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III. STX France : Méga-ships, "techniquement il n'y a pas de limites..."

Xavier Leclercq, Directeur Technique de STX France


Sécurité des passagers et écologie seront les deux enjeux majeurs de demain pour l'industrie de la croisière. Pour ce faire, les chantiers STX France planchent sur plusieurs pistes : consommation réduite, carburant alternatif, nouveaux matériaux, technologies... Le point avec Xavier Leclercq, Directeur Technique de STX France.


Rédigé par Céline Eymery le Mercredi 9 Avril 2014

L’Europa 2 est le dernier navire livré par les chantiers STX et qui a reçu le prix du navire le plus luxueux de l’année 2013 par le guide Berlitz. - DR
L’Europa 2 est le dernier navire livré par les chantiers STX et qui a reçu le prix du navire le plus luxueux de l’année 2013 par le guide Berlitz. - DR
TourMaG.com - Quelle est votre vision du marché de la croisière ?

Xavier Leclercq :
"L'évolution du marché de la croisière laisse de la place à deux grandes catégories de produits.

La première concerne les navires de masse qui ont significativement augmenté en taille.

Auparavant, il y avait une contrainte notamment de largeur qui était liée au passage du canal de Panama. Les navires classés "Panamax" sont des bateaux qui disposent des dimensions maximales pour traverser par le canal.

Désormais nous sommes dans une génération de navires, post-panamax. Les capacités en nombres de cabines ont largement augmenté. Nous sommes sur des navires à 2 500 cabines, contre 1 000 auparavant.

Les plus gros navires atteignent 228 000 tonneaux.

Le deuxième créneau qui existe sur le marché est beaucoup plus restreint. Il s'agit des croisières de luxe, avec des navires beaucoup plus petits, aux alentours de 50 000 tonneaux.

Ils se rendent sur des zones privilégiées, en Amazonie, en Arctique, ou en Antarctique."

Xavier Leclercq, Directeur Technique de STX France - DR
Xavier Leclercq, Directeur Technique de STX France - DR
TourMaG.com - Concernant les paquebots, le concept d'île flottante pourrait-il voir le jour ?

X.L. :
"Le projet d'île flottante reste utopique, mais les très gros navires se rapprochent de ce concept. Il s'agit déjà de navires que je qualifie de "navires destination".

Les passagers viennent à bord pour les activités : surf, mur d'escalade, terrain de basket, tyrolienne... les bateaux sont devenus des parcs d'attractions.

Et en prime, ils se déplacent, ce qui n'est pas vraiment le cas de l'île artificielle."

TourMaG.com - D'après vous quel est l'avenir de ces "navires destination" ?

X.L. :
"L'offre est en train d'augmenter de manière incroyable, pour des raisons économiques. Même si l'investissement est important au départ pour l'armateur, le "Value for money" est excellent.

Par ailleurs, il n'y a pas d'équivalent en termes de produit touristique. Sur un navire de croisière, les passagers retrouvent l'offre d'un club de vacances, tout en se déplaçant dans plusieurs pays et villes."

TourMaG.com - Qu'est ce qui peut limiter le développement de ces navires ?

X.L. :
"La seule limitation au développement de ces navires n'est pas technique, mais portuaire.

Les infrastructures devront évoluer si l'industrie souhaite encore aller plus loin. Embarquer et débarquer 5 000 passagers dans une demi-journée ça ne s'improvise pas."

TourMaG.com - Quels sont les enjeux de la croisière ?

X.L. :
"Les deux enjeux majeurs du secteur sont l'amélioration de l'impact écologique des navires, et la sécurité des passagers à bord.

Les armateurs ne sont pas philanthropes, et le combustible reste le premier poste de dépenses.

Sur le sister-ship de l'Allure of the Seas de la compagnie RCCL qui sortira de nos chantiers, nous avons réussi à diminuer la consommation de 30%.

Les navires ne rejettent pas grand chose, mais dans l'avenir, l'objectif est qu'ils ne rejettent plus rien, grâce au traitement des émissions de gaz et des déchets.

Des technologies de pointe nous permettent déjà de limiter les émissions d'oxyde de soufre, de CO2 et d'azote.

De très fortes évolutions techniques sont intervenues sur le lavage des fumées.

Quant à la sécurité, c'est l'architecture même des navires qui a été modifiée, pour répondre aux exigences de sûreté.

Tous les systèmes nécessaires à la sécurité maritime sont redondants. Il faut par exemple deux compartiments d'énergie, idem pour la propulsion."

TourMaG.com - Le combustible étant le premier poste de dépenses des armateurs, travaillez-vous sur des projets de navires de croisière qui utiliseraient d'autres moyens de propulsion ? Je pense à la voile, mais aussi, pourquoi pas, au nucléaire, et bien sûr au Gaz Naturel Liquifié (GNL), puisque vous venez de signer un contrat avec Brittany Ferries pour la construction d'un ferry au gaz.

X.L. :
"Nous travaillons sur ces sujets. Nous avons regardé la piste du nucléaire, mais il y a des problématiques en matière de sûreté importantes.

La propulsion vélique est aussi à l'étude, mais sur des navires de taille plus raisonnable, adaptés à l’exploration.

Déjà les navires Club Med et les Star Clippers utilisent la voile au cours de leur navigation. Ce n'est pas nouveau.

Il est sûr que nous pouvons faire plus moderne et plus efficace.

Un des combustibles alternatifs est le GNL.

Une des problématiques est l'absence de pompes à gaz de ravitaillement dans les ports. Pour des navires qui font tout le temps le même trajet, d'un point A à un point B, il est assez facile de convaincre une compagnie gazière de s'implanter dans ces ports.

C'est forcement plus compliqué dans le secteur de la croisière."

TourMaG.com - Il y a aussi un effort à faire sur l'utilisation des matériaux. Un navire plus léger consommera moins...

X.L. :
"Effectivement, nous sommes dans le même schéma que pour les avions. Réduire le poids des navires et étudier ses formes est essentiel.

A résistance équivalente, nous utilisons différents aciers, et des matériaux composites, mais très vite nous tombons sur des problématiques liées à la réglementation sur les incendies.

C'est en tout cas un axe de recherche important."

TourMaG.com - Enfin quid de la technologie et du numérique à bord...

X.L. :
"Déjà depuis 10 ans l'offre de services en matière numérique a considérablement progressé : l'air conditionné, l'affichage numérique dynamique pour informer les passagers, la VOD, mais aussi la localisation en permanence des passagers.

Il y a encore quelques années il était impossible de téléphoner avec un mobile. Le numérique a aussi permis de grosses évolutions en termes d'offres, je pense au LED et aux spectacles proposés à bord, mais aussi en matière de sécurité.

Un navire de 7 500 passagers peut, en théorie, être commandé par une seule et même personne. L'automatisation a permis cela. Tout est contrôlé et mesuré en permanence."

TourMaG.com - Comment voyez-vous la croisière dans 20 ans ?

X.L. :
"L'offre de services et de loisirs sur les gros navires sera encore plus évoluée, avec une consommation faible et une empreinte écologique nulle.

Les navires d'exploration pourront aller toujours plus loin visiter des endroits uniques en laissant les lieux intacts d'un point de vue environnemental.

Il y a aussi un marché émergent en Asie. Les habitudes de consommation sont totalement différentes que celles des passagers américains et européens.

La clientèle asiatique a davantage la passion du jeu que celle du bronzage, et l'offre en matière de restauration et de consommation d'alcool ne sera pas non plus la même. Les produits devront être différents..."

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Tags : STX France
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