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D’un voyage sur un radeau à celui en autostop de Vianney de Boisredon

La série de l’été "Voyage et moi" de TourMaG.com, avec Vianney de Boisredon


Ce n’est pas le nom le plus connu des lecteurs, et pourtant, Vianney de Boisredon est non seulement le responsable RSE de Terres d’Aventure, mais aussi un véritable aventurier. Il y a quelques années, le jeune homme a décidé de partir de France pour rejoindre l’Asie, en quatre-vingts jours, uniquement en autostop. De cette aventure, il a tiré un livre, Steppe by Steppe. Nous avons décidé de lui donner la parole, pour qu’il partage ses souvenirs de voyage et sa vision de l’activité.


Rédigé par le Vendredi 8 Août 2025

"Pourquoi ai-je besoin de ce voyage ? Qu’est-ce que je viens y chercher ?" se questionne Vianney de Boisredon, avant chaque voyage - Visuel généré avec l'IA
"Pourquoi ai-je besoin de ce voyage ? Qu’est-ce que je viens y chercher ?" se questionne Vianney de Boisredon, avant chaque voyage - Visuel généré avec l'IA
En 2022, alors que le monde vit au rythme des vagues épidémiques et des confinements, Vianney de Boisredon décide de tendre le pouce pour rejoindre l’Asie.

Il a 25 ans et nourrit le rêve fou de traverser l’Europe pour atteindre les pays en -stan. Il parcourt, pendant quatre-vingts jours, près de 20 000 kilomètres, en pratiquant l’autostop et en demandant l’hospitalité aux personnes croisées sur sa route.

De cette aventure extraordinaire, il tirera un livre, Steppe by Steppe, publié chez Flammarion.

Deux ans après ce voyage initiatique, il rejoint Terres d’Aventure en tant que responsable RSE.

Avant d'en arriver là, il y a eu bien des voyages dont l'un a allumé une petite étincelle intérieure qui sommeillait en lui et qui a depuis façonner son monde, mais aussi son quotidien.

"Mon premier voyage à proprement parler remonte à mes 15 ans.

Ma grande sœur et moi avions décidé, un été, de construire un radeau pour descendre la Loire. Nous avons récupéré de vieux bidons et quelques planches de bois dans un magasin de bricolage. Puis, depuis Nantes, nous avons roulé jusqu’au sud d’Angers pour assembler notre embarcation de fortune sur les berges de la Maine.

Au départ, notre radeau ressemblait davantage à un sous-marin. Les passants nous regardaient étrangement depuis la berge : nous avions l’air de tenir miraculeusement en place sur l’eau.

Nous avions sous-estimé le nombre de bidons nécessaires, et nos affaires se sont rapidement retrouvées trempées, y compris nos sacs de couchage.

Le lendemain matin, nous avons frappé à la porte d’un club de kayak, qui nous a prêté deux bidons supplémentaires. C’est ce qui a sauvé notre expédition et nous a permis de rejoindre la Loire, puis de voguer jusqu’à Ancenis en trois jours, en bivouaquant le long des berges.

Cette aventure improvisée a été un déclic
,
" nous livre le jeune homme de 28 ans.

"Ce n’est pas la performance ou l’exploit qui compte, mais la rusticité, l’authenticité"

Il comprend alors qu’il n’est pas indispensable de partir très loin pour vivre de grandes aventures.

Le dépaysement est accessible au coin de la rue, pour qui veut bien le vivre et faire l’effort d’aller le chercher. C’est donc à 15 ans, après avoir voyagé sur un radeau de fortune, que son instinct d’explorateur se réveille.

Cette révélation aura un impact durable sur la suite de sa carrière.

"Ce trip en radeau a planté la graine d’un goût insatiable pour la découverte et la débrouille.

Après cette expérience, j’ai cessé d’avoir peur de sortir de ma zone de confort et j’ai multiplié les aventures : un road trip en Périgord et dans le Limousin sur de vieilles mobylettes réparées par mon frère et ma sœur, quelques jours de descente de la Dordogne en canoë avec mes frères et cousins, des randonnées en bivouac dans les Dolomites ou les Alpes avec des amis, un surf trip avec un copain le long de la côte Atlantique à bord d’un vieux van aménagé…

Plus tard, mes stages au Sénégal, en Afrique du Sud ou au Vietnam ont prolongé ce rapport au voyage : aller à la rencontre, vivre au rythme des lieux, se laisser transformer.

Ces expériences m’ont forgé une conviction : la vraie beauté d’un voyage réside dans la simplicité, le lien avec la nature et le partage.

Ce n’est pas la performance ou l’exploit qui comptent, mais la rusticité, l’authenticité et ce sentiment d’être pleinement vivant,
" nous partage Vianney de Boisredon.

"Pourquoi ai-je besoin de ce voyage ? Qu’est-ce que je viens y chercher ?"

Suite à toutes ces escapades, le jeune aventurier décide d’entrer en école de commerce.

À la fin de son cursus, il prend la poudre d’escampette et choisit de vivre la grande aventure, en se lançant dans l’inconnu avec pour seule arme son pouce… et sa foi inébranlable en l’autre.

Vous savez, cet "autre" que certains médias décrivent avec peur, celui qu’on accuse d’apporter la récession, le chômage ou la perte de repères. Pour Vianney de Boisredon, son dernier voyage a duré 90 jours.

"Je suis parti en stop, de la France jusqu’à l’Asie centrale.

Plus de 20 000 km, 17 pays traversés, plus de 250 véhicules pris sur le pouce, et plus de 50 familles qui m’ont ouvert leur porte.

Cette expérience humaine m’a profondément marqué. J’en ai tiré un récit, Steppe by Steppe, publié chez Flammarion en 2024, où je raconte ce que ces rencontres ont éveillé en moi, et comment elles ont élargi ma vision du monde,
" nous partage-t-il.

Entre son premier souvenir et ce dernier périple, dix ans se sont écoulés.

Les voyages restent toujours plus ou moins rudimentaires, mais ils ont un point commun essentiel : le sens.

"Ce qui a changé, c’est sans doute l’intention derrière chaque départ. Je ne pars plus simplement pour « partir », mais pour répondre à une question intérieure : pourquoi ai-je besoin de ce voyage ? Qu’est-ce que je viens y chercher ?

Dans mon périple vers les steppes, le moteur était clair : je voulais sortir de ma zone de confort et me confronter à l’inconnu, moi qui suis plutôt introverti.

Faire du stop, loger chez l’habitant… rien de plus inconfortable et donc, paradoxalement, rien de plus riche.

Plus récemment, quelques jours avant mes 28 ans, je suis parti marcher seul dans les Cévennes pendant cinq jours. Cette fois, l’objectif était tout autre : m’offrir un espace de silence intérieur, faire le point sur mes aspirations, dans un monde où tout nous sollicite en permanence.

Ces expériences, chacune à leur manière, m’ont appris qu’un voyage est avant tout un chemin vers soi,
" nous explique le responsable RSE de Terres d'Aventure.

"Un voyage est un acte de liberté"

Et si la plupart des participants de la série de l’été ont cité leurs clients, Stendhal ou Tintin comme sources d’inspiration, pour l’aventurier, sa principale référence n’est autre qu’un grand voyageur : Nicolas Bouvier.

En juin 1953, le journaliste suisse part en Fiat Topolino de Belgrade à Kaboul. Il sillonne alors toute l’ex-Yougoslavie.

"Avant mon départ pour l’Asie centrale, un ami m’a offert L’Usage du monde, tiré de ce voyage.

Ce livre m’a accompagné tout au long du périple. J’y ai trouvé une façon de regarder les gens et les lieux avec justesse, simplicité et poésie. Cette lecture m’a donné envie, à mon tour, de raconter mes rencontres et d’en transmettre quelque chose.

Je suis aussi profondément inspiré par des voyageuses comme Ella Maillart, Isabelle Eberhardt ou Alexandra David‑Néel.

Leur curiosité, leur audace et leur émerveillement face au monde, souvent en marge des conventions de leur époque, m’ont montré qu’un voyage peut être un acte de liberté. Elles m’ont rappelé qu’on peut voyager avec peu, prendre le temps long, se laisser traverser par l’errance et renouer avec la nature.

C’est ce rapport plus essentiel et incarné au voyage que nous essayons, chez Terres d’Aventure, de transmettre à nos voyageurs, tout en nous adaptant aux réalités d’aujourd’hui,
" explique-t-il.

"Avant tout changement écologique, il faut un changement de regard"

Si, pour Vianney de Boisredon, le voyage est à la fois émancipateur et un moment de liberté, c’est parce qu’il repose sur une grande ouverture d’esprit.

Nous l’oublions parfois, mais sortir de chez soi, c’est aussi se confronter à l’autre, aller à sa rencontre.

"J’aimerais transmettre, à mes enfants ou mes proches, la capacité de s’émerveiller.

Mohamed Iqbal, un poète musulman, disait : « Dès l’instant où vous apprenez à reconnaître la beauté dans le monde, vous cessez d’être un esclave. »

Dans chaque voyage, il y a des milliers de moments simples mais suspendus, si l’on y prête attention : un coucher de soleil, un sourire d’inconnu, un paysage ou simplement une tasse de thé partagée à la bonne température.

Ces instants-là, certes basiques au premier abord, nous les oublions trop vite dans nos vies saturées.

Pourtant, ils nous rappellent que le monde est beau et qu’il mérite d’être contemplé. Un voyage, lorsqu’il est pleinement vécu, nous traverse. Il nous transforme en silence et nous relie à quelque chose de plus grand que nous.

Et c’est dans ce lien retrouvé avec la nature que naît le vrai désir de protéger ce qui nous entoure. Avant tout changement écologique, il faut un changement de regard : plus personnel, plus spirituel, plus humble,,
" conclut un responsable d'une industrie qui n'a pas encore totalement réussi à changer de regard.



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