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J’ai testé une journée dans les Ardennes avec la SNCF

La Région Grand Est et la SNCF transforment les TER en vecteur de mobilité touristique


La ligne de TER Charleville-Mézières Givet suit les boucles de Meuse et les 83 km de vélo-route, un encouragement à alterner des tronçons en train et des escapades à vélo pour explorer villages, collines et parc naturel régional, en s’offrant des émotions et des haltes gastronomiques.


Rédigé par le Lundi 8 Août 2022

Embarquement dans le Train des Légendes, un TER très touristique (©BC)
Embarquement dans le Train des Légendes, un TER très touristique (©BC)
Pour valoriser son positionnement durable en matière de Tourisme, la Région Grand Est cherche à développer les mobilités douces et c’est dans cette idée qu’elle a imaginé un concept original, utiliser la ligne TER Charleville-Mézières Givet, à la frontière belge, comme outil de découverte touristique.

L’initiative est née d’une coopération entre Guillaume Maréchal, Conseiller régional du Grand Est, et la direction régionale de la SNCF. Le TER destiné en priorité à transporter travailleurs, étudiants et habitants le long de la vallée de la Meuse, devient Le Train des Légendes. De moyen pragmatique en transport touristique, le train suit les méandres du « Plus Vieux Fleuve du Monde », selon l’une de ces légendes, pour remonter l’histoire jusqu’à revivre l’épopée médiévale des Quatre fils Aymon à chacune des étapes, mais aussi pour plonger dans une nature très contemporaine, le massif forestier des Ardennes, l’un des plus larges de France.


Une légende encore très présente à travers les monuments de la vallée

statue des 4 Fils Aymon (©D Truillard - Ardennes Tourisme)
statue des 4 Fils Aymon (©D Truillard - Ardennes Tourisme)
Très populaire au moyen-âge, la légende relate l'histoire des quatre fils du duc Aymon, vassal de Charlemagne. Afin d'être fait chevalier, Allard, Guichard, Renaud et Richard partent à la cour de l'empereur pour le servir. Mais à la suite d'une discussion au cours d'une partie d'échecs, Renaud blesse mortellement Bertolai, le neveu de Charlemagne.

Pour fuir la colère de l'empereur, Renaud et ses frères doivent s’enfuir, montés sur leur unique cheval Bayard, en s'enfonçant dans la mystérieuse forêt d'Ardenne pour semer leurs poursuivants grâce aux pouvoirs magiques de Bayard capable de franchir une vallée d'un seul saut.

La légende se poursuit pendant des années de rebondissement en rebondissement, car Charlemagne ne renonce pas à sa vengeance. On peut suivre les frères, et leur disparition progressive, de la forteresse de Montessor à d’autres châteaux de la vallée, comme celui construit avec l'aide de leur cousin, l’enchanteur Maugis, surplombant la Meuse.

La colère de Charlemagne ne s'apaisera qu'avec le sacrifice de Bayard, précipité dans la Meuse. Mais s’est-il vraiment noyé ? Par les nuits sans lune, certains disent apercevoir le destrier hanter la forêt d'Ardenne.

Cette légende sert de fil conducteur à ceux qui veulent faire halte à Bogny-sur-Meuse, proche du Rocher des 4 fils Aymon, à Monthermé et son abbaye de Laval-Dieu, à Laifour, au pied des Dames de Meuse, ou jusqu’au Aubrives et le village médiéval d’Hierges.

René-Pierre Colinet, historien et conservateur du Musée de la Métallurgie  Ardenaise (©BC)
René-Pierre Colinet, historien et conservateur du Musée de la Métallurgie Ardenaise (©BC)

De nombreuses opportunités d'aventure douce, ou pas

Une vue spectaculaire sur la boucle de la Meuse à Fumay (©bc)
Une vue spectaculaire sur la boucle de la Meuse à Fumay (©bc)
L’histoire n’est pas le seul fil conducteur. Les activités d’aventure « douces » ou moins douces ponctuent aussi le parcours et invitent les passagers à embarquer dans le train avec les VVT proposés à la location par les partenaires de la SNCF. En fonction du programme établi, les touristes peuvent alors rejoindre la Voie Verte balisée le long du fleuve, qui s’étire sur 83 km jusqu’à la frontière belge.

Les plus aventureux se risqueront à pédaler jusqu’à Fumay, capitale de l’extraction d’ardoise comme en témoignent les entrées de mine et les verdoux, ces monticules de déchets équivalent aux terrils du Nord. C’est là que le parc de loisirs TerrAltitude donne l’occasion de vivre quelques émotions fortes en se lançant du haut de la colline dominant Fumay accroché à une tyrolienne de près de 2 km. On frôle les 120 km/heure au passage le plus rapide au-dessus de la Meuse, mais quelle vue sur la boucle de Fumay !

Arrivée de la tyrolienne Fantascicable de TerrAltitude (©BC)
Arrivée de la tyrolienne Fantascicable de TerrAltitude (©BC)

Après l'effort, le réconfort d'une ferme-auberge authentique

Bertrand Grandhomme où l'art de transformer les plats populaires '©BC)
Bertrand Grandhomme où l'art de transformer les plats populaires '©BC)
La Voie Verte se poursuit jusqu’à Revin, autre escale incontournable à rejoindre en VTT. La vieille ville abrite une Maison Espagnole, qui n’a rien d’ibérique mais qui a été nommée ainsi par référence aux occupants du Pays-Bas espagnol de l’époque médiévale. Elle abrite un musée relatant cette période.

Revin, au pied du Mont Malgré Tout, abrite une célébrité gastronomique de la vallée, la Ferme-Auberge du Malgré Tout, une affaire familiale qui remonte à trois générations et que poursuit avec brio le Chef Bertrand Grandhomme. Il sait mieux que personne transposer en plat gastronomique des spécialités paysannes, la cacasse à cul nu ou la bayenne. On y retrouve des pommes de terre, des oignons, des lardons mélangés généreusement. On n’oubliera pas, pour commencer, de faire un sort à la charcuterie d’Hargnie, au boudin blanc de Rethel et à l’andouillette de Revin.

Les plus courageux reprendront leurs vélos, l’Auberge est au sommet de la colline. Les autres, et ils sont nombreux, monteront dans la navette qui va les redescendre au niveau du fleuve.

Une curiosité géologique qui vaut le détour

Roc La Tour, la légende du Rocher du Diable (©BC)
Roc La Tour, la légende du Rocher du Diable (©BC)
Avant de revenir à vélo ou en train jusqu’à Charleville-Mézières, une dernière halte s’impose sur le site de Roc La Tour situé dans les hauteurs de la forêt domaniale de Château-Regnault à Monthermé. C’est l’un des sept sites d’escalade gérés par le Parc naturel régional des Ardennes. C’est surtout une curiosité géologique, un massif de quartzite à 410 m d'altitude, qui offre de nombreux points de vue sur la forêt Ardennaise. Il est le siège d’une autre légende, celle du diable qui a créé ce chaos de roche en détruisant de rage un château de pierres qu’on lui avait commandé de bâtir en une nuit.

Charleville-Mézières, la préfecture ducale des Ardennes

Le périple d’une journée bien remplie s’achève à Charleville-Mézières, la préfecture des Ardennes, qui a vu naître Arthur Rimbaud, et qui possède une réplique de la place des Vosges, la Place Ducale, bâtie par Clément Métezeau, frère de Louis Métezeau, auquel on doit la place parisienne. Comme la journée ne peut se terminer sans un dernier effort, des escaliers étroits montent jusqu’au sommet du beffroi qui culmine au-dessus du palais ducal qui abrite la mairie. Encore un point de vue spectaculaire sur les deux villes, Charleville et Mézières, qui ont fusionné dans les années 60.

A la descente, on pourra avoir la chance de rencontrer le nouveau maire, Boris Ravignon, qui participe activement à faire connaître cette nouvelle approche d’un tourisme de proximité, favorisant les mobilités douces et valorisant un département encore trop souvent ignoré ou porteur d’idées reçues sur son climat et sa rudesse. Le soleil qui brille sur la place ducale balaie tout ce malentendu, et le réchauffement climatique va servir d'incitation à profiter d'un environnement très vert.


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