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FUTUROSCOPIE - Facebook, le diable n'est pas que dans les dĂ©tails 🔑

DĂ©cryptage de Josette Sicsic, Futuroscopie


Les attaques contre Facebook, le rĂ©seau social vedette qui dĂ©tient aussi WhatsApp et Instagram sont de plus en plus virulentes. Il en Ă©tait grand temps. Alors que tous les secteurs notamment touristiques, multiplient leur communication sur ces rĂ©seaux, de nouvelles rĂ©vĂ©lations inquiĂ©tantes viennent d’ĂȘtre dĂ©livrĂ©es par une ingĂ©nieure informaticienne : Frances Haugen, ayant dĂ©missionnĂ© de la firme. En voici un florilĂšge tel qu’elle l’a formulĂ© dans une rĂ©cente interview sur France Inter et une audition Ă  l’AssemblĂ© nationale. A vous de voir



Rédigé par le Lundi 15 Novembre 2021

Avec les rĂ©seaux sociaux, le diable n’est pas que dans les dĂ©tails, il est partout. Mais, le pire est que le diable est si habile qu’il n’hĂ©site pas Ă  prendre quelques mesures allant dans le sens d’une certaine intĂ©gritĂ©.  - Depositphotos.com Auteur stLegat
Avec les rĂ©seaux sociaux, le diable n’est pas que dans les dĂ©tails, il est partout. Mais, le pire est que le diable est si habile qu’il n’hĂ©site pas Ă  prendre quelques mesures allant dans le sens d’une certaine intĂ©gritĂ©. - Depositphotos.com Auteur stLegat
On savait, notamment depuis les Ă©lections amĂ©ricaines ayant portĂ© au pouvoir Donald Trump que les rĂ©seaux sociaux n’étaient pas forcĂ©ment ce monde idĂ©al de bisounours dans lequel les humains communiquent immodĂ©rĂ©ment, s’envoient des « like », des invitations, des sourires.

Depuis peu, les doutes quant Ă  leur intĂ©gritĂ© touchent toutes les couches de la sociĂ©tĂ©. Ne pas avoir de compte Facebook en particulier est devenu de bon ton, notamment parmi une intelligentsia soucieuse de se dĂ©marquer, certes, mais soucieuse surtout de ne plus laisser des Ă©crans dĂ©vorer son temps, son mental et celui d’une partie de la population.


« Facebook place ses profits colossaux avant la sécurité »

La crise sanitaire et ses effets dramatiques sur l’humanitĂ© n’est rien en effet (ou pas grand-chose) Ă  cĂŽtĂ© de la crise qui nous saute Ă  la figure : celle d’une surveillance gĂ©nĂ©ralisĂ©e de l’humanitĂ© orchestrĂ©e par quelques multinationales omni puissantes qui dĂ©fient les Ă©tats, affaiblissent les dĂ©mocraties et une bonne partie de l’économie.

A l’heure oĂč de nombreux anciens employĂ©s de la firme de Mark Zuckerberg commentent les dysfonctionnements de l’entreprise, vus de l’intĂ©rieur, que nous dit Frances Haugen ?

Premier point : pour la lanceuse d’alertes, ce qui constitue le principal danger c’est le laxisme de Facebook qui a le potentiel de sĂ©curiser les utilisations faites sur le rĂ©seau social par les enfants par exemple et autres personnes fragiles, mais ne le fait pas, « car ce qui lui importe avant tout, c’est de mettre ses profits colossaux devant la sĂ©curitĂ© de ses usagers ».

Autre citation : alors que Frances Haugen n’a pas souhaitĂ© dans un premier temps attaquer de front Mark Zuckerberg, en rĂ©servant ses flĂšches contre le systĂšme Facebook qui repose sur une forme de dĂ©responsabilisation des employĂ©s, elle a fini par en dĂ©noncer le despotisme.

« Mark Zuckerberg a un rĂŽle unique dans l'industrie de la tech parce qu'il dĂ©tient plus de 55% des droits de vote de Facebook. Son pouvoir est sans limites. Il ne rend de comptes Ă  personne » insiste-t-elle. En derniĂšre instance, c’est donc lui qui fait ce qu’il veut des algorithmes qui contrĂŽlent une partie de l’humanitĂ©.

Mais, évidemment, chaque fois que la question est posée, Facebook répond que ce ne sont pas des individus, mais des communautés, qui prennent des décisions !

De plus, la lanceuse d'alerte explique que bien que Facebook n'ait pas eu l'intention de « mettre au point un systĂšme qui sĂšme la colĂšre », il en connaissait les risques et a tout fait pour qu’un maximum d’internautes, individus, entreprises, associations
 crĂ©ent et produisent davantage de contenus et les commentent, afin d’envoyer les dĂ©charges de dopamine que suscitent les « like » ou commentaires nĂ©gatifs.

Selon elle et tant d’autres analystes, « c’est la colĂšre qui suscite le plus grand nombre de clicks. Facebook le sait et laisse faire. »

Une pénurie de modérateurs en français

Autre souci et non des moindres : le grand nombre de dysfonctionnements dans le systÚme de modération qui présente de sérieuses lacunes dans certaines langues.

« Il y a beaucoup de langues qu'on ne comprend pas, chez Facebook, a-t-elle expliqué, qui sont dans des zones trÚs fragiles (...). Aujourd'hui par exemple, l'arabe est considéré comme une seule langue, alors que c'est une famille de langues trÚs différentes », note-t-elle.

Et c'est d'autant plus préjudiciable que lorsque c'est une intelligence artificielle qui procÚde à une modération, celle-ci est incapable de saisir les nuances, l'ironie ou le contexte. Il faut donc des intelligences humaines et il faut surtout plus de modérateurs dans certaines langues notamment le français : « Je peux vous garantir qu'il n'y a pas suffisamment de modérateurs francophones chez Facebook ».

A bon entendeur
 !

Un quart des enfants ont des problĂšmes d'addiction Ă  Facebook

Dénonçant l'addiction que peut susciter Facebook chez les plus jeunes, elle la compare à l'addiction à la cigarette orchestrée par les fabricants de tabac, mais estime que les conséquences sont encore plus fortes : elle déclare que 25% des enfants ont des problÚmes d'addiction à Facebook.

Un phĂ©nomĂšne dĂ©sormais connu qui a pu mener certains jeunes au suicide ou Ă  l’accomplissement de crimes Ă©pouvantables. Sans compter les multiples nĂ©vroses nĂ©es de dĂ©nonciations injustifiĂ©es, de harcĂšlement, de critiques


Une humanité sous haute surveillance

Enfin, espĂ©rons que nul ne se fait plus d’illusions sur un systĂšme dont le but principal est de collecter des donnĂ©es sur tous nos faits et gestes, de les enregistrer, les classifier et les revendre au moment opportun.

« MĂȘme si vous ne donnez pas votre vrai nom, explique-t-elle, Facebook sait oĂč vous ĂȘtes et ils font des choses Ă©tranges avec les rĂ©seaux de wifi qui pourraient vous Ă©tonner ». a-t-elle dĂ©clarĂ©, sans en dire plus !

Pour finir, elle dĂ©clare au sujet du fameux MĂ©taverse que Facebook, devenu Meta, veut dĂ©velopper, qu’elle le juge trĂšs prĂ©occupant « car il abat totalement les frontiĂšres de la vie privĂ©e » en imposant dans la sphĂšre personnelle des capteurs et des micros qui contrĂŽleront tous nos actes et paroles et les traduiront en 3D.

Un contrĂŽle impossible

Hélas, la régulation technologique, pire que la régulation financiÚre, est quasiment impossible pour le moment car rarissimes sont ceux qui détiennent un savoir suffisant sur le fonctionnement des algorithmes pour pouvoir intervenir.

En effet, selon les « Facebook files » reprĂ©sentĂ©s en France par le journal Le Monde : « Ă  force de modifier et d’ajouter des couches Ă  son algorithme pour le rendre toujours plus pertinent, les Ă©quipes de Facebook ont parfois obtenu le rĂ©sultat inverse ».

Exemple de ce phĂ©nomĂšne : chaque publication est affectĂ©e d’un score qui lui permet de remonter plus ou moins dans les fils d’actualitĂ©. Mais avec l’accumulation des critĂšres permettant de calculer les scores, certaines publications atteignent des performances astronomiques qui, mĂȘme avec une modĂ©ration manuelle, continuent de s’afficher !

En conclusion : La Chine montrĂ©e du doigt avec son systĂšme de surveillance et ses notations sociales, n’est donc pas vraiment pire que ces mĂ©ga entreprises qui, sous des apparences bienveillantes, ont dĂ©jĂ  pris le contrĂŽle de nos existences.

Et peut-ĂȘtre que le temps est venu de cesser de dĂ©penser des budgets massifs pour enrichir leurs caisses et de revenir Ă  une communication plus raisonnĂ©e.

Avec les rĂ©seaux sociaux, le diable n’est pas que dans les dĂ©tails, il est partout. Mais, le pire est que le diable est si habile qu’il n’hĂ©site pas Ă  prendre quelques mesures allant dans le sens d’une certaine intĂ©gritĂ©. Ainsi, il a annoncĂ© un important revirement en matiĂšre de reconnaissance faciale.

D'ici quelque temps, il ne sera plus possible d'identifier ses "amis" Facebook sur une photo Ă  partir d'une suggestion de l'algorithme. Cette technologie d'intelligence artificielle suscitait trop d’inquiĂ©tudes...

Sources : France Inter. Les Gafam : une histoire américaine. La documentation française. Le Monde.

Josette Sicsic
Josette Sicsic
Journaliste, consultante, confĂ©renciĂšre, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les consĂ©quences sur le secteur du tourisme.

AprĂšs avoir dĂ©veloppĂ© pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualitĂ© et dĂ©code le prĂ©sent pour prĂ©voir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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