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Transport ferroviaire : chronique « d’un réseau à bout de souffle »

2èmes Rencontres Parlementaires du transport ferroviaire


Alors que les infrastructures vieillissent, que le service public s’effrite et que la concurrence des opérateurs étrangers s’installe, parlementaires et industriels planchent ensemble sur l’avenir du ferroviaire français, en espérant le retour de "l’État stratège" (providence ?).


Rédigé par Bertrand Figuier le Jeudi 16 Février 2012

Le TGV et ses investissements sont l'une des causes profondes de la crise structurelle du transport ferroviaire français - DR
Le TGV et ses investissements sont l'une des causes profondes de la crise structurelle du transport ferroviaire français - DR
Ponctualité, fiabilité, sécurité, vétusté, confort, qualité du service…

Dans le transport ferroviaire français, les sujets de déconvenue ne manquent pas et sont bien connus du public.

À quelques encablures des élections présidentielles et législatives, le gouvernement fait donc feu de tout bois.

Mardi 14 février 2012, Thierry Mariani, Ministre des Transports, patronnait un colloque sur le train à grande vitesse.

Jeudi 16 février, il présente avec sa consœur Nathalie Kosciusko-Morizet, un portail qui devrait permettre aux voyageurs de mieux comparer les services proposés par les différents opérateurs du marché, concurrence européenne oblige, et de surveiller au plus près leur droits en cas de retard ou d’annulation.

Un réseau ferré à bout de souffle

Entre les deux, le Ministre des transports aura ouvert les 2èmes Rencontres Parlementaires du transport ferroviaire, à la Maison de la Chimie.

Devant un parterre très huppé, où l’on pouvait croiser Guillaume Pepy, le Président de la SNCF, ou Hubert du Mesnil, Président de RFF, mais aussi Henri Poupart-Lafarge, le Président d’Alsthom Transport, Jean Bergé, le Président de Bombardier Transport France et plusieurs administrateurs de la RATP, Yanick Paternotte, rapporteur de la Commission d’enquête sur la situation de l’industrie ferroviaire, a fait un bilan des crises que traverse le secteur aujourd’hui.

Crise conjoncturelle d’abord, pour son versant « fret » qui souffre depuis 2008 et le recul de l’activité qui s’en est suivi.

Crise structurelle ensuite, pour ce qui est des causes profondes : le TGV et ses investissements, dont les succès ont certes valorisé le savoir faire français, mais ont en même temps pénalisé d’autres segments des transports publics, comme les TER ou l’entretien et la modernisation des infrastructures.

Au point de disposer bien souvent « d’un réseau à bout de souffle », auquel il faut ajouter des problèmes de services, de politique commerciale et surtout de matériel roulant, dont l’âge moyen oscille entre 30 et 40 ans.

Trop de décideurs locaux, pas de cohérence globale

En dix minutes, le tableau était dressé du chantier colossal qui attend les professionnels français du ferroviaire.

D’où le thème de la conférence : « Le ferroviaire, une filière à conforter ».

« À bâtir plutôt ! » rectifiait dès la première table ronde Hervé Brélaud, directeur industrie Europe de NTM-SNR, un équipementier qui travaille également dans l’aéronautique et dans l’automobile.

Car le secteur semble en effet travailler en ordre dispersé, chacun privilégiant ses intérêts à court terme au lieu de travailler avec ses confrères dans le cadre d’une vision globale cohérente.

« Avant, la mère poule SNCF et l’État donnaient une direction générale. Maintenant, tous les petits poussins issus de la SNCF, les TER et autres, sont en face des régions, des départements, de l’Europe…

Et cette dispersion explique à la fois le retard des infrastructures et la faiblesse des entreprises du secteur »
, soulignait Alain Bocquet, député du Nord et Président de la Commission d’enquête, relayant d’une manière très fleurie la position d’Hubert du Mesnil, qui réclamait avec de nombreux intervenants un retour de « l’état stratège ».

Un fonds de soutien à l’export pour les équipementiers

Résultat de cette « pagaille » de points de vue et de niveaux de décision : la France, avec 4,5 Mds € de chiffres d’affaires, n’est qu’à la 3e place sur le podium mondial du rail, derrière l’Allemagne (10,9 Mds €) et la Chine (environ 50 Mds €).

Alors que le secteur prévoit 2,5 % de croissance au niveau mondial, c’est surtout l’emploi sectoriel qui inquiète les Français, dont le savoir faire est pourtant réputé partout à travers le monde…

Anticipant sans doute des débats qui n’avaient rien d’inattendu, Thierry Mariani avait justement rappelé, en ouverture de séance, les conclusions des dernières Assises du Transport ferroviaire.

D’abord un retour au pôle unique RFF et SNCF, ou du moins leur coordination optimum le plus vite possible.

Ensuite la création d’un fonds de soutien à l’export pour les équipementiers du rail, des PME ou des ETI (Entreprises à Taille Intermédiaire, de 250 à 5000 employés) le plus souvent, que la multiplicité des réglementations et des décideurs locaux ou nationaux privent à la fois de toute vision globale et de capacités d’exportation.

Enfin, Thierry Mariani a évoqué la création de « Fer de France », une sorte de comité stratégique réunissant tous les acteurs de la filière ferroviaire, qui sera chargé de définir les priorités du secteur.

Ce discours aux accents terriblement gaulliens avait un double avantage.

Il reprenait à son compte l’objectif électoral de réindustrialiser la France, ou du moins de préserver les emplois industriels qui lui restent encore.

Il rassurait également les industriels d’un secteur qui peine de plus en plus à financer ses investissements et dépend à 85 % des commandes publics.

Ah si de Gaulle était là…

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Tags : sncf, TGV
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