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Quand la croisière s'emmerde... littéralement

Le coupable ? le virus de Norwalk, appelé Norovirus


Un peu malodorante, cette chronique, certes, mais elle vous permettra peut-être de relativiser les jugements péremptoires et les accusations hâtives des chaînes de télé (qui sont les championnes dans ce domaine) lorsque, un jour ou l'autre, les passagers d'un navire de croisière dans nos régions viendront complaisamment et entre deux hoquets accuser leur compagnie de les avoir empoisonnés...


Rédigé par François WEIL le Lundi 3 Février 2014

Les règles d'hygiène, notamment pour le personnel et les équipements de restauration sont draconiennes, et à chaque niveau hiérarchique elles sont appliquées et vérifiées. Les normes sont bien plus rigides que dans la plupart des hôtels et restaurants du monde entier. /photo dr
Les règles d'hygiène, notamment pour le personnel et les équipements de restauration sont draconiennes, et à chaque niveau hiérarchique elles sont appliquées et vérifiées. Les normes sont bien plus rigides que dans la plupart des hôtels et restaurants du monde entier. /photo dr
Ca y est, c'est parti, l'hiver arrive et avec lui à travers le monde les épidémies de grippe, de gastro entérite et d'hystérie paranoïaque sur ce dernier sujet en particulier.

Comme chaque année, quelques paquebots de croisière vont être touchés.

Certains le sont déjà, en zone Caraïbes, comme le Caribbean Princess de Princess Cruise Lines ou l'Explorer of the Seas de RCCL. D'autres vont suivre certainement.

Car c'est ainsi, la gastro chaque année s'infiltre partout et se répand – si l'on ose dire -d'autant plus rapidement que l'on est nombreux dans un même lieu.

Et comme le seul espoir de l'éviter tient à l'hygiène et plus particulièrement à l'hygiène des mains, c'est dans les écoles, où les petits mettent si souvent leurs mains à la bouche, que les épidémies sont le plus visibles, et dans les maisons de retraite où elles sont le plus dangereuses.

Sur les navires de croisière, de telles épidémies arrivent régulièrement. Et les compagnies sont bien sûr automatiquement mises en cause, par des passagers malades bien sûr, mais aussi et surtout par une presse complètement hystérique, particulièrement aux USA, à laquelle s'ajoutent l'avidité et la cupidité de quelques avocats spécialisés, bien sûr.

Le coupable ? le virus de Norwalk, appelé Norovirus. Ah, ça, c'est déjà mieux, et puis ça fait plus peur, "norovirus", ça sent le danger, c'est plus terrifiant que le mot "gastro" qui fait rigoler tous ceux qui ne l'attrapent pas.

Alors vous verrez, dès qu'un navire européen va avoir à son bord des passagers qui auront ont la gastroentérite, les télés et les magazines vont s'en donner à cœur joie.

C'est à qui va trouver les témoignages les plus terrifiants, les avis de spécialistes auto-proclamés, et j'en passe. Rien que pour l'Explorer of the Seas, on lit des trucs comme "…tout le monde disait : c'est un navire pestiféré", "… c'est un cauchemar vivant" "… les gens tombaient comme des mouches" et je vous passe les détails.

Il faut dire que quand des passagers ont la gastroentérite sur un bateau, c'est vite spectaculaire car un navire est un espace en partie clos, et comme le virus est extrêmement contagieux, l'épidémie démarre et se développe très rapidement.

Ainsi, le pauvre Explorer of the Seas vient de faire face à près de 700 passagers d'un coup d'un seul souffrant de diarrhées et de vomissements, un effet immédiat de l'une des plus importantes épidémies de norovirus des 20 dernières années à bord d'un bateau.

Et pourtant, RCCL est au top des mesures d'hygiène sur tous ses navires.

Les règles d'hygiène sont draconiennes

Alors qui est responsable ?

Va-t-on accuser l'éducation nationale quand nos gamins attrapent la gastro ?

Va-t-on condamner tous les hôtels, clubs, etc… où l'on attrape si souvent la turista ? Le manque d'hygiène, c'est toujours les autres. Ben non, pas toujours justement.

En ce qui concerne les croisières, il faut être clair : il n'existe pas de lieu de séjour de vacances plus surveillé et contrôlé qu'un paquebot.

Les règles d'hygiène, notamment pour le personnel et les équipements de restauration sont draconiennes, et à chaque niveau hiérarchique elles sont appliquées et vérifiées. Les normes sont bien plus rigides que dans la plupart des hôtels et restaurants du monde entier.

Mais un virus, on le sait bien, ça finit souvent par passer. Et la plupart du temps, ce sont hélas… les passagers qui les apportent, bien involontairement, avec eux.

Car les passagers ne sont pas soumis aux mêmes contrôles que les équipages, évidemment. Qui se lave longuement les mains au savon et à l'eau chaude, plusieurs fois par jour et toujours après être allé aux toilettes ?

Pas tout le monde, en tous cas. Or c'est le seul moyen de lutte contre la propagation de la gastroentérite et du norovirus qui se transmettent essentiellement par contact direct.

Mais si en sortant des toilettes on ouvre la porte en tenant la poignée de porte à la main, c'est fichu. Et les barres d'appui du métro ? Les poignées des caddies ? La poignée de main tout simplement ?

Alors sur les navires de croisière, des plus petits aux plus gros, des rappels incessants sont faits, par le personnel à l'entrée des restaurants, de bien se laver les mains avant de venir manger.

On a installé partout aux entrées des salles de restaurant et des salons des distributeurs de liquide désinfectant, qui ne constituent pas une protection suffisante mais qui ajoutent une sécurité pour ceux qui se sont effectivement lavé les mains.

Mais tout ça relève du vœu pieux : dans son baromètre santé de 2010 (je n'ai pas trouvé plus récent), l'INPES (Institut National de Prévention et d'Education pour la Santé) indiquait que 40% des français ne se lavaient pas systématiquement les mains avant de manger.

Il y a même parfois une vraie mauvaise volonté : comment, on est en vacances, et on veut nous obliger à nous laver les mains ? Mais on fait ce qu'on veut, on est libres, et puis on a payé…

Il y a quelques années, lorsque j'étais chez Hurtigruten, j'ai été contacté par un officier d'un navire parce qu'une (très bonne) journaliste française de l'audiovisuel avait fait un scandale en refusant à cors et à cris d'utiliser les distributeurs de désinfectant à l'entrée du restaurant, se sentant accusée d'être sale par la compagnie…

Vous voyez, ça touche tout le monde… Pas étonnant dès lors que malgré tous les efforts entrepris par les compagnies de croisières, le norovirus arrive parfois à s'infiltrer et à provoquer des ravages.

Le norovirus vous pourrit les vacances

Parce qu'effectivement, il s'agit bien de ravages. Tous ceux qui ont eu ne serait-ce qu'une fois une vraie gastroentérite savent à quel point cette maladie, peu dangereuse, est spectaculaire et épuisante.

Alors imaginez ce que cela donne lorsque des centaines de personnes sont saisies de violentes diarrhées, de vomissements incontrôlables, auxquels s'ajoutent un peu de fièvre, une bonne déshydratation et toute une série de malaises plus désagréables les uns que les autres.

Le norovirus vous pourrit les vacances. D'autant plus que la seule précaution (indispensable) à prendre dès lors que l'épidémie est présente, est d'isoler les passagers, qui se retrouvent avec interdiction de sortir de leur cabine (on leur dépose leurs repas, lorsqu'ils sont capables d'en prendre un, devant la porte) : c'est le seul moyen pour tenter de freiner le développement de l'épidémie.

Si celle-ci dépasse quelques dizaines de personnes, le navire va souvent devoir abréger la croisière et retourner au port pour débarquer les passagers (aux Etats-Unis, des avocats les attendent déjà pour leur proposer leurs services en attaquant les compagnies, ben tiens !).

Ensuite le navire devra être totalement désinfecté, de fond en comble et dans chaque recoin. Une tâche titanesque qui pourtant est réalisée chaque année avec succès.

Vous pouvez imaginer les coûts, le manque à gagner, pour les compagnies de croisières : et même si, comme c'est pratiquement toujours le cas, la source du virus ne peut être déterminée, évidemment, les compagnies proposent le plus souvent un dédommagement aux passagers malades, le plus souvent sous forme de remboursement des journées perdues si le navire a du abréger son voyage, et/ou de réduction sur une future croisière.

C'est dire si les compagnies ont à cœur de maintenir à bord de leurs navires des règles d'hygiène et des consignes comportementales avec lesquelles pratiquement aucun autre type d'hébergement touristique ne peut rivaliser.

Seulement quelques navires touchés chaque année dans le monde

Attention : fort heureusement, les épidémies de norovirus, si elles sont régulières, ne touchent que quelques navires chaque année dans le monde.

Vous pouvez donc envoyer tranquillement vos clients sur les navires, ce qui ne vous empêche pas de leur indiquer, comme pour tout voyage d'ailleurs, que des règles simples comme le lavage fréquent des mains leur permettra de ne pas attraper l'un des multiples petits ou gros maux auxquels on s'expose en voyageant.

Un peu malodorante, cette chronique, certes, mais elle vous permettra peut-être de relativiser les jugements péremptoires et les accusations hâtives des chaînes de télé (qui sont les championnes dans ce domaine) lorsque, un jour ou l'autre, les passagers d'un navire de croisière dans nos régions viendront complaisamment et entre deux hoquets accuser leur compagnie de les avoir empoisonnés.

Ah il faut les voir, à la télé américaine, ces passagers racontant avec force détails leurs éructations, leurs vomissements et leurs diarrhées dans une atmosphère encore bien plus fétide d'accusation, d'exhibitionnisme et de délation.

Qu'on l'appelle norovirus, tourista, gastro, grosse chiasse ou rhume de derrière, ce genre de trucs n'est pas marrant. Ni pour les passagers, ni pour les compagnies.

Allez, tous solidaires, en mer dès l'matin, et par la gastro si on s'lave pas les mains...

Quand la croisière s'emmerde... littéralement
François Weill a effectué la plus grande partie de sa carrière dans le tour operating et la croisière. Une carrière qu'il a débutée, après des études de philosophie, en 1974 chez American Express puis aux Croisières Paquet, avant de faire de sa propre entreprise, Scanditours, le 1er voyagiste français spécialiste des destinations nordiques.

A la fin des années 90, il vend Scanditours à Kuoni et, après une parenthèse de quelques années comme consultant, journaliste, et enseignant à l'université de Marne-la-Vallée, il crée la filiale française de Hurtigruten dont il assure la présidence et la direction jusqu'en 2010 avec le succès que l'on sait.

En 2008, le Roi Harald V lui a décerné le titre d'Officier de l'Ordre Royal du Mérite de Norvège, pour les services rendus au développement de cette destination sur le marché français.

Président de l'AFCC durant plusieurs années, François Weill a repris ses activités de consultant.

Contact :fw@francoisweill.fr

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Tags : weill
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Commentaires

1.Posté par Laura le 03/02/2014 14:35 | Alerter
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Oups, bravo pour ce coup de gueule.
Pour info, le restaurant d'Heston Blumenthal (2 étoiles Michelin), le Dinner (Mandarin Oriental) à Londres est fermé durant 15 jours pour cause de nanovirus (une vingtaine de clients contaminée), ce qui ne remet pas en cause sa qualité.
En 2013, le Noma à Copenhague (meilleure table du monde à 3 reprises) a été, lui aussi, touché. 63 clients malades. Fermeture en urgence. Depuis, over the best !

2.Posté par renee lamarre le 10/02/2016 04:22 | Alerter
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j etais sur le bateaux exploer of the seas janvier 2014 PAS MALADE DUTOUT malgre tout belle croisiere et une autre de 10 jours LEGEND OF THE SEAS EN 2015 PROPRETE exemplaire une quebecoise RENEE LAMARRE

3.Posté par RENEE LAMRRE le 22/11/2016 04:58 | Alerter
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nous partons en croisiere avec le bot divina MSC en fevrier 2017 j ai bien hate de voir le service italien pour ma part j aime bien royal caribbean international la plus grande flot de bot au monde comparaison a BIENTOT

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