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Maroc : il faudra choisir entre quantité et qualité

les options d'aménagement actuelles engageront l'avenir


Au siècle dernier, en dehors d’Agadir, l’offre Maroc se voulait qualitative et culturelle. Le circuit des Villes impériales, la cité de Marrakech, les circuits dans le désert au départ d’Ouarzazate, le centre de surf mondial d’Essaouira permettaient d’offrir aux pays émetteurs un tourisme intelligent. Avec Vision 2010 et l’ouverture des 6 stations balnéaires, le pays va entrer de plein pied dans le monde du bronzer idiot, et ce que les autorités le veuillent ou non...


Rédigé par Michel GHESQUIERE à Casablanca - michel.ghesquiere@skynet.be le Mercredi 18 Février 2004

Si la capacité hôtelière avec les plans nationaux et régionaux de développement couvrira les besoins en ce qui concerne l’hébergement des futurs 10 millions touristes, il faut cependant noter que l’offre Maroc va changer du tout au tout par rapport au passé. Elle va passer au tourisme de masse.

En effet, le tourisme balnéaire étant, avec ou sans golf, l’un des plus concurrentiels qui soient, les hôteliers marocains vont devoir pratiquer au pire des remises de prix au mieux se mettre au yield management.

Lorsqu’on observe les destinations Tunisie ou Turquie, qui sont actuellement, avec l’Espagne, les leaders de ce segment en Méditerranée, on ne peut pas dire que la notion tourisme qualitatif soit de mise. En ce qui concerne la politique globale tarifaire, il ne sert à rien d’aligner des milliers de lits si la politique de prix ne suit pas.

Déjà au niveau aérien, la RAM a été obligée de revoir sa stratégie. Il devra en être de même pour ce qui est de l’hôtellerie marocaine pour qu’elle puisse s’adapter à la demande. 
De nombreux observateurs nous ont expliqué lors des Assises que si le royaume chérifien compte de nombreux hôtels 5 étoiles qui sont parmi les meilleurs au monde, par contre, il connaît un déficit en ce qui concerne les établissements 3 étoiles (normes belges) de qualité, et donc vendus à un prix moyen relativement démocratique. 

Attention au danger écologique

Enfin, il reste le danger écologique. Avec les 6 nouveaux resorts du plan Azur et les stations régionales, le risque est grand d’assister à une pollution urbanistique des plages marocaines. A ce danger, il faut également rappeler la pollution intrinsèque du tourisme de masse. Il suffit d’observer le comportement des touristes dans les stations populaires pour se rendre compte que la majorité d’entre eux a le plus grand mal à respecter les traditions locales.

Avec raison, les autorités marocaines soulignent qu’elles ont observé ce qui s’est passé ailleurs en Espagne, en Tunisie et en Turquie, et qu’elles en retenu les leçons. Pour Adil Douiri, ministre du Tourisme : « Nous ne voulons pas offrir un tourisme balnéaire simplifié. Nous entendons que l’arrivée des touristes profite également à l’arrière pays. Il suffit de regarder où sont implantées les futures stations pour se rendre compte qu’elles sont relativement proches de centres d’intérêts majeurs. »

Quant à la question politique des prix, le ministre a explicitement déclaré que le gouvernement marocain se refuse à appliquer et à imposer une politique de prix. « C’est au secteur privé et à aux investisseurs de faire preuve de réalisme ».

En d’autres mots, si le privé et les investisseurs pratiquent une politique de prix trop promotionnelle, ils en porteront eux-même les conséquences par une rentabilité des plus faibles voire par un retour négatif.
Réplique logique s’il en est, mais qui dit que les clients vont suivre ?

Construction de 4 étoiles : la logique comptable reste à démontrer

Pour ce qui est de la classification des établissements, malheureusement les investisseurs continuent envers et contre tout à vouloir implanter en majorité des hôtels 4 et 5 étoiles plutôt que des 3 et 4 étoiles.

La raison ? Purement financière et manquant totalement de réalisme économique. La différence de coûts et de l’amortissement entre la construction et l’aménagement d’un 5 étoiles et d’un 3 étoiles est trop faible à long terme.

Par contre, les prix demandés pour une chambre haut de gamme sont nettement supérieurs. Approche purement comptable qui oublie qu’il existe davantage de clients acceptant de payer un 3 étoiles qu’un 5.

Conséquence : nombre d’hôtels de classification supérieure seront obligé de brader leurs prix et donc, pour les investisseurs, de revoir leurs business plan non respecté. Un groupe comme Thomas Piron a d’ailleurs, selon nos informations, tenu compte de ce constat et prévoit l’implantation dans ses sites d’hôtels 3 étoiles Plus. 

Adil Douiri, le ministre du Tourisme marocain, réfute le pessimisme de ceux qui disent que le tourisme est entré en crise. « Il est plus que temps de se rendre compte que le tourisme est une entreprise cyclique. Elle connaît des périodes d’expansion comme de régression. Si 2003 a été l’une des plus mauvaises années en terme de croissance, cela ne signifie pas que l’avenir soit compromis.

La concurrence et la conjoncture

L’histoire montre que ce n’est pas la première fois que le tourisme connaît des mauvaises passes. Nous sommes aujourd’hui dans le bas de la courbe, grâce à nos investissements, nous seront prêt à accueillir dans les meilleures conditions les 10 millions de touristes prévus en 2010. De plus, je vous ferai remarquer que le Maroc a bien résisté à la crise actuelle ». 

Quant à la concurrence, et ceci est une réflexion générale, ce qui nous frappe, comme observateur, c’est l’optimisme général qui prévaut dans tous les pays du soleil. A l’horizon 2010, faut-il rappeler que, rien que pour la zone Méditerranée, l’Algérie a également un plan d’accueil et d’investissements pour 2 millions de pax ?

Que l’Egypte a décidé, en plus des resorts de la Mer Rouge existants et en développements, de lancer deux stations balnéaires sur sa côte Méditerranéenne avec capacité d’accueil annuelle de 250.000 pax ? Qu’en Bulgarie et en Croatie, les hôtels sortent de terre comme des champignons sans oublier que la Libye, depuis son retour dans le concert des nations, veut également devenir une destination touristique qui compte ?

La question vient donc naturellement : est-ce que toutes ces offres vont trouver preneurs ? Seul l'avenir nous le dira...


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