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TourMaG.Com - Un groupe de pays - avec en tête, la France et le Brésil - a fait la promotion mercredi, au sommet de l'ONU, d'un projet de taxe internationale sur les billets d'avion pour financer la lutte contre le sida.
Jean Belotti.B - En fait, l’objectif est plus vaste. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et le président français Jacques Chirac - représenté à New York par son Premier ministre Dominique de Villepin - militent, depuis un an, non pas uniquement pour lutter contre le sida maispour un "prélèvement mondial de solidarité" pour compléter l'aide publique au développement.
TourMaG.Com - Que pensez-vous de cette initiative de taxer les passagers aériens ?
JB.- Il convient d’abord de noter que les chefs d'Etat et de gouvernement des quatre pays promoteurs de cette taxe (France, Brésil, Chili et Allemagne) - auxquels s'est joint le président du gouvernement espagnol Jose Luis Zapatero - ont mis "le paquet" pour présenter, ensemble, leur initiative, afin de recueillir l’accord des membres de l’ONU.
TourMaG.Com - Alors, précisément, l’explication de Monsieur de Villepin selon laquelle : "Il faut faire en sorte qu'une partie des richesses énormes générées puisse être mobilisée", et celle du Président Lula : "Chaque pays du monde peut faire quelque chose, même les plus pauvres. Les 50 milliards de dollars dont nous avons besoin ne représentent rien au regard de la quantité d'argent qui circule dans le monde ou est déposée dans les paradis fiscaux", sont-elles fondées ?
JB.- Première remarque : La comparaison du montant des capitaux qui circulent dans le monde à celui d’un don n’a aucune signification et n’est pas recevable pour justifier une telle initiative.
De plus, affirmer que même les pays pauvres doivent participer est une ineptie. Et que viennent faire, ici, les paradis fiscaux ? En effet, les montants qui s’y réfugient, ou simplement se délocalisent (100 milliards d’euros en 10 ans) ne trouvent-ils pas une justification dans l’excès de la pression fiscale exercée dans certains pays ?
Deuxième remarque : Les promoteurs de la taxe sur les billets d'avion ont prévu de se retrouver dans une conférence internationale en février 2006 à Paris, afin de définir un calendrier et les modalités de ces propositions.
À ce jour, la France, le Chili et la Grande-Bretagne ont déjà décidé d'instaurer, dès 2006, la taxe sur les billets d'avion, qui s'ajoutera au prix du billet.
Elle pourrait être de l'ordre de 5 euros en classe économique et 20 euros en classe affaires, sans qu’une précision soit donnée sur les vols concernés : tous ou seulement les vols internationaux. Mais, vous avez raison, la vraie question est de savoir si une telle initiative est justifiée ? La réponse est NON.
TourMaG.com - Pour quelles raisons ?
JB.- Si ce dispositif est en mesure de générer jusqu'à 10 milliards de dollars par an (sic), ce montant doit être supporté par les Etats donateurs faisant partie de l’ONU - en fonction de leurs possibilités respectives - et non pas uniquement par une partie de la population, ce qui correspond à une discrimination au détriment des passagers aériens, déjà très surtaxés (taxe de survol, taxe d’aéroport, taxe de sûreté, taxe à la suite de l’augmentation du prix de carburant, etc... ), si bien que sur certains trajets, le montant de ces taxes se rapproche de celui du prix du billet ! Où va-t-on ?
De toute évidence, une nouvelle fois, les Etats bottent en touche, en taxant, injustement, une cible de clientèle ? Pourquoi ne pas taxer d’autres modes de transport ? Pourquoi ne pas taxer d’autres industries que celle du transport... comme celles qui engrangent des milliards de bénéfices ? Est-ce un privilège de voyager par avion, luxe qui justifierait que les passagers mettent, encore une fois, la main à la poche ? De toute évidence, la réponse est NON.
Imposer cette taxe, c’est ignorer que la famille qui, après une année d’économies à réussi à mettre de coté l’argent nécessaire pour partir en vacances en avion, va être injustement pénalisée.
C’est ignorer, également, que les avions ne sont pas remplis uniquement par des "touristes", mais par des "hommes d’affaires", représentant des entreprises qui seront, elles aussi, injustement surtaxées, parce que leurs employés doivent se déplacer par avion, qui est - bien que de plus en plus coûteux - souvent le seul moyen de transport à leur disposition.
C’est ignorer, enfin, que cette surtaxe pénalisera encore plus les citoyens français des territoires d’outre-mer vers lesquels il n’y a pas de continuité territoriale.
TourMaG.com - Alors cette bonne intention d’aide aux pays pauvres, comment la concrétiser ?
JB.- L’initiative en elle-même est effectivement louable. Tout le monde sait que malgré les nombreuses aides apportées, l’annulation de la dette, etc..., le fossé continue à se creuser entre les pays développés et ceux qualifiés "en voie de développement".
Les raisons en sont connues et il est inutile d’en dire plus, ici. Il ne sert donc à rien d’augmenter les dons financiers - mannes du ciel - qui disparaissent bien avant d’avoir atteint leur destination initiale. En revanche, indépendamment de l’effort de chaque Etat, sur son propre budget, la participation des citoyens pourrait être envisagée, sous une forme concrète et plus efficace.
Par exemple, les entreprises s’engageant à développer dans les pays les plus en retard, et sur leurs propres fonds, un moyen d’irrigation, d’enseignement, d’agriculture, d’école, de logement, etc... profiteraient d’une réduction d’impôts sur les sommes investies dans cette oeuvre humanitaire, contribuant ainsi, réellement et efficacement, à la réduction de la pauvreté dans le monde.
TourMaG.com - Une conclusion ?
JB.- Après les augmentations des tarifs aériens, l’augmentation des diverses taxes, les irrégularités et retards dans le déroulement des vols, les récents accidents qui ont déclenché une psychose de peur et d’inquiétude chez les passagers, les compagnies qui disparaissent à vue d’oeil, les milliers d’employés hautement qualifiés qui sont mis au chômage, l’émergence de compagnies "champignons" fonctionnant en impasses et dont l’existence résulte du libéralisme issu de la "deregulation Carter", etc..., créer une nouvelle taxation - surtout non fondée et non équitable - contribuera, inévitablement, à fragiliser encore plus le transport aérien, industrie de plus en plus sensible à son environnement.
Jean Belotti.B - En fait, l’objectif est plus vaste. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et le président français Jacques Chirac - représenté à New York par son Premier ministre Dominique de Villepin - militent, depuis un an, non pas uniquement pour lutter contre le sida maispour un "prélèvement mondial de solidarité" pour compléter l'aide publique au développement.
TourMaG.Com - Que pensez-vous de cette initiative de taxer les passagers aériens ?
JB.- Il convient d’abord de noter que les chefs d'Etat et de gouvernement des quatre pays promoteurs de cette taxe (France, Brésil, Chili et Allemagne) - auxquels s'est joint le président du gouvernement espagnol Jose Luis Zapatero - ont mis "le paquet" pour présenter, ensemble, leur initiative, afin de recueillir l’accord des membres de l’ONU.
TourMaG.Com - Alors, précisément, l’explication de Monsieur de Villepin selon laquelle : "Il faut faire en sorte qu'une partie des richesses énormes générées puisse être mobilisée", et celle du Président Lula : "Chaque pays du monde peut faire quelque chose, même les plus pauvres. Les 50 milliards de dollars dont nous avons besoin ne représentent rien au regard de la quantité d'argent qui circule dans le monde ou est déposée dans les paradis fiscaux", sont-elles fondées ?
JB.- Première remarque : La comparaison du montant des capitaux qui circulent dans le monde à celui d’un don n’a aucune signification et n’est pas recevable pour justifier une telle initiative.
De plus, affirmer que même les pays pauvres doivent participer est une ineptie. Et que viennent faire, ici, les paradis fiscaux ? En effet, les montants qui s’y réfugient, ou simplement se délocalisent (100 milliards d’euros en 10 ans) ne trouvent-ils pas une justification dans l’excès de la pression fiscale exercée dans certains pays ?
Deuxième remarque : Les promoteurs de la taxe sur les billets d'avion ont prévu de se retrouver dans une conférence internationale en février 2006 à Paris, afin de définir un calendrier et les modalités de ces propositions.
À ce jour, la France, le Chili et la Grande-Bretagne ont déjà décidé d'instaurer, dès 2006, la taxe sur les billets d'avion, qui s'ajoutera au prix du billet.
Elle pourrait être de l'ordre de 5 euros en classe économique et 20 euros en classe affaires, sans qu’une précision soit donnée sur les vols concernés : tous ou seulement les vols internationaux. Mais, vous avez raison, la vraie question est de savoir si une telle initiative est justifiée ? La réponse est NON.
TourMaG.com - Pour quelles raisons ?
JB.- Si ce dispositif est en mesure de générer jusqu'à 10 milliards de dollars par an (sic), ce montant doit être supporté par les Etats donateurs faisant partie de l’ONU - en fonction de leurs possibilités respectives - et non pas uniquement par une partie de la population, ce qui correspond à une discrimination au détriment des passagers aériens, déjà très surtaxés (taxe de survol, taxe d’aéroport, taxe de sûreté, taxe à la suite de l’augmentation du prix de carburant, etc... ), si bien que sur certains trajets, le montant de ces taxes se rapproche de celui du prix du billet ! Où va-t-on ?
De toute évidence, une nouvelle fois, les Etats bottent en touche, en taxant, injustement, une cible de clientèle ? Pourquoi ne pas taxer d’autres modes de transport ? Pourquoi ne pas taxer d’autres industries que celle du transport... comme celles qui engrangent des milliards de bénéfices ? Est-ce un privilège de voyager par avion, luxe qui justifierait que les passagers mettent, encore une fois, la main à la poche ? De toute évidence, la réponse est NON.
Imposer cette taxe, c’est ignorer que la famille qui, après une année d’économies à réussi à mettre de coté l’argent nécessaire pour partir en vacances en avion, va être injustement pénalisée.
C’est ignorer, également, que les avions ne sont pas remplis uniquement par des "touristes", mais par des "hommes d’affaires", représentant des entreprises qui seront, elles aussi, injustement surtaxées, parce que leurs employés doivent se déplacer par avion, qui est - bien que de plus en plus coûteux - souvent le seul moyen de transport à leur disposition.
C’est ignorer, enfin, que cette surtaxe pénalisera encore plus les citoyens français des territoires d’outre-mer vers lesquels il n’y a pas de continuité territoriale.
TourMaG.com - Alors cette bonne intention d’aide aux pays pauvres, comment la concrétiser ?
JB.- L’initiative en elle-même est effectivement louable. Tout le monde sait que malgré les nombreuses aides apportées, l’annulation de la dette, etc..., le fossé continue à se creuser entre les pays développés et ceux qualifiés "en voie de développement".
Les raisons en sont connues et il est inutile d’en dire plus, ici. Il ne sert donc à rien d’augmenter les dons financiers - mannes du ciel - qui disparaissent bien avant d’avoir atteint leur destination initiale. En revanche, indépendamment de l’effort de chaque Etat, sur son propre budget, la participation des citoyens pourrait être envisagée, sous une forme concrète et plus efficace.
Par exemple, les entreprises s’engageant à développer dans les pays les plus en retard, et sur leurs propres fonds, un moyen d’irrigation, d’enseignement, d’agriculture, d’école, de logement, etc... profiteraient d’une réduction d’impôts sur les sommes investies dans cette oeuvre humanitaire, contribuant ainsi, réellement et efficacement, à la réduction de la pauvreté dans le monde.
TourMaG.com - Une conclusion ?
JB.- Après les augmentations des tarifs aériens, l’augmentation des diverses taxes, les irrégularités et retards dans le déroulement des vols, les récents accidents qui ont déclenché une psychose de peur et d’inquiétude chez les passagers, les compagnies qui disparaissent à vue d’oeil, les milliers d’employés hautement qualifiés qui sont mis au chômage, l’émergence de compagnies "champignons" fonctionnant en impasses et dont l’existence résulte du libéralisme issu de la "deregulation Carter", etc..., créer une nouvelle taxation - surtout non fondée et non équitable - contribuera, inévitablement, à fragiliser encore plus le transport aérien, industrie de plus en plus sensible à son environnement.