rennes, Toulouse, Lille
 ont une attitude libĂ©rale caractĂ©risĂ©e par l’existence d’hĂŽtels, discothĂšques, clubs de sports, salles de bien-ĂȘtre ouvertes, voire spĂ©cialisĂ©es sur cette clientĂšle.

Des quartiers entiers font mĂȘme aujourd’hui partie des grilles touristiques urbaines traduites par le label « Gay friendly » dont la notoriĂ©tĂ© va crescendo.


Les populations gay et lesbiennes dans le monde

Sur un plan quantitatif, notons que, malgrĂ© l’impossibilitĂ© d’avoir des statistiques trĂšs fines, quelques grandes enquĂȘtes permettent de dĂ©terminer le pourcentage de cette population.

En France, Ipsos l’estime Ă  3%. En revanche, selon les chiffres publiĂ©s par Statista : en 2024, ils seraient plutĂŽt 7%. Soit le pourcentage moyen relevĂ© dans les 43 pays oĂč a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e une enquĂȘte de grande envergure entre avril 2023 et mars 2024.

A lire aussi : Comment les touristes LGBT+ se cachent pour mieux voyager

Mais, en tĂȘte, on trouve des pays comme les Philippines, les USA et IsraĂ«l oĂč ce pourcentage passe Ă  10%. Soit l’équivalent du Canada et de la ThaĂŻlande suivis par la SuĂšde, le BrĂ©sil et l’Australie qui affichent 9% de population LGBTQ+.

En revanche, la CorĂ©e du Sud, la Roumanie, la Hongrie, la Pologne, des pays oĂč l’homosexualitĂ© est pĂ©nalisĂ©e, voire interdite, comptent moins de 5% d’homosexuels, hommes et femmes.

Autres indications, aux USA par exemple, 20 % de la génération Z sont identifiés comme LGBTQ+ contre 11% des Millenials et 5% des boomers.

*Intolérance, pénalisation, discours haineux : la dure réalité des chiffres

‱ En 2023, les relations homosexuelles sont toujours illĂ©gales dans plus de 60 pays. Et depuis mai 2023, date Ă  laquelle l'Ouganda a promulguĂ© l'une des lois les plus rĂ©pressives au monde : ĂȘtre homosexuel est passible de la peine de mort dans douze pays du monde : l'Afghanistan, l'Arabie saoudite, le Brunei, les Émirats arabes unis, l'Iran, la Mauritanie, le Nigeria (dans certaines rĂ©gions seulement), l'Ouganda, le Pakistan, le Qatar, la Somalie et le YĂ©men.

‱D'aprĂšs le dernier rapport du projet Transrespect versus Transphobia Worldwide (TvT), les meurtres de 320 personnes trans et non-binaires ont Ă©tĂ© recensĂ©s dans le monde entre le 1er octobre 2022 et le 30 septembre 2023. Si ce chiffre est effrayant, il se situe probablement en dessous de la rĂ©alitĂ© : il ne prend en effet en compte que les cas signalĂ©s dans les pays dotĂ©s de solides rĂ©seaux d'organisations LGBTQ+, de sorte que de nombreux cas ne sont probablement pas comptabilisĂ©s.

‱ Le BrĂ©sil est de loin le pays ayant signalĂ© le plus grand nombre de meurtres de personnes transgenres et non-binaires au niveau mondial, avec 100 cas.

‱ Enfin, 67 % des personnes interrogĂ©es dans le cadre d’une enquĂȘte Ipsos/Unesco sur le sujet (rĂ©alisĂ©e dans 16 pays), disaient y ĂȘtre exposĂ©s rĂ©guliĂšrement. Un tiers a mĂȘme estimĂ© que les personnes appartenant Ă  la communautĂ© LGBTQ+ Ă©taient les principales victimes de discours haineux ; les minoritĂ©s ethniques et raciales arrivaient en seconde position (28 %), tandis que les femmes occupaient la troisiĂšme position (18 %).

Gay pride, les marches de libertés : une origine new yorkaise

Pour en revenir Ă  la dimension touristique du tourisme gay, elle se manifeste comme dĂ©jĂ  dit, par la multiplication de lieux dĂ©diĂ©s mais aussi par ces immenses marches des fiertĂ©s qui, durant le mois de juin, font une partie de l’attractivitĂ© touristique d’une destination.

NĂ©e en 1969, de la rĂ©volte de jeunes activistes contre l’establishment new yorkais qui voyait d’un trĂšs mauvais Ɠil cette population se libĂ©rer en affichant ses diffĂ©rences sexuelles, le militantisme gay est sorti de ses gonds au cours d’émeutes violentes dans le club de Stonewall, le Stonewall Inn. Lequel a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© comme monument national en 2016, par le prĂ©sident Obama.

Lire aussi : Les Ăźles Canaries renforcent leur positionnement de destination gay friendly

ProtĂ©gĂ© par la Mafia qui sentait l’opportunitĂ© d’arrondir ses recettes, ce mouvement a, dĂšs l’annĂ©e suivante, galvanisĂ© la communautĂ© homosexuelle dans le monde et contribuĂ© Ă  initier les premiĂšres actions hors-les-murs, reprises l’annĂ©e suivante dans d’autres villes, en particulier San Francisco oĂč le quartier de Castro devenait la plaque tournante de la libĂ©ration homosexuelle, Chicago, Londres et le Royaume Uni
 puis le Canada, les pays scandinaves etc.

En France, il faudra attendre le 4 avril 1981 pour voir s’envoler le premier cortĂšge de marcheurs et marcheuses gay auquel ont participĂ© 10.000 personnes avant une soirĂ©e de gala animĂ©e par la chanteuse Juliette Greco, et un bal jusqu’à l’aube. Et cela, malgrĂ© la persistance dans la loi française de dispositions infamantes faisant de l’homosexualitĂ© un « flĂ©au social » !

« Le ton Ă©tait dĂ©sormais donnĂ© : pour faire entendre ses revendications, le militantisme homo passerait par la fĂȘte » Ă©crivait le magazine TĂȘtu.

Au fur et Ă  mesure, se sont donc joints au mouvement : Los Angeles, Sydney, Rio, San Paolo, San Francisco, Tel Aviv, JĂ©rusalem, Amsterdam (premier pays Ă  avoir lĂ©galisĂ© le mariage gay en 2001), Madrid qui revendique 2 millions de participants, Berlin qui combine une techno parade et rassemble 1 million de personnes, et mĂȘme Taipei oĂč hĂ©bergements et restaurants jouent Ă  fond cette carte touristique.

A Paris, la marche LGBTQ+ s’élancera le 29 juin, Ă  13 heures et devrait attirer une nouvelle fois environ un demi-million de marcheurs et marcheuses. Mais, les chars en moins, Ă©cologie oblige !

Les retombées touristiques garanties

Enfin, pour en revenir Ă  l’aspect marketing, sachez que, par exemple, la Gay pride de Bruxelles qui a eu lieu le 18 mai a Ă©tĂ© suivie par 250 000 marcheurs.

D’oĂč un impact Ă©conomique de l’ordre de 20 millions de dollars, selon les chiffres communiquĂ©s lors du LGBTQ+ tourism summit qui a eu lieu dans la capitale belge, Ă  partir des donnĂ©es collectĂ©es par le Data Appeal Company. Un institut qui analyse des donnĂ©es dans 180 pays sur 250 millions de sites.

Plus précisément : restaurants et bars ont représenté 66% des dépenses, suivies par les transports estimés à 22%.

12% des dĂ©penses ont aussi Ă©tĂ© affectĂ©es au logement, dĂ©montrant si besoin en Ă©tait, que ce genre d’évĂ©nement fait surtout l’objet d’excursions mais aussi de sĂ©jours chez l’habitant. Enfin, en termes de perception, l’évĂ©nement belge a recueilli une note de 77 sur 100, soit 10 points de plus que la moyenne nationale.

Si bien que dĂ©monstration est faite que l’activisme mixĂ© de festivitĂ© et de transgression est souvent payant pour le tourisme. Pourvu que la cause dĂ©fendue soit juste


Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, confĂ©renciĂšre, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les consĂ©quences sur le secteur du tourisme.

AprĂšs avoir dĂ©veloppĂ© pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualitĂ© oĂč elle dĂ©code le prĂ©sent pour prĂ©voir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com


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Tags : gay, gay pride
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