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Il est arrivé à une période de fortes turbulences pour le Club Med, il a redressé la société, puis part presque dans la même situation — du moins sur le plan social.
En effet, l’emblématique PDG de la marque au trident a été poussé vers la sortie par Fosun, l’actuel actionnaire.
Alors que le fils de l'ancien président de la République avait lui-même lancé le processus de recrutement de son futur successeur, le fonds d’investissement chinois a pris les devants et validé le nom de celui qui sera le nouveau PDG, sans même consulter Henri Giscard d’Estaing (HGE).
Un processus initié en raison de la re-cotation du géant mondial du voyage à la Bourse de Paris, prévue pour le premier semestre 2026, et de l’échec de la recherche d’actionnaires minoritaires — une démarche soutenue ardemment par celui que les équipes parisiennes surnomment HGE.
À cela s’ajoutait la sortie de la Bourse de Hong Kong de FTG (Fosun Tourism Group), ouvrant alors l’opportunité de lancer la préparation de la re-cotation du Club Med à Paris.
"Cela posait, de mon point de vue, la question de ma succession.
Elle n’était pas urgente du fait du succès de la transformation du Club Med et du lancement en cours du nouveau projet d’entreprise Forever Young.
Elle était en revanche nécessaire dans la perspective de la cotation, pour pouvoir présenter en 2026 une équipe et un leader capables de porter ces projets d’avenir dans la durée," a expliqué lors d'une conférence de presse en ligne, celui qui est désormais l’ancien président du groupe.
Henri Giscard d’Estaing nous a aussi expliqué qu’il souhaitait accompagner le futur dirigeant pendant six mois, afin de l’aider dans ses nouvelles missions et lui permettre de découvrir toutes les spécificités de l’entreprise.
En 2024, Fosun reprend la main sur le Club Med

Sauf que Fosun a décidé de pousser Henri Giscard d’Estaing (HGE) vers la sortie, avant même de lever le voile sur l'identité de son successeur.
Le conglomérat chinois "a choisi, selon ses propres critères, l’un des deux candidats (sélectionnés par l’ancien président, ndlr) et lui a proposé, sans mon accord, d’être nommé à mes fonctions, et cela sans transition. Ce qu’il a accepté, après avoir démissionné du poste qu’il occupait dans une autre société.
Je prends donc acte de cette nomination, qui sera inéluctablement formalisée par le Conseil d’administration du Club Med. Par conséquent, je prends aussi acte de ma révocation de fait.
Mon mandat social ayant pris fin de facto, je suis contraint de cesser d’exercer mes fonctions de président," nous a-t-il commenté.
Et c’est peu dire que la relation était loin d’être au beau fixe entre les deux parties.
Dès la fin de l’année 2023, le revêche dirigeant français décide de démissionner de ses postes d’administrateur exécutif et de vice-président du conseil d’administration de Fosun Tourism Group.
Si la raison officielle était alors de se soustraire à la "réunionite aiguë propre aux grands groupes", la véritable explication tiendrait plutôt à une détérioration du lien de confiance entre l’actionnariat et Henri Giscard d’Estaing.
Quelques mois plus tard, le numéro 2 de l’entreprise, et fidèle bras droit de HGE, annonce son départ.
Dès lors, le président de la marque au Trident entre dans une sorte de guerre ouverte — et médiatique — à l’encontre de Fosun.
Michel Wolfovski avait préféré partir plutôt que de cautionner certains agissements de l’actionnaire.
Rappelons que l’actionnaire n’est pas passé loin de la catastrophe ces dernières années, en raison d’une très lourde dette, qui a dépassé les 34 milliards d’euros au plus fort de la crise.
Une ambiance "tempétueuse et conflictuelle" avec Fosun
Pour redresser la barre, la situation était telle que le géant asiatique avait dû vendre plusieurs bijoux de famille et réduire considérablement ses actifs pour se recentrer, notamment, sur le tourisme, un secteur dans lequel il bénéficie d’une position de leader mondial.
À la fin du printemps 2024, et une fois le départ de Michel Wolfovski acté, l’ambiance s’est dégradée au siège social parisien du Club Med. Henri Giscard d’Estaing tape du poing sur la table et fait part de son mécontentement à l’état-major de l’actionnaire chinois.
"Nous avons peut-être le sentiment d'une période de calme vue de l'extérieur, mais en coulisses les choses sont plus tempétueuses et conflictuelles.
La décision de Michel Wolfovski n'est pas anodine, par son action, il a voulu dénoncer quelque chose.
Un moment quand on te pousse à faire des choses que tu ne veux pas faire, que tes prérogatives sont réduites, tu n'as plus d'autres choix," nous confiait, sous couvert d’anonymat, un cadre du géant français du tourisme.
Se sachant sans doute sur la sellette, et de moins en moins connecté avec les propriétaires, le fils de l’ancien président de la République plaide, à qui veut bien l’entendre, sa volonté de "renforcer les racines françaises" de la marque en faisant entrer un nouvel actionnaire tricolore.
Plusieurs noms ont filtré, et des discussions sont allées relativement loin sans jamais aboutir.
Il y a bien eu Maus Frères, propriétaire de Lacoste, mais le groupe suisse souhaitait prendre le contrôle total de la marque au Trident. Il y a aussi eu l’émir du Qatar, ou encore le fonds souverain saoudien (PIF), puis la BPI.
Sauf que personne n’a jamais vraiment voulu injecter les 600 millions d’euros contre 30 % des parts, sans pouvoir réellement contrôler le Club Med, car Fosun souhaitait garder la main sur son jouet.
En décembre dernier, le conglomérat a annoncé le rachat de l'ensemble des actions de Fosun Tourism Group, valorisant cette branche à 1,25 milliard de dollars (1,08 milliard d’euros).
Un actif qui ne pèse que 9 % dans les revenus de la holding, réputée pour ses investissements dans la santé, la finance et les loisirs.
À la fin du printemps 2024, et une fois le départ de Michel Wolfovski acté, l’ambiance s’est dégradée au siège social parisien du Club Med. Henri Giscard d’Estaing tape du poing sur la table et fait part de son mécontentement à l’état-major de l’actionnaire chinois.
"Nous avons peut-être le sentiment d'une période de calme vue de l'extérieur, mais en coulisses les choses sont plus tempétueuses et conflictuelles.
La décision de Michel Wolfovski n'est pas anodine, par son action, il a voulu dénoncer quelque chose.
Un moment quand on te pousse à faire des choses que tu ne veux pas faire, que tes prérogatives sont réduites, tu n'as plus d'autres choix," nous confiait, sous couvert d’anonymat, un cadre du géant français du tourisme.
Se sachant sans doute sur la sellette, et de moins en moins connecté avec les propriétaires, le fils de l’ancien président de la République plaide, à qui veut bien l’entendre, sa volonté de "renforcer les racines françaises" de la marque en faisant entrer un nouvel actionnaire tricolore.
Plusieurs noms ont filtré, et des discussions sont allées relativement loin sans jamais aboutir.
Il y a bien eu Maus Frères, propriétaire de Lacoste, mais le groupe suisse souhaitait prendre le contrôle total de la marque au Trident. Il y a aussi eu l’émir du Qatar, ou encore le fonds souverain saoudien (PIF), puis la BPI.
Sauf que personne n’a jamais vraiment voulu injecter les 600 millions d’euros contre 30 % des parts, sans pouvoir réellement contrôler le Club Med, car Fosun souhaitait garder la main sur son jouet.
En décembre dernier, le conglomérat a annoncé le rachat de l'ensemble des actions de Fosun Tourism Group, valorisant cette branche à 1,25 milliard de dollars (1,08 milliard d’euros).
Un actif qui ne pèse que 9 % dans les revenus de la holding, réputée pour ses investissements dans la santé, la finance et les loisirs.
Fosun a déplacé le centre de décision de Paris à Shanghai
Au fil du temps, le lien de confiance s'est distendu, puis brisé.
Malgré tout, en septembre 2024, une réorganisation de la gouvernance est validée et dévoilée. Elle donne même l’impression que le conglomérat a joué la carte de l’apaisement.
"C’est un grand soulagement que notre PDG reste à son poste.
Dans le même temps, une nouvelle génération monte dans la direction. Le signal est fort et rassurant pour les équipes," nous partageait une source interne.
Les nouveaux cadres sont des salariés de toujours du Club Med, cela renvoie l'impression du retour de l'ascenseur social et aussi d'un étau chinois qui se desserre.
Les nouveaux cadres sont des salariés de toujours du Club Med, ce qui renvoie l’image d’un retour de l’ascenseur social — et aussi celle d’un étau chinois qui se desserre.
Gino Andreetta, ayant débuté sa carrière comme G.O. dans les années 80, devient le directeur général des Resorts Europe-Afrique. Quentin Briard se charge, lui, de la conception et du déploiement du projet stratégique Club Med 2030, en collaboration avec son président.
Le seul Andrew Xu, coprésident de Fosun, a été imposé pour prendre la direction du pôle Finance de la marque. Sauf que si tout semble aller de nouveau pour le mieux, cette main tendue n’était qu’une façade.
"Il faut une gouvernance internationale pour le Club Med, respectueuse de ses valeurs et de son ancrage français. Et ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Il n’y a plus d’administrateur indépendant depuis le départ, pour désaccord sur la gouvernance, de Georges Pauget en juillet dernier. La grande majorité des administrateurs est basée à Shanghai, possède peu d’expérience internationale et ne parle pas anglais.
Ils ne connaissent pas, ou très peu, le Club Med dans sa dimension mondiale et ses racines françaises," nous expliquait le président démissionnaire.
En somme, Fosun a totalement repris la main, jusqu’à évincer la tête pensante de l’une de ses plus prestigieuses marques.
Tous les administrateurs sont désormais des salariés du conglomérat, un conseil d’administration qui se chargera dorénavant du management et des opérations du géant français.
Reprenant de fait le mode de gestion en vigueur dans l’Empire du Milieu.
Le centre de décision s’est donc déplacé, en un peu plus d’un an, de Paris à Shanghai.
Malgré tout, en septembre 2024, une réorganisation de la gouvernance est validée et dévoilée. Elle donne même l’impression que le conglomérat a joué la carte de l’apaisement.
"C’est un grand soulagement que notre PDG reste à son poste.
Dans le même temps, une nouvelle génération monte dans la direction. Le signal est fort et rassurant pour les équipes," nous partageait une source interne.
Les nouveaux cadres sont des salariés de toujours du Club Med, cela renvoie l'impression du retour de l'ascenseur social et aussi d'un étau chinois qui se desserre.
Les nouveaux cadres sont des salariés de toujours du Club Med, ce qui renvoie l’image d’un retour de l’ascenseur social — et aussi celle d’un étau chinois qui se desserre.
Gino Andreetta, ayant débuté sa carrière comme G.O. dans les années 80, devient le directeur général des Resorts Europe-Afrique. Quentin Briard se charge, lui, de la conception et du déploiement du projet stratégique Club Med 2030, en collaboration avec son président.
Le seul Andrew Xu, coprésident de Fosun, a été imposé pour prendre la direction du pôle Finance de la marque. Sauf que si tout semble aller de nouveau pour le mieux, cette main tendue n’était qu’une façade.
"Il faut une gouvernance internationale pour le Club Med, respectueuse de ses valeurs et de son ancrage français. Et ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Il n’y a plus d’administrateur indépendant depuis le départ, pour désaccord sur la gouvernance, de Georges Pauget en juillet dernier. La grande majorité des administrateurs est basée à Shanghai, possède peu d’expérience internationale et ne parle pas anglais.
Ils ne connaissent pas, ou très peu, le Club Med dans sa dimension mondiale et ses racines françaises," nous expliquait le président démissionnaire.
En somme, Fosun a totalement repris la main, jusqu’à évincer la tête pensante de l’une de ses plus prestigieuses marques.
Tous les administrateurs sont désormais des salariés du conglomérat, un conseil d’administration qui se chargera dorénavant du management et des opérations du géant français.
Reprenant de fait le mode de gestion en vigueur dans l’Empire du Milieu.
Le centre de décision s’est donc déplacé, en un peu plus d’un an, de Paris à Shanghai.
"Je vois bien que nos valeurs s'éloignent" entre la France et la Chine
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Le siège social parisien ne deviendra, sauf revirement, donc qu’un simple lieu d’exécution des directives du conseil d'administration.
Pour Henri Giscard d’Estaing, cette reprise en main par des administrateurs déconnectés de la réalité du terrain et du tourisme et en péril la bonne exécution du plan Forever Young.
Son départ, après plus d’un an de guerre ouverte, paraissait presque inéluctable. Il ne s’en est pas caché lors de sa conférence de presse du mercredi 16 juillet 2025.
"Depuis le Covid, le monde s’est fracturé.
La Chine a vu son économie se ralentir, s’éloignant de son modèle ouvert qui avait fait son formidable succès. Dans ce contexte, Fosun a, depuis deux ans, dû se recentrer et a changé les dirigeants de sa branche tourisme.
La rupture vient de là, et vous l’observez un peu partout dans la société.
J’y vais régulièrement, et j’étais encore il y a un mois au siège de Fosun Tourism. Ils ont adopté un dress code dans les bureaux pour interdire aux femmes de porter des jupes courtes. Depuis quelques mois, une retenue sur salaire est appliquée dès lors qu’une tâche n’est pas réalisée à temps.
Je vois bien que nos valeurs s’éloignent.
J’espère que cette situation n’est que temporaire, et que l’ouverture de son capital, via la recotation à Paris en 2026, permettra au Club Med de retrouver sa dynamique.
Je le répète : mon obsession a toujours été de protéger cette belle entreprise," a conclu un président qui laissera donc la main à ses directeurs généraux délégués, lesquels devront expédier les affaires courantes en attendant que le nouveau patron soit nommé.
En juin 2024, les tensions entre Paris et Shanghai donnaient un goût amer aux équipes, voire même un sentiment de gâchis. La tâche s’annonce donc très rude pour le dirigeant qui arrivera dans une ambiance de fronde vis-à-vis de l'actionnariat.
Pour Henri Giscard d’Estaing, cette reprise en main par des administrateurs déconnectés de la réalité du terrain et du tourisme et en péril la bonne exécution du plan Forever Young.
Son départ, après plus d’un an de guerre ouverte, paraissait presque inéluctable. Il ne s’en est pas caché lors de sa conférence de presse du mercredi 16 juillet 2025.
"Depuis le Covid, le monde s’est fracturé.
La Chine a vu son économie se ralentir, s’éloignant de son modèle ouvert qui avait fait son formidable succès. Dans ce contexte, Fosun a, depuis deux ans, dû se recentrer et a changé les dirigeants de sa branche tourisme.
La rupture vient de là, et vous l’observez un peu partout dans la société.
J’y vais régulièrement, et j’étais encore il y a un mois au siège de Fosun Tourism. Ils ont adopté un dress code dans les bureaux pour interdire aux femmes de porter des jupes courtes. Depuis quelques mois, une retenue sur salaire est appliquée dès lors qu’une tâche n’est pas réalisée à temps.
Je vois bien que nos valeurs s’éloignent.
J’espère que cette situation n’est que temporaire, et que l’ouverture de son capital, via la recotation à Paris en 2026, permettra au Club Med de retrouver sa dynamique.
Je le répète : mon obsession a toujours été de protéger cette belle entreprise," a conclu un président qui laissera donc la main à ses directeurs généraux délégués, lesquels devront expédier les affaires courantes en attendant que le nouveau patron soit nommé.
En juin 2024, les tensions entre Paris et Shanghai donnaient un goût amer aux équipes, voire même un sentiment de gâchis. La tâche s’annonce donc très rude pour le dirigeant qui arrivera dans une ambiance de fronde vis-à-vis de l'actionnariat.