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RSE et voyages d’affaires : des intentions fortes mais des réalités contrastées [ABO]

une conférence sur l'IFTM 2025


Réduction des émissions, choix du mode de transport, compensation, seuils carbone… L’intégration de la RSE dans les politiques voyages progresse, mais à des vitesses très variables selon les entreprises. L’atelier organisé par l’AFTM a permis de dresser un état des lieux sans concession : où en sont réellement les entreprises en 2025 ? Quelles résistances freinent le passage du discours aux pratiques ? Et comment bâtir des stratégies crédibles, mesurables et connectées aux objectifs business ?


Rédigé par le Mercredi 1 Octobre 2025

Une table-rond sur le thème « RSE dans le travel – entre ambition affichée et réalité mesurée » était organisée mercredi 24 septembre 2025, à l’IFTM Top Resa.
Une table-rond sur le thème « RSE dans le travel – entre ambition affichée et réalité mesurée » était organisée mercredi 24 septembre 2025, à l’IFTM Top Resa.
Tous s’accordent sur l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, mais la route reste inégale selon les secteurs. Le ferroviaire est le grand gagnant : « Le train est jusqu’à 70 fois moins émetteur de CO₂ qu’un trajet en avion. Les travel managers le savent et veulent pousser ce mode, mais ils n’ont pas toujours accès aux bons contenus dans leurs outils », rappelle Cédric Dufour, Head of B2B sales, Trainline Partner Solutions.

Retrouvez notre dossier Voyages en train

Les compagnies aériennes, de leur côté, mettent en avant la modernisation de leurs flottes. « Un avion des années 80 comparé à un modèle NEO actuel, c’est jusqu’à 50 % d’émissions en moins. L’évolution technologique est très importante », insiste Enea Fracassi, chief operating officer, accountable manager de Corsair. Mais l’aérien reste incontournable sur le long-courrier et conserve une empreinte difficile à compenser.

Sur la location de voiture, le constat est plus nuancé. « 70 % des voyageurs affirment avoir déjà loué un véhicule électrique, mais dans les faits, seuls 3 à 6 % des trajets sont réellement effectués avec ce type de motorisation », affirme Frédéri Villa Vega, co-founder & CEO de Carbookr. Le décalage entre perception et pratique est ici frappant.

« Côté location, l’appétence pour l’électrique reste limitée chez les clients, mais nous devons anticiper. Notre rôle est de les accompagner dans leurs stratégies RSE, de suivre l’évolution constante de la fiscalité, d’anticiper les prochaines réglementations et de les aider à piloter leurs flottes. Beaucoup d’entreprises s’interrogent encore : comment atteindre concrètement leurs objectifs CO₂ avec leur parc automobile actuel ? », confirme Jacques de Villeplée, directeur commercial de Sixt.

La technologique cherche à combler ce fossé en apportant de la donnée fiable et de la transparence. « Nous consolidons des données hétérogènes, nous créons notre propre modèle carbone et nous mettons à disposition des reportings exploitables. L’idée est de donner au travel manager les moyens d’agir », explique Maxime Pialat, CEO de Supertripper.

Lire aussi : Business travel : Marietton Développement fait l’acquisition de Supertripper



Quand les intentions se heurtent à la réalité du terrain

L’intention est là, mais la mise en pratique reste hésitante. « On s’est cassé la tête à analyser les usages. Ce qui ressort, c’est que les voyageurs déclarent vouloir du vert, mais quand on mesure, les actes ne suivent pas », déplore Frédéri Villa Vega, co-founder & CEO de Carbookr.

Le manque de simplicité est un frein majeur. « Ce qu’on observe, c’est que la simplicité crée l’adoption. Quand l’expérience utilisateur est fluide et ressemble à celle du B2C, le train est beaucoup plus choisi. Certaines entreprises vont même jusqu’à offrir la première classe pour inciter au report modal », illustre Cédric Dufour.

D’autres soulignent la difficulté d’impliquer les collaborateurs. « Il y a une vraie volonté des dirigeants, mais cette vision ne se traduit pas toujours chez les utilisateurs. Le vrai enjeu, c’est de transformer la stratégie en solutions concrètes qui incitent naturellement les voyageurs », constate Maxime Pialat de Supertripper.

Enfin, la relation entre fournisseurs et entreprises reste trop cloisonnée. « Les fournisseurs disent proposer des solutions, les travel managers affirment manquer de moyens, et on se renvoie la balle. En réalité, c’est un sujet à traiter main dans la main », résume Marie-Anne Estephan, expert manager travel & expense du cabinet Axys Odyssey.

voyages d’affaires : De la déclaration à l’action, bâtir une stratégie RSE crédible

La conclusion est unanime : il faut passer d’une logique de communication à une logique d’action.

La pédagogie est aussi incontournable. Les collaborateurs doivent comprendre les enjeux pour accepter de changer leurs habitudes. « Le rôle des entreprises est d’amener de la transparence, de l’explication, et pas seulement des règles imposées », expose Frédéri Villa Vega.

Enfin, l’innovation joue un rôle décisif. Qu’il s’agisse d’intégrer la compensation dans les outils de réservation, d’afficher le CO₂ au moment du choix, de développer le SAF ou encore d’utiliser la fiscalité comme levier, les solutions existent déjà.

« La décennie qui s’ouvre sera décisive pour passer des intentions aux actes et aligner enfin discours et pratiques », conclut Marie Allantaz, animatrice de cette table-ronde.


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Tags : iftm2025, rse
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