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FUTUROSCOPIE - L'image subliminale des PrĂ©sidents sert le tourisme 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


Le meilleur « driver » d’une destination c’est son image. Or, les Ă©lections prĂ©sidentielles sont l’occasion de modifier l’image d’un pays, donc d’une destination. En bien ou en mal. La France n’échappe pas Ă  la rĂšgle. Elle y Ă©chappe d’autant moins que les Ă©lections françaises sont particuliĂšrement attendues et mĂ©diatisĂ©es en Europe et dans le monde.
Que se passet-il depuis hier soir et d’une façon plus gĂ©nĂ©rale, quel impact ont les dirigeants d’un pays sur la promotion touristique ? DĂ©cryptage.


Rédigé par le Lundi 25 Avril 2022

Le prĂ©sident incarne un pays. Il en est le visage et par extension devient le visage de la nation et de sa population. Pas dans tous les cas. Mais, dans ceux justement oĂč le pays est connu et mĂ©diatisĂ©. - Depositphotos.com Auteur razvanphoto
Le prĂ©sident incarne un pays. Il en est le visage et par extension devient le visage de la nation et de sa population. Pas dans tous les cas. Mais, dans ceux justement oĂč le pays est connu et mĂ©diatisĂ©. - Depositphotos.com Auteur razvanphoto
La victoire attendue mais loin d’ĂȘtre gagnĂ©e, d’Emmanuel Macron dimanche soir a permis a beaucoup de Français et aux dĂ©mocrates en gĂ©nĂ©ral de reprendre leur souffle. « Ouf ! » a mĂȘme titrĂ© le journal allemand Der Spiegel.

Pour la troisiĂšme fois, un candidat dĂ©mocrate dĂ©joue les piĂšges de la droite extrĂȘme, rĂ©ussit Ă  prĂ©server la France de l’opprobre internationale et permet Ă  notre pays de continuer Ă  revendiquer sa posture universaliste de « pays des droits de l’homme ».

Ainsi, aprĂšs quelques semaines de valse-hĂ©sitation particuliĂšrement mĂ©diatisĂ©e, l’imaginaire touristique par rapport Ă  notre pays est presque intact, vu de loin. Un peu moins, vu de prĂ©s.

Mais il ne tardera pas Ă  le redevenir auprĂšs de la grande majoritĂ© des clientĂšles touristiques tandis qu’une petite partie seulement se souviendra que notre pays a eu des penchants idĂ©ologiques peu recommandables validĂ©s malheureusement par quasiment la moitiĂ© de son Ă©lectorat !


L’imaginaire d’une destination : une mosaïque

Que viennent faire les Ă©lections dans les imaginaires touristiques ? Lesquels sont dĂ©jĂ  encombrĂ©s d’une mosaĂŻque d’images liĂ©es au patrimoine culturel, Ă  un Ă©vĂ©nement, Ă  des sites naturels, Ă  des artistes, Ă  des chansons et des musiques


Force est de constater qu’elles y participent et que pendant les annĂ©es durant lesquelles un nouveau prĂ©sident reste au pouvoir, elles contribuent Ă  vĂ©hiculer une image positive ou nĂ©gative d’un pays. Car l’image d’un prĂ©sident est, dans les nombreux cas la premiĂšre image qui vient Ă  l’esprit. Le prĂ©sident incarne un pays. Il en est le visage et par extension devient le visage de la nation et de sa population. Pas dans tous les cas. Mais, dans ceux justement oĂč le pays est connu et mĂ©diatisĂ©.

Ainsi, quand Donald Trump a remplacĂ© le visage souriant, dĂ©contractĂ©, moderne et surtout mĂ©tisse du prĂ©sident Obama, le tourisme amĂ©ricain a perdu son plus puissant atout. Avec Barak Obama, l’AmĂ©rique Ă©tait frĂ©quentable : tolĂ©rante, ouverte, progressiste et l’on avait envie de la visiter.

Avec Donald Trump, elle a perdu en quelques jours sa sĂ©duction pour se transformer en un pays rĂ©trograde, fermĂ©, intolĂ©rant, et beaucoup, y compris les AmĂ©ricains eux-mĂȘmes, ont classĂ© la banniĂšre Ă©toilĂ©e parmi les destinations Ă  bannir.

Certains (dont moi) se rappelleront aussi que, quand le prĂ©sident Giscard d’Estaing est apparu en une de Time magazine avec des diamants Ă  la place des yeux ou quand Jacques Chirac a eu affaire Ă  la justice Ă  cause de quelques emprunts aux finances publiques lui permettant de payer ses billets d’avion pour l’üle Maurice, la France n’avait pas fiĂšre allure.

Quant Ă  la Russie poutinienne, on ne peut pas dire qu’elle n’ait jamais Ă©tĂ© porteuse de sĂ©duction


Les rois et les reines : le « glamour » Ă  l’ancienne marche toujours

Outre les prĂ©sidents Ă©lus plus ou moins dĂ©mocratiquement, notre planĂšte compte encore quelques monarchies qui ne sont pas dĂ©nuĂ©es de prestige et de cette aura toute particuliĂšre qui donne au pays un charme surannĂ© assimilĂ© Ă  une forme d’exotisme.

Ainsi, la reine d’Angleterre, Elizabeth 2 dont on cĂ©lĂšbre cette annĂ©e le jubilĂ© de platine a toujours Ă©tĂ© et reste le meilleur outil du marketing de « Visit Britain ».

Soixante-dix ans Ă  la tĂȘte d’un pays qui, par ailleurs, joue la carte de la modernitĂ©, l’atout est irremplaçable ! Que dire de ce rocher de Monaco qui acquit, grĂące Ă  son Ă©tincelante princesse hollywoodienne, une notoriĂ©tĂ© totalement disproportionnĂ©e par rapport Ă  la taille et la situation Ă©conomique de la principautĂ© ?

Qui se souvient encore du couple exceptionnel que formait la Shah d’Iran et sa femme : la jolie princesse Fara Dhiba qui, tous deux, donnĂšrent envie au monde entier de dĂ©couvrir les attraits de la Perse moderne ? Un monde entre ces images et celles actuelles vĂ©hiculĂ©es par les mollahs et autres chefs de la « rĂ©volution » !

Enfin, le roi d’Espagne, s’il n’avait pas brisĂ© le cƓur des Espagnols par ses frasques financiĂšres, n’a-t-il pas, aprĂšs le sinistre rĂšgne de Franco, jetĂ© une lumiĂšre rassurante et dynamique de la pĂ©ninsule ibĂ©rique et de ses atouts touristiques ?

Les paradoxes des comportements touristiques

Mais, on ne peut hĂ©las gĂ©nĂ©raliser. Il ne suffit pas d’un prĂ©sident « aimable » pour faire la rĂ©putation d’un pays et d’un prĂ©sident autoritaire pour la dĂ©faire.

Pourquoi ? Tout simplement parce que, dans de nombreux cas, les clientĂšles touristiques ignorent tout de la vie politique d’un pays et de la nature de leurs gouvernants. Qui sait par exemple quel est le rĂ©gime de cette destination vedette qu’est la RĂ©publique dominicaine ? MĂȘme constat pour la Turquie de R.T Erdogan, de l’Égypte du GĂ©nĂ©ral Sissi ou de la ThaĂŻlande dont les plages paradisiaques cachent le visage d’un rĂ©gime autoritaire contre lequel les opposants se dĂ©chaĂźnent rĂ©guliĂšrement.

Pire, les mĂȘmes soixante-huitards qui avaient jetĂ© des pavĂ©s dans les rues de Paris n’ont-ils pas pris leur 2CV pour filer dans la GrĂšce des colonels passer leurs vacances d’étĂ© ?

Et surtout, que dire de l’Espagne franquiste qui, malgrĂ© la proximitĂ© gĂ©ographique et chronologique des atrocitĂ©s de la guerre civile, rĂ©ussissait Ă  faire fantasmer l’Europe entiĂšre sur son soleil, son art de vivre, ses fĂȘtes et ses plages ?

Certes, le changement de rĂ©gime et l’avĂšnement de la dĂ©mocratie en 1977 ont changĂ© le visage de l’Espagne, l’ont rendu aimable et ont dynamisĂ© son tourisme. Mais, auparavant, Franco a incontestablement rĂ©ussi son pari de faire de son pays verrouillĂ© par la Guardia Civile l’une des premiĂšres destinations d’Europe !

Entre tourisme et politique, les choses ne sont donc toujours pas claires

En termes de paradoxes et d’ambiguĂŻtĂ©, on le voit les comportements touristiques n’ont rien Ă  envier aux comportements humains en gĂ©nĂ©ral. Ils se coulent dans des corridors de la complexitĂ© en faisant des choix parfois raisonnables, souvent beaucoup moins.

Et puis surtout, ils se modĂšlent sur les situations Ă©conomiques respectives des uns et des autres qui prĂ©fĂšrent fermer les yeux sur ce qui gĂȘne et s’offrir des sĂ©jours sur fond de cartes postales plutĂŽt que de regarder qui actionnent les ficelles des cartes postales.

Pour le moment, les dictateurs, exceptĂ© quand ils deviennent des bourreaux comme le maĂźtre du Kremlin n’ont donc pas grand-chose Ă  craindre pour leurs touristes.

La Hongrie de V. Orban ne perdra des visiteurs cet Ă©tĂ© que par rapport Ă  sa situation gĂ©ographique. Et Bolsonaro au BrĂ©sil ne parvient toujours pas Ă  dissuader les touristes de venir goĂ»ter aux charmes d’une destination qu’il est pourtant en train de ravager sur le plan environnemental !

Entre tourisme et politique, les choses ne sont donc toujours pas claires. Une fois de plus, force est de constater que les attitudes diffĂšrent selon les niveaux d’éducation des voyageurs et leur degrĂ© de conscience politique.

Une minoritĂ© seulement est sensible aux arcanes de la politique des pays oĂč ils passent leurs vacances, quand la majoritĂ© reste juste sensible au visage des prĂ©sidents. Et encore !


 En effet, n’était-ce pas Ă  Zidane que les Ă©trangers pensaient quand ils pensaient Ă  la France dans les annĂ©es 2000 ?

Le prĂ©sident en gĂ©nĂ©ral est une icĂŽne. Emmanuel Macron en est une. Mais, il n’est pas la seule


Josette Sicsic- DR
Josette Sicsic- DR
Journaliste, consultante, confĂ©renciĂšre, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les consĂ©quences sur le secteur du tourisme.

AprĂšs avoir dĂ©veloppĂ© pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualitĂ© oĂč elle dĂ©code le prĂ©sent pour prĂ©voir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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