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Nouveaux critères IATA : le réveil tardif des instances de la profession

L'APST et le SNAV veulent instruire le dossier


Les nouveaux critères d'accréditation du BSP ont soulevé l'indignation de l'ASPT. Une position étonnante face à des règles connues depuis plusieurs mois par plusieurs représentants du SNAV du SETO.


Rédigé par Laury-Anne Cholez le Lundi 11 Avril 2016

Critères IATA : le SNAV et l’APST ont ainsi décidé de s'emparer du dossier. Il a été présenté au conseil d’administration du SNAV mardi 5 avril, et au bureau l’APST mercredi 6 avril © Photobank - Fotolia.com
Critères IATA : le SNAV et l’APST ont ainsi décidé de s'emparer du dossier. Il a été présenté au conseil d’administration du SNAV mardi 5 avril, et au bureau l’APST mercredi 6 avril © Photobank - Fotolia.com
Iata va durcir ses critères d'accréditation au BSP d'ici le 1er juillet prochain.

L'information n'est pas nouvelle et TourMaG.com en dévoilait les détails en novembre dernier.

Deux points avaient à l'époque provoqué le mécontentement de certains professionnels du tourisme : l'instauration d'une garantie bancaire pour tous les nouveaux entrants et les agences rachetées ainsi que l'obligation de justifier d’un EBITDA deux fois supérieur aux charges financières.

Cette indignation était rapidement retombée avant d'être réactivée, la semaine dernière, par l'APST, car il y a le feu...

Le SNAV et l’APST ont ainsi décidé de s'emparer du dossier. Il a été présenté au conseil d’administration du SNAV mardi 5 avril, et au bureau l’APST mercredi 6 avril.

« Nous allons confier l'affaire à notre avocat pour qu’il recherche les points faibles des exigences dictées par IATA » explique Raoul Nabet, président de l’APST.

L'incompréhension du côté de IATA

Du côté de IATA, on ne comprend pas ce virage à 360°. Car les représentants de la profession ont bel et bien participé aux réunions de préparation, dans le cadre de la commission paritaire qui discute de l'application des résolutions de IATA : l'APJC.

Cet organisme a constitué un groupe de travail pour étudier les nouveaux critères d'accréditation. Il s'est réuni six fois entre le 24 novembre 2014 et le 9 juin 2015.

Parmi ses membres, 8 représentants des agences de voyages (agences et TO accrédités IATA) désignés par le SNAV et le SETO ainsi que 8 représentants des compagnies aériennes.

Il y a eu également des observateurs : le BAR, le secrétaire général du SETO Jürgen Bachmann ainsi que deux personnes du SNAV : Jean-Marc Rozé, le secrétaire général et Christine Baal, la présidente du conseil exécutif des distributeurs.

Quant à l'APST, elle y était représentée par Emmanuel Toromanof.

Ce groupe a présenté ses premières conclusions à l'APJC en mars 2015, proposant l'instauration d'une garantie bancaire pour tous les nouveaux entrants au premier juillet 2016.

Une mesure acceptée à l'unanimité.

Une garantie nécessaire pour se lutter contre la fraude

Cette garantie, d'un minimum de 30 000 euros pour un paiement mensuel, est variable en fonction du chiffre d'affaires et sera obligatoire pendant deux ans.

Passé ce délai, si les bilans financiers sont positifs, elle sera rendue par IATA.

Ainsi, toute personne qui souhaite créer une agence, racheter ou même en hériter devra se plier à cette nouvelle règle.

Un système mis en place par Iata pour se prémunir contre les fraudeurs. Certaines personnes mal intentionnées rachetaient en effet des agences avant de mettre la clé sous la porte et de partir avec la caisse. Une mésaventure loin d'être une exception.

Depuis le début de l'année 2016, la France a déjà enregistré deux défauts de paiement pour un montant de 2,5 et 3,5 millions d'euros.

Soit 38% de "l'objectif" global européen. Des chiffres suffisants pour convaincre l'ensemble des participants à l'APJC d'approuver cette mesure en juin 2016.

Mais elle inquiète aujourd’hui Christine Baal, qui avait pourtant participé à toutes les réunions de travail sur le sujet.

Interrogée dans nos colonnes la semaine dernière, elle estimait que cette garantie bancaire allait "freiner la cession des entreprises, voire dévaloriser les fonds de commerce, et compliquer les transmissions familiales".

L'EBITDA : le meilleur critère pour mesurer la santé financière d'une entreprise ?

Autre critère qui tourmente les professionnels, celui de l'EBITDA, qui doit être deux fois supérieur aux charges financières.

Notons que dans le projet initial, l'EBITDA devait être trois fois supérieur aux charges financières. La France ne s'en sort donc pas si mal, même si désormais, en cas d'EBITDA négatif, l'agence devra verser une garantie bancaire.

L'EBITDA est considéré par Iata comme l'indicateur le plus fiable pour évaluer la santé financière d'une entreprise.

En témoigne le retour à l'EBITDA positif du groupe Air France, salué par la presse et les marchés financiers.

Cette mesure a également été approuvée à l'unanimité en juin 2015 par l'APJC.

L’APST a aujourd’hui pris le sujet sous son aile

Dix mois plus tard, les professionnels semblent avoir pris conscience de l'impact négatif qu'elle pourrait avoir sur les PME.

"C'est extrêmement pénalisant pour les entreprises, elles peuvent avoir un EBITDA négatif en raison d'investissements et être en parfaite santé financière", nous expliquait Christine Baal.

Raoul Nabet, le président de l'APST, estime que l'EBITDA ne peut être le seul indicateur de la santé financière d'une entreprise.

"Une agence peut enregistrer des pertes à cause d'un évènement exceptionnel, par exemple, le lancement d'une campagne de communication dont elle souhaite amortir les coûts sur une seule année", explique-t-il. "J'estime qu'il faut prendre en compte plusieurs paramètres".

L'instauration d'une garantie bancaire pour tous les nouveaux entrants ainsi qu'aux agences dont l'EBITDA est négatif, l'inquiète au plus haut point.

"Cela va forcément faire chuter la valeur des agences, car les acheteurs potentiels devront prendre en compte le montant de la garantie à verser", s'exclame Raoul Nabet.

"Certaines PME pourraient même devoir mettre la clé sous la porte, faute de pouvoir justifier la garantie en cas de coup dur. Vous savez comme les banquiers sont frileux à ce sujet".

La communication semble bien défaillante...

Il semble que le réveil de la profession soit un peu tardif sur un sujet aussi important.

Plusieurs interrogations restent toutefois en suspens : pourquoi personne, parmi les 8 membres du SNAV et du SETO ayant participé aux réunions, n'a-t-il communiqué plus tôt avec l’APST ?

N’ont-ils pas pris conscience de l'impact de ces nouvelles règles pour certaines agences de voyages ?

Emmanuel Toromanof n'a participé qu'à la première session instaurant le principe d'une garantie bancaire. Il n'était pas présent fin juin lors de la présentation finale des critères concernant place de l'EBITDA.

La communication entre les grandes instances de notre profession semble décidément bien défaillante...

Reste à savoir si les représentants de la profession réussiront à trouver la faille pour faire vaciller IATA sur ces nouveaux critères, alors même qu’il doivent entrer en vigueur le 1er juillet prochain…

Le BSP toujours utile ?

Avec le durcissement du BSP, certains s'interrogent sur l'utilité de ce système face au développement de nouvelles technologiques qui pourraient le supplanter.

On pense notamment à la norme NDC, qui promet une connexion directe entre les agences et les compagnies aériennes. On songe aussi à Lufthansa qui incite les agences à réserver en direct sur son site B2B sans passer par les GDS et donc par le BPS.

En centralisant toutes les réservations et en permettant de payer une fois par mois (deux fois par mois à partir d'avril 2017), le BSP reste encore utile à certains. Mais pourrait très prochainement évoluer.

"Le but du BSP est de servir les besoins des compagnies membres de IATA. Si demain elles nous demandent de faire autrement, de pousser de nouvelles formes de coopération entre agences et compagnies, nous le ferons" assure Jérôme Bonnin.

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Tags : BSP, IATA
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