Philippe de Halloy, vice président de Mediterra.
Tourmag : En deux trois mots comment avez-vous vécu l’année 2005 ?
Philippe de Halloy : "La bonne orientation générale du marché et notre dynamisme nous ont permis de dépasser le niveau de réservations enregistré l’an dernier, pour atteindre au terme de la saison d’été 2005 une croissance de 10 %.
La Turquie qui, petit à petit, se confirme comme première destination « avion » du marché méditerranéen devrait à nouveau atteindre des sommets, et ce malgré une fin de saison difficile. (NDLR : selon certains chiffres, il semble que l’on assiste à un effondrement du marché de l’ordre de 20 à 25 % par rapport à l’an passé)."
Tourmag : Et en détail ?
Ph H : "Sans dire que le bilan de la fin de saison a été morose, Les résultats pour l’été qui seront affichés au terme de la saison 2005 sont en croissance de 10% par rapport à l’année 2004.
Pour la Turquie, notre destination de référence, la progression est de 4% par rapport à la saison précédente, et ce alors qu’il y a quelques semaines encore, la croissance affichée était supérieure de 20%. Cet essoufflement s’explique par une fin de saison considéré comme morose par l’ensemble de la profession."
"En Tunisie, deuxième destination chez Mediterra, les ventes sont en croissance de 22%. Un tel bilan est d’autant plus remarquable que l’an dernier, la Tunisie avait déjà enregistré une forte progression des ventes. "
" Sur ces deux principaux marchés que sont la Turquie et la Tunisie, Mediterra est donc incontestablement devenu le premier tour opérateur privé belge. "
Tourmag : Quels sont vos objectifs à terme ?
Ph H : " Eray Serimözü, le fondateur du groupe, et moi-même, ambitionnons d’atteindre un chiffre d’affaires de EUR 45.000.000 dans un délai de 3 ans. Ce qui représente une croissance annuelle d’environ 10 %. Pour soutenir cette croissance, les destinations qui font la réputation de Mediterra seront maintenues et encore développées. "
Mais nous étudions actuellement des dossiers qui, s’ils aboutissaient, permettraient probablement à Mediterra de gagner du temps par rapport au plan de développement.
Nouvelle destination ?, rachat d’un concurrent ?,….. Rien n’a à ce jour n’a encore été décidé.
Tourmag : Et pour la saison hiver 2005-2006 ?
Ph H : La saison a déjà bien commencé et ce tout particulièrement au niveau des réservations de groupes. Pour cet hiver, nous poursuivons sur la lancée de l’année précédente et avons rajouté même une nouvelle brochure consacrée exclusivement au Maroc.
En fait nous sommes présent dans les AGV avec quatre brochures : brochure hiver globale, Turquie Tunisie Malte, brochure Egypte, brochure Maroc et une brochure Thalasso
En ce qui concerne la brochure Hiver: l’offre est passée de 84 à 100 pages. "
Tourmag : revenons à votre vison générale du marché...
Ph H : " Il est à noter que depuis plusieurs années, Mediterra a appris à intégrer l’incertain dans sa stratégie et que les tremblements de terre, le 11 septembre, les attentats et autres événements dramatiques faisant la Une de l’actualité font désormais partie du « quotidien » de tous. "
Alors qu’il y a quelques années à peine un attentat ou une catastrophe naturelle de « faible ampleur » mobilisait la presse et traumatisait l’opinion publique, il en faut aujourd’hui beaucoup plus pour susciter des réactions. "
"Les attentats du WTC ou le tsunami ayant frappé l’Asie ont atteint de tels sommets d’horreur que désormais les esprits semblent comme fatalistes ou résignés. On ne parle ainsi pratiquement plus de l’ETA ou des séparatistes corses qui pourtant continuent à mener leurs actions violentes. "
Tourmag : constatez-vous également des modifications dans le changement du comportement des touristes ?
Ph H : "En 2004, le marché fut à nouveau victime des trop nombreux « late bookings ». Il est cependant réjouissant de constater que cette tendance s’infléchit. En effet, nombreux sont les voyageurs qui, ayant cru bon d’attendre jusqu’à la dernière minute pour profiter d’offres « soldées », n’ont pas trouvé ce qu’ils recherchaient ou tout simplement n’ont plus rien trouvé du tout."
"Ceci fut particulièrement le cas à partir de la mi-juillet dans des destinations très prisées comme Antalaya, Bodrum ou Djerba. Pour la saison 2005, eu égard à la tendance de marché favorable, l’offre de « last minute » a été fortement réduite."
En ce qui concerne Internet, celui-ci fait dorénavant partie de notre quotidien. Ce phénomène croissant touche, bien entendu, également le tourisme, puisque nombreux sont les « surfeurs» à réserver leurs billets d’avions ou leurs séjours via Internet."
Nous avons pris la décision de permettre aux clients de réserver en direct via le site www.mediterra.be en exigeant que chaque réservation soit attribuée à l’agence habituelle du client ou à une agence proche de son choix."
En fait nous sommes très prudent dans ses prévisions de vente via Internet car nous persistons à croire à l’utilité et à la valeur ajoutée de notre partenaire naturel qui est l’agence de voyages.
Enfin en ce qui concerne les nouvelles tendances, le « All In », parfaitement maîtrisé par les hôteliers turcs, attire sans cesse plus de clients. Dans certaines régions comme Antalaya, on peut même dire que l'on assiste à une compétition entre les hôtels. C'est à qui offrira le plus grand luxe ou la formule All-in la plus complète. C'est ainsi que l'on voit se développer les All in +, les Royal All in, deluxe All in, etc..."
Certains hôtels ayant, ces dernières années, tenté de résister à cette tendance de fond ont souvent été contraints et forcés de suivre le mouvement et de proposer eux aussi le « All in ».
L'argument selon lequel un client séjournant en « All In » ne dépense presque plus rien n'a pas tenu."
Dans les régions de Kusadasi ou Bodrum, là où l'on assiste moins à cette surenchère de 4 ou 5 étoiles plus luxueux les une que les autres, il est beaucoup plus facile de trouver des petits hôtels plus intimes avec les traditionnelles formules demi-pension, pension complète.... "
Tourmag Quels sont les problèmes qui atendent le secteur
Ph H : "Au niveau européen, la flambée des produits pétroliers est à mettre en évidence. Il ne faut pas se voiler la face. L’année 2005 aura été marquée par la forte hausse des prix des produits pétroliers. L’incidence directe de cette hausse sur le prix des séjours sera limitée à quelques dizaines d’euros et pourrait donc être qualifiée de peu significative."
"Par contre, l’incidence indirecte liée à la hausse des prix des carburants sur les budgets des ménages inquiète les responsables de Mediterra. Le temps clément de ce début d’octobre nous permet d’oublier momentanément que l’hiver approche à grands pas et que beaucoup devront prochainement remplir leur cuve de mazout. "
Tourmag : Et pour la Belgique et le Nord de la France
Ph H : " Le marché belge du voyage organisé présente la caractéristique européenne assez unique d’être dominé par les deux géants allemands, Thomas Cook et TUI qui ensemble contrôlent environ 80 % du marché.
Chez nos voisins anglais, hollandais, ou français, la situation est tout autre puisque, bien qu’influents, Thomas Cook et TUI sont loin de détenir ensemble une telle part de marché. Il est éloquent de noter que sur leur propre marché domestique, Thomas Cook et TUI, ne détiennent ensemble qu’environ 50 % du marché. "
Cette situation belge génère bien souvent de la part des agences de voyages indépendantes des relations de type « je t’aime, je te hais ».
En effet, s’ils sont à la merci des grands et doivent accepter ou subir sans oser réagir les dictats des deux géants allemands qui sont sur Internet ou qui possèdent leur propre réseau de distribution entrant en concurrence directe avec les agences (je te hais), ils peuvent également bénéficier des largesses de ces mêmes colosses qui sont passés maître dans l’art de motiver les agences en adaptant finement le niveau de commissionnement ou de surcommissionnement des agences (je t’aime)."
Ceci, tout en risquant d’un jour être mis à mal par une diminution de ces mêmes commissions ou surcommissions (j’ai peur) puisque la part prise par Thomas Cook et/ou TUI dans le résultat de chaque agence est très (trop ?) importante."
Philippe de Halloy : "La bonne orientation générale du marché et notre dynamisme nous ont permis de dépasser le niveau de réservations enregistré l’an dernier, pour atteindre au terme de la saison d’été 2005 une croissance de 10 %.
La Turquie qui, petit à petit, se confirme comme première destination « avion » du marché méditerranéen devrait à nouveau atteindre des sommets, et ce malgré une fin de saison difficile. (NDLR : selon certains chiffres, il semble que l’on assiste à un effondrement du marché de l’ordre de 20 à 25 % par rapport à l’an passé)."
Tourmag : Et en détail ?
Ph H : "Sans dire que le bilan de la fin de saison a été morose, Les résultats pour l’été qui seront affichés au terme de la saison 2005 sont en croissance de 10% par rapport à l’année 2004.
Pour la Turquie, notre destination de référence, la progression est de 4% par rapport à la saison précédente, et ce alors qu’il y a quelques semaines encore, la croissance affichée était supérieure de 20%. Cet essoufflement s’explique par une fin de saison considéré comme morose par l’ensemble de la profession."
"En Tunisie, deuxième destination chez Mediterra, les ventes sont en croissance de 22%. Un tel bilan est d’autant plus remarquable que l’an dernier, la Tunisie avait déjà enregistré une forte progression des ventes. "
" Sur ces deux principaux marchés que sont la Turquie et la Tunisie, Mediterra est donc incontestablement devenu le premier tour opérateur privé belge. "
Tourmag : Quels sont vos objectifs à terme ?
Ph H : " Eray Serimözü, le fondateur du groupe, et moi-même, ambitionnons d’atteindre un chiffre d’affaires de EUR 45.000.000 dans un délai de 3 ans. Ce qui représente une croissance annuelle d’environ 10 %. Pour soutenir cette croissance, les destinations qui font la réputation de Mediterra seront maintenues et encore développées. "
Mais nous étudions actuellement des dossiers qui, s’ils aboutissaient, permettraient probablement à Mediterra de gagner du temps par rapport au plan de développement.
Nouvelle destination ?, rachat d’un concurrent ?,….. Rien n’a à ce jour n’a encore été décidé.
Tourmag : Et pour la saison hiver 2005-2006 ?
Ph H : La saison a déjà bien commencé et ce tout particulièrement au niveau des réservations de groupes. Pour cet hiver, nous poursuivons sur la lancée de l’année précédente et avons rajouté même une nouvelle brochure consacrée exclusivement au Maroc.
En fait nous sommes présent dans les AGV avec quatre brochures : brochure hiver globale, Turquie Tunisie Malte, brochure Egypte, brochure Maroc et une brochure Thalasso
En ce qui concerne la brochure Hiver: l’offre est passée de 84 à 100 pages. "
Tourmag : revenons à votre vison générale du marché...
Ph H : " Il est à noter que depuis plusieurs années, Mediterra a appris à intégrer l’incertain dans sa stratégie et que les tremblements de terre, le 11 septembre, les attentats et autres événements dramatiques faisant la Une de l’actualité font désormais partie du « quotidien » de tous. "
Alors qu’il y a quelques années à peine un attentat ou une catastrophe naturelle de « faible ampleur » mobilisait la presse et traumatisait l’opinion publique, il en faut aujourd’hui beaucoup plus pour susciter des réactions. "
"Les attentats du WTC ou le tsunami ayant frappé l’Asie ont atteint de tels sommets d’horreur que désormais les esprits semblent comme fatalistes ou résignés. On ne parle ainsi pratiquement plus de l’ETA ou des séparatistes corses qui pourtant continuent à mener leurs actions violentes. "
Tourmag : constatez-vous également des modifications dans le changement du comportement des touristes ?
Ph H : "En 2004, le marché fut à nouveau victime des trop nombreux « late bookings ». Il est cependant réjouissant de constater que cette tendance s’infléchit. En effet, nombreux sont les voyageurs qui, ayant cru bon d’attendre jusqu’à la dernière minute pour profiter d’offres « soldées », n’ont pas trouvé ce qu’ils recherchaient ou tout simplement n’ont plus rien trouvé du tout."
"Ceci fut particulièrement le cas à partir de la mi-juillet dans des destinations très prisées comme Antalaya, Bodrum ou Djerba. Pour la saison 2005, eu égard à la tendance de marché favorable, l’offre de « last minute » a été fortement réduite."
En ce qui concerne Internet, celui-ci fait dorénavant partie de notre quotidien. Ce phénomène croissant touche, bien entendu, également le tourisme, puisque nombreux sont les « surfeurs» à réserver leurs billets d’avions ou leurs séjours via Internet."
Nous avons pris la décision de permettre aux clients de réserver en direct via le site www.mediterra.be en exigeant que chaque réservation soit attribuée à l’agence habituelle du client ou à une agence proche de son choix."
En fait nous sommes très prudent dans ses prévisions de vente via Internet car nous persistons à croire à l’utilité et à la valeur ajoutée de notre partenaire naturel qui est l’agence de voyages.
Enfin en ce qui concerne les nouvelles tendances, le « All In », parfaitement maîtrisé par les hôteliers turcs, attire sans cesse plus de clients. Dans certaines régions comme Antalaya, on peut même dire que l'on assiste à une compétition entre les hôtels. C'est à qui offrira le plus grand luxe ou la formule All-in la plus complète. C'est ainsi que l'on voit se développer les All in +, les Royal All in, deluxe All in, etc..."
Certains hôtels ayant, ces dernières années, tenté de résister à cette tendance de fond ont souvent été contraints et forcés de suivre le mouvement et de proposer eux aussi le « All in ».
L'argument selon lequel un client séjournant en « All In » ne dépense presque plus rien n'a pas tenu."
Dans les régions de Kusadasi ou Bodrum, là où l'on assiste moins à cette surenchère de 4 ou 5 étoiles plus luxueux les une que les autres, il est beaucoup plus facile de trouver des petits hôtels plus intimes avec les traditionnelles formules demi-pension, pension complète.... "
Tourmag Quels sont les problèmes qui atendent le secteur
Ph H : "Au niveau européen, la flambée des produits pétroliers est à mettre en évidence. Il ne faut pas se voiler la face. L’année 2005 aura été marquée par la forte hausse des prix des produits pétroliers. L’incidence directe de cette hausse sur le prix des séjours sera limitée à quelques dizaines d’euros et pourrait donc être qualifiée de peu significative."
"Par contre, l’incidence indirecte liée à la hausse des prix des carburants sur les budgets des ménages inquiète les responsables de Mediterra. Le temps clément de ce début d’octobre nous permet d’oublier momentanément que l’hiver approche à grands pas et que beaucoup devront prochainement remplir leur cuve de mazout. "
Tourmag : Et pour la Belgique et le Nord de la France
Ph H : " Le marché belge du voyage organisé présente la caractéristique européenne assez unique d’être dominé par les deux géants allemands, Thomas Cook et TUI qui ensemble contrôlent environ 80 % du marché.
Chez nos voisins anglais, hollandais, ou français, la situation est tout autre puisque, bien qu’influents, Thomas Cook et TUI sont loin de détenir ensemble une telle part de marché. Il est éloquent de noter que sur leur propre marché domestique, Thomas Cook et TUI, ne détiennent ensemble qu’environ 50 % du marché. "
Cette situation belge génère bien souvent de la part des agences de voyages indépendantes des relations de type « je t’aime, je te hais ».
En effet, s’ils sont à la merci des grands et doivent accepter ou subir sans oser réagir les dictats des deux géants allemands qui sont sur Internet ou qui possèdent leur propre réseau de distribution entrant en concurrence directe avec les agences (je te hais), ils peuvent également bénéficier des largesses de ces mêmes colosses qui sont passés maître dans l’art de motiver les agences en adaptant finement le niveau de commissionnement ou de surcommissionnement des agences (je t’aime)."
Ceci, tout en risquant d’un jour être mis à mal par une diminution de ces mêmes commissions ou surcommissions (j’ai peur) puisque la part prise par Thomas Cook et/ou TUI dans le résultat de chaque agence est très (trop ?) importante."
A LA LOUPE
Mediterra est un TO spécialisé sur la Turquie (63 % du CA), Tunisie (25 %), Maroc (8 %), Egypte (4 %) et Malte (nouvelle destination depuis 2004). Elle propose circuits, croisières et séjours balnéaires vendus au travers de plus de 2.000 agences situées en Belgique et dans le Nord de la France.
Mediterra est un TO spécialisé sur la Turquie (63 % du CA), Tunisie (25 %), Maroc (8 %), Egypte (4 %) et Malte (nouvelle destination depuis 2004). Elle propose circuits, croisières et séjours balnéaires vendus au travers de plus de 2.000 agences situées en Belgique et dans le Nord de la France.
