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Exclusif Thomas Cook : "La filiale française peut être rentable", selon Jean-Marc Ettori

L'interview du soutien de l'équipe managériale


Le 23 octobre 2019, les offres de reprise de Thomas Cook France étaient déposées au Tribunal de Commerce de Nanterre. L'équipe managériale menée par Nicolas Delord a déposé un dossier adossé au Groupe Ettori. Propriétaire de plusieurs hôtels, d'une dizaine d'agences et du tour-opérateur Corsicatours, Jean-Marc Ettori nous a accordé une interview. Entretien sans détour avec le président du groupe, pour qui Thomas Cook "n'est ni un rêve, ni une obsession".


Rédigé par le Jeudi 7 Novembre 2019

Les Corses ont la réputation d'être avares en palabres, allant même jusqu'à la caricature.

Jean-Marc Ettori, bien que discret dans les médias, est loin de cette image d’Épinal.

Une chose est sûre, tout comme les gens de sa terre, le responsable du groupe éponyme (Groupe Ettori) possède un caractère bien trempé. Ce qu'il a lu sur le dossier Thomas Cook ne lui pas toujours plu et il le fait savoir.

TourMaG.com - Nous avions eu des informations selon lesquelles Wamos se rapprocherait de l'équipe managériale. Qu'en est-il ?

Jean-Marc Ettori :
L'équipe managériale et moi-même sommes très, très remontés contre vous (TourMaG, ndlr). Le point culminant de notre mécontentement s'est cristallisé justement lorsque vous avez associé l'offre de l'équipe managériale avec la réputation sulfureuse de Wamos.

Ce n'est pas le cas et cela nous a causé du tort.

TourMaG.com - Pourquoi avez-vous choisi de vous lancer dans cette reprise partielle ?

Jean-Marc Ettori :
Je suis le plus ancien franchisé du groupe, nous avons quand même une dizaine de points de vente. J'ai un attachement particulier à la marque.

Toutefois, Thomas Cook n'est ni une obsession, ni un rêve pour moi. Ce n'est pas l'affaire du siècle, mais quelque chose de pensé et réfléchi.

Les chiffres ne sont pas aussi mauvais que tout le monde le dit. La filiale française peut être rentable. Ce n'est pas simple, car elle a été pillée par l'Allemagne et l'Angleterre.

En revoyant beaucoup de choses dans le fonctionnement, je me suis rendu compte que l'opération de sauvetage est possible. Il y a moyen de sauver beaucoup d'emplois. C'est ce qui m'habite.

J'essaye de sauvegarder le métier d'agent de voyages, au-delà de tout intérêt financier. Il ne faut pas se leurrer, il y aura de la casse.

"Je suis ouvert à toute discussion avec les 15 repreneurs"

TourMaG.com - Quand avez-vous décidé de vous lancer sur le dossier Thomas Cook ?

Jean-Marc Ettori :
Dès le premier jour de la chute, j'ai vu poindre le redressement.

Je me suis positionné rapidement, car je ne pensais pas que quelqu'un fasse une offre. Dans les discussions autour de la reprise, il s'est avéré que le management voulait en faire une. Le rapprochement a été logique. Je suis ouvert à toute discussion avec les 15 repreneurs.

A deux, il est possible d'aller plus loin. Je ne suis pas là pour jouer au Monopoly, mais pour sauver le plus d'emplois possible. Le projet initial a été de reprendre le tour-opérateur et quelques agences.

Si quelqu'un devait apporter de l'argent dans notre offre commune, c'est bien notre groupe et pas Nicolas Delord (Président de Thomas Cook France ndlr). Chacun apporte sa contribution selon ses moyens. L'équipe managériale apporte son expérience.

Les délais pour se positionner sont très très courts. Vous verriez la data room, la masse de documents à consulter et à analyser est inhumaine, ce n'est pas un dossier facile.

TourMaG.com - Vous affirmez que les chiffres ne sont pas aussi mauvais, pouvons-nous en savoir davantage ?

Jean-Marc Ettori :
Je ne peux pas vous dévoiler les éléments du dossier. Cela est confidentiel. Tout comme je ne peux pas vous livrer mon ressenti. Je me suis positionné par conviction.

Une chose est sûre : la France ne gagnait, ni ne perdait pas d'argent.

Nous voulons relancer une machine, qui ne s'appellera plus Thomas Cook, composée d'un TO et des agences de voyages, plutôt que de les abandonner à leur sort.

Après rien n'est fait, je peux vous dire que des négociations sont en cours, avec tout le monde, cela évolue de minute en minute. Nous sommes prêts à faire des efforts pour limiter la casse sociale.

TourMaG.com - Quel type de relation avez-vous avec Nicolas Delord ?

Jean-Marc Ettori :
Je l'ai connu quand il a été nommé à la tête de Thomas Cook.

Il est arrivé à une époque où l'entreprise manquait de stabilité. Les personnes à la tête de la branche française changeaient tous les six mois.

Il a apporté une certaine stabilité à Thomas Cook, mais ne croyez pas que nous échangions tous les jours.

Nicolas a une bonne connaissance du sujet et des problématiques. Que ce soit de sa part ou de la mienne, il n'y a aucune ambition hégémonique.

"Notre offre se veut éthique, raisonnable et juste"

TourMaG.com - Quel sera votre plan de relance ?

Jean-Marc Ettori :
Les Allemands ont lancé la guerre des prix dans le tourisme, cela a fragilisé l'ensemble de l'industrie. Alors que notre offre se veut éthique, raisonnable et juste.

Notre projet sort de cela, il se construit autour d'une offre de qualité et de garanties maximales données aux clients, mais aussi aux fournisseurs. Nous ne voulons plus retourner dans la guerre des prix, c'est abominable.

Nous n'allons pas entrer en concurrence frontale sur ce domaine, ce serait suicidaire.

Notre projet repose sur la qualité de nos produits. Nous n'avons pas les moyens, ni la volonté, ni l'intérêt de mener une politique agressive sur les prix.


TourMaG.com - Cette défaillance aura-t-elle des conséquences plus large sur l'industrie du tourisme ?

Jean-Marc Ettori :
D'une façon générale, plus rien ne sera comme avant, aussi bien au niveau européen que mondial. Les habitudes des clients vont changer, car il y a clairement une perte de confiance dans le nom Thomas Cook.

Après je regrette que la presse professionnelle ne se soit pas plongée dans la vaste escroquerie de ce dépôt de bilan au Royaume-Uni.

Il faut savoir que le mercredi avant la chute, les hôtels et les fournisseurs ont reçu une lettre de Thomas Cook Plc pour avertir que nous serions payés.

Bizarrement, les fonds ne sont jamais arrivés et sont restés dans les caisses de Thomas Cook le lundi de la faillite.

Pour moi, derrière ce dépôt de bilan, il y a une vaste magouille au Royaume-Uni, beaucoup de rumeurs circulent. La confusion est née entre Royal Scotland Bank (RSB) et le gouvernement anglais. La banque a demandé une garantie de l'Etat pour 200 millions d'euros, ce même Etat qui est l'actionnaire principal de RSB.

Pourquoi l'opération de sauvetage ne s'est pas faite ? Car il y avait des intérêts supérieurs à ceux des groupes privés qui proviennent de l'Etat.

Avoir ruiné autant de gens et s'en sortir blanchi dans la presse, il serait bien que cela soit dénoncé.]i"

"Nous n'allons pas échapper à une remise en question de l'industrie"

TourMaG.com - Les relations entre tous les acteurs de la chaîne touristique doivent-elles être remises en cause ?

Jean-Marc Ettori :
Il faut penser un nouveau modèle avec plus de sécurité.

Nous allons devoir réfléchir à tout ça, mais pas dans les 20 semaines nous séparant du coup d'envoi de la saison, mais à moyen terme en étant plus tranquilles, loin de l'émotion de la faillite.

Les clients exigent davantage de garanties et les hôteliers aussi, ils ont été échaudés. Nous devons réinventer un cercle vertueux. Les relations avec les compagnies aériennes doivent être revues, le système n'est plus normal.

A mon avis, nous n'allons pas échapper à une remise en question du fonctionnement actuel de l'industrie.

TourMaG.com - Un mot sur votre Groupe, que pèse-t-il et que représente-t-il ?

Jean-Marc Ettori :
Le groupe Ettori va fêter en 2020 ses 100 ans.

Au départ nous étions spécialisés dans le transport de personnes, avant d'agréger différentes activités. Nous avons mis le pied dans le tourisme, avec nos autocars, puis pour faire venir les touristes en Corse, nous nous sommes lancés dans la billetterie, Corsicatours est né.

Ce dernier est le tour-opérateur du groupe. Puis nous avons poursuivi l'intégration verticale, en ajoutant les hôtels, avec près de 1 000 chambres sur toute la Corse, mais aussi la restauration.

Nous possédons aussi une dizaine d'agences de voyages, sous le nom Kallistour. En 2019, le Groupe Ettori rassemble entre 400 et 450 employés, pour un chiffre d'affaires d'environ 60 millions d'euros.

Nous croyons au tourisme et à la Corse, d'ailleurs nous allons poursuivre notre développement, notamment dans l'hôtellerie.

En cas d'échec de la reprise, je ne me positionnerais pas sur un autre rachat. Mon positionnement sur Thomas Cook correspond à une opportunité et la volonté de sauver un groupe et des emplois, rien de plus.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Filloux le 08/11/2019 14:38 | Alerter
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Bravo Me Ettori, vous honorez la profession malgré les obstacles qu’ont dressé devant vous une certaine presse

2.Posté par Soso le 09/11/2019 19:09 | Alerter
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Mr Filloux, pourquoi continuez vous a lire et commenter cette presse que vous testez tant?

3.Posté par Valerie le 16/11/2019 04:37 | Alerter
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Quelle classe !!

un rapprochement avec la direction générale de Thomas cook est d autant plus étonnant.

Sauver des emplois est un bel objectif mais attention aux dirigeants que vous pourriez reprendre, ce sont de beaux raconteurs d histoire mais avec une éthique plus que discutable.

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