Malgré les apparences et malgré des imaginaires très fournis, l’Inde attire beaucoup moins de touristes internationaux qu’il n'y paraît - DepositPhotos.com, HenningMarquardt
Sous-continent à la population gigantesque (1,4 milliard d'habitants), l’Inde, que l’on a souvent l’habitude de comparer à la Chine, ne lui est en aucun cas comparable sur le plan touristique.
Si l’on considère la taille de sa population, l’Inde exporte peu de touristes.
Bon an, mal an, environ 35 millions de touristes indiens sortent de leur pays pour visiter le monde.
Encore faut-il distinguer les voyageurs de la diaspora qui vont et viennent entre leur pays et le pays où ils se sont établis et qui sont environ 20% du total, de ceux qui bouclent leurs valises pour faire du tourisme.
Ainsi, les flux entre les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite et les aéroports indiens sont réguliers et abondants.
Selon le dernier rapport national (2024-2025) émis par le ministère du tourisme, les Emirats représentent 25% des arrivées indiennes en 2024, avec plus de 7 millions d’arrivées. Ils sont suivis par l’Arabie saoudite qui en représente 3,4 millions.
Loin derrière, on trouve d’autres destinations de proximité comme la Thaïlande ou le Vietnam ou la Malaisie. Sachant cependant que, dans ces cas-là, ce sont le plus souvent des forfaits de séjours touristiques et des tours qui sont vendus aux Indiens par des agences de voyage. Une tendance qui se développe.
Si l’on considère la taille de sa population, l’Inde exporte peu de touristes.
Bon an, mal an, environ 35 millions de touristes indiens sortent de leur pays pour visiter le monde.
Encore faut-il distinguer les voyageurs de la diaspora qui vont et viennent entre leur pays et le pays où ils se sont établis et qui sont environ 20% du total, de ceux qui bouclent leurs valises pour faire du tourisme.
Ainsi, les flux entre les Emirats arabes unis, l’Arabie saoudite et les aéroports indiens sont réguliers et abondants.
Selon le dernier rapport national (2024-2025) émis par le ministère du tourisme, les Emirats représentent 25% des arrivées indiennes en 2024, avec plus de 7 millions d’arrivées. Ils sont suivis par l’Arabie saoudite qui en représente 3,4 millions.
Loin derrière, on trouve d’autres destinations de proximité comme la Thaïlande ou le Vietnam ou la Malaisie. Sachant cependant que, dans ces cas-là, ce sont le plus souvent des forfaits de séjours touristiques et des tours qui sont vendus aux Indiens par des agences de voyage. Une tendance qui se développe.
Europe et USA pour un tourisme émetteur plutôt limité
Visitant en priorité le Royaume-Uni dont ils parlent la langue, ils y sont environ un million.
Mais la destination la plus appréciée en Occident reste les USA, où un tourisme étudiant s’est également développé depuis plusieurs années.
Avant l’arrivée de Donald Trump, le marché indien y représentait plus de 2 millions d’arrivées.
Quid de la France ?
Via Atout France qui a aussi choisi de cibler ce marché dans son plan marketing, notre pays reçu environ 700 000 Indiens en 2024.
Un score non négligeable sachant qu’une politique de visa est en place et que les vols directs assurés par Air France et Air India sont relativement coûteux, ainsi que l’offre touristique de grande qualité, surtout en hébergement, qui se construit un peu partout, dans les villes et en dehors.
Proposant service, nourriture et architecture, celle-ci est prête à rivaliser avec ses voisines asiatiques et européennes, mais le fait payer !
Un score non négligeable sachant qu’une politique de visa est en place et que les vols directs assurés par Air France et Air India sont relativement coûteux, ainsi que l’offre touristique de grande qualité, surtout en hébergement, qui se construit un peu partout, dans les villes et en dehors.
Proposant service, nourriture et architecture, celle-ci est prête à rivaliser avec ses voisines asiatiques et européennes, mais le fait payer !
Selon Oxford Economics, en 2024, environ 625 330 Indiens ont visité la France sur les 30,2 millions qui ont voyagé à l'étranger.
Au premier trimestre 2025, une augmentation de 18,5% des voyages vers les pays de l'accord de Schengen a été observée par rapport à 2024.
L'Allemagne représente 20% des voyages, suivie de la France (+17,57%) et de la Suisse (+10,67%).
Au premier trimestre 2025, une augmentation de 18,5% des voyages vers les pays de l'accord de Schengen a été observée par rapport à 2024.
L'Allemagne représente 20% des voyages, suivie de la France (+17,57%) et de la Suisse (+10,67%).
Une clientèle jeune ou familiale
Appartenant à la classe moyenne et supérieure qui représente un quart de la population, les touristes indiens sont d’autant plus faciles à repérer qu’ils voyagent en famille et que la plupart des femmes portent le vêtement national et ne cherchent pas à s’en défaire.
Mais, les plus jeunes, ceux de la « Shining India » qui sont employés dans les start-ups des grandes villes comme Delhi, Bombay, Bangalore ou Chennai optent pour l’occidentalisation et surtout la « premiumisation » de leurs voyages.
Boutiques hôtels, visites originales du patrimoine, shopping dans les grands magasins, achats de luxe, etc. : ce sont des adeptes du tourisme urbain.
Mais, on observe qu’ils sortent aussi de plus en plus des villes, notamment vers la campagne où ce sont souvent des œnotouristes accomplis.
Depuis que leur pays a développé à grande échelle vignobles, ventes de vins et visites, les Indiens s’y connaissent en dégustation de bons crus. On les trouve donc en Bourgogne, Champagne, Provence…
Mais, les plus jeunes, ceux de la « Shining India » qui sont employés dans les start-ups des grandes villes comme Delhi, Bombay, Bangalore ou Chennai optent pour l’occidentalisation et surtout la « premiumisation » de leurs voyages.
Boutiques hôtels, visites originales du patrimoine, shopping dans les grands magasins, achats de luxe, etc. : ce sont des adeptes du tourisme urbain.
Mais, on observe qu’ils sortent aussi de plus en plus des villes, notamment vers la campagne où ce sont souvent des œnotouristes accomplis.
Depuis que leur pays a développé à grande échelle vignobles, ventes de vins et visites, les Indiens s’y connaissent en dégustation de bons crus. On les trouve donc en Bourgogne, Champagne, Provence…
Un tourisme réceptif encore très confidentiel lui aussi
Avec des volumes plutôt faibles, ce n’est donc pas demain que nous serons submergés par la clientèle touristique indienne dont les effectifs sont très inférieurs à ceux des Chinois.
Ce n’est pas demain non plus que le tourisme récepteur indien sera submergé par les clientèles internationales. Malgré les apparences et malgré des imaginaires très fournis, l’Inde attire beaucoup moins de touristes internationaux qu’il y paraît.
Certes, les jeunes sont encore nombreux à opter pour la mythique Route des Indes vécue par leurs aînés. Mais, la route d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui.
Jalonnée par l’Iran, l’Afghanistan, le Pakistan, elle n’ouvre pas les portes d’un monde paradisiaque où les valeurs immatérielles ont remplacé les valeurs matérielles et où la spiritualité régit l’existence.
Au total, l’Inde attire à peine quelque 7 millions de visiteurs étrangers (contre 1,2 million en 1982) en particulier sur le Gujarat, le Rajasthan, le Kérala tandis que le Tamil Nadu, dans le sud du sous-continent, tente de se promouvoir auprès des Européens, comme il vient de le faire à Paris (voir encadré).
Principaux marchés sources : les USA, le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada, l’Allemagne, la France… mais aussi Singapour et la Malaisie.
Principal type de voyage : le loisir, tandis que le tourisme médical à lui tout seul a enregistré, en 2024, 6,48% des arrivées.
Ce n’est pas demain non plus que le tourisme récepteur indien sera submergé par les clientèles internationales. Malgré les apparences et malgré des imaginaires très fournis, l’Inde attire beaucoup moins de touristes internationaux qu’il y paraît.
Certes, les jeunes sont encore nombreux à opter pour la mythique Route des Indes vécue par leurs aînés. Mais, la route d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui.
Jalonnée par l’Iran, l’Afghanistan, le Pakistan, elle n’ouvre pas les portes d’un monde paradisiaque où les valeurs immatérielles ont remplacé les valeurs matérielles et où la spiritualité régit l’existence.
Au total, l’Inde attire à peine quelque 7 millions de visiteurs étrangers (contre 1,2 million en 1982) en particulier sur le Gujarat, le Rajasthan, le Kérala tandis que le Tamil Nadu, dans le sud du sous-continent, tente de se promouvoir auprès des Européens, comme il vient de le faire à Paris (voir encadré).
Principaux marchés sources : les USA, le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada, l’Allemagne, la France… mais aussi Singapour et la Malaisie.
Principal type de voyage : le loisir, tandis que le tourisme médical à lui tout seul a enregistré, en 2024, 6,48% des arrivées.
3 milliards de séjours domestiques
En revanche, notons que le tourisme domestique réalisé en Inde par les Indiens eux-mêmes continue, pour sa part, d’exploser (hors années de Covid).
Toujours selon le même rapport du ministère du Tourisme, on est passé de 1,61 milliard de voyages en 2016 à près de 3 milliards en 2024.
Rien d’étonnant à cela : les Indiens se déplacent beaucoup à l’intérieur de leurs frontières, notamment pour des fêtes familiales ou des pèlerinages. Mais aussi pour faire du tourisme.
Initiés par leurs occupants britanniques à l’hospitalité et au tourisme, les Indiens ont toujours su ce qu’était un hôtel, une gare, un train de luxe, un resort, des visites culturelles ou sportives.
Et, ils le savent toujours tellement bien qu’ils sont souvent les plus nombreux dans les principaux établissements du pays et sur ses plus belles destinations : au Rajasthan par exemple, on comptait en 2024, 230 millions de déplacements domestiques contre 2 millions de touristes internationaux !
En conclusion, malgré sa notoriété, le tourisme indien qui représente seulement 5% du PIB national, a encore beaucoup à faire à l’international. Par petites touches régionales. Car le gouvernement a lourdement grevé ses budgets de promotion, tandis que les images de pollution et de températures excessives ou d’inondations véhiculées par les médias ne passent pas inaperçues.
Les rivalités entre minorités, attisées par les nationalistes au pouvoir, ne sont pas non plus très séduisantes.
Quant à la misère, elle n’a pas été éradiquée et peut continuer d’en dissuader certains.
Sources : Ministère du tourisme, India Tourism Data Compendium 2025
* En 2022, le Taj Mahal a accueilli 5,44 millions de touristes, dont 5,05 millions de visiteurs nationaux et 396 600 touristes internationaux.
Toujours selon le même rapport du ministère du Tourisme, on est passé de 1,61 milliard de voyages en 2016 à près de 3 milliards en 2024.
Rien d’étonnant à cela : les Indiens se déplacent beaucoup à l’intérieur de leurs frontières, notamment pour des fêtes familiales ou des pèlerinages. Mais aussi pour faire du tourisme.
Initiés par leurs occupants britanniques à l’hospitalité et au tourisme, les Indiens ont toujours su ce qu’était un hôtel, une gare, un train de luxe, un resort, des visites culturelles ou sportives.
Et, ils le savent toujours tellement bien qu’ils sont souvent les plus nombreux dans les principaux établissements du pays et sur ses plus belles destinations : au Rajasthan par exemple, on comptait en 2024, 230 millions de déplacements domestiques contre 2 millions de touristes internationaux !
En conclusion, malgré sa notoriété, le tourisme indien qui représente seulement 5% du PIB national, a encore beaucoup à faire à l’international. Par petites touches régionales. Car le gouvernement a lourdement grevé ses budgets de promotion, tandis que les images de pollution et de températures excessives ou d’inondations véhiculées par les médias ne passent pas inaperçues.
Les rivalités entre minorités, attisées par les nationalistes au pouvoir, ne sont pas non plus très séduisantes.
Quant à la misère, elle n’a pas été éradiquée et peut continuer d’en dissuader certains.
Sources : Ministère du tourisme, India Tourism Data Compendium 2025
* En 2022, le Taj Mahal a accueilli 5,44 millions de touristes, dont 5,05 millions de visiteurs nationaux et 396 600 touristes internationaux.
Zoom sur Le Tamil Nadu lors de sa visite à Paris
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Ils étaient une bonne vingtaine à Paris début novembre, afin de faire la promotion de cet état du sud de l’Inde qui présente toutes sortes de richesses culturelles, dont six monuments classés par l’Unesco.
Avec un nom peu connu ou moins connu en tout cas que d’autres, le Tamil Nadu dispose d’un millier de kilomètres de côtes le long du Golfe du Bengale, et il est doté de trésors culturels et religieux innombrables comme les grands temples vivants de Chola édifiés il y a mille ans.
On y visite aussi des églises vieilles de 400 ans, des ghâts et une ville chère aux Français : Pondichéry, dont le charme n’est toujours par éventé.
Mais, ce n’est pas tout.
Avec 3 réserves de la biosphère, 17 sanctuaires d’oiseaux, 18 réserves fauniques, cinq parcs nationaux et cinq réserves dédiées aux tigres et aux éléphants, le Tamil Nadu répond aussi aux attentes d’un tourisme de nature.
Sans parler de sa gastronomie qu’il a voulu mettre en valeur au cours de son escale parisienne.
Des festivals tels que le Pongal (fête des récoltes) et Jallikattu (corrida) peuvent également jalonner un circuit que l’on peut faire individuellement en voiture avec chauffeur, et confirmer le slogan de l’état : « Where stories never end », en y dépensant un peu moins de roupies que dans le Kérala voisin, plus connu et fréquenté.
En fait, s’exprimant lors de son passage, le Dr K. Manivasan, secrétaire général adjoint du gouvernement a déclaré : « Le marché européen entretient des relations étroites avec nous, car il est celui qui envoie le plus de touristes dans notre État. Nous voulons tirer parti de cette plateforme et attirer également le marché français avec qui l’histoire nous lie ».
Quant à l’accès aérien, il est résolu grâce à des vols directs depuis les principales villes européennes, via des escales au Moyen-Orient ou les villes du nord de l’Inde comme Bombay et Delhi.
Avec un nom peu connu ou moins connu en tout cas que d’autres, le Tamil Nadu dispose d’un millier de kilomètres de côtes le long du Golfe du Bengale, et il est doté de trésors culturels et religieux innombrables comme les grands temples vivants de Chola édifiés il y a mille ans.
On y visite aussi des églises vieilles de 400 ans, des ghâts et une ville chère aux Français : Pondichéry, dont le charme n’est toujours par éventé.
Mais, ce n’est pas tout.
Avec 3 réserves de la biosphère, 17 sanctuaires d’oiseaux, 18 réserves fauniques, cinq parcs nationaux et cinq réserves dédiées aux tigres et aux éléphants, le Tamil Nadu répond aussi aux attentes d’un tourisme de nature.
Sans parler de sa gastronomie qu’il a voulu mettre en valeur au cours de son escale parisienne.
Des festivals tels que le Pongal (fête des récoltes) et Jallikattu (corrida) peuvent également jalonner un circuit que l’on peut faire individuellement en voiture avec chauffeur, et confirmer le slogan de l’état : « Where stories never end », en y dépensant un peu moins de roupies que dans le Kérala voisin, plus connu et fréquenté.
En fait, s’exprimant lors de son passage, le Dr K. Manivasan, secrétaire général adjoint du gouvernement a déclaré : « Le marché européen entretient des relations étroites avec nous, car il est celui qui envoie le plus de touristes dans notre État. Nous voulons tirer parti de cette plateforme et attirer également le marché français avec qui l’histoire nous lie ».
Quant à l’accès aérien, il est résolu grâce à des vols directs depuis les principales villes européennes, via des escales au Moyen-Orient ou les villes du nord de l’Inde comme Bombay et Delhi.
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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